…/…
°
deuxième jour gris d’octobre
un chien hurle à la mort
°
un marron débogué
pile au milieu
d’une feuille rousse
(- trottoir d’octobre)
°
dans la rue d’octobre (ce soir)
sous le marronnier
un canapé double
accueille la pluie
°
Ce « poète » aux tercets si laborieux
(qui puent la sueur des mots)
sait-il respirer « naturellement » ?
– Certain(e)(s) qui respire(nt) (très) laborieusement
écri(ven)t des vers beaucoup plus « naturels » !
…
le haïku artificiel
le haïku de labo
le haïku-Frankenstein
le haïku-gonflette
le haïku anti-nature
l’anti-haïku
le souffleur de syllabes
–
Il vous présente
une aile
quelques pattes
encore une aile
il vous fait croire que c’est une mouche,
cet arracheur,
ce recolleur de haïkus !
–
Qu’on est loin de Kûkai, de Saigyô, … (les) grands inspirateurs de Bashô !
pour qui le mot devait signifier la chose !
(Lui, qui « tripote » les mots
…
Lui qui est resté
à l’ère des structuralistes
: un-demi siècle en arrière !
–
Les mots vains…
–
(Un commandement pour le haïkiste :)
Tu ne prendras pas les mots en vain !
Tu ne changeras pas les mots
en vains tercets !
–
haïku frelaté !…
–
haïku de garage
haïku-cambouis
–
Les haïkus de tête
sont des haïkus de pied(s)
–
Méfiez-vous
de ceux qui séparent
le vivre
de l’écrire !
–
Un dissecteur de haïku
(: du haïku comme objet de bureau…)
°
Quelques feuilles entrent
dans la rue
Courtalon *
ce 7 octobre avant midi
* 75001
°
Certains (/ la plupart de ?) ses haïkus
sont des « éléments de langage ».
(des effets de langage,
des trafics de mots,
haïkus stériles,
fossilaïkus,
haïkus aléatoires,
cadavres peu exquis,
battus, coupés, redistribués,
élaborations, élucubrations
haïkuistriques,
dérives mentales,
décompositions et recompositions langagières,
etc. etc.
Il prétend écrire des « haïkus »
– hélas !
Comme un coucou qui prend / squatte
le nid d’autres oiseaux,
le …-l’hermite du haïku :
il écrit des « imit-haïkus »
des haikus de labo,
des haïku-lego
du haïku de chambre obscure
du pharmaceutiqu-aïku
–
Le haïku est plus que la somme de ses parties !
(des cubaïkus
des je-de-construction-haïkus)
–
l’antipod-haïku
(du haïku (d’)antipodiste)
– stérilaïku
°
ce matin
six des huit voyageurs
de mon carré
dans leurs écrans
°
en patinette :
« – non !, non ! » :
évitant les grilles rondes
(: jardin Saint-Eustache)
°
« Peugeot veut vendre
sa filiale scooters » *
– Hollande va-t-il intervenir ?
* : Direct-Matin, 8/10/14.
(: Allusion à la paparazziade du Président allant rejoindre sa belle en scooter, incognito, sans garde du corps…)
°
Xavier Dolan, réalisateur québécois : « J’essaie de penser que le cinéma est l’art de raconter une histoire et pas l’art de se raconter soi-même en tant que cinéaste. »
Transposons au haïku :
« Je pense que le haïku est l’art de raconter une expérience et pas l’art de se raconter soi-même en tant que « haïkiste ».
–
… ce « haïku » qui n’est qu’assemblage de mots plus ou moins creux, plus ou moins vides, plus ou moins morts, plus ou moins signifiants, plus ou moins insignifiants…
–
Nous sommes toujours dans le nombril-haïku
(= se faire mousser par le haïku…)
–
un haïku dénaturé
c’est-à-dire un haïku intellectualisé,
un « pensaïku »
au lieu d’un « sensaïku » !
–
= un haïku de tête
(qui est souvent un haïku de pieds :
pour qu’on puisse reconnaître une forme
qui le rattache(rait) au moulaïku japonais de base
= un semblaïku !,
une apparençaïku !
un imitaïku
un similaïku voire un simulaïku
(= un simulacre de haïku
= un faux-haïku.)
–
Un haïkiste ?
Non : un penseur-de-haïku
–
Des clone-haïkus
des sinj-aïkus
°
(Exercices de Qigong :)
je me préoccupe du sort
de la mouche qui (res)sort
de sous la semelle de mon voisin –
puis marche vers la professeur
°
sortie de la chèvrerie :
sentir
les roses épanouies
°
(ancien :)
la fille aux cheveux bouclés
la blancheur de son châle
le soleil de février
the curly-haired girl
the whiteness of her woollen shawl
the sun of February
°
vers le congrès de haïku
entre romarin et lavande
pause-pipi
°
Match en nocturne :
les projos du stade
éclairent la fumée
montant du toit
(Vannes, 10/10/14)
–
le voyant lumineux
telle une aile d’avion :
une nuit au camping
–
un gros nuage blanc
habille
l’arbre mort
–
arbres rouges
dans la cour de l’hôpital,
arbres jaunes,
arbres verts
–
banc à l’entrée de l’hôpital –
seule la place au centre
sèche
–
grands et nombreux mulets
dans le bassin du port
– touristes affairés
°
Sonia :
tout l’éventail de(s) couleurs
de son prénom
(: à Sonia Delaunay, peintre.)
°
mort,
vous aurez atteint ce silence
VERS où
tendaient vos mots
–
j’ai même lu
des haïkus
encombrés
inutilement
de mots
–
Se
déprendre
des mots
–
peu à peu
effacer
les mots
–
(Ne pas en rajouter !)
–
ouvrir
le silence
–
ouvrir
au silence
–
c’est moins ouvrir la bouche
qui compte
qu’ouvrir l’oreille
–
(moins ouvrir l’oeil
qu’ouvrir l’ouïe)
–
(L’ouïe,
oui !)
–
ouvrir l’oeil
ouvrir l’ouïe
(garder le silence *)
* trésor précieux –
–
le noir de l’encre
pour rehausser
le blanc du silence *
* / le blanc du papier
–
dans le sumi-e
(ou dans le haïku)
le noir met en valeur
le blanc
(<- Manda)
°
ce matin
sur les branches *
les bourgeons
de la pluie
* / au bout des branches
–
ce matin
au bout des branches
des bourgeons
d’eau
(: Camping de Cantigol, Séné-Sine, Vannes)
pluie –
un rouge-gorge
monte la première marche
du bungalow
d’à côté
°
fin de l’été –
les mûres parfois
les autres aussi
°
Du congrès de Vannes, retenu :
le noir (de l’encre) qui rehausse * le blanc (du papier)
* pour rehausser
(: en sumi-e ; en haïku — : Manda)
°
Qu’est-ce qu’un « mangeur de rêves » ?…
: ces gens qui font dans la « poésie », qui ne font pas dans le haïku…
–
qui ne font pas « dans » le haïku,
qui font SUR le haïku !
°
Faire le plancton de garde
devant le (Palais du) silence…
–
les mots :
îlots du * silence
* de
–
du silence
parfois
émerge
un haïku
–
la surface du silence
le canard d’un haïkaï
–
Il y a la parole intempestive
(: celle qui veut faire son bruit)
–
et la parole
qui témoigne
du silence…
–
Considère
le silence
que créent tes mots…
–
le silence
est un puits
la parole
est un seau
–
du puits
du silence,
un haïku ?
–
« Le pape volant » : une illusion ?
« Le mangeur de rêves » : une illusion ?
Ah, tous ces illusionnistes
de la parole !
–
comme au ciel
un envol d’oies,
au papier, un haïku
–
le noir
est le blanc
qui s’assemble
– qui se précipite
–
quelle illusion
crée mon haïku ?
–
Méfiez-vous
des illusions verbales…
des arnaques verbales…
–
(: un arnaïku -)
–
J’ai lu bien des arnaïkus !,
bien gerbé
à leur « pouvoir » d’illusion mentale !
–
la grande réussite de Rimbaud :
son silence poétique
–
Tendre
vers le silence
de la poésie
–
sans encre
l’oie
tra(ver)se le ciel
sa trace efface
–
tra…..ver…..se
–
Réduire les mots
: que l’on n’ait plus
que la conscience
du blanc
–
l’oie
te donne conscience
du ciel
–
fuyant
–
Moins rêver
que révéler !
–
du brouillard
(de la page)
un haïku
–
(d’) un bain de blanc…
–
le blanc
qui nous hypnotise
–
l’hypnose
de l’espace (?)
°
qu’un mot
meuble
la page entière
: haïku
°
oies-bernache-cravant-haïku
(21/10/14)
°
war somewhere :
too much God
– or not enough
une guerre quelconque :
trop de dieu
ou pas assez
°
Rayer le noir
Faire la lumière
–
Eclaircir
Eclairer
(la page)
°
page lumineuse
page mise en lumière…
enluminée (?)
haïku rare
°
« Verbalisme : utilisation des mots pour eux-mêmes au détriment de l’idée. »
« Logomachie : assemblage de mots creux dans un discours, dans un raisonnement »… dans un haïku ?
–
Evitez le haïku verbaliste, logomachiste (?) !
°
Tout à ses pensées,
Charles VIII heurta
une porte du château d’Amboise –
Il en mourut.
: Gaffe, quand vous pensez !
°
Trouver un es-pisse vert ?
°
une roue
avec son cadenas doré
appuyés au mur
°
l’étudiante réveillée
replonge dans ses livres
à la bibliothèque
°
dernière demeure
d’un ami de plus de quarante ans
le gris d’octobre
(: Jacky Morel, hautboïste, 63 ans.)
°
R.-H. Blyth : « Le plus grand art de l’artiste est de cacher plutôt que de révéler la beauté. » (in Haiku, vol I, p. 149)
°
« Il faut de la mouche dans la bière
, il faut de la mouche ! »
(: Bar Le Fontenoy, rue de Choiseul, 75002)
°
(sur le trottoir)
en face des « Parfums de Capucine »,
une forte odeur de pisse
(: parfumerie, rue des Capucines, 75002)
°
spar
row
°
été indien –
il relâche une feuille
qui l’a pris à la gorge
°
Ici Issa
ne pissa pas
– ni ne passa
°
Un haïku français * :
en deux hémistiches
(de 6 syllabes chacun)…
* / alexandrin
°
la lune bout aussi
dans la casserole
aux pommes de terre
°
moins il y a de mots
plus l’encre « respire »
°
Jean-Sébastien Bach
au dépose-minute
l’envol des amis Roumains
(Roissy-Ch. de Gaulle)
°
une mouche dans la chambre
un haïku sur la page
°
sur le champ de bataille
Bashô s’assit
et pleura
°
au milieu de haïkus
un oiseau piaille
°
Les répétitions (/ les redites)
bouchent la vue
et l’ouïe
d’un haïku
(sauf en de rares cas…)
: Elles le remplissent
alors qu’un haïku devrait s’évider au possible !
–
Le remplissage
est à l’opposé
de l’esprit du haïku !
–
Pour certains, le haïku
serait une forme qu’il faut remplir…
Pour d’autres, c’est une forme
qu’il faut épurer.
–
les mots réitérés
inutilement
: gonflette-haïku !
–
a stutterer’s haïku :
un haïku (de) bègue !
–
– I beg your haiku ?
°
ça gargouille là-d’dans :
la chasse aux calculs biliaires
est ouverte
°
j’ai toujours cru que le haïku
tendait
vers le minimum
vital
°
Nous ne sommes pas
pour l’inflation du haïku
Nous sommes pour sa déflation !
– Crevez les baudruches, les vessies !
–
(moins de vessies, plus de lanternes !)
°
Moins il y aura de mores,
mieux ça vaudra !
°
Dieu : le très haut ;
haïku : le très peu
°
gouttes en bas de la vitre,
feuilles en haut des arbres,
les nuages filent vers novembre
°
salle d’attente
à l’hôpital
seul
devant l’extincteur
–
casaque bleue,
Bétadine rouge et jaune
: résultat des courses ?
–
odeur de soupe
dans le couloir
vers le bloc opératoire
–
patiente poireaute
sur un brancard
dans le couloir frais
–
salle d’op’
la chaleur de l’anesthésiant
me monte aux yeux :
3 secondes chrono !
–
réveil nauséeux
dans la salle de réanimation
– un peu de morphine
–
l’infirmière tchétchène
– kiné dans son pays –
m’apporte le repas du soir
–
rien-gurgité
menace nausée :
soupe claire
compote de pomme
–
pistolet
au côté
la première nuit
–
goutte à goutte
NaCl 0,9 –
Bonne nuit, monsieur !
–
l’écran noir
de la télé,
la nuit noire :
chambre d’hôpital
–
soir seul et serein :
ablation de la V.B. *
* : vésicule biliaire
–
chambre double, seul
–
sec le haricot de carton
(pour vomir)
mouillé le pistolet
(pour pisser)
°
Dommage que chaque haïku
n’engendre pas son propre rythme –
et qu’il reste figé
dans sa momie, son sarcophage (en 5/7/5) !
(L’on finit par s’assoupir à la longue, lassé de ce systématise monotone…)
–
Il serait temps de s’affranchir de cette monotonie (d’uniforme),
de cette servilité à ce moule convenu…
°
tout en haut de la branche
une feuille (-vigie)
: Vois-tu venir novembre ?
–
salle de réveil :
les différents rythmes cardiaques
des opérés
–
le soir tombe
le toit
sombre
–
une ampoule rouge clignote dans une chambre
mon goutte à goutte transparent
– dernière soirée
–
chambre double
à l’hôpital :
un moustique
et moi
–
quel est le bruit d’une seule main ?
: – Pan
vers le moustique !
–
(repas d’hôpital :)
le fin du fin :
un poisson pané
en forme de poisson
°
litanie
5 7 5
hypnotique
°
l’apéro * du ciel
une heure plus tôt
: heure d’hiver
* rosé
°
Picasso : « La simplicité ne se décrète pas, elle se travaille. »
°
la bouche
a une conception très fine
de la main
(: ceci n’est pas un haïku.)
°
(Fin octobre, 7 heures du matin, gare de Rodez)
des oiseaux noirs croisent le bec
dans de hauts arbres
– (le) bleu naissant
°
du temps a passé :
mère nona-
fils sexa-
(après « Une semaine en Aveyron » in Chemins Croisés, éd. Pippa 2014, p.51)
°
Ah, mouche aveyronnaise
de la fin octobre :
toujours aussi pimpante !
–
aussi emmerdante
qu’au printemps,
cette mouche de fin octobre !
°
le chat
sur le rebord de la fenêtre
s’aventure du deuxième
°
un fauteuil roulant
fait craquer des feuilles
– approche de novembre
°
à la place de
« pluie pluie pluie pluie pluie »
proposer
« pluie incessante – »
: haïku
–
Répéter « silence »
c’est l’abolir
°
à Saint-Jean-Pied-de-Port
cette femme s’exclame :
« j’ai toujours craqué sur le raku ! »
°
au doigt, maman
porte la bague de fiancée
de sa mère
– 95 ans plus tôt *
* / en 1919
°
roulant l’r’
en Aveyron
comme caillou
dans un ru
°
la mouche
vers novembre,
vertement
°
immensablement
–
incommensursable
°
le serin
qui n’est pas du genre à chanter
donne ses plumes
au balai
°
(Rythmes poétiques :)
Rien à faire ! :
le japonais préfère 5 et 7
le français 6 et 6 !
–
… revenir aux b-a bases
de la métrique française
(même en haïku) !
°
mère
se réchauffe les mains
au verre de café
°
au-dessus du causse
8 parapentes
tournoient au soleil
– veille de novembre
–
tout le long du causse
les parapentes
et la demi-lune
(veille de novembre)
–
sur le Causse les parapentes
sur le Tarn les canards
– paix du 31 octobre
–
pas une feuille
ne bouge à l’arbre
– veille de novembre
–
au foyer l’on fête
l’anniversaire d’une résidente
– accordéon
°
dp