Archive for the ‘technique haïku’ Category
Anthologie de la Poésie Japonaise – M. Revon – 9)
24 septembre 2020–
La kyôka, ou « poésie folle » est une tannka comique ; la kyôkou, ou « vers fous » , est pareillement une hokkou humoristique. Ce sont, dans le monde classique de l’outa ou de la haïkaï sérieuse, des plaisanteries d’autant plus piquantes que le fond contraste mieux avec la gravité traditionnelle de la forme, et même, très souvent, avec des morceaux connus dont elles constituent la parodie. La kyôka, inaugurée dès le XIIe siècle et développé ensuite au XVIe, s’épanouit pleinement, après la sombre période des guerres, pendant l’époque de joie tranquille qu’ouvrit la paix d’Iéyaçou ; la kyôkou, issue de la hokkou, apparut naturellement à cette même période d’Edo ; et toutes deux furent surtout en vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
–
Kyôka :
–
Ce genre fut illustré, d’abord, par un certain Sorori, puis par le fameux humoriste Shokouçannjinn (1749-1823) = Sougimoto Shinnaémon, de son vrai nom Ohta Tann (connu aussi sous le nom d’Ohta Nammpo, avec un autre pseudonyme), par ses contemporains Ishikawa Gabo , 1753-1830, pseudonyme Yadiya Méshimori, et Katsoubé Magao (1753-1829) et par bien d’autres poètes.
–
Kyôkou :
–
Ces « vers fous » encore plus concis que les « poésies folles », sont presque toujours construits avec des jeux de mots – qui demanderaient de trop longues explications…
°
(À suivre : 10) – « La prose folle : Kyôboun » .
Anthologie de la Poésie Japonaise – M. Revon – 7)
23 septembre 2020Enfin, après une période de déclin, l’épigramme eut une dernière floraison, surtout dans la deuxième moitié du XVIIIe S. , d’abord avec la poétesse TCHIYO, puis avec divers poètes dont le plus célèbre fut le peintre BOUçON
°
TCHIYO :
°
La plus fameuse haïkaï de la poétesse la plus illustre en ce genre. Nous avons déjà rencontré SONO-JO, qui d’ailleurs était l’élève d’une autre femme (MITSOU-JO, XVIIe S.) , puis TCHIGETSOU-NI et SHOUSHIKI ; mais KAGA NO TCHIYO ( 1703-1775 ) est la figure la plus éminente du groupe. La poésie que je viens de traduire :
Par des liserons
Mon seau ayant été emporté,
Eau reçue ! *
est l’idéal de la concision ; six mots en tout, ou même cinq, dans le texte :
Açagao ni
Tsouroubé torarété
Moraï-mizou
–
* Un matin, Tchiyo était allée à son puits, lorsqu’au moment de tirer la corde, elle s’aperçut que les liserons s’y étaient enroulés ! Comment se décider à détruire cette harmonie ? Elle y renonce et va demander de l’eau à sa voisine (moraï-mizou, eau reçue, donc eau demandée) .
–
Coucou !
Coucou ! À ces mots
Le jour est venu…
:
Hototogiçou
Hototogiçou toté
Aké ni kéri.
–
Sera-t-il âpre ?
Bien que je l’ignore, le kaki
Pour la première fois j’ai cueilli. *
–
* : à propos de son mariage.
–
Au réveil je vois,
Au coucher je vois, de la moustiquaire
le vide, hélas ! *
–
* : le mari de Tchiyo avait été enlevé par une mort prématurée.
–
Le pêcheur de libellules !
Aujourd’hui, jusqu’où
est-il allé ? *
–
* : à la mort de son petit garçon.
°
Yokoï YAYOU
(1703-1783), se distingua dans le haïboun :
–
Ah ! le Visage-du-jour !
À qui aucune des rosées
N’arrive à temps ! *
–
* : il exprime sa sympathie pour le hirougao, le liseron des haies japonaises. Lequel n’est rafraîchi ni par la rosée du matin, ni par la rosée du soir, comme le Visage-du-soir.
°
BOUçON :
–
Le prunier est en fleurs.
Lesquelles sont « moumé » ,
Lesquelles sont « oumé » ? *
–
* : le poète se moque des philologues qui discutaient sans fin le point de savoir si on devait prononcer oumé ou moumé.
°
RYÔTA :
–
Oh ! le clair de lune !
Si je change en renaissant,
(Que) je sois un pin de la cime ! *
–
* : Ryôta ( 1719-1787), un des plus féconds auteurs de haïkaï ; il a laissé une soixantaine d’ouvrages. (…) Il voudrait renaître pin au sommet d’un pic ; car alors il serait le premier à voir la lune !
°
ISSA :
–
Avec moi,
Moineaux sans
Parents, venez jouer ! *
–
* : On dit qu’il composa ces vers à cinq ans, alors qu’il venait de perdre sa mère.
–
Qu’est-ce que son
Million de kokou ?
De la rosée sur un bambou ! *
–
* : opulence du daïmyô de Kaga.
Kokou : monnaie.
°
(À suivre : 8) « La prose légère : Haïboun » (p. 399)
Anthologie de la Littérature Japonaise – M. Revon – 6)
23 septembre 2020°
En dehors des « Dix Sages » l’école de Bashô eut encore bien d’autres représentants, par exemple :
°
SAMMPOU (Songhiyama Sammpou, 1648-1733, parfois rangé, en place de Sôra, comme l’un des dix élèves du maître) .
–
Comme vont attendre ses enfants,
Pendant que s’élève si haut,
À l’excès, l’alouette !
°
IZEMMBÔ :
–
L’averse est venue ;
Je suis venu et rentré en courant ;
Le ciel bleu est venu !
°
TCHIGETSOU-NI * :
–
De paille d’orge
Je te ferai une maison,
grenouille religieuse !
–
* Tchigetsou-ni (1634-1706) fut une poétesse de valeur. Devenue veuve, elle se fit religieuse. On s’explique ainsi sa fraternité avec une amara-gaérou, grenouille verte dont le nom signifie justement » grenouille-nonne » .
°
OTSOUYOU :
–
Oh ! l’averse !
(Suivant) les esprits, les diverses
Choses qu’on se met sur la tête *
–
* : un vêtement, un éventail, un objet quelconque, souvent ridicule. C’est toute une scène comique évoquée en trois vers.
°
SHOUSHIKI :
–
Du rêve que j’ai vu
Réveillée, toujours la couleur
de l’iris ! *
–
* : Adieux au monde (jisei) de la poétesse (1683-1728) . Réveillée du rêve de la vie, c-à-d. morte, le monde subsistera et les iris auront éternellement la même couleur.
°
SONO-JO :
–
Ayant fait du luxe
À l’extrême,
Ah ! le vêtement de papier ! *
–
$ Ces vers de la poétesse (1665-1726) trouveront leur explication vivante dans une scène de TCHIKAMATSOU (cf p. 409)
°
ONITSOURA
(1661-1738), un poète indépendant, que Bashô lui-même tenait en haute estime. Étranger à toute école, il ramenait l’art poétique au seul précepte de la sincérité. Ses haïkaï unissent tous les genres et tous les styles :
–
L’été, de nouveau :
» L’hiver est préférable » ,
Disait-on.
–
De leurs squelettes
Le dessus ayant couvert,
Contemplation des fleurs ! *
–
* : Dans ces vers pénétrants, Onitsoura déshabille cette aristocratie aux costumes pompeux, aux corps épuisés, qui ose regarder la nature.
–
Encore une
Fleur : ainsi va et passe
la vie ! *
–
* : poésie composée à la vue des fleurs, qui, une à une, se détachent de l’arbre.
°
RYOUBAÏ :
–
Même lorsqu’il est posé,
Ses ailes s’agitent :
Oh ! la petit papillon !
°
(À suivre : 7)
Anthologie de la Littérature Japonaise – 5) – Les « Dix Sages » de l’école de Bashô
22 septembre 2020°
pp. 389-93 :
–
Bashô eut de nombreux imitateurs, entre lesquels se distinguèrent surtout dix de ses élèves, les « Dix Sages » (Jittetsou) de l’école. Ce sont : Enomoto Kikakou (1661-1707) et Hattori Ranncetsu (1654-1707) qu’il faut ranger en première ligne parce qu’eux-mêmes furent à leur tour fondateurs de deux écoles nouvelles : d’une part l’école d’Edo (Edo-za) , d’autre part l’école de la Neige (Setsou-mon) ainsi appelée parce que Ranncetsou s’était donné encore le pseudonyme de Setchouan, « la hutte dans la neige » ; puis Moukaï Kyoraï (1643-1704), Morikawa Kyorokou (1652-1715), Kakami Shikô (1665-1731) ; enfin, comme poètes moins célèbres Naïto Jôçô (1663-1704), Shida Yaha (1663-1740), Kawaï Sôra (?-1709), Tatchibana Hokoushi (?-1718) et Otchi Etsoujinn (?-1702?)
°
Ranncetsou :
–
Ah, une feuille (morte)
Qui vient se reposer en caressant
La pierre tombale !
°
Kyoraï :
–
Le long sabre
D’un homme qui regarde les fleurs
Oh ! Qu’est-ce que cela ? *
–
* Contraste entre la vulgarité brutale du guerrier et les délicates beautés de la nature.
–
L’insensible
Résidence du daïkwan. Oh !
Et le coucou ! *
–
* Le chant poétique de l’oiseau, à côté du bâtiment officiel !
°
Kyorokou :
–
L’Île d’Awaji :
La (pêche à) marée basse étant finie,
La lune du troisième jour ! *
–
* Simple paysage.
–
Bien froid, l’intervalle avant que sèchent
Les points pour le moka :
Brise du printemps ! *
–
* Pour le traitement par le moka, les malades se rendaient d’ordinaire à un temple bouddhique ; là, nus jusqu’à la ceinture (…)
°
Shikô :
–
Oh ! Les blancs nuages !
Traversant la haie,
(Ce sont) des fleurs de lis ! *
–
* Les lis du voisin, passant à travers la haie mitoyenne, étaient d’abord apparus au poète comme une blancheur nuageuse.
°
Jôçô :
–
Une cigale de l’automne
Morte à côté
De sa coque vide
°
Yaha :
–
Oh ! le rossignol !
À la porte, juste à ce moment,
Le vendeur de tôfou ! *
–
* Ces marchands ont un cri qui n’a rien d’esthétique (…)
°
Sôra :
–
Le voyage…
Même si je tombe,
C’est sur des fleurs de Haghi ! *
–
* Lespedeza bicolor (proche du sainfoin).
°
Etsoujinn :
–
Au temple de la montagne
Le bruit du riz qu’on pile,
Par une nuit de clair de lune ! *
–
* Les paysans ménagers de leur temps utilisent volontiers, pour ce travail, la clarté lunaire.
°
À suivre : – 6) Autres représentants de l’école de Bashô
Anthologie de la Littérature Japonaise – 4) Bashô
22 septembre 2020–
À la mort de son compagnon d’enfance (le fils du Daïmyô local) quand il avait seize ans, « il s’enfuit pour aller se réfugier dans un monastère bouddhique » (…) Il fut toujours un mystique épris d’humilité, de pauvreté, de bonté universelle ; il eut constamment pour idéal d’amener les hommes à la haute morale qu’il avait atteinte (…) On comprend dès lors pourquoi ce genre mineur, qui, jusqu’à lui, n’avait eu qu’un caractère humoristique, reçut de lui une profondeur que ne connaîtront jamais les oeuvres des partisans de l’art pour l’art.
–
Par les nuages de fleurs,
La cloche : est-elle celle d’Ouéno,
Ou celle d’Açakouça ? *
–
* Les masses de cerisiers en fleur sur les bords de la Soumida forment un épais nuage rose, si dense qu’on ne peut plus distinguer si les vibrations de la cloche entendue viennent des temples d’Ouéno ou de ceux d’Açalouça.
–
Moineau, mon ami !
Ne mange pas l’abeille
Qui se joue sur les fleurs
–
Réveille-toi, réveille-toi
Je ferai de toi mon ami,
O papillon qui dors
–
Ah ! le vieil étang !
Et le bruit de l’eau Où saute la grenouille ! *
–
* Cette poésie célèbre évoque admirablement la paix d’un monastère japonais, avec son vieil étang, couvert de lotus, dont le silence n’est rompu que par la plongée d’une grenouille, de temps à autre.
–
D’huile
Manquant, couché la nuit. Ah !
La lune à ma fenêtre ! *
–
* Elle lui apporte sa brillante lumière.
–
Qu’il mange les serpents,
En apprenant cela, combien terrible
La voix du faisan vert ! *
–
* Kiji, le faisan vert du Japon. Phasianus versicolore. La beauté d’une femme n’excuse pas ses péchés.
–
Qu’elle doit bientôt mourir,
À son aspect il ne paraît pas,
La voix de la cigale ! *
–
* Adieu mélancolique de Bashô à un ami qui lui avait fait visite dans une hutte temporaire qu’il occupait, sur le lac Biwa.
–
Tombé malade en voyage,
En rêve, sur une plaine déserte
Je me promène !
°
À suivre : Anthologie de la Littérature Japonaise – 5) – Les « Dix Sages » de l’école de Bashô
Anthologie de la Littérature Japonaise – 3) par Michel Revon (1910)
22 septembre 2020Voici d’abord une poésie de chacun des cinq émules de Bashô :
°
I) SÔKAN :
–
À la lune, un manche
Si l’on appliquait, le bel
Éventail ! *
–
* Outchiwa, éventail qui ne se plie pas.
°
II) MORITAKÉ :
–
Une fleur tombée, à sa branche
Comme je la vois revenir :
C’est un papillon ! *
–
* Un proverbe japonais dit que « la fleur tombée ne revient pas à sa branche » ; la poète a eu, un instant, l’illusion contraire.
°
III) TÉITOKOU :
–
Pour tous les hommes,
Semence du sommeil pendant le jour :
La lune d’automne ! *
–
* Elle est si belle que tout le monde veille très tard pour la contempler : le lendemain, somnolence générale.
°
IV) TÉISHITSOU :
–
Cela, cela
Seulement ! En fleurs,
Le mont Yoshino ! *
–
* Les cerisiers de Yoshino, dont les gens de bien parlaient bien en regardant bien : Allusion à une poésie du Manyôshou (Livre Ie) qui repose toute entière sur des jeux de mots et des allitérations :
Yoki hito no
Yoshi to yokou mité
Yoshi to iishi
Yoshino yokou miyo
Yoki hito yokou miyo
–
Des gens de bien
Ayant bonne réputation, en regardant bien,
Disaient bien :
Qu’on regarde bien Yoshino,
Que les gens de bien regardent bien !
–
On note donc le contrepied pris par Téishitsou ! – À rapprocher de « Ah Matsushima » , de Bashô, ultérieurement.
°
V) SÔÏNN :
–
De Hollande
Les caractères s’étendent :
Telles les oies sauvages du ciel ! *
–
* À cette époque où le Japon ne voulait avoir de relations avec l’Europe que par l’intermédiaire de qualques Hollandais parqués à Nagaçaki, notre écriture était une rareté pour les gens de la capitale. Ils trouvaient étrange qu’au lieu d’écrire comme eux, par lignes verticales (…) nous suivions des lignes horizontales. Cette bizarrerie des « caractères de Hollande » pouvait donc leur rappeler, très naturellement, un spectacle familier à leurs yeux et à leurs souvenirs classiques : le vol d’une bande d’oies sauvages traversant le ciel.
°
À suivre : – 4) : BASHÔ (p. 385)
Anthologie de la littérature japonaise 2) Michel Revon (1910)
22 septembre 2020°
(…)
» L’élite lettrée compose des vers légers, et le vulgaire va écouter les déclamations rythmées du théâtre. «
–
A. La Poésie Légère :
–
Sous cette dénomination, vague à desein, je réunis deux nouvelles formes d’art qui, durant cette période, remplacent l’antique tanka dans la faveur des poètes. *
* La tanka subsiste toujours : les Wagakousha surtout s’y distinguent (voir p. 343, 347) et même les Kanngakousha (par ex. p. 340) ; mais c’est la poésie légère qui prend le dessus, comme création originale et caractéristique de l’époque.
–
a) L’épigramme japonaise : Haïkaï.
–
La « hokkou », ou « kami no kou », c-à-d. les « vers supérieurs » (…)
comme, au début, ces poésies minuscules eurent d’ordinaire un caractère plaisant, on les appela aussi « haïkou », « vers comiques », ou simplement « haïkaï », « poésies comiques », par abréviation de l’expression « haïkaï no rennga », « poésies comiques enchaînées ». (…)
Haïkou et haïkaï impliquant l’idée d’une fantaisie humoristique ne répondant nullement au contenu réel de compositions qui, à partir de Bashô, c-à-d. justement du poète qui amena ce genre à son apogée, prirent un caractère généralement sérieux et souvent profond. (…)
–
C’est dès le XVIe siècle que la nouvelle forme poétique reçut son impulsion du bonze Yamazaki Sôkan (1465-1553) ; elle fut illustrée ensuite par Arakida Moritaké (1473-1549) , Matsounaga Téitokou (1571-1653) , Yaçouhara Téishitsou (1610-1673) , Nishiyama Sôïnn (1605-1682) , enfin et surtout par le fameux Bashô, qui lui donna le plus vif éclat dans la 2e moitié du XVIIe S. Les Japonais voient dans ces six poètes les « Six Sages de la poésie haïkaï » , « haïmon no rokou-tetsou » . Voici d’abord une poéise de chacun des cinq émules de Bashô :
°
À suivre : I) Sôkan…
: sur https://haicourtoujours.wordpress.com/
°
Anthologie de la littérature japonaise 1) Michel Revon (1910)
22 septembre 2020Kyōbun de Millau (4/5 Nov. 2008) :
°
Millau.
Sa Salle des Fêtes
dans le Parc de la Victoire.
Son Cimetière de l’Égalité.
Sa bibliothèque
(avec) son (exemplaire de l’) Anthologie de la Littérature japonaise des origines au XXe siècle,
par Michel Revon
(Ancien Professeur à la Faculté de Droit de Tôkyô,
Ancien conseiller-légiste du gouvernement japonais,
Professeur à la Faculté des lettres de Paris) ,
: Librairie Delagrave, 1910 (6e édition : 1928).
Son chapitre (p. 381) : L’épigramme japonaise : HAÏKAÏ
Son chapitre (p. 399) : La prose légère : Haïboun
Son chapitre (p. 400) : La poésie comique : Kyôka et Kyôkou
Son chapitre (pp. 404-5) : La prose folle : Kyôboun.
°
( À suivre : La Poésie (époque des Tokugawa, 1603-1868) : p. 381… )
°
Compte-rendu du 131e kukaï de Paris
18 novembre 2017En présence de 25 participants, 50 haïkus ont été partagés. 31 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus :
°
Avec 6 voix :
–
quartier latin
nos visages
ont bien changé
: Philippe Macé
°
Avec 5 voix :
–
le vieux globe-trotter
ses pas traînant jusqu’à
la mappemonde
: Eléonore Nickolay ;
–
matin d’automne
la forêt s’éveille
à coups de fusil
: Philippe Gaillard.
°
Avec 4 voix :
–
ses fleurs dépotées
le sourire de la voisine
rentre pour l’hiver
: Eléonore Nickolay ;
–
Terrain vague –
quelques flaques dispersent
le ciel d’automne
: Najat Aguidi.
°
Avec 3 voix :
–
bar-brasserie –
l’averse efface
le menu du jour
: Dominique Borée ;
–
Bercement des cèdres
La porte s’ouvre
Nuit d’équinoxe
: Dominique Durvy ;
–
cambriolé –
en caleçon
et en colère
: Minh-Triêt Pham ;
–
L’automne…
chaque jour un peu plus
près du ciel
: Najat Aguidi ;
–
maison de famille
pièce par pièce
elle décroche les images
: Jacques Quach ;
–
moustique au théâtre
applaudissements
imprévus
: Philippe Gaillard ;
–
Première mandarine
Envie de chocolat
et de neige
: Monique Leroux-Serres ;
–
Quai de gare ~
Dans les têtes
Tant de mondes
: Hervé Le Gall ;
–
vent d’automne
elle demande
qu’on lui raconte sa vie
: Jacques Quach.
°
Avec 2 voix :
–
dans le soir
froid dans le dos –
le vent invente des formes
: Françoise Gabriel ;
–
Devant le mendiant –
urgence
de regarder ses pieds
: Alain Henry ;
–
EHPAD
après chaque visite
tant de questions
: Patrick Fetu ;
–
morte saison
dans les moules à sable
de la poussière
: Annie Chassing ;
–
nid de poule –
le salto avant
de la cycliste
: Michel Duflo ;
–
salto arrière –
Par retomber sur ses pieds
Il finit toujours
: Anne-Marie Joubert-Gaillard ;
–
sur sa pancarte
« chasse réservée »
la buse
: Daniel Py.
°
Avec 1 voix :
–
beaujolais nouveau –
le poivrot vante les mérites
des WC turcs
: Michel Duflo ;
–
brume du matin
le marais fume au soleil
– moi de même
: Alice Schneider ;
–
caresser le chat
– rien d’autre
: Valérie Rivoallon
°
chemin d’automne –
il y a laissé des plumes
l’oiseau
: Dominique Borée ;
–
des miettes
sur la table –
les moineaux se taisent
: Valérie Rivoallon ;
–
écouteurs –
à ses hochements de tête
ce n’est pas un slow
: Jean-Paul Gallmann ;
–
Manteau d’hiver –
Le portefeuille vidé
De ses illusions
: Hervé Le Gall ;
–
odeur d’encaustique –
sur la toile cirée
le vase ébréché
: Patrick Fetu ;
–
parvis d’hôpital –
entrée en jeans troué
ressortie pareil
: Jean-Paul Gallmann ;
–
Sous la neige
la Loire avale les flocons –
Explosion de silence…
: Danièle Etienne-Georgelin.
°
Notre prochain kukaï aura lieu au Bistrot d’Eustache, samedi 2 décembre, à 15 h 30, en présence de notre invitée d’honneur Jeanne Painchaud (Québec).
°
Compte-rendu du 129e kukaï de Paris
10 septembre 2017du 9/9/17. En présence de Janick Belleau, notre invitée d’Honneur (Québec), de Martine Gonfalone, (ex-présidente de l’AFH – 2010-16), de Pasquale Noizet, nouvelle venue, soit de 28 (!) participants au total – record battu ! – , 56 haïkus ont circulé, 36 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus :
°
Avec neuf (9) voix :
–
nouveaux voisins
des bulles de savon
traversent la clôture
: Christiane Ranieri.
°
Avec huit (8) voix :
–
Fin du marché
le marchand de collants
remballe ses jambes
: Monique Junchat.
°
Avec quatre (4) voix :
–
fin d’orage
elle ouvre sa fenêtre
au chant du merle
: Cécile Duteil ;
–
herbe jaunie
dans les yeux du chat
la lassitude
: Danièle Duteil ;
–
papillon –
le chat vole
pour l’attraper
: Valérie Rivoallon ;
–
Paris by night –
Les gouttes de pluie du pare-brise
passent au vert
: Daniel Etienne-Georgelin.
°
Avec trois (3) voix :
–
dans le sens des retours
les têtes noires
des tournesols
: Eléonore Nickolay ;
–
En jachère
le champ est plein
d’imagination
: Monique Junchat ;
–
Sous le ciel plombé
une voix de jeune fille
« Toi, ta gueule ! »
: Danièle Duteil ;
–
vieux cimetière –
entre deux stèles
l’ombre d’une poussette
: Minh-Triêt Pham.
°
: soit 9 haïkus féminins au 10 premières places ! Bravo les filles !
°
Avec deux (2) voix :
–
canicule chez le coiffeur –
une pluie rafraîchissante
de cheveux blancs
: Antoine Gossart ;
–
don à Emmaüs –
dans la veste de mon père
des pièces d’un franc
: Philippe Macé ;
–
la vieille carcasse –
une jolie bergère
pour l’ami tapissier
: Jacques Quach ;
–
mariage au Louvre –
le sourire de la mariée
énigmatique
: Philippe Macé ;
–
Nouée d’herbes folles
la borne moussue
n’indique plus rien
: Nicolas Lemarin ;
–
nuit d’été
une chouette se mêle
de nos bavardages
: Eléonore Nickolay ;
–
paix en montagne –
seule la radio témoigne
du chaos du monde
: Antoine Gossart ;
–
Plage – le soir
Jeux d’enfant et de lumière
dans les éclaboussures
: Monique Leroux Serres
–
Rêve de Maldives –
Seule dans le couloir bleu
De la piscine
: Christiane Bardoux ;
–
sous le noyer
les fourmis la croient morte
– fin de l’été
: Valérie Rivoallon ;
–
Tango !
Un petit paradis
Sur pieds
: Catherine Noguès ;
–
Zen en Avignon
les cigales récitent
leur mantra
: Philippe Gaillard.
°
Avec une (1) voix :
–
Bientôt l’automne
Le vent emporte les feuilles
Et mes rêves…
: Leila Jadid ;
–
braver les épines –
tendues vers les mûres
ses petites mains
: Michel Duteil ;
–
Couché dans l’herbe
Son sourire de paille
Ecarte les nuages
: Catherine Noguès ;
–
crématorium
les larmes de joue en joue
: Patrick Fetu ;
–
échangistes
sur le pont du bateau
couples de photographes.
: Marie-Alice Maire ;
–
Foudroyé –
Le côté mort soutient
les branches aux prunes
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
jour anniversaire –
il enflamme ma crêpe
et mon coeur
: Christiane Ranieri ;
–
le ciel
carré entre les tours
pour l’infini – l’oiseau
: Lise-Noëlle Lauras ;
–
Manège bâché
quelques flaques de pluie
l’enfant boude
: Nicolas Lemarin ;
–
mouette railleuse –
descendant les ruelles blanches
le bleu du soir
: Cécile Duteil ;
–
plage naturiste –
se cacher derrière
ses lunettes de soleil
: Minh-Triêt Pham ;
–
Seul regard de réconfort
Celui de la statue…
: Leila Jadid ;
–
soir d’été
le bruissement des blés glisse
sur le silence
: Philippe Bréham ;
–
Sur le canapé
deux brindilles argentées –
du chat les vibrisses
: ?
°
Après l’introduction « bio-biblio-graphique » de Janick, de Martine, de Pasquale, différents ouvrages ont été présentés dont certains de Janick Belleau et de Danièle Duteil, de Christiane Ranieri, de Valérie Rivoallon, de Minh-Triêt Pham, de Patrick Fetu, de Daniel Py et du kukaï de Paris (: 2 anthologies, 2010, 2014).
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Christiane Ranieri nous fit part du premier kukaï alsacien (co-organisé par Jean-Paul Gallmann), qui aura lieu les 20 et 21 octobre prochain – Si vous êtes intéressé(e), rapprochez-vous d’elle pour les détails et modalités !
Pasquale Noizet nous a distribué un dépliant pour les Portes Ouvertes des artistes de Ménilmontant (dont elle fait partie, en tant que peintre) qui se tiendra entre le 29 septembre et le 2 octobre.
Notre amie peintre-plasticienne Véronique Arnault (absente au kukaï) nous avait fait part de son exposition « Promenade avec Jean Monnet » (« fondateur de l’Europe ») du 15 septembre au 12 octobre, à la Maison Jean Monnet de Bazoches sur Guyonne (78), avec le vernissage le samedi 16 sept. 2017, de 17h à 20 h. S’inscrire auprès d’elle sur https://jean-monnet.fr/.
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Nos prochains kukaïs auront lieu les samedis :
14 octobre 2017
18 novembre
2 décembre (en présence de Jeanne Painchaud, du Québec.)
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