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(p.17)
La caméra s’arrête sur la bouteille. Un gros plan montre les gouttes de rosée autant que la clarté de la bouteille même, intérieur et extérieur reflétant reflétant la lumière du soleil.
Le film ne dit pas ce que le cameraman ressent. Il présente la réalité de ce qu’il ressent.
Le haïku ne dit pas ce que l’écrivain ressent. Il présente la réalité de ce qu’il ressent.
Et l’esprit du lecteur va et vient entre les deux images, créant une scène mentale : la réalité à laquelle il/elle répond.(p.18)
Revenons au haïku : les deux images sont montrées; elles ne sont ni expliquées ni décrites en détail.
Où pendent les gouttes de rosée n’est même pas mentionné.
L’émotiion de l’écrivain n’est ni expliquée ni décrite.
Tout est « coupé » au minimum : « le minimum le plus maximal », pour donner au lecteur juste ce qu’il faut.
Chaque mot importe.
Ainsi que dans vos notes (de votre « journal de bord ») votre haïku, aussi, doit conteir assez de mots pour que le lecteur puisse reconstruire l’instant-haïku.
Si le lecteur est perplexe, il/elle tournera vite la page, ne comprenant pas du tout le haïku, parce qu’il est trop bref – juste un fragment de l’instant-haïku.
Le rapport auteur-lecteur est absolument nécessaire.
Vous devez écrire assez pour que le lecteur lise assez pour pouvoir partager la réalité – partager l’émotion…
(p.19)
En même temps, vous ne devez pas imposer vos pensées à votre lecteur. Un haïku s’écrit pour que le lecteur expérimente lui aussi cet instant-haïku.
Ecrivain et lecteur sont ensemble – indépendants l’un de l’autre, admirant la même chose représentée dans le haïku.
Pour le lecteur, les mots eux-mêmes deviennent les images / actions, de nouveau, au moment où il (/ elle) les lit.
Le poète de haïku ne dit pas au lecteur ressentir. C’est le propre état de conscience du lecteur qui dirige son émotion comme il (/ elle) pénètre l’instant-haïku, l’expérience-haïku.
Ce que le haïku signifie pour le lecteur est le sens du haïku, maintenant. Il appartient donc également au poète et au lecteur, mais différemment…
(p.20)
La PONCTUATION
est utilisée avec modération dans le haïku.
Les sauts de lignes doivent être naturels et logiques, à la fin des pensées ou des phrases (non « enjambées » : ce qui signifie de couper les lignes à des endroits bizarres pour respecter le vieux compte strict de 17 syllabes – 5/7/5.).
Décidez de vouloir – ou non – utiliser la ponctuation. Vous pourrez, bien sûr, indiquer simplement les pauses en fin de ligne. Cependant, la ponctuation anglaise peut aider à exprimer ce que le poète de haïku veut indiquer…
Les signes de ponctuation les plus fréquents utilisés dans le haïku anglais sont :
(p.21)
– le tiret (« -« ) : utilisé en fin de ligne pour
a) indiquer un contraste fort entre objet ou événement, avant et après.
b) appuyer différents aspects du même sujet.
– le point-virgule (« ; ») : indique que l’emphase est plus ou moins aussi forte dans les deux parties.
– les deux points (« : ») placent l’emphase sur ce qui va suivre.
– la virgule (« , ») indique une légère pause; sépare les éléments d’une série, etc.
– l’ellipse / les points de suspension (« … ») marquent une pensée, une pensée qui continue ou le passage du temps.
– le point d’exclamation (« ! ») exprime la surprise soudaine.
– le point (« . ») termine tout. Rarement utilisé, il est quelquefois approprié.
(p.22)
(à suivre.)