le vent d’été
apporte des pivoines blanches
dans ma soupe
*
tout autour de nous
le monde n’est que
fleurs de cerisiers
*
Midi –
éclosent de partout
des coquelicots
*
: Ryôkan
le vent d’été
apporte des pivoines blanches
dans ma soupe
*
tout autour de nous
le monde n’est que
fleurs de cerisiers
*
Midi –
éclosent de partout
des coquelicots
*
: Ryôkan
in : N’en faites pas une histoire. Seuil, coll. Points :
p.140 : » En poésie je supporte assez mal les procédés rhétoriques et le langage abstrait, distancié, pseudo-poétique. En littérature comme dans la vie, j’ai tendance à fuir la phraséologie et l’abstraction. »
» Une oeuvre écrite suppose toujours un supplément de sentiments et d’idées; ceux que le lecteur ajoute lui-même. »
p.154 : » La forme la plus répandue de « mauvaise écriture » est celle qui consiste à mal connaître le langage, à être insuffisamment attentif à ce qu’on essaye de dire et à la meilleure manière de le dire. »
» L’écriture est un labeur solitaire et ardu avec lequel on peut facilement s’engager sur toutes sortes de fausses pistes… Dans son ABC de la lecture, Ezra Pound affirme que » la seule moralité de l’écriture est l’exactitude foncière de l’expression « .
p.160 : » Je me défie aussi du langage précieux dont certains auteurs usent jusqu’à plus soif. Je trouve que les mots simples, directs, concrets sont plus efficaces que les termes abstraits, les locutions ampoulées, les phrases emberlificotées. »
p.171 : » Un jour, critiquant un collègue écrivain, Tchékov lui dit : » Votre paresse se voit trop. Dans chacune de vos histoires elle apparaît entre les lignes. Vous ne travaillez pas suffisamment vos phrases. Il faut les travailler, c’est indispensable. Sans travail, il n’y a point d’art. »
p.177 : » Avec la grande littérature, nous éprouvons toujours un choc au moment où la signification humaine de l’oeuvre se révèle à nous, car nous y reconnaissons, inévitablement, quelque chose de nous-même. C’est dans ce moment-là que, comme le disait Joyce, le sens profond d’une nouvelle, masqué jusque là sous « le voile des apparences », « nous saute à la figure ».
p.178 : » Tolstoï disait que le talent est « la faculté » de concentrer toute son attention sur un objet (…) et de discerner ce que personne n’avait encore vu « . (…) Ce que nous voudrions suggérer ici, c’est que le talent, ou même le génie, est aussi LA FACULTÉ DE VOIR DES CHOSES QUE TOUT LE MONDE VOIT, MAIS EN LES VOYANT PLUS CLAIREMENT, SOUS TOUS LES ANGLES À LA FOIS. Et que l’art, c’est précisément cela. »
p.217 : » La fiction qui a du sens est celle qui parle de la vie des gens… En tout état de cause, la technique ne peut pas prendre le pas sur le contenu, comme certains écrivains se le figurent. »
p.240 : Sherwood Anderson jeta un roman par la vitre d’une voiture… et il en jeta un second par la fenêtre d’un hôtel parce qu’ils n’étaient pas assez « clairs et directs » à son goût. Il se défiait de la « technique » et de l' »adresse » chez les écrivains. »
p.247 : » Dans sa préface à Men at War, Hemingway écrivait : » Le travail d’un écrivain est de dire la vérité. Il doit se montrer tellement exigeant envers la vérité, que son récit fictif, élaboré à partir de son propre vécu, produira un effet de réalité plus intense que n’importe quel compte-rendu factuel. » Et il disait encore : » Tâchez de déterminer ce qui vous a ému, de reconnaître l’action qui a fait naître cette excitation en vous. Ensuite, mettez-la par écrit, en la rendant assez claire pour que le lecteur puisse l’intégrer à son propre vécu. »
p.251 : » Il faut beaucoup de force pour rester fidèle à la vérité dans un art. » Elizabeth Hadley Richardson (1° femme d’Hemingway).
p. 269 : » Tâchez de ne pas oublier que les mots, lorsqu’ils sont vrais et justes, peuvent avoir autant de force que les actes. »
Raymond Carver
Corollaire de Peter :
» Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d’en assurer la responsabilité. »
La défoliation hiérarchique :
» La super-compétence est plus redoutable que l’incompétence, en cela qu’un super-compétent outrepasse ses fonctions et bouleverse ainsi la hiérarchie. »
La solution :
» Ménager consciemment ou non de petits espaces d’incompétence de façon à ce que la proposition de promotion ne survienne pas. «
» Les écrits n’ont aucune importance
Seules les paroles comptent
Un mot non-dit de vous m’est plus que trois automnes »
: Chan’ song « Les fruits du plaqueminier » Époque Tang
« Ces instants-poèmes constituent des exercices spirituels parce qu’ils approfondissent le « spiritus », la conscience du souffle du monde en nous. Ils nous ouvrent à des vibrations subtiles par une perception fine en réalisant la fusion du coeur et des sens, du spirituel et du prosaïque, sans préjugé affectif ou moral.
« Le vieux chêne
contemple
les fleurs de cerisier »
: Ryôkan
: in « Yoga.énergies.végétales »
» rien… ce n’est pas rien ! La preuve, c’est qu’on peut le soustraire. Exemple :
Rien moins rien = moins que rien !
(…) Maintenant, si vous multipliez 3 fois rien par 3 fois rien : Rien multiplié par rien = rien. Trois multiplié par trois = 9. Cela fait : rien de neuf !
Oui… ce n’est pas la peine d’en parler ! »
: Raymond Devos, dans son sketch « Parler pour ne rien dire ». En livre de poche (5102): R.Devos Sans dessus dessous.
Chaque trait de mon pinceau
est l’aboutissement de l’énergie
la plus profonde de mon coeur
: Sengai
le saule
peint le vent
sans pinceau
: Saryû
in : Le Zen, PUF coll. Que sais-je, isbn 978-2-13-056065-4, mars 2008,
p.85 : » À l’exemple du 6° patriarche ou de Hakuin, brillant dans l’impromptu, d’illustres maîtres du zen ont emprunté la voie poétique pour transmettre l’expression de l’éveil et cela paradoxalement par-delà les mots. Souvent associé au zen, le haïku… perce en un éclair d’intuition la force vive de l’instant présent…Le haïku suscite par un effleurement, étranger à tout romantisme et libre de toute ambition, une autre écoute, l’écoute de l’insondable, l’écoute des rythmes de la vie. Polyphonie minimaliste exaltant le silence sur des tons mineurs, il restitue une expérience fugitive. » Le haïku n’est pas un poème, ce n’est pas de la littérature : c’est une main tendue, une porte entr’ouverte, un miroir qu’on essuie. C’est une voie de retour à la nature, à notre nature qui est aussi celle de la lune, de la fleur de cerisier, de la feuille morte – en un mot, à notre nature de Bouddha. » : Nancy Wilson Ross, Le Monde du zen, Stock, 1976, p.121
in : Les Sourires du sage, éd. Bleu de Chine :
p.51 : » Nous souffrons des ans et des ânes « , professait Lao Wang.
p.55 : » Sans cesse je m’enrichis et m’appauvris tout à la fois; sans cesse mon présent abolit mon passé «