Archive for mars 2015

Une petite étude du zen dans le haïku… : dp.

15 mars 2015

°°°

Zen : produit de l’infusion de l’enseignement du Bouddha dans la pensée taoïste (chinoise) – Chan.

« Si le zen s’arrête à l’expérience pure et simple de la chose, la poésie a pour charge de la mettre en mots. »

Noin (XIè S.) : moine-poète

Dogen : (XIIIè S.) Fondateur de l’école Sôtô zen.

Ikkyu : Supérieur du célèbre monastère Daitokuji à Kyoto

Saigyô (XIIè S.) : moine bouddhiste zen, poète de waka, auquel Bashô voua la plus grande admiration.

Moritake (XV-XVIè S.): Grand prêtre du sanctuaire d’Ise.

Ryôkan (XVIIIè S.) : moine zen

Chiyo-ni : bonzesse bouddhiste (du courant de la Terre Pure). Son professeur :

Shiko, ancien moine zen, l’un des dix principaux disciples de Bashô.

Buccho : maître zen avec qui Bashô entreprit l’étude et la pratique du zen.

Bashô (XVIIèS.) : étudia, garçon, le haïkaï avec Kigin, prêtre shintô de Kyoto, puis la philosophie taoïste, jeune adulte. Il fut formé à la calligraphie avec le moine Unchiku. En 1687 il voyagea à Kashima en compagnie de Sora et d’un ami moine zen.

(Le maître zen) Buccho à Bashô : « – Qu’en est-il de la Loi du Bouddha avant même que la mousse ne soit formée ? » « – D’une grenouille qui vient de plonger, le bruit de l’eau. »

Hakuin : célèbre maître zen (XVIIIè S.)

Issa (XVIII-XIXè S.) : initié aux textes bouddhiques dès l’âge de six ans par Nakamura Rokuzaemon. En 1792 il se fait raser la tête, endosse une robe de moine et le nom de « moine laïc Issa du temple du Haikai ». Se lia d’amitié avec le moine Gobai, Supérieur du temple. Le moine Ichigu fut son ami. Il dit au Daimyo Maeda : « La Voie de la Poésie est la même que celle du Bouddha ou de Confucius ». « Avec ces artistes dévoyés qui ne vouent pas leur coeur et leur âme à la Voie véritable, mais qui fabriquent des poèmes de dix-sept syllabes, ainsi que ces hommes qui font de cet art un simple passe-temps, avec les uns et les autre je ne puis discuter de la signification d’un tel art ». Issa éprouva une vive sympathie pour le courant bouddhiste de la Terre Pure.

Santôka (XXè S.): moine errant.

Hôsai (« Celui qui a lâché prise ») (XXè S.) : Séjourna dans divers temples. Finit sa vie dans un ermitage du temple Saiko. Son nom bouddhique posthume : Hosaï Taiku koji, « Hosaï le laïc Grand Vide ».

Carrément zen : recueil de propos (hormis les poèmes) de maîtres zen du Vè S. jusqu’au XXè S., éd. Moundarren.

°

Peut-on dire, après tout cela, que l’on a exagéré le rôle du zen dans le haïku ?

°°°

Un été 14 – Py

14 mars 2015

20 juin :

chaleurs de juin / femmes et oiseaux / rutilent

orage – / l’odeur des troènes / dans l’appartement

troènes et chèvrefeuilles / se disputent nos narines / au coin de l’été // – fourmi, / d’où cours-tu ?

coupe de cheveux / sur le balcon – / fête de la musique

fête de la musique : / une mouche / dans l’appartement silencieux

une prière bouddhique / pour l’insecte / que je viens de tuer

début de l’été – / des drapeaux / fleurissent aux balcons

des cornes dans l’avenue / des bouchons dans les oreilles

la montre / de ton père / disparu / a disparu

dernière semaine de travail – / mon ombre / monte sur le trottoir

dans une station de métro / un clochard / se fait raser la tête

tombe anépigraphe : / le lisse retour / au chaos

deux pigeons / bécotant la même flaque / – dernier vendredi de juin

pigeon sur un fil / – merle / sur un autre

juillet :

une épeichette / jusqu’au ruisseau / roule ses billes

journaliste brésilienne / : ses ballons / trop ronds

le bruit de l’aspirateur / s’arrête / un avion passe

début juillet / des avions / dans mon couloir

ensemble les sirènes / se mettent à pleurer / midi 2 juillet

ce matin le vent / laisse dormir les feuilles / – un oiseau les secoue

au-dessus de l’évier de la cuisine / le miroir / dans lequel mon grand-père / se rasait

devant le verre de pastis / passe une mouche – / premier jour des vacances

un coq ce matin – / pondre une préface

ce matin le coq, / ce soir la France / en quart-de-finale

un dieu vivant / un vieux divan

je t’emmerle / dit-il / au pigeon

Sarko / nous ferait-il / le V / de la Victime ?

à la télé / Sarko glisse / un imparfait du subjonctif / : nous enculturerait-il ?

quatre oies / rentrent en courant / avant la nuit / – dernier quart de finale

première nuit / table et bancs de jardin / baptisés par la pluie

devant le portail / ouvert sur le jardin / une flaque / joue aux bulles

dimanche après-midi – / à lui seul l’organiste / remplit la cathédrale

dimanche après-midi – / l’organiste / fait de la pub pour Dieu

un Christ vert sur sa croix ; / au-dessus de sa tête : un fer-à-cheval / – crypte Saint-Solenne

aujourd’hui / à Nouméa naît / ma deuxième petite-fille

métro – / les tapis roulants / eux aussi en vacances ?

une chose qu’elle ne saura jamais : / où elle a laissé tomber / son mouchoir blanc…

du front aux pieds voilée / elle roule sa poussette / et parle au téléphone

voyage en voiture : / – pas trop de vent, / derrière ?

un jour on est quelqu’un / un jour on n’est plus personne / – ainsi coole la vie…

deux chiens noirs / avec un ballon de foot / – ce soir de petite finale

la veille / de la finale de foot, / la pleine lune

bling – bling ! : Nicolas / traîne ses casseroles / judiciaires

vu à la télé / le film « Rubber » – de Quentin Dupieux – : / un « pneu » bien déjanté !

– Sommes-nous radio-passifs ?

manif pro-Gaza / : heurts près de la synagogue, / rue de la Roquette

les oiseaux / ouvragent le matin / – deux-tiers juillet

orage de grêlons : / en conserver au frigo / pour l’apéro

« je ne suis pas en tenue décente » / : non, tu serais plutôt en tenue « montée » !

couple harmonieux ? / : elle ronfle, / il pète

Allez, les chats ! / rendez-vous tous ce soir / 21 chemin de l’église !

« – J’ai toujours craqué sur le raku ! » / dit une dame / à Saint-Jean-Pied-de-Port

un beau Basque / torse nu / un beau piment rouge / devant son short

trois rides / sur le front du président / : un haïku ?

sur le couvre-lit / une mouche / et son ombre

une chatte traverse la place vide d’Hélette / – la fête de Bayonne

quittant le même arbre : / 19 vautours au-dessus du pic / de Garralda

de la ferme au sommet / puis retour : / le chien de berger / nous ouvre la voie

sur la place du village / une crêpe au miel / et aux guêpes

la fermière a dix chats / 2 chevaux / et 1 âne / au pied du chemin de Compostelle / – 763 kilomètres

l’ombre d’un moustique / dans les toilettes / d’un bistrot du port

Août :

les mains croisées / des visiteurs du musée / dans le dos

une plume ramassée / dans le jardin d’Edmond Rostand / (Chantecler)

« Entre deux assauts / il y avait beaucoup de temps / à tuer » °
° : Michel Rougier. (Dans la série : « entendu à la télé ».)

Les côtes du lévrier, / Les créneaux du château-fort °
° : « Lévrier de Castille », peinture de Ramiro Arrue (1892-1970)

Le clocher de l’église / de Souraïde / en forme de béret basque

un roulement de poubelle / : l’ouverture du jour

face à face : / l’arbre / et l’homme / en chi-kong

finale de pelote à main nue – / de la galerie / tombe une canne

bambins aux cailloux / mères à la balançoire / : jardin-garderie

escalier de la plage : / des confetti / des confetto / des confettu

milieu du 7 août / 2 ouvriers sur 1 toit / à Saint-Jean-de-Luz

milieu du 7 août / une cheminée fume / sur Saint-Jean-de-Luz

milieu du 7 août / les morts du cimetière AICE ERROTA / bien entourés

les morts du cimetière AICE ERROTA / dominent la ville / de Saint-Jean-de-Luz

À la mémoire de… / mort au champ d’horreur / le 26 septembre 1915

Pas mort au front, non : / mort au nez / voire mort aux dents…

sur un cache-pot de plastique rose : / « Bonne fête / Maman / Jean-marie »

2 Perrier-menthe à la paille / – la couleur de l’océan

un jus de pomme en terrasse / le décolleté de la serveuse

le soleil rase / l’herbe rase / ce soir du 7 août

Au milieu des « flammes de Guernica » ° / une araignée / avec ses fils
° sculpture de Jesus Echevarria (1916-2009)

Maison du sculpteur – / des empreintes de chien / dans la dalle de ciment

Du jardin du sculpteur / la visiteuse / emporte une pomme

des fils d’araignée / au milieu de la sculpture / « Le piège de la lumière » °
° sculpture de Jesus Echevarria (1916-2009)

Avant la visite / de l’atelier du sculpteur / une chasse aux toiles

malgré le soin du conservateur / quelques araignées / entre les sculptures

Après la visite / la femme du sculpteur / nous offre l’apéro

un bébé / sort de la maternité / en grandes pompes

la pleine lune / à son périgée / ce dix août

un président / au périgée / de sa popularité

Voici ma maison natale / dit-il en désignant / le parking du supermarché

Le poète déclame / et le poêle à bois

Appré – scier la branche…

un coup de cloche / dans l’air d’un matin d’août / l’éveil d’un volet

Balayage : / miettes, poussières, / plus une ou deux plumes du piaf

dans le bus / une femme / pycnique °
° : n. ou adj. : dont le physique est caractérisé par la rondeur

Allez, roule ma boule ! / dit le pétanqueur / au Mondial de Millau

coq, coq, / comment te faire comprendre / que c’est les vacances ?

nous jouons à qui / restera le plus longtemps / au lit le matin / : retraite.

Avenue d’Espagne / elle sort un sein de son haut / – dieu sait pourquoi

chacun fait le tour de sa taille ° – / scies électriques du chantier / jouxtant le gymnase
° « mo pan da mai », en Qi Gong

les lézards / murmurent-ils ?

cette nuit / les Hurluberlus / ont rencontré / les Ouolofs *
* : cousins éloignés des Oufs ?

jubilation / du Gradus ad Parnassum / : Ah ! l’antanaclase !

sans penser : / avant de se coucher, / se peigne

se répandant / oléagineusement / en son haïku

des grêlons / sautant dans la prairie / culs de lapins
(Mid-West USA)

une éolienne / près de l’aire d’autoroute / je touille mon café

Septembre :

premier jour en retraite / : la volupté de tailler / mes crayons-mine / (avec un excellent / couteau à anches)

premier jour de la retraite : / supprimer 3000 messages

premier jour de la retraite : / à poil / dans tout l’appartement

Shiki con carnet ?

Être couronné par ses pairs, c’est bien ; / être couronné par ses impairs : encore mieux !

Olkiluoto 3 : / le dernier EPR d’Areva en Finlande / en retard de neuf ans / (- facture doublée)

avant de se mettre à l’ouvrage / le coiffeur enclenche / une musique mélopéenne

sautant sur place / au feu rouge / la joggeuse / de bas / de haut

sortie de la chèvrerie / : sentir / les roses épanouies

le croa d’un oiseau dans un arbre / éveille la mare aux grenouilles

matin ensoleillé / une tige dans un champ / fait du morse

de part et d’autre du tracteur / les deux couleurs du champ

Après l’A-6 *, / la Cisse. **
* : autoroute. ** : rivière.

un coq / vers 14 h 39 / – sonne la sieste ?

milieu d’après-midi / vide d’activités / un avion creuse le ciel

beurré / le papillon / vole droit / ?

la lézarde / au soleil / mûrit ?

entre deux plants de géranium / une araignée / joue de la harpe

deux plants de géraniums / reliés par des fils d’argent / ce douze septembre

trois jardinières de géraniums / font le bonheur / d’une araignée

d’un géranium / à l’autre / reine araignée

l’araignée ce matin / prend le soleil / (dans ses fils)

le soleil ce matin / marche sur le(s) fil(s) / de l’araignée

le soleil ce matin / arpente le fil / de l’araignée

ce matin le soleil / d’un géranium à l’autre / par un fil d’araignée

sur le fil souple / de l’araignée / ce matin / le soleil

le soleil sur mon balcon / la cigarette de la voisine / – je rentre dans ma coquille

j’en ai cure : / douzième jour de raisin

ce matin / le soleil, / les géraniums, / l’araignée

la voisine a fini de fumer / – le thé vert-tiède

L’apparition / des pis de Fanny // … sacrée vache !

ce matin / manger le soleil de septembre / sur les grains de raisin

aiguiser son esprit / – jeûner

ce matin / l’araignée n’a pris / qu’un peu de poussière

un oiseau s’envole / de l’aéroport – / le battement inégal de ses ailes

admirant des fleurs / aux noms inconnus / – l’heure de la retraite

des ardoises / au pied des vignes / – sentir les roses

du temps a encore passé / : mère nona- / fils sexa-
(cf Chemins croisés, p.51, éd. Pippa 2014)

le sablier / se serre-t-il / la ceinture ?

tous les matins / perdre 333 grammes : / cure de raisin

dans le géranium rose / un duvet blanc / remue

concert : / voir le son

une femme sans soutien-gorge / décroche une mûre / et la mange

au soleil / elle brode / attendant son train du matin

°

(Haïbun vache :)

Quand on sait ce que les moustiques apportent à l’humanité, on a tendance à préférer les requins

Se requin-quer

°

son omni-gueule / de retour sur l’écran ? / (re)bazarder la télé

ni bien / ni mal : / encontreusement

rue de la gare / le vent / retourne une feuille

banc – / une feuille roule / sous mon col

atterrissage – / un pigeon / souffle les feuilles

septembre / un cil / tombé sur la page

entre deux plantes / le soleil / dans un hamac

d’une fleur à une autre / le soleil / se balance

d’une fleur / au bord de la jardinière / le soleil glisse

d’une fleur / au bord de la jardinière / le soleil avance, recule

encore une intello dans la famille ? / : ma vésicule biliaire / calcule

°°°

dp. (: l’été 2014)

le 11/11/2005 dans la nuit – silence

14 mars 2015

°

dans la nuit
la lumière du compteur électrique pulse
– silence

°

dans la nuit
l’oeil rouge de la machine à laver
– silence

°

dp.(11/11/2005).

Compte-rendu du Kukaï de Paris n° 99

8 mars 2015

Le samedi 7 mars 2015, au bistrot d’Eustache (Paris), 19 haïkistes (+ 2 « absents ») ont partagé 40 haïkus/senryûs.

Avec 5 voix :

le printemps s’annonce –
déjà en culotte courte
le nain de jardin

: Michel Duflo ;

et :

scarabée –
l’azur s’invite
sur ses ailes

: Isabelle Ypsilantis.

Avec 4 voix :

Chez mon voisin
les perce-neige
sans mon voisin

: Eléonore Nickolay ;

encombrants –
il pleut il pleut
sur la bergère

: Dominique Borée ;

et :

rue à l’aube
bruit d’une feuille
qui s’envole…

: Philippe Bréham.

Avec 3 voix :

A côté de moi
l’oreiller reste bombé
Ton absence –

: Nicolas Lemarin ;

Du bout de mon doigt
la coccinelle
part en voyage

: Isabelle Ypsilantis ;

et :

soir bleu
la ville allume sa mosaïque
de fenêtres

: Cécile Duteil.

Avec 2 voix :

bain fumant
le crépitement
de la mousse

: Cécile Duteil ;

jardins ouvriers
partager les dimanches
cueillir trois tomates

: Patrick Fetu ;

l’eau du caniveau
à l’approche du printemps –
son chant guilleret

: Michel Duflo ;

nuit à la campagne –
les étoiles et les lucioles
s’échangent en morse

: Minh Triêt Pham ;

Sous ma fenêtre
des enfants passent en rang
ruisseau de voix claires

: Nicolas Lemarin ;

Sur le bord du quai
je ne vois plus que sa main
… brume de printemps

: Christiane Ranieri ;

toute nue
elle fait encore parler d’elle
la pleine lune

: Eléonore Nickolay ;

et :

vague
figée
– quel hiver !

: Daniel Py.

(merci à Michel pour cette version épurée !)

Avec 1 voix :

Dans la nuit d’hiver
pour repères la lune
et le phare du vélo

: Gwenaëlle Laot ;

de leur branche
deux corbeaux regardent
les flocons tomber

: Daniel Py ;

(d’après « Corbeaux », encre de Chine et couleurs sur papier, de Yosa Buson, in Hiver de Yosa Buson, éd. La Délirante, 2001.)

dernière ligne droite
pour l’escargot en vadrouille –
glissant sur une flaque

: Philippe Bréham ;

Entre deux falaises
inlassablement la plage
accueille les vagues

: Gwenaëlle Laot ;

L’ado désoeuvré
boîte de bière à la main
de rue en rue

: Patrick Fetu ;

La mer du printemps
Je marche les pieds nus
Ivre de joie

: Hiro Hata ;

L’équinoxe de printemps
Est-ce que je garde
Mes deux visages

: Hiro Hata ;

neige –
les traces du lièvre
se recoupent

: Paul de Maricourt ;

silence des astres
vagues vertes du vent
je me tiens à toi

: Sylvie Estève ;

et :

Sylphide en jean
devant les Naïades
– Fontaine des Innocents

: Dominique Borée.

Notre prochain kukaï :
le numéro 100 !
aura lieu samedi 11 avril 2015
au bistrot d’Eustache
à 15 h 30 !

Nous fêterons l’événement en proposant – à ceux qui veulent bien y venir
(mais qu’ils me le fassent impérativement savoir, pour la réservation) – de dîner ensemble, après le kukaï,
à la Taverne de Maître Kanter toute proche !

Daniel.