Archive for the ‘tercets’ Category

Anthologie de la Littérature Japonaise – 3) par Michel Revon (1910)

22 septembre 2020

Voici d’abord une poésie de chacun des cinq émules de Bashô :
°
I) SÔKAN :

À la lune, un manche
Si l’on appliquait, le bel
Éventail ! *

* Outchiwa, éventail qui ne se plie pas.
°
II) MORITAKÉ :

Une fleur tombée, à sa branche
Comme je la vois revenir :
C’est un papillon ! *

* Un proverbe japonais dit que « la fleur tombée ne revient pas à sa branche » ; la poète a eu, un instant, l’illusion contraire.
°
III) TÉITOKOU :

Pour tous les hommes,
Semence du sommeil pendant le jour :
La lune d’automne ! *

* Elle est si belle que tout le monde veille très tard pour la contempler : le lendemain, somnolence générale.
°
IV) TÉISHITSOU :

Cela, cela
Seulement ! En fleurs,
Le mont Yoshino ! *

* Les cerisiers de Yoshino, dont les gens de bien parlaient bien en regardant bien : Allusion à une poésie du Manyôshou (Livre Ie) qui repose toute entière sur des jeux de mots et des allitérations :
Yoki hito no
Yoshi to yokou mité
Yoshi to iishi
Yoshino yokou miyo
Yoki hito yokou miyo

Des gens de bien
Ayant bonne réputation, en regardant bien,
Disaient bien :
Qu’on regarde bien Yoshino,
Que les gens de bien regardent bien !

On note donc le contrepied pris par Téishitsou ! – À rapprocher de « Ah Matsushima » , de Bashô, ultérieurement.
°
V) SÔÏNN :

De Hollande
Les caractères s’étendent :
Telles les oies sauvages du ciel ! *

* À cette époque où le Japon ne voulait avoir de relations avec l’Europe que par l’intermédiaire de qualques Hollandais parqués à Nagaçaki, notre écriture était une rareté pour les gens de la capitale. Ils trouvaient étrange qu’au lieu d’écrire comme eux, par lignes verticales (…) nous suivions des lignes horizontales. Cette bizarrerie des « caractères de Hollande » pouvait donc leur rappeler, très naturellement, un spectacle familier à leurs yeux et à leurs souvenirs classiques : le vol d’une bande d’oies sauvages traversant le ciel.
°
À suivre : – 4) : BASHÔ (p. 385)

Compte-rendu du 132e kukaï de Paris

3 décembre 2017

le 2 décembre 2017, au Bistrot d’Eustache. En présence de 22 participants, dont notre invitée d’Honneur, du Québec, Jeanne Painchaud, qui nous a présentés ses deux derniers ouvrages (pour la jeunesse) :

ABC MTL, illustré de photos de Bruno Ricca, Editions Les 400 Coups, Montréal, 2017 ;

Hochelaga mon quartier, Poèmes d’écoliers montréalais, accompagnés par Jeanne Painchaud & Cie, 2015.

44 haïkus ont été partagés. 32 d’entre eux ont obtenu une voix ou plusieurs :

°

Avec 6 voix :

au magasin d’armes

des guirlandes de Noël

autour des fusils

: Philippe Gaillard.

°

Avec 5 voix :

kukaï de Noël –

les barbes ont poussé

: Antoine Gossart

°

Avec 4 voix :

devant la barrière

hypnotisé par la neige

mon père

: Philippe Macé ;

Sur la pelouse

Le rire des citrouilles

: Christiane Bardoux.

°

Avec 3 voix :

apéro au marché

les courses le tiennent

en équilibre

: Philippe Gaillard ;

dans l’âtre

les aurores boréales

du premier feu

: Daniel Py ;

décos de Noël –

les nouvelles boucles d’oreilles

de la mairesse

: Michel Duflo ;

Théâtre en plein air

Notre meilleur public…

Les vaches

: Leila Jadid.

°

Avec 2 voix :

à mon petit-fils

les histoires de Noël

de ma grand-mère

: Patrick Fetu ;

départementale…

le feu des feuillages

flotte sur la brume

: Najat Aguidi ;

des notes de trompette

sous les lampadaires

la pluie orangée

: Cécile Duteil ;

feu de bois –

dans le jardin l’odeur

des hivers d’avant

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;

flocons sur la friche

plus blanche la fleur d’ortie

: Annie Chassing ;

le vieux saule

son ombre a caressé

les yeux de l’aveugle

: Philippe Bréham ;

pluie de décembre

dans la rigole s’écoule

le restant de l’année

: Eléonore Nickolay ;

rafale de vent –

une troupe de feuilles affolées

traverse le hameau

: Antoine Gossart ;

Rendez-vous

Les battements de mes pas

Font briller le quai

: Christiane Bardoux ;

si vieux l’étang –

le saule pleureur lui peint

des rides

: Patrick Fetu ;

village assoupi –

le sans-gêne

d’une débroussailleuse

: Michel Duflo.

°

Avec 1 voix :

Billes d’enfance

roulent dans ma mémoire

le temps pour cible

: Nicolas Lemarin ;

champ d’astéroïdes –

sous les flocons il se rêve

faucon millenium

: Ben Coudert ;

Coucher automnal –

Les calligraphies oranges

des fientes de pigeons

: Danièle Etienne-Georgelin ;

échec scolaire –

une ombre au tableau

: Ben Coudert ;

éphéméride –

les pages blanches

des jours d’après

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;

fin de soirée d’anniversaire –

une table de sexagénaires

penchés sur leurs écrans tactiles

: Daniel Py ;

La boule de sapin

au prix d’une chambre d’hôtel

Je la repose

: Monique Leroux-Serres

L’arbre s’étire

voyageur immobile

passager du vent

: Nicolas Lemarin ;

rue Montorgueil

avec le sans-abri

un air de famille

: Najat Aguidi ;

soir d’été

le bambou caresse le mur

sans le toucher

: Philippe Bréham ;

tant de façons

de dire non

au mendiant du métro

: Jacques Quach ;

un oiseau sur le toit

l’aube estompe

le bleu sur les murs

: Cécile Duteil ;

visite au zoo

même enfermés

leur pas libre

: Jacques Quach.

°

Et en prime, le haïku de Monique Leroux Serres, composé à mon intention, pour ce dernier kukaï fort chaleureux – en particulier à mon égard ! Merci tous les amis ! – :

Les cheveux en bataille

du haijin récalcitrant

°

La nouvelle équipe d’animateurs (Eléonore Nickolay, Michel Duflo et Patrick Fetu) proposent les prochains kukaïs en 2018 aux dates suivantes :

20 janvier

17 février

24 mars

21 avril

26 mai

et

16 juin.


Le lieu vous sera communiqué ultérieurement ! (en espérant le Bistrot du Jardin, au 33 rue Berger, 75001)

°

Nous vous souhaitons à tous de belles fêtes de fin d’année !

°

Compte-rendu du K.P. N° 130

15 octobre 2017

Au bistrot du Jardin, 75001, le 14 octobre 2017. 14 présents. 41 haïkus échangés. 22 distingués avec 1 voix ou plus :

 

°

Avec huit (8) voix :

appuyée sur son reflet

la passagère endormie

: Jacques Quach.

°

Avec trois (3) voix :

Canicule –

Les touristes se traînent…

d’une ombre à l’autre

: Danièle Etienne-Georgelin ;

chi-kong au bois 

entre mes bras

les cris d’une corneille

: Daniel Py ;

octobre rose ~

le rendez-vous de mammo

encore reporté

: Marie Barut.

°

Avec deux (2) voix :

bouquet d’automne

une rose penche

vers le miroir

: Jacques Quach ;

Douceur d’automne

Avec une carte postale

Sortir les punaises

: Monique Leroux Serres ;

Excepté le cri

de l’oiseau dérangé

tout le ciel est bleu

: Monique Leroux Serres ;

miettes de croissant –

cette amitié naissante

avec le rouge-gorge

: Michel Duflo ;

pluie sur la véranda

d’un long soir d’automne

le délicieux ennui

: Philippe Macé ;

tumeur –

bientôt les jours d’hiver

peut-être

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;

une étoile

puis une autre puis une autre

puis le froid

: Patrick Fetu.

°

Avec une (1) voix :

anniversaire –

un bouchon de champagne

percute la lune

: Michel Duflo ;

arbres –

certains plus frileux

que d’autres

: Valérie Rivoallon ;

de la mise en plis

au caniche

un blanc parfait

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;

feuilles jaunes –

l’automne s’obstine

dans mes cheveux

: Valérie Rivoallon ;

file devant le glacier –

été indien

: Annie Chassing ;

mi-juillet

d’un jouet de plage à l’autre

un papillon

: Daniel Py ;

ombres des feuillages

dans leur balancement

des taches de soleil.

: Philippe Bréham ;

Pigeons et buveurs –

Dans la place vide

résonnent leurs cris

: Christiane Bardoux ;

premier octobre

changeant la coccinelle

au mur

: Daniel Py ;

Rinçage des verres

Un évier de bulles et de reflets

La vie en somme

: Monique Leroux Serres ;

rue endormie

le show dérisoire

du feu rouge

: Jacques Quach.

°

Notre prochain kukaï de Paris se tiendra le 18 novembre.

°

 

 

 

Compte-rendu du 129e kukaï de Paris

10 septembre 2017

du 9/9/17. En présence de Janick Belleau, notre invitée d’Honneur (Québec), de Martine Gonfalone, (ex-présidente de l’AFH – 2010-16), de Pasquale Noizet, nouvelle venue, soit de 28 (!) participants au total – record battu ! – , 56 haïkus ont circulé, 36 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus :

°

Avec neuf (9) voix :

nouveaux voisins

des bulles de savon

traversent la clôture

: Christiane Ranieri.

°

Avec huit (8) voix :

Fin du marché

le marchand de collants

remballe ses jambes

: Monique Junchat.

°

Avec quatre (4) voix :

fin d’orage

elle ouvre sa fenêtre

au chant du merle

: Cécile Duteil ;

herbe jaunie

dans les yeux du chat

la lassitude

: Danièle Duteil ;

papillon –

le chat vole

pour l’attraper

: Valérie Rivoallon ;

Paris by night –

Les gouttes de pluie du pare-brise

passent au vert

: Daniel Etienne-Georgelin.

°

Avec trois (3) voix :

dans le sens des retours

les têtes noires

des tournesols

: Eléonore Nickolay ;

En jachère

le champ est plein

d’imagination

: Monique Junchat ;

Sous le ciel plombé

une voix de jeune fille

« Toi, ta gueule ! »

: Danièle Duteil ;

vieux cimetière –

entre deux stèles

l’ombre d’une poussette

: Minh-Triêt Pham.

°

: soit 9 haïkus féminins au 10 premières places ! Bravo les filles !

°

Avec deux (2) voix :

canicule chez le coiffeur –

une pluie rafraîchissante

de cheveux blancs

: Antoine Gossart ;

don à Emmaüs –

dans la veste de mon père

des pièces d’un franc

: Philippe Macé ;

la vieille carcasse –

une jolie bergère

pour l’ami tapissier

: Jacques Quach ;

mariage au Louvre –

le sourire de la mariée

énigmatique

: Philippe Macé ;

Nouée d’herbes folles

la borne moussue

n’indique plus rien

: Nicolas Lemarin ;

nuit d’été

une chouette se mêle

de nos bavardages

: Eléonore Nickolay ;

paix en montagne –

seule la radio témoigne

du chaos du monde

: Antoine Gossart ;

Plage – le soir

Jeux d’enfant et de lumière

dans les éclaboussures

: Monique Leroux Serres

Rêve de Maldives –

Seule dans le couloir bleu

De la piscine

: Christiane Bardoux ;

sous le noyer

les fourmis la croient morte

– fin de l’été

: Valérie Rivoallon ;

Tango !

Un petit paradis

Sur pieds

: Catherine Noguès ;

Zen en Avignon

les cigales récitent

leur mantra

: Philippe Gaillard.

°

Avec une (1) voix :

Bientôt l’automne

Le vent emporte les feuilles

Et mes rêves…

: Leila Jadid ;

braver les épines –

tendues vers les mûres

ses petites mains

: Michel Duteil ;

Couché dans l’herbe

Son sourire de paille

Ecarte les nuages

: Catherine Noguès ;

crématorium

les larmes de joue en joue

: Patrick Fetu ;

échangistes

sur le pont du bateau

couples de photographes.

: Marie-Alice Maire ;

Foudroyé –

Le côté mort soutient

les branches aux prunes

: Danièle Etienne-Georgelin ;

jour anniversaire –

il enflamme ma crêpe

et mon coeur

: Christiane Ranieri ;

le ciel

carré entre les tours

pour l’infini – l’oiseau

: Lise-Noëlle Lauras ;

Manège bâché

quelques flaques de pluie

l’enfant boude

: Nicolas Lemarin ;

mouette railleuse –

descendant les ruelles blanches

le bleu du soir

: Cécile Duteil ;

plage naturiste –

se cacher derrière

ses lunettes de soleil

: Minh-Triêt Pham ;

Seul regard de réconfort

Celui de la statue…

: Leila Jadid ;

soir d’été

le bruissement des blés glisse

sur le silence

: Philippe Bréham ;

Sur le canapé

deux brindilles argentées –

du chat les vibrisses

: ?

°

Après l’introduction « bio-biblio-graphique » de Janick, de Martine, de Pasquale, différents ouvrages ont été présentés dont certains de Janick Belleau et de Danièle Duteil, de Christiane Ranieri, de Valérie Rivoallon, de Minh-Triêt Pham, de Patrick Fetu, de Daniel Py et du kukaï de Paris (: 2 anthologies, 2010, 2014).

Christiane Ranieri nous fit part du premier kukaï alsacien (co-organisé par Jean-Paul Gallmann), qui aura lieu les 20 et 21 octobre prochain – Si vous êtes intéressé(e), rapprochez-vous d’elle pour les détails et modalités !

Pasquale Noizet nous a distribué un dépliant pour les Portes Ouvertes des artistes de Ménilmontant (dont elle fait partie, en tant que peintre) qui se tiendra entre le 29 septembre et le 2 octobre.

Notre amie peintre-plasticienne Véronique Arnault (absente au kukaï) nous avait fait part de son exposition « Promenade avec Jean Monnet » (« fondateur de l’Europe ») du 15 septembre au 12 octobre, à la Maison Jean Monnet de Bazoches sur Guyonne (78), avec le vernissage le samedi 16 sept. 2017, de 17h à 20 h. S’inscrire auprès d’elle sur https://jean-monnet.fr/.

Nos prochains kukaïs auront lieu les samedis :

14 octobre 2017

18 novembre

2 décembre (en présence de Jeanne Painchaud, du Québec.)

°

 

Compte-rendu du 128e kukaï de Paris

25 juin 2017

du 24 juin 2017, au Bistrot du Jardin (33 rue Berger, 75001).

En présence de 18 personnes, 34 haïkus ont été échangés. 23 ont obtenu une ou plusieurs voix : 3 à 4 voix, 9 à 3 voix, 4 à 2 voix et 7 à 1 voix.

°

Avec 4 voix :

métro bondé –

la mouche affolée

cherche une place

: Philippe Macé ;

son sourire 

d’une oreille à l’autre

– mousse au chocolat

: Patrick Fetu ;

un tour chez IKEA –

meubler le vide

d’un dimanche

: Philippe Macé.

°

Avec 3 voix :

entre les deux rosiers blancs

un papillon blanc ?

: Daniel Py ;

Jour d’été –

un coquelicot s’enracine

à la grille d’égout

: Danièle Etienne-Georgelin ;

le bleu du lin

caresse

le bleu du ciel

: Philippe Gaillard ;

le bruit sombre du clapot

cendres dispersées

: Patrick Fetu ;

merle en silhouette

le choeur de l’aube

entonne le jour

: Eléonore Nickolay ;

Métro du soir

L’odeur du lilas

Répand des sourires

: Christiane Bardoux ;

polar –

sur la page du crime

une tache de vin

: Minh-Triêt Pham ;

rappel de paiement

le sourire du facteur –

gratuit

: Eléonore Nickolay ;

sentier fleuri –

deux chiens se reniflent

le derrière

: Michel Duflo.

°

Avec 2 voix :

deux cyprès penchés

tendrement vers la lune

écoutent un piano

: Philippe Bréham ;

fête médiévale –

toujours sur sa tablette

le chevalier

: Minh-Triêt Pham ;

sous la canicule

les jardins morts de soif

les migrants aussi

: Annie Chassing ;

une feuille vert tendre

de plus à l’arbuste…

une aile de papillon

: Marie-Alice Maire.

°

Avec 1 voix :

Canicule –

Le chat tire un maillot humide

de l’étendoir

: Danièle Etienne-Georgelin ( – « retravaillé ».)

dans le mauve 

du bougainvillier

déjà l’été

: Michel Duflo ;

dans son esprit

le temps

ramassé

: Valérie Rivoallon ;

fête de la musique –

l’aube

sans le merle

: Annie Chassing ;

Jacquemart-André

Les Vénitiens de Tiepolo

Etudient le menu

: Dominique Durvy ;

jardin de ville

le gendarme joue

à saute-mouches

: Marie-Alice Maire ;

pluie torrentielle –

abritée sous le ceiba

l’araignée sous moi

: Valérie Rivoallon.

°

Nous remercions Annie Chassing de nous avoir confectionné – et distribué des grenouilles en origami !

Nous saluons Ben Coudert, venu au début de notre séance nous présenter son premier (et dernier) né : La revanche des petits riens, Ed. Unicité, 2017.

D’autres recueils ont été présentés :

Entre Ciel et Mer, de Patrick Fetu (Ed. Unicité),

Alsace-Vietnam, de Christiane Ranieri et Minh-Triêt Pham (Ed. Unicité),

Haïku, vol. 1 (« La Culture Orientale ») de R.H. Blyth, traduit en français par D. Py (Ed. Unicité.)

Passion Haïku et Horizon Haïku, deux anthologies contemporaines de haïku, Ed. Pippa (2017).

°

Certains d’entre nous sommes enduites allés à la librairie Pippa, pour une lecture par le groupe « Haïkoustics » (en l’occurrence Valérie Rivoallon et Philippe Gaillard) de haïkus de recueils publiés (ou republiés) en 2017 : En plus d’extraits d’Alsace-Vietnam et d’Entre Ciel et Mer mentionnés plus haut, ont été lus certains de Bulles de Musique de D. Py (Ed. Pippa, 2013, 2017) et de Les Haïkus de la Corde à linge (Dir. Danièle Duteil) de la revue Rivalités (Québec), janv. 2017.

°

Nos prochains kukaïs auront lieu les :

9 septembre 2017

(en présence de Janick Belleau et Danièle Duteil, qui présenteront leur recueil de « tankas doubles » : de Villes en Rives, Ed. du tanka francophone, fév. 2017.)

14 octobre

18 novembre

16 décembre.

°

Merci ! Et bel été à tous !

°°°

« Une Histoire du Haïku » : R.H. Blyth – 20) Poètes de l’époque de Buson : Kitô, Shôha, Chora, Gyôdai, Shirao :

7 juin 2017

(Chapitre XVIII, pp. 309-32 : « Poètes de l’époque de Buson« ) :

KITÔ (1741-89), élève de Hajin, de Taigi, de Buson :

Buvant de l’eau

mon ventre se distend

Quelle chaleur !

Frappant une mouche

l’éventail

se salit un peu

Algues marines

dans les creux des rochers

la marée oubliée

A chaque chose vue :

« C’est magnifique ! »

comme le printemps s’en va

Les jonquilles

sont couvertes de la poussière

de la fin de l’an

Le chant de la moisson de l’orge

se mêlent aux coups

du marteau du forgeron

Le rossignol

qui souvent ne vient pas du tout

vient parfois deux fois dans la journée

Le mendiant boiteux :

son visage insouciant

ce jour de printemps

Averse d’été ;

le cheval épuisé

revit

La voix de la cloche du temple

semble lutter

contre la bourrasque hivernale

°

SHÔHA (mort en 1771) :

Jour de l’an
Par la porte de la chaumière
un champ d’orge

Oiseaux piaillant
l’hôte de la nuit
seul semble se lever

Un brin d’herbe aussi
entre les pierres
se dessèche et meurt

Dans la moustiquaire
le plafond du temple est élevé –
solitude

La limace de mer
disant des choses tristes
à la méduse

Le vent d’automne
est blanc sur le visage de l’enfant
poudre de talc

Les ombres des libellules
qui passent dans un sens et dans l’autre
sur les murs blancs

La libellule
vient et se pose
au bord de mon riz

°

CHORA (1729-80). Il retourna vers la poésie et la simplicité de Bashô :

L’or terni –
les jeunes feuilles nous ramènent
aux temps anciens

Mon logis ;
des feuilles tombées
seulement sur l’arbre à ortie (nettele-tree)

Début de l’automne ;
les nuages blancs flottent en altitude :
on peut voir le vent

°

GYÔDAI (1732-92), élève de Hakuni. Rencontra Buson en 1774) :

Temps couvert –
les pruniers sont recouverts
de la poussière du soir

Cueillant une fougère,
je la donne
à l’enfant sur mon dos

La chauve-souris volette
autour de la lune
et ne la quitte pas

Une seule mouche
me tourne autour ;
confinement hivernal

Le jour s’achève
récoltant le champ d’hiver,
un homme seul

Venant de l’obscurité,
y retournant,
la limace de mer

L’aube du jour :
la pluie incessante
et la voix des insectes

Cassant une branche de prunier
le moine retourne
vers où les nuages descendent

Les fleurs s’assombrissent
mais la pivoine blanche
absorbe le clair de lune

Eté indien –
toute la journée le bruit de la mer
est lointain

La neige fondant,
un corbeau croasse
dans les montagnes nuageuses

L’année finit
et le vaste ciel
résonne du vent

Le jour s’assombrit
et une fois de plus
il commence à neiger

L’aube du jour ;
Des baleines mugissent
dans la mer glacée

°

SHIRAO (1735-92), élève d’Umei (disciple de Chôsui, disciple de Ryûkyo, disciple de Tentoku…) :

Son jisei :

Sortant aujourd’hui

je vis un hibiscus

se faner

Le petit cours d’eau
se cache dans les herbes
de l’automne qui s’en va

Faisant un feu
sous le nid des hirondelles ;
un soir de pluie

Souches et feuilles de verdure
de petits morceaux de glace
tombent du bec des poules

Portant un sanglier sauvage
sur la lande automnale,
les herbes de la pampa fleurissent

A l’odeur de la fleur de melon
le renard éternue
cette nuit de lune

Pluie froide d’hiver
l’homme réapprovisionnant les lanternes
parle aux cerfs

Jetant les torches,
les nuages des montagnes rougissent :
l’odeur du brouillard

Sur la poitrine du milan

brille la lumière des jours
proches de l’hiver

Les lames blanches
du sécateur :
une guêpe en colère

La marée du soir –
sous les saules
on trie les poissons

Un enfant malade
qui pleure dans la nuit
allant faire place au jour

Le soleil du soir
brille sur chaque noeud
des oeillets

La nuit
dans le jardin sombre
comme la pivoine est calme !

°

(A suivre : Chapitre XIX, p. 333)

« Une Histoire du Haïku » : R.H. Blyth – 21) : Poètes de l’époque de Buson :

7 juin 2017

(Chapitre XIX, pp. 333-48)

RYÔTA (1718-87 – élève de RITÔ (1680-1754), élève de RANSETSU) :

Les pluies d’été ;

Un soir la lune apparut

en secret, derrière le pin

Du bleu

de l’aurore,

une seule feuille de paulownia

L’infirmier s’en alla

mais laissa derrière lui

ce papillon

La bourrasque d’automne

souffla l’aigle

du bord de l’à-pic

°

RANKÔ (1726-98), élève de Kiin :

Les pluies d’été ;

une souris court autour

du vieux panier d’osier

Les roseaux desséchés

jour après jour se cassent

et s’en vont flottant

Le démon de la peinture Ôtsu

s’enfume également

à la lumière du feu de broussailles

Un soir de lune ;

grimpant sur une pierre

une grenouille coasse et coasse

A la fin, à force de chanter,

elle va se détruire,

la cigale d’automne !

Eau claire ;

un voyageur

y a jeté quelque pièce

°

MEIMEI (mort en 1824, à 86 ans), élève de Shirao :

A la casserole

il manque un pied –

qu’il fait froid !

Un chien aboie ;

quelqu’un doit passer

ce soir de neige

°

GOMEI (mort en 1803, à 73 ans), élève de Bairin :

La tête légèrement rouge

des grues

au milieu des herbes fanées de la pampa

°

GEKKYO (1745-1824), un des meilleurs élèves de Buson :

Le rossignol

chante le soir

avec la même voix qu’au matin

Le marionnettiste

attacha son parapluie

à un saule vert

Pleurant le printemps

chaque année la même chose,

chaque année différemment

°

HYAKUCHI (1748-1836), élève de Buson :

La grande pièce ;

personne

qu’une mouche

°

ÔEMARU (1722-1805) :

Se rafraîchissant au soir :

Renversant Jizô

et s’enfuyant

On voit les montagnes

au soleil couchant

et l’automne, un instant

L’automne est arrivé ;

les pois sont dodus

à l’oeil

La pivoine reçoit

la lune du matin,

le soleil du matin

°

ICHIKU (1710-60), élève de Kanshû :

Désolation hivernale ;

les ordures s’amoncellent

au bas du cours d’eau

°

RYÔTAI (mort en 1774) :

Mélangés,

les cerisiers sont aussi seuls –

saules desséchés.

°

SEIRA (1740-91) :

Au bord du bateau

enlevant d’un coup de pied mes chaussures –

la lune dans l’eau

Dans l’embrasure de la porte

tombe l’ombre de quelqu’un ;

soir d’automne

La lampe

est immobile ;

une nuit de gel

°

SHÔZAN (mort en 1801, à 84 ans), élève de Sôoku, élève de Hajin :

La claire lune d’automne

les toits de tuile

ont l’air mouillé

Canards mandarins criant

la lune du soir luit

sur la porte du temple

Le visiteur parti,

caressant le bord du brasero

et me parlant à moi-même

°

DENPUKU (mort en 1739, à 73 ans), élève de Renseki (élève de Beiseki, élève de Jisen, élève d’Ansei, élève de Teitoku). Devint disciple de Buson :

Chassant une souris,

des camélias arrangés

près de mon oreiller.

°

(Chapitre XX : ISSA)

FIN

°°°

« Une Histoire du Haïku » : R.H. Blyth – 19 : Taigi :

6 juin 2017

(Chapitres XV et XVI = BUSON).

Chapitre XVII (pp. 289-308) :

TAIGI (1709-71) : « Le plus grand haijin, après les quatre grands. » Elève de Suikoku, de Keikiitsu :

Le voleur

rencontra un renard

dans le champ de melons

Larves de moustiques

dans l’eau stagnante

un jour ensoleillé

L’automne de l’orge ;

la poussière « ennuage »

la cloche de midi

Averse d’été –

revenant fermer la porte

de ma cabane

Un soir d’automne,

me posant des questions, y répondant,

faible et abattu

L’homme qui mangea du poisson-globe

récite le Nembutsu

dans son sommeil

Tuant un faisant ce jour,

maintenant me sentant déprimé –

soir de printemps

Jeunes pousses

croissant dans la rizière hivernale

désespérément

Cinq milles à la ronde

les cerfs-volants dansent

à marée basse

Sur le pas de la porte

la tortue entra en trébuchant –

l’eau du printemps

Début de l’automne

après le bain

un sentiment de lassitude

Fidèle à la coutume

la vieille femme se maquille

le jour du changement d’habits

Eclairs et coups de tonnerre !

Des navires coulés

la voix des fantômes

L’automne mourant,

la crête-de-coq se tient là

sa tête seule glorieuse.

Toutes les étoiles

apparaissent

Ah, quel froid !

La véranda est humide

et déserte :

pluie d’automne.

Lune croissante ;

assis dans le bateau

le clair de lune dans mon giron

Une douce odeur

de quel arbre ? 

Le bocage estival

Dans le brouillard de montagne

des gardiens du sanctuaire :

le son des conques

Les cerfs-volants sont blancs

dans le brouillard vespéral

au-delà de la tranquillité

Soir au temple

la poussière est toute

fleurs de cerisiers

Je rencontrai une femme

pick-pocket

sous la lune voilée

La voyageuse

porte son kimono ourlé

avec presque trop d’allure

A une auberge lors d’un voyage

des fleurs de glycine

laissées fanées dans le vase

Une pauvre chaumière

à travers le kotatsu

souffle aussi le vent

A l’aube

une femme s’en revient –

des pluviers pleurent

« Avec Taigi, le haïku est, ou devrait être la vie elle-même, ni plus, ni moins. »

°

(A suivre : Chapitre XVIII : « Poètes à l’époque de Buson« .)

 

 

 

« Une Histoire du Haïku » R.H. Blyth – 18) Haïkus entre Bashô et Buson :

6 juin 2017

Ch. XIV, pp. 226-43 :

KIKAKU :

La pleine lune d’automne ;

sur le tatami

l’ombre du pin

°

RANSTESU :

Une fleur de prunier ;

la chaleur

d’une fleur de prunier

(adapt. d.p.)

°

BUNSON (mort en 1713), élève de Bashô, puis de Kyoroku :

La claire lune d’automne

Des endroits sombres,

la voix des insectes.

°

MOKUDÔ (? – ?), élève de Bashô :

La brise de printemps souffle

à travers les champs d’orge

le bruit des eaux

°

BAKUSUI (1720-83), élève de Kiin, puis de Shikô et d’Otsuyu :

Rentrant à la maison

par un autre chemin –

Ces violettes !

°

RITO (1680-1754), élève de Ransetsu :

Fleurs de pêcher épanouies ;

tout autour

nulle autre trace du printemps

°

MÔGAN (?-?), élève de Bashô, de Kyorai :

Fleurs de cerisiers

tombant dans le palanquin

d’un Daimyo

°

SUIÔ (?-?), élève de Bashô :

Une nuit d’automne :

rêves, ronflements,

sauterelles stridulantes

°

SHIDÔ ou FÛCHIKU (?-?), élève de Bashô :

Le vieux moine également,

le surplis sur l’épaule,

admire les fleurs de cerisier

°

YAYÛ (1701-83) :

Premier jour de l’année

les gens qui foulent la neige

ne sont pas haïssables

Je peux voir

deux ou trois étoiles ;

des grenouilles coassent

A l’époque de Yayû, le senryû se développa.

Un nid de guêpes :

il les défie

une serviette autour du visage

tirant de jeunes pousses de riz

il pisse dans la rizière

d’à côté

Se rafraîchissant au soir

l’aveugle s’oublie

dans l’obscurité

Une sieste de midi –

cette mouche

ne me laissera pas devenir papillon !

°

SENKAKU (1676-1750), élève de Sentoku :

Le vieil an s’en alla

frappant et trépignant

sans un regard en arrière

°

HAJIN (1677-1742) :

Un guerrier

s’en allant dans un bar à vin

sous la neige la nuit

°

SENTOKU ou TENTOKU, mort en 1726, à 63 ans. Elève de Rogen, puis s’associe avec Rosen. Avec Fukaku, ce fut lui le (plus) responsable de la dégénérescence du haïku après la mort de Bashô.

°

FUKAKU (mort en 1753, à 92 ans).

°

SOGAN (mort en 1791, à 83 ans) :

Rassemblant de jeunes pousses ;

laissant l’enfant

ramper sur le sol

Les rayons du soleil

obliquant sur la cloche du temple ;

la chaleur restante

°

RENSHI (mort en 1742, à 63 ans). Elève de Sampû :

Jeunes pousses !

Les laissant non-arrachées

à la fenêtre

Froide pluie d’hiver –

une rue de prostituées,

le mois sans dieux

°

SÔSUI (le Premier), mort en 1744, à 60 ans :

Un raccourci ;

les feuilles tombées 

cachent l’eau de pluie

°

SHISEKI (ou RYÔWA), mort en 1759, à 83 ans. Elève de Bashô, de Ransetsu :

L’épouvantail

portant un chapeau

pour un pèlerinage au sanctuaire d’Isé

Ô la maigreur

des vieilles cuisses

près du feu !

°

RYÛKYO (mort en 1748, à 63 ans). Elève de Tentoku, puis de Bakurin :

Fleurs de colza

resplendissantes et brillantes –

et un seul temple !

°

KIIN (mort à 1748, à 51 ans). Elève de Hokushi, d’Otsuyu :

Les graines de paulownia

dispersées

sous la première pluie de l’hiver

°

CHÔSUI (le Premier), mort en 1769. Elève de Ryokyô :

Etres humains éparpillés

sur l’horizon

à la pêche aux coquillages à marée basse

°

(A suivre : ch. XVII : TAIGI.)

« Une Histoire du haïku » R.H. Blyth – 17) : Les femmes haijins : Chigetsu, Sute-jo, Sono-jo, Shûshiki, Kana-jo, Chine-jo, Chiyo-jo, Chôwa, Shôfu-ni :

5 juin 2017

(p. 207)

CHIGETSU (? – ?), mère d’Otokuni :

Les fleurs

à leur apogée

ne savent pas que je vieillis

Les pétales des cerisiers de montagne

tombent et se dispersent

sur le moulin du cours d’eau

Les belles-de-jour fleurissent –

mes parents

ne m’ont pas grondée

Un blizzard –

les oiseaux chantent fort

par-dessus mer et montagne

Une sauterelle stridule

dans les manches

de l’épouvantail

Ma silhouette aussi

a l’air misérable

sur cette lande désolée

Attendant le printemps –

de la glace mêlée

à la poussière et aux ordures

quelle chaleur !

des grenouilles

nées dans les flaques

Quelques nonnes

pas moins pitoyables

que ces épouvantails

°

SUTE-JO (1633-98), élève de Kigin :

Semblant

n’avoir rien à penser –

vent d’automne

Parmi les chemins nuageux

y a-t-il aussi des raccourcis ?

La lune d’été

Comme a chaud

la peau – la peau

qu’une femme cache !

°

SONO-JO (1649-1723), élève de Bashô (en 1689), puis de Kikaku :

Violettes

desséchées

dans le mouchoir de papier

Le chien aboie

au bruit des feuilles,

une bourrasque souffle

La fraîcheur –

Le noeud de mes cheveux

n’atteint pas le col de ma robe

Ô comme j’étais occupée

à cueillir les violettes,

absorbée en elles !

Quand l’enfant que je porte

joue avec mes cheveux –

quelle chaleur !

Le gel est descendu –

le vieux panier d’osier

de la nonne partant en voyage

Pressant mon front

contre le tatami vert –

quelle fraîcheur !

SHÛSHIKI (1668-1725), femme de Kangyoku. Elève de Kikaku :

La queue du faisan

touche doucement

les violettes

Pressant l’enfant

contre mon corps,

la neige froide tombe

Sortant de mon rêve,

quelle couleur 

avaient les iris !

Parent et enfant

sous la même couverture –

le gel de la séparation

(: pour la mort de la plus jeune fille de Kikaku, un an avant sa propre mort.)

°

KANA-JO (? – ?), « femme » de Kyorai :

Le ratisseur de sel entend la nuit

la voix proche

du coucou

Près du lys plantain

la sauterelle

chante son soutra

Les épis d’orge

suivent

les papillons qui oscillent

°

CHINE-JO (XVIIe siècle), soeur de Kyorai :

Aucun petit oiseau

ne passe à travers

ces forêts profondes

Lespédèzes et herbes de la pampa 

comme j’émerge de la route de montagne,

comme mon kasa est lourd !

Si longue est la nuit

que fatiguée du voyage,

je la traverse en dormant

°

CHIYO-JO (et CHIYO-NI), 1701-75 :

Champ ou montagne,

rien ne bouge

ce matin de neige

Comme est vivant et digne d’intérêt

l’endroit où se repose le mendiant,

des insectes chantant tout autour !

La lune d’été

touche

la canne-à-pêche

La fleur du prunier

donne son parfum

à celui qui casse la branche

Le rossignol

essaie encore,

essaie encore !

Me levant

et me couchant –

comme la moustiquaire est grande !

(: Supposé avoir été écrit lors de la mort de son mari (?)

°

(CHÔWA (mort en 1715 à 78 ans) :

Je t’ai attendu

coucou, coucou,

mais me suis endormi)

Une nuit de lune ;

venant sur une pierre

un grillon stridule

Sous la pluie de printemps

toute chose bénie

devient encore plus belle

Les traces de pas

sont celles d’un homme :

premiers flocons de cerisier

°

SHÔFU-NI (1688-1758), femme de Ryôhin, un disciple de Basho (mort en 1730) :

La lune d’automne !

M’appuyant au pilier de la véranda

et en faisant le tour

°

(A suivre, ch. XIV, p. 226 : « Haïkus entre Bashô et Buson »)