Archive for mai 2017

« Une Histoire du Haïku », vol. 1 : R.H. Blyth – 7) : Onitsura.

31 mai 2017

pp. 96-104 :

ONITSURA, né en 1660, la même année que Kikaku, et Jôsô, un an plus tôt. Bashô avait alors 16 ans.

Onitsura dit que la meilleure manière d’écrire des haïkus est d’imiter fidèlement les haïkus de son professeur, puis d’écrire ses propres versets. Ce que l’on pratique encore au Japon.

Onitsura communiqua avec Bashô, Saikaku, Saimaro, Raizan et Dansui, et avec les élèves de Bashô : Izen, Shikô, Ransetsu et Ryôto.

On dit qu’il composa ce haïku à l’âge de 7 ans :

« Par ici ! par ici ! », lui disons-nous

mais la luciole

s’enfuit

A L’âge de 18 ans, il entra dans l’école de Sôin. A 25 ans, il réalisa soudain que le haïku est la vérité, l’entière vérité et rien que la vérité.

Le verset suivant fut composé à la mort de son fils :

Je l’enterre ici –

mais serait-il possible

qu’un enfant puisse en fleurir ?

Onitsura pensait que « makoto », la sincérité, est la chose la plus importante au monde ; c’est la véritable humanité d’un être humain. Plus tard, il vécut en tant que masseur, et enfin entra dans la prêtrise. Voici quelques uns de ses meilleurs versets :

Le vent siffle

dans le ciel :

pivoines hivernales

Une brise fraîche

La voûte céleste est remplie

de la voix des pins

Le ruisseau de la vallée ;

les pierres aussi chantent

sous les cerisiers en fleur des montagnes

Pointant

dans le ciel automnal,

le Mont Fuji !

L’attitude d’Onitsura envers le haïku peut se résumer en : « une nouveauté sans distorsion ». Il précéda Issa de cent ans dans l’usage d’expressions familières. Il ressemble à Bashô dans son amour des « particularités négligeables », son coeur porté à la compassion.

Coupant le sasakuri *

avec les broussailles :

l’été indien 

* : une petite sorte de châtaignier

Connaître les fleurs de prunier,

connaître son coeur,

connaître son nez

Nous avons un esprit

nous avons un corps.
Pourquoi ?

Pour connaître les fleurs de prunier

Nous sommes dociles

et les fleurs silencieuses aussi

parlent à l’oreille intérieure

Les yeux en longueur

le nez en hauteur

les fleurs au printemps !

Le rossignol

se perche dans le prunier

depuis les temps anciens

Une truite saute ;

au fond de l’eau

les nuages vont et viennent

C’est l’automne

j’admire la lune

sans enfant sur mes genoux

Changements d’habits –

je n’ai pas encore ôté

les vêtements de la mondanité

Cette tombe

sans saule au-dessus d’elle

est cependant mélancolie

C’est une vie solitaire

mais des mille-pattes velus tombent

autour de mon ermitage

La tortue de la mare

oscille et froisse

les feuilles de lotus

Pluies d’été –

sur la pierre à presser les sushi

une limace

Le vent d’automne

souffle à travers champs :

les visages des gens

Contre les roseaux desséchés

du ruisseau de Naniwa,

des ondulations

Dans la cruche cassée

un plantain aquatique

fleurit sveltement

Les versets d’Onitsura sont simples et faciles, mélodieux et poétiques. Contemporain de Bashô, il était indépendant de lui. La principale différence entre les deux hommes était dans leur pouvoir d’avoir des disciples. Onitsura en eut peu, tels Kisai et Shisen. (La poésie d’Onitsura a quelque chose en commun avec celle de Robert Frost.

°

(A suivre : pp. 121)

« Une Histoire du haïku » : R.H. Blyth – 6) : « Poètes de haïku pré-Bashô » :

31 mai 2017

(p. 84)

TAKAMASA (? – ?) :

un rat monte sur l’autel bouddhique

sa tête ornée

de fleurs de chrysanthèmes

Charmant à l’oeil,

les lucioles voletant

comme ballot de paille qui se disperse

SHÔI :

Cassé par la neige

le châssis d’un parapluie de bambou

révèle sa forme originelle

Rassemblées,

elles redeviennent la lune,

les gouttes de rosée sur les feuilles de taro

°

TSUNEMORI (mort en 1682) :

La cloche du temple sonne

l’amertume du serpent,

ce soir fleuri

Dans le soir d’été

la fumée aplatit

les colonnes de moustiques

°

SAIKAKU (1643-93), élève de Sôin :

Celui qui joue de la flûte de Pan

n’est pas ici – seules

les fleurs de lotus embaument

Sur la lande désolée,

au temps des épis de roseaux,

le peigne d’une jeune fille

Vivez-vous en ce monde ?

Alors écoutez le battoir

à la fin de l’an

Pluie d’été –

une lanterne suspendue sous un petit pont

au-dessus de la rivière Yodogawa

°

(p. 88)

FÛKO (1619-84), élève de Sôin.


Son fils : ROTEN (1654-1732), également élève de Sôin :

Dans la fleur de narcisse

il n’y a pas l’ombre

de l’ignominie humaine

YÛHEI (mort en 1710), élève de Sôin :

« Maiden flower »,

quelles chaussures gardes-tu

sur ce sol pierreux ?

RAIZAN (1654-1716). Etait presque toujours ivre.

A la mort de sa mère, il écrivit :

La lune d’aujourd’hui

n’est qu’obscurité

à mes yeux

A la mort de son fils unique :

Seulement un rêve de printemps !

Comme il est vexant

que je ne puisse pas devenir fou !

Les bains en plein air

se font moins fréquents –

la voix des insectes

(NB : L’été, peu à peu, fait place à l’automne.)

Tous deux

avec des favoris :

chats en chaleur

Les nouvelles fleurs d’érable

de nouveau au soleil

après l’averse passagère

vertes, les jeunes herbes

dans les champs de neige,

vertes, ô combien vertes !

(p. 92)

A ce point !

le shamisen sur les genoux,

qu’il était chaud !

Ne connaissant 

pas encore le nom du Préfet !

Fin de l’année

(NB : Raizan fut réprimandé pour cela.)

Son jisei :

Je meurs simplement

parce que j’ai commis

le péché de naître

alors, je n’ai à me plaindre de rien,

d’absolument rien

°

SAIMARO (1656-1737), élève de Saimu, puis de Sôin et de Saikaku, et enfin de l’école de Bashô. (« Ses versets montrent souvent la faiblesse et la sentimentalité à laquelle était prédisposée l’école de Bashô. ») :

Le chaton

renifle

l’escargot

Suivant le cours d’eau

l’hirondelle vole

comme si elle ondoyait

Soufflant

tous les nuages blancs –

les arbres aux feuilles nouvelles

Soir de printemps –

les nuages sont tristes

une bannière y flotte

°

DANSUI (mort en 1711), élève de Saimaro. (Dansui admirait beaucoup Saikaku.) :

Les camélias tombent

plop, plop, l’un après l’autre

sous la lune voilée

GONSUI (1650-1722) Il étudia le haïku avec Shigeyori, puis le style Danrin, pour finir avec le style de Bashô. :

Le vent de l’hiver

prend fin

dans le rugissement de la mer

« Dans le style de l’école Danrin » :

L’arc de la nouvelle lune

est sans corde –

appel d’oies sauvages

Le brouillard matinal,

mais c’est un Chôjirô ! *

Il a avalé le mont Fuji

* « Chôjirô était un célèbre illusionniste de l’époque de Gonsui. On disait qu’il pouvait avaler des vaches et des chevaux. »

°

(A suivre : ONITSURA)

 

« Une Histoire du haïku » R.H. Blyth – 5) : Sôin et l’école Danrin :

31 mai 2017

SÔIN (1604-82), créateur de l’école Danrin de haïku, par opposition à l’école Teimon de Teitoku. Sôin devint moine à 29 ans. Il retourna vers le style de haïkaï de Sôkan et de Moritake (plus libre et plus intéressant) :

De Sôin :

De l’huile reste

dans la lampe à l’aube –

un coucou chante

Colonnes de moustiques :

comme je voudrais pouvoir

les aplatir !

Quelques villageois

l’ont-ils traversé ?

la gelée blanche sur le pont

L’automne arrive

Ne repartez pas sans moi !

les feuilles tombent une à une sur le bateau

Admirant

le grand ciel –

le parfum des fleurs de prunier

Cette peinture de Saigyô –

la forme et l’empreinte mêmes de l’automne,

ce soir

°

ICHÛ (1639-1711) :

Sous la pluie de printemps

les saules en premier

nous provoquent la somnolence

Etait-ce le tonnerre ?

marchant ce matin d’été,

un rat grouille au-dessus

Tombez et dispersez-vous vite

fleurs de cerisier,

et renvoyez

ces gens venus vous voir !

°

SAIGIN (mort en 1709), élève de Sôin et de Saikaku :

Les fleurs de cerisier

se dispersent cette nuit

sous la hache de la nouvelle lune

°

(A suivre : « Poètes de haïku avant Bashô »)

 

« Une histoire du haïku » R.H. Blyth – 4) : Teitoku et l’école Teimon :

30 mai 2017

P. 64 :

Teitoku Matsunaga (1570-1653) :

Son poème de mort :

Goutte de rosée ma vie

s’évanouit

les vêtements dans le coffre à bijoux

ne pourront plus jamais être portés :

c’est la Loi.

Un autre de ses jisei :

Demain sera comme aujourd’hui,

pensons-nous le jour d’avant

Mais aujourd’hui nous réalisons

que tout est changement :

Ainsi va le monde.

Retraite hivernale :

même les insectes

respectueusement

Meilleures que les fleurs de cerisier

sont les boulettes de pâte –

oies sauvages de retour

A propos de ce haïku, Nobuyuki Yuasa, proposa un commentaire, dans la revue « Blithe Spirit » vol 8, n° 3 (pp. 12-24), sous sa version :

Plus que les fleurs de cerisier
elles semblent aimer les boulettes,
oies sauvage de retour

: « Ce poème représente l’étape où les objets naturels sont employés comme métaphores évidentes des affaires humaines. Dans ce poème, le poète ne s’intéresse pas du tout à la description des oies sauvages retournant chez elles, dans le nord, au printemps, mais il les utilise comme métaphore des hommes qui souhaitent remplir leur estomac avant de régaler leurs yeux avec les fleurs de cerisier. De plus, les oies sauvages retournant chez elles constituent un thème standard du waka traditionnel. Le poète se réjouit donc de jouer le rôle d’un iconoclaste. »

(cité dans A Silver Tapestry , le meilleur des écrits critiques de la BHS, des 25 premières années. Editeur Graham High, The B.H.S., 2015, p. 55)

°

Ses disciples :

Ryûho (mort en 1744).

Il grava son poème de mort sur sa propre tombe et mourut peu après, à 71 ans :

La lune et les fleurs de cerisier –

Maintenant, de ce monde,

je connais le troisième vers

°

Ishû (ou Shigeyori) (mort en 1680, à 74 ans) :

Les bâtons des pèlerins seuls

passent 

sur la lande estivale

Le pied sait que c’est

le premier matin de l’automne

sur la véranda fraîchement lavée

C’est l’équinoxe de printemps

la compassion du Bouddha

nous permet de casser les branches fleuries

°

Teishitsu (mort en 1673, à 64 ans) :

Allons à Saga,

mouettes,

manger de la truite !

°

Bôitsu (1548-1630). Etait aveugle.

Je suis ici au milieu des fleurs !

J’entends les gens rire

dans les montages printanières

Attendant le vent depuis si longtemps,

jusqu’à aujourd’hui,

feuilles tombées !

°

Tokugen (mort en 1647, à 89 ans).
Son dernier verset :

Jusqu’à maintenant

je racontais des balivernes –

Une nuit de lune

N’importe comment nous la voyons,

il n’y a rien de plus noir

que la neige

: « Voici un exemple de comment le zen intellectuel, et la philosophie de Lao-tseu et de Tchouang-tseu, ne peuvent jamais devenir de la poésie. » (R.H. Blyth.)

°

Kigin. (Professeur de haïku de Bashô ; Prêtre shintô) :

Les herbes de la pampa

prennent la forme

du vent d’automne

De l’eau trouble coulant

sous les fleurs de cerisiers

le long de la rivière Yoshino

°

Saimu (mort à 73 ans ; Elève préféré de Teitoku.)

Son jisei :

A l’aube

la cloche résonne dans les fleurs

autour du portail du temple Jôdô

Son corps a fini

en vacuité –

Quelle chose est une cigale !

°

Baisei (mort en 1699, à 89 ans. Disciple de Teitoku.) :

Sont-ce des tourniquets,

ces papillons

volant au milieu des vagues de fleurs de cerisier ?

Le bateau sous la lune

a besoin d’un bon vent

dans le brouillard matinal

°

Dôsetsu (mort en 1654. Disciple de Teitoku.) :

Si cela existait,

la femme-fantôme-de-neige aussi

serait comme un melon blanc

°

Tadatomo (mort en 1676, à 52 ans. Elève de Herukiyo (mort en 1657.))

Charbon blanc ;

c’était autrefois

une branche enneigée

°

Gensatsu (mort en 1689, à 83 ans. Un des « 5 sages d’Edo ».) :

Un faon *

tétant les seins de sa mère

sous les flèches **

* = un bébé en habits de faon

** = un kimono à motif de flèches.

°

Mitoku (mort en 1669, à 82 ans) :

Ces fleurs enneigées

doivent être une réponse

aux « fleurs-de-neige » *

* : « snow-flowers ».

°

Ryôtoku (un des plus anciens disciples de Teitoku) :

Sur la rive de Sumi-no-e

les tambours des vagues

avec la musique des pins

Papillons dansant

parmi les fleurs de cerisier ;

Kagura * sous les Ise-zakura **

* : une sorte de cerisier-saule

** : la danse sacrée du sanctuaire d’Ise.

°

(A suivre :

Sôin et l’école Danrin. (p. 78))

« Une histoire du haïku » – R.H. Blyth – 3) Sôkan, Moritake.

30 mai 2017

Sôkan (1458-1546) :

L’année touche à sa fin

Personne ne me donne rien

ce soir

°

Sôkan est aussi un précurseur du senryû plutôt que du genre de haïku de Bashô :

Tu as peut-être froid,

mais ne te réchauffe pas près du feu,

Bouddha de neige !

Le vent est froid ;

à travers le shôji déchiré,

la lune d’octobre

°°°

P. 60 :

Moritake (1472-1549) :

Regardant la pièce,

tous ceux qui sont présents

sont Octobre

Les saules verts

peignent des sourcils

au front de la colline

Le doux parfum

est moins dans la fleur

que dans le nez

A l’aube,

ô les gouttes de pluie automnale,

comme c’est poétique !

Un de ses poèmes de mort :

Mon temps de vie

peut sembler aujourd’hui

comme la belle-de-jour, hélas !

°

(A suivre :

Teitoku et l’école Teimon.)

 

« Une Histoire du haïku » (vol. I) – R.H. Blyth – 2) : Sôgi

29 mai 2017

Sôgi (1420-1502) :

Un sentier montagneux ;

oies sauvages dans les nuages

la voix des canards sauvages dans le ravin

Nous faisant attendre si longtemps

et cependant tombant si tôt –

l’âme des fleurs de cerisier !

Le saule brosse

les gouttes de la rosée matinale

des herbes au long du sentier

rafales orageuses !

ne dites pas au cerisier sauvage

que l’été est là !

Ô iris,

pensez aux voyages

de ceux qui vous regardent !

Bruit de l’eau –

les pluies de l’été

sont-elles en train de finir ?

Les lespédèzes

dans les replis montagneux ;

voix de l’automne pas encore entendue

Une nuit de gel –

sur les branches,

les canards mandarins dorment

agités

gel de nuit –

le bruit incessant des ailes

des canards mandarins

les feuilles de l’arbre

qui tombent ce matin

recouvrent la pluie de la nuit dernière

Passant à travers ce monde,

nous nous abritons comme nous pouvons

de la pluie d’hiver

Avant, et à l’époque de Sôgi, on produisit de plus en plus de hokkus. Ex., dans le Tsukubashû : ceux de Zenna, Gusai, Munemigiri et Chiun :

Les fleurs que j’admirais

ont été avalées

par les feuilles vertes

: le moine Zenna.

Il chante !

et le nom du coucou

reste parmi nous

: le moine Gusai.

Il se fait de plus en plus tard

nuit froide et claire

avec vent et lune

: le moine Gusai.

Pétales de prunier

tombés dans les flaques

un scène de jardin (?)

: Munemigiri.

son nom inconnu,

une fleur sauvage fleurit

au bord d’un cours d’eau

: Chiun (contemporain de Sôgi.)

°

(A suivre : Sôkan (1458-1546))

« Une histoire du haïku » : R.H. Blyth – 1)

29 mai 2017

P. 43 :

« Une tradition voudrait que le premier hokku à devenir indépendant du renga soit celui-ci, de l’Empereur Horikawa (1087-1107), dans le Tsukubashû :

Le flûtiste « Kuro-otoko » *

joua de la flûte

près du kurodo **

* « kuro-otoko » signifie : « l’homme noir ».

** : une partie du Palais, près de la cuisine. »

« On ne sait pas quand on commença à écrire des haïkus, probablement du temps de l’Empereur Gotoba.

Exemples de haïkus très anciens :

L’orage

poursuit 

les fleurs qui s’éparpillent

: Fujiwara Saide (1162-1241).

Une éclaircie dans les nuages

d’où tombe la neige

sur les monts lointains

: Senjun. »

P. 45 :

Deux poètes : Sôkan (1465-1553) et Moritake (1473-1549) furent à l’origine du haïkaï renga, qui constituait l’origine immédiate du haïku.

Haikai signifie « badin » et « joueur », pas solennel ni sérieux.

°

(A suivre :)

Sôgi :

Compte-rendu du kukaï de Paris n° 126

14 mai 2017

du 13 mai 2017.

En présence de 19 participants, 38 haïkus ont été échangés. 23 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus !

°

Avec 6 voix :

lettre retrouvée

de la belle écriture

le parfum envolé

: Philippe Macé ;

vieux cimetière –

mon fils parle à un arbre

et moi à une pierre

: Ben Coudert.

°

Avec 5 voix :

convalescence

dans l’herbe neuve

la saveur de chaque pas

: Jacques Quach.

°

Avec 4 voix :

Chemin de croix –

il traverse

en dehors des clous

: Ben Coudert ;

pique-nique au parc

nous étions deux mille

en comptant les fourmis

: Philippe Macé.

°

Avec 3 voix :

affiches lacérées –

poussé par le vent

le sourire d’un candidat

: Dominique Borée ;

don du sang –

autour de son cou

quelques suçons

: Minh-Triet Pham ;

un pied ou deux de côté

pour ne pas arroser

les deux violettes

: Daniel Py ;

Visite aux parents –

Deux coquelicots s’accrochent

à la pierre tombale

: Danièle Etienne-Georgelin ;

°

Avec 2 voix :

Arc de Triomphe –

un pigeon s’est pris les ailes

dans le drapeau

: Marie Barut ;

brise de printemps –

sur une crotte de chien

deux pétales de rose

: Annie Chassing ;

bulldozer –

les fleurs gisent

dans les tranchées

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;

clap de fin 

le vol d’un goéland

éteint le soleil

: Patrick Fetu ;

Crépuscule –

Les joggeurs du lac

au rythme des coassements

: Danièle Etienne-Georgelin ;

Ombre de l’oiseau

on lui roule dessus

elle s’envole à temps

: Jean-Christophe Jameux.

°

Avec 1 voix :

d’une jardinière à l’autre,

des ponts de soie

: Daniel Py ;

façade 

au balcon flottent

les dessous

: Eléonore Nickolay ;

Lune d’été

est-elle aussi brillante

que celle des tranchées

: Naty Garcia Guadilla ;

Paillettes de neige

Dans ta chevelure

Te vieillissent un peu

: Leila Jadid ;

quai –

le papa apprend à faire

des scoubidous

: Valérie Rivoallon

Sur la nappe

le bouquet de pivoines

saigne

: Philippe Gaillard ;

sur la vieille souche

dressé au soleil de mai

un satyre puant *

: Annie Chassing

* Le satyre puant ou phallus impudicus est un champignon.

sur ses reins

son sac à main se balance

– fleurs d’iris

: Dominique Borée.

°

Sans voix, mais remarqués :

Le printemps

me donne des ailes

moi qui peine à marcher

: Naty Garcia Guadilla ;

Promenade matinale

Chien et maîtresse

Manteaux assortis

: Leila Jadid ;

samedi 13 –

toujours à la recherche

d’un trèfle à quatre feuilles

: Minh-Triet Pham ;

sur le banc du jardin

le livre

couvert de rosée

: Jacques Quach

swing ! crac ! ploc ! splash ! wizzz !

même les verres chantent

au bar à cocktails

: Philippe Gaillard.

°°°

Nos prochains kukaïs auront lieu les

3 juin

24 juin

puis, après les grandes vacances, les

9 septembre

14 octobre

18 novembre

et 16 décembre.

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