°
(p.949 :)
akikaze ya . shushi ni shi utau . gyosha shôsha
Buson
la brise d’automne souffle;
chez le marchand de vin, pêcheurs et bûcherons
chantent un poème
–
akikaze ni . chiru ya sotoba no . kanna-kuzu
Buson
dans la brise d’automne
les copeaux des poteaux de tombes
volent ici et là
–
aki no kaze . issa kokoro ni . omou yô
Issa
vent d’automne ;
il y a des pensées
dans la tête d’Issa
°
(p.950 :)
tsuka mo ugoke . waga naku naku koe wa . aki no kaze
Bashô
tremble, ô tombe !
ma voix en pleurs
est le vent d’automne
°
(p.951 :)
akikaze ya . mushiritagarishi . akai kana
Issa
brise d’automne ;
les fleurs rouges épanouies
que ma fille morte souhaitait cueillir
–
asagao ni . fukisomete yori . aki no kaze
Chora
le vent d’automne
souffla d’abord
sur les volubilis
°
(p.952 :)
hazetsuru ya . suison sankaku . shuki no kaze
Ransetsu
pêchant des gobies ;
un village de rivière, un enceinte montagnarde,
le drapeau d’une échoppe de vin dans le vent
–
uma orite . kawa no na toeba . aki no kaze
Shiki
descendant de cheval,
je demande le nom de la rivière –
le vent d’automne
°
(p.953 :)
akikaze ya . ikite aimiru . nare to ware
Shiki
le vent d’automne souffle;
nous sommes vivants et nous pouvons nous voir,
toi et moi
–
uma no o ni . busshô ari ya . aki no kaze
Shiki
la queue d’un cheval
a-t-elle la nature de Bouddha ?
vent d’automne
°
(p.954 :)
ishiyama no . ishi yori shiroshi . aki no kaze
Bashô
plus blanc que les roches
de la Montagne Rocheuse –
le vent d’automne
–
kanashisa ya . tsuri no ito fuku . aki no kaze
Buson
Ah, tristesse et douleur !
la canne-à-pêche tremble
dans la brise d’automne
–
ushibeya ni . ka no koe yowashi . aki no kaze
Bashô
dans l’étable
la voix des moustiques est faible ;
le vent d’automne
°
(p.955 :)
akikaze no . kokoro ugokinu . nawa-sudare
Ransetsu
le volet de corde
bougeant –
la nature du vent d’automne
–
tsuta no ha ya . nokorazu ugoku . aki no kaze
Kakei
les feuilles du lierre :
aucune n’est immobile
dans le vent d’automne
–
yûkaze ya . shiro-bara no hana . mina ugoku
Shiki
dans la brise d’automne
tremblent toutes
les roses blanches
°
(p.956 :)
soko no nai . oke kokeariku . nowaki kana
Buson
un seau
sans fond
roule dans la rafale d’automne
–
kotsuzumi no . tana yori otsuru . nowaki kana
Shiki
avec la tempête d’automne,
le petit tambour
tombe de son étagère
–
nowaki no yo . fumi yomu kokoro . sadamarazu
Shiki
tempête nocturne d’automne :
lisant un livre,
l’esprit agité, inquiet
°
(p.957 :)
kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana
Shiki
comme le jour tombe,
la tempête se renforce :
inquiet
–
kyakusô no . nikai orikuru . nowaki kana
Buson
un prêtre en visite
redescend de l’étage :
la tempête automnale !
–
sumiuri ni . kagami misetaru . onna kana
Buson
femme montrant
au vendeur de charbon son visage
dans un miroir
–
fugu-jiru no . ware ikite iru . nezame kana
Buson
me réveillant :
encore en vie
après avoir mangé de la soupe de poisson-globe !
°
(p.958 :)
kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana
Shiki
malheureux, impuissant ;
la tempête d’automne se renforce
comme le soir commence à tomber
–
kono nowaki . sara ni yamubeku mo . nakarikeri
Shiki
cette tempête d’automne
qui se renforce
ne s’arrêtera pas !
–
kyôran no . nowaki aritaki . waga omoi
Shiki
ah, que mes pensées
puissent avoir la frénésie
de ce vent « qui-divise-les-champs » !
–
seki no hi wo . tomoseba meiru . nowaki kana
Buson
comme ils allumaient
les lanternes de la Barrière,
la tempête d’automne se calma
°
(p.959 :)
la tempête d’automne
souffle même
les ours sauvages
Bashô
–
la tempête d’automne
souffle les rochers
du Mont Asama
Bashô
°
(p.960 :)
la perche du passeur
soufflée
par la tempête d’automne !
Buson
°
(p.961 :)
cinq ou six cavaliers
se hâtent vers le palais de Toba
dans la tempête d’automne
Buson
–
le bananier dans la tempête ;
j’écoute cette nuit la pluie
goutter dans le seau
Bashô
°
(p.962 :)
la vieille femme devant le portail
avide de bois de chauffage –
tempête d’automne
Buson
–
gens de la ville
se demandant des nouvelles de la veille,
la tempête d’automne
Buson
–
femme et enfants
mangent dans le temple :
la tempête d’automne !
Buson
°
(p.963 :)
qu’il est beau,
après la tempête d’automne,
le poivron rouge !
Buson
–
ce matin aussi,
après la tempête,
les poivrons sont rouges
Buson
–
tempête d’hiver ;
de petites pierres dans le champ
sont visibles à l’oeil nu
Bashô
°
(p.964 :)
une seule baie rouge
est tombée
sur le givre du jardin
Shiki
–
le nid du cygne
pend de la nasse de bambou
après la tempête
Buson
–
résigné au fond de moi
à être exposé aux intempéries ;
le vent me transperce
Bashô
°
(p.965 :)
dix automnes ont passé ;
je sens qu’ Edo est plutôt
là où je suis né
Bashô
–
la couche de l’ours sauvage,
l’herbe se soulève –
la première rosée
Kyorai
–
rosée matinale ;
la fumée du riz qui cuit
rampe sur l’herbe
Shiki
°
(p.965 :)
dans la rosée blanche
quatre ou cinq maisons,
un hameau
Shiki
–
un petit jardin
luisant de rosée :
deux litres !
Shiki
–
le bout de l’arc
des guerriers qui passent
frôle la rosée
Buson
°
(p.967 :)
fraîcheur !
la rosée des vagues
monte sur le bateau
Chora
°
(p.968 :)
au rendez-vous de chasse
les carquois sont lourds
de rosée
Buson
–
la pierre-à-encre reçoit
la rosée du chrysanthème :
toute cette vie !
Buson
–
ce monde de gouttes de rosée –
ce n’est peut-être qu’une goutte,
mais pourtant, pourtant !
Issa
°
(p.969 :)
dansez, d’une tige d’herbe
à une autre,
gouttes de rosée !
Ransetsu
°
(p.970 :)
« je ne veux plus rien avoir à faire
avec ce monde sordide ! »
et la rosée s’évapore
Issa
–
des gouttes blanches de rosée,
apprenez la voie
vers le Pays Pur !
Issa
–
sur la feuille de lotus
la rosée de ce monde
est distordue
Issa
°
(p.971 :)
les gouttes de rosée s’évanouissent :
encore plus de graines d’enfer
à semer aujourd’hui !
Issa
–
la rosée de l’oeillet rouge
renversée
est simplement de l’eau
Chiyo-ni
°
(p.972 :)
rosée blanche sur le roncier ;
une goutte
à chaque épine
Buson
–
allumant la lampe :
à chaque poupée
son ombre
Shiki
°
(p.973 :)
serait-elle sucrée
qu’elle serait ma rosée,
sa rosée !
Issa
–
Peuh ! qu’est-ce d’ailleurs,
qu’un million de ballots de riz ? –
la rosée sur mon chapeau !
Issa
°
(p.974 :)
à partir de maintenant,
le Grand Japon !
et les saules !
Issa
–
existe-t-il une telle nuit
en Chine aussi ? –
le rossignol qui chante !
Issa
–
n’oubliez jamais
le goût solitaire
de la rosée blanche
Bashô
°
(p.975 :)
je dors,
faisant de la fraîcheur
mon logis
Bashô
–
sors, ô grenouille
à voix rauque
de dessous la maison du ver-à-soie !
Bashô
–
la fleur de carthame,
par sa forme, rappelle
le pinceau à sourcils
Bashô
–
les robes des femmes
qui nourrissent les vers-à-soie
nous reportent aux temps jadis
Sora
°
(p.976 :)
silence ;
la voix des cigales
fore le roc
Bashô
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= FIN de HAIKU, vol III, Blyth.
à suivre : Vol IV de HAIKU, Blyth, Hokuseido Press, 1952, 1982, 1992 :
Préface (pp. 980-1010) + AUTOMNE (ctd : Champs et Montagnes, pp.1012-1016)
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