Archive for the ‘prose’ Category

‘Au plus près du réel’ dialoguesde Gao Xingjian avec Denis Bourgeois, 2/3 :

25 août 2016

p.95 :

G.X. – Pour un écrivain, l’écriture dépasse effectivement maintenant la question de la forme. C’est plutôt un oeil nouveau, un nouveau regard, une nouvelle façon de sentir, de voir les choses. »

p. 105 :

« La structure théorique n’a jamais servi à rien pour la création artistique.
La théorie, c’est la vanité humaine. On veut remplacer l’explication divine de l’univers par des ressassements théoriques, pour boucher ce grand trou noir qu’est le monde. Le théoricien veut jouer ce rôle-là, il veut tout éclaircir, trouver la formule définitive, etc. »

p. 109 :

« Pourquoi définit-on des genres? C’est absurde. (…) Parfois, dans mon écriture, je fais des efforts pour détruire  cette distinction de genres littéraires. Ca devient une gangue trop figée. »

p. 110 :

« Ce n’est jamais la forme en elle-même qui a une signification, ce qui compte, c’est le mouvement continu de la création. »

p. 111 :

« L’art doit impulser quelque chose de vivant, sinon ce n’est pas de l’art. »

p. 112 :

« Le réel est inépuisable. Il y a toujours de nouveaux aspects à découvrir. On ne peut jamais dire qu’on a vraiment connu quelque chose dans cette vie, dans cette société, et sur soi-même. Non. On reste toujours loin de tout connaître. On cherche un langage littéraire qui capte ce mouvement. »

 » Il faut avoir une confiance minimale dans le langage. (…) Il faut aiguiser cet outil de la langue pour fouiller ce réel qui fuit tout le temps. Et alors, on réussit à transmettre un peu de vie. »

p. 125 :

« L’écriture est avant tout un travail. (…) C’est un moyen de pousser plus loin l’observation par les sensations, par le regard, l’ouïe, le toucher, etc., pour connaître la vie d’une autre personne. Un univers que tu ne peux pas atteindre normalement… »

« … Et la réaction du lecteur peut confirmer (ou infirmer) ton observation. C’est communicable, donc ce n’est pas une simple invention. »

p. 133 :

« Joyce, en l’occurrence (dans Molly Bloom), cherchait aussi par l’écriture à aller au plus près du réel, et le réel se décompose, comme toujours, quand on le serre de trop près. Et pour Proust, c’est pareil. Autrement dit, l’écrivain chercherait toujours à âtre au plus près du réel, mais dans son résultat, il créerait des formes artistiques nouvelles. »

pp. 133-4 :

« Si on (…) ne se contente pas d’une description plate du quotidien, alors on entre dans un réel de l’esprit, de sensations, de hauteur, les mots deviennent légers, flottants, les mots s’éparpillent, ça devient magique. Il faut avoir un respect de la langue. On ne peut pas écrire directement comme ça, il  faut être patient, laisser la langue venir, on observe, on attend, les phrases viennent, se succèdent à elles-mêmes, et aussi sans quitter cette sensibilité du réel, sinon ça devient n’importe quoi. »

« Il faut d’abord savoir bien décrire, ou plutôt écrire le réel, ça c’est la base. (…)

« Il faut trouver un moyen de se détacher de la subjectivité, dans une certaine mesure. »

p. 135 :

« Le but de l’écriture, c’est de rendre compte de cette sensation-là que tu as eue au moment où tu observes telle chose, ça peut même être cette sensation-là que tu as eue au moment où tu t’apprêtes à décrire telle chose. »

pp. 135-6 :

 » Si on se contente de photocopier par la langue cette réalité, ça n’a aucune valeur. Ce qui est fascinant, c’est plutôt de franchir cette frontière pour atteindre ce monde obscur et intérieur. Tous les grands écrivains dépassent les catégories – réalisme, romantisme, etc. »

p. 136 :

D.B. – Quels sont alors les critères opératoires en littérature?

G.X. – Moi, je regarde avant tout le caractère vivant. »

p. 140 :

D.B. – Pour écrire, pour toucher quelque chose de juste dans l’écriture, il faut vivre justement. Ce n’est pas vraiment une question de morale, mais je vois que la responsabilité de l’écrivain est toujours en jeu. Tu ne peux pas écrire quand tu n’es pas en adéquation avec toi-même. On ne peut pas écrire de chose vraiment intéressante en se mentant à soi-même.

G.X. – Tous les grands écrivains ont une quête du réel. Ils apportent involontairement quelque chose de nouveau de par leur volonté d’approcher la réalité. Mais si on fait exprès de créer quelque chose de nouveau, ça devient mort. On fait semblant de renouveler ce marché de la littérature, mais il n’y a qu’une apparence de travail. (…)  Si on est si près du réel, ce n’est pas possible d’être démenti. Il faut avoir suffisamment confiance pour ne pas suivre les modes artistiques. Si c’est vraiment bon, ça a sa raison d’être. »

p. 146 :

« je ne peux pas me décrire moi-même par l’écriture, aussi fine que puisse être ma faculté de m’auto-observer. Ceci, parce que écrire est un acte, et que, comme tout acte, il est tourné vers l’extérieur.
Le fait d’écrire est quelque chose de très paradoxal, c’est une sorte d’interface entre ce que je ressens et ce que je suis capable de communiquer avec les autres. »

« Une lettre à Matsuo Bashô » par Vladimir Devidé

6 février 2016

Paru(e) dans « Round the Pond », éd. Muntenia (Roum.-, 1994, pp.159-162 :

°

Professeur aimé et despecté!

13 octobre 1981. Aujourd’hui, j’ai visité votre tombe dans le jardin du temple Gichûji. (…)

Sur les prémices autour du temple, c’était beau et luxuriant,  silencieux et doux, un magnifique jour d’automne avec un ciel clair, bleu profond, un petit nuage, un vent gentil. (…)

Comme elle est simple, votre tombe! Rectangulaire comme un tatami, un tapis de paille, d’environ deux mètres carrés, entourée de petits piliers en pierre. A l’intérieur il y a une pierre marqueuse – naturelle, non gravée – d’environ un mètre de haut. Sur elle est inscrit : « BA=SHÔ=Ô », « Le Vieux Maître Bashô ». (…)

Je me tins longtemps près de vous. Cela m’a pris longtemps avant d’être capable de venir vous voir.

D’abord, mes pensées me soulevèrent comme un fort courant. Soudain, je me souvins de beaucoup de vos haïkus et de vos paroles dans vos journaux de voyage, et de bien des aphorismesque vos disciples avaient transirts.

Soudain le silence. Tout s’arrêta. Le petit nuage blanc se changea en pierre, le cours d’eau près de votre tombe se figea, les feuilles cessèrent de trembler.

Votre pierre tombale avec son « BA=SHÔ=Ô » était la seule chose vivante au monde. La seule chose vivante dans le monde. (…)

Dans le petit musée du temple Gichûji je vis même quelques objets que vous aviez utilisés : votre canne, un court bâton noueux, votre couvre-chef noirci, quelques mots écrits de votre propre main…

Tout cela aussi, je le gardai dans mes pensées. De mon vieil ami Vana Jakic, qui travailla avec le Dalaï Lama sur une traduction d’anciens textes tibétains, j’appris que la langue tibétaine n’avait pas de mot pour signifier « posséder », mais à la place une expression qui signifie « avoir près de soi ». Bien sûr, c’est une illusion qu’on puisse posséder quoi que ce soit. Quiconque pense autrement est obsédé par l’idée de possession. Les choses ne peuvent être que près de nous, elles ne peuvent pas vraiment nous appartenir, être nos biens propres. Nous ne pouvons pas les emporter avec nous quand nous quittons ce seul monde qui est le nôtre.

La meilleure et plus profonde manière selon laquelle nous pouvons nous approcher est de l’avoir près de nous. Et alors, avec une grande intensité, j’ai senti que vous, votre canne, vos haïkus, toutes ces choses, étiez proches de moi aujourd’hui. Vous êtes resté près de moi quand je revins de Zeze et, jusqu’à ce que mon esprit s’assombrisse ou s’évanouisse, vous resterez près de moi pour toujours. (…)

Peut-être que cette partie de ma lettre vous semblera être une confession-haïku; peut-être, en un sens, est-ce vrai.

Je me souviens bien de la première fois où j’ai visité votre pays, il y a vingt ans. Parmi les nombreuses choses qui me surprirent, il y eut celle de trouver un haïku – le premier dont j’eus l’expérience – dans un journal de Tokyo. Chaque jour il publiait un haïku classique avec un commentaire. Le premier que je lus donc était de Sodô :

Rien à l’intérieur

chaumière au printemps –

Tout à l’intérieur!

Je ne me rappelle plus le court commentaire : de toutes façons, il était inutile. Ce haïku dit tout par lui-même, pas tant par le « tout » que par le « rien ». Une chaumière si vide au printemps peut exister partout où quelqu’un peut y entrer : au Japon, dans mon pays, dans d’autres pays que j’ai visités  et encore dans d’autres où je ne suis jamais allé. Il me semble cependant que dans cette première expérience de la forme du haïku, je compris tout ce qu’était le haïku. Dès le tout début j’étais étonné de constater combien de personnes en dehors du Japon n’ont pas une idée correcte de ce qu’est réellement le haïku.

Peut-être n’êtes vous pas conscient de cela, si vous n’avez pas suivi les choses étranges qui ont eu lieu. Le haïku est si simple, c’est une forme poétique si claire et si parfaite, et il est cependant si imparfaitement compris. Vous étiez fortuné que les gens acceptèrent vos haïkus, qu’ils épousèrent et auxquels ils adhérèrent si entièrement, de votre vivant. Vous n’avez probablement pas idée comme les explications de haïkus peuvent être parfois maladroites, et si exagérément simplifiées. La critique les anéantit presque : c’est triste et drôle à la fois.

Cependant, même si telle ou telle sage personne peut discuter ou philosopher sur le haïku, de plus en plus de gens lisent et écrivent à leur propos. Tous ces écrits ne sont pas d’une qualité splendide cependant, ils existent dans une mesure non négligeable. regardez, dites-moi, n’est-ce pas un verset merveilleux, celui écrit par un écolier dont je ne me souviens plus du nom? Il ou elle ne l’a pas signé, mais je pense que l’écriture en est féminine :

une route boueuse –

un garçon en pleurs

tire un wagon

Je suis certain que vous l’accepteriez comme élève. En même temps, cela montre combien de personnes trouvent le haïku difficile, seulement parce que la forme en est si simple, propre et vraie – parce qu’elle n’est pas ornementée. Il semble, je dirais, que dans notre époque-ci, distante de plus de trois cents ans de la vôtre, la plupart des haïkus sont devenus plutôt faux, désordonnés, , décorés, bref tout ce qui est antithétique de la poésie du haïku.

Aujourd’hui, même ceux qui ne méprisent pas la poésie du haïku ne comprennent pas exactement pourquoi tel poème est ou n’est pas réellement un haïku. C’est simplement parce que la forme en est aussi évidente et aussi simple. Ce sont les écrivains qui veulent faire une théorie compliquée du haïku, écrivant des phrases de longueur interminable, que même des ordinateurs ne pourraient pas les décoder. Je pourrais citer beaucoup de cas, mais je ne le ferai pas, parce qu’ils me rendent malade.

Un de mes bons amis est un poète de haïkus. Ou, je devrais dire, un poète de haïku est un de mes bons amis. Il sait ce qu’est le haïku, même s’il n’a jamais visité le Japon. Il a écrit beaucoup de tels versets, même s’il n’a jamais vu votre pays. Les versets sont si beaux et simples et propres qu’aucune explication n’est nécessaire. Il faut simplement les lire – quelle merveille ! – pour voir ce qu’il vit, entendre ce qu’il entendit, sentir ce qu’il ressentit quand il écrivit les poèmes. Nous ne savons pas pourquoi il en est ainsi, ni ne souhaitons le savoir. Ce n’est simplement pas intéressant, ça ne signifiera rien non plus si nous nous cassons la tête dessus, à nous demander comment nous pouvons vivre ce qu’il a vécu. C’est le mystère du haïku : qu’il puisse transmettre l’expérience que le poète ne décrit pas.

Ceux qui n’ont ni yeux ni oreilles, qu’ils ne voient ni n’entendent pas !

On ne devrait pas être en colère en chassant les marchands du temple. On devrait le faire dans l’esprit du Bouddha, sans colère, sans attachement.

Humblement, je vous loue,

Respectueusement vôtre,

Vladimir.

(Traduit par Ivana Spalatin, Ph. D., Université d’Etat de l’Est du Texas et Anne Shaver, Ph. D., Université Denison)

Ces fragments parurent en premier lieu dans STUDIA MYSTICA, Vol VII, n° 2, été 1984.

un bourdon noir / et un papillon bleu / sur le même trèfle

sur une tige d’herbe / tremble l’ombre / d’une autre tige

une petite flaque de sang – / tuée dans un raid aérien : une petite fille / et sa poupée géante

: Vladimir Devidé.

(trad fr. : d.p., fév. 2016)

Atelier, lectures, signatures : les 2 premiers vendredis de mars

16 février 2015

Bonsoir !

le vendredi 6 mars :
– atelier haïku et senryû à 14 h 30
suivi d’une lecture de senryûs, haïkus, etc. extraits du recueil 
Fourmi sur ma jambe, de Daniel Py,
en présence de l’éditrice d’Eclats d’encre Sandrine Fay
+ signature (jusqu’à 19 h) :

à la librairie Pippa,
25 rue du Sommerard
75005 Paris
(M° Cluny-La Sorbonne)

+ lecture (à 17 h) et signature de la romancière Geneviève Roch (Le Guetteur halluciné, éd Eclats d’encre)
+ lecture à 18h et signature de la poète Eliane Vernay (Signes du rien, éd. Eclats d’encre)

le vendredi 13 mars :
de 14h30 à 19 h :
lancement de l’anthologie Trente haijins contre le nucléaire, éd. Pippa,
dans le même lieu

Les auteur(e)s sont chaleureusement invité(e)s
ainsi que leurs ami(e)s et connaissances
Les collations seront offertes sur place par la libraire-galeriste-éditrice Pippa : Brigitte Peltier!

Qu’on se le dise – … et que l’on y vienne !
;-)

Daniel

Haïku etc. de Py – sept. 12 – 2/2

6 octobre 2012

°°°

écrire le creuse
galerie nocturne

un thé au matin vert

°

les mots
doivent retrouver
les choses

°

le tic de sa montre
toute la nuit

°

opprrressssion

°

matin ensoleillé
le squelette d’un cousin –
la fête de l’Humanité

°

(ancien :)

l’ombre
en croix
d’un bombardier

°

inauguration du Clos des Vignes :
recueillis
au pied des pieds

(Orly, 16/9/12)

°

On a vu
les seins de la Princesse * :
gorges chaudes

On a vu
les seins de la Princesse * :
Rendre gorge

* : Kate Middleton, by « Closer ».

°

grand silence dans le couloir –
attendant une élève de musique

°

reflets de nuages d’un côté
buissons de l’autre :
double paysage de train vers la droite

°

Atteint
l’âge d’Issa, *
ma puce !

* : 64 ans (1763-1827)

°

Invalides –
un pigeon monté dans le train
descend à la sonnerie

les portes se ferment
le pigeon (re)descend
du train

°

un canard
sur une pierre du Verdon
et dessous

°

tous les matins
venant saluer les gens
au RER d’Orly

°

premières lueurs
vert bleu nuit
montantes

°

tout l’inutile gommé…

°

écran :
les passagers du TGV
ont droit à la vitesse
de leur train

°

Admirant
le sein parfait :
Mont Fuji

°

Le haïku, c’est l’exigence
du terme exact –
(de la sensation exacte)
du dire exact !

(Certains haïkus
« sonnent faux ».)

°

doigts sauvages…

°

le vent jouant
de la double couleur
des feuilles

°

des nouvelles de Fukushima ?

°

her wet lips
la mer gronde
her wet lips

°

The haiku, a striker

°

Hone *, Honey !

Prune **, trésor !

* = affûte, affile, aiguise !
** = taille, élague, émonde !

°

(toujours plus « nouveau » ! :)

il y eut
le « haïku papal » ;
voici maintenant
le haïku-PayPal !

°

assis longtemps *
à attendre un train –
soleil deux-tiers septembre

* (45’, RER C, Orly-Paris)

°

puis elle parle


°

« Haïbun sans prose » :

ex : « je vais vous raconter un film » ( : dpy, cf. 2011-12)…,

où, du haïbun, il ne reste plus que les haïkus,
comme si l’érosion les avait épargnés,
et que la prose était retournée au sable de la page,

où manque (tout simplement) cette prose
que l’auteur n’a même pas eu l’idée d’inclure =

haïbun (prose) en creux ;

haïkus encrés,
prose en creux ;

haïku roc
prose sable.

°
(front à terre … :)

un matelas


(rue du Montparnasse, 75006, 22/9)

°

(La sueur ? :)

d’Eustache Lesueur
plus que le piédestal * –
joggeurs alentour

* Jardin du Luxembourg, 1858

jardin du Luxembourge

°

femme
avec un pot de fleurs blanches
jardin du Luxembourg

°

deux amoureux fleurettent –
septembre clément

feuilles rousses
encagées * :
moisson de septembre

* cf. Benjamin Péret : « Les rouilles encagées »

°

elle esquisse

°

les seins tombés –
premier jour de l’automne

°

bord de mer –
mon regard plonge
entre son pendentif

°

Les décapants
(ex. : Éric Chevillard.)

Décaper le haïku.

sand
which
sand

( : d’après Éric Chevillard, p. 91 de L’autofictif, éd. Arbre vengeur, 2009 :)

« Mais oui, ma tante, la poésie nourrit son homme. Et même un seul bon haïku le fera :
Pain
jambon
pain »

°

au bambin

(22-28/9/12)

°

aventure
et rature(s)
sont-elles deux mamelles
de la littérature ?

°

(r)allumant
au milieu de la nuit
pour (re)lire
Éric Chevillard

°

Le litté
ratureur

Il faut rat(ur)er (biffer) de nombreuses fois (…)
avant de (pouvoir) produire
un sous-chef d’œuvre

un œuf, une œuvre ?

un œuf neuf
un œuf meuf

Sa fille va mettre au monde
un œuf meuf :
encore une qui ne portera pas son nom !

°

Au haïcou long
on peut mettre beaucoup
de colliers
Au haïcou court
peut-être à peine
un fil de colle

°

sans cesse
il noie le poisson
(il nie le poison)

sans cesse autruche de lui-même

acculé,
sans cesse en reculade…
sans cesse se dissimule
(derrière ses mots)…

sans cesse se maquille de mots,
ce maquignon !

se grime,
ce grimaçant
limaçon !

l’hameçon
de l’âme-sœur ?

le maçon ?

l’âme-sœur
l’âme seule

Faut-il mettre du liant (/ du lien) entre ces deux « images », de la colle, du ciment, de la bave, de l’encre, ou bien faut-il les laisser ainsi « paralléler » ?

/ parall – hèle

°

Elle ne s’aperçut pas
qu’elle m’avait offert un spectacle
– même minime – :
l’improvisation
d’un pas de danse
devant une guêpe

°

« Les OGM
sont un poison » *
– Et le nucléaire ?

* titre un magazine mensuel.

°

poix – gnon

°

dans la nuit
tournent des mots
plus ou moins bien éclairés

°

dimanche matin
(le) bruit de bogues tombant dans le parc –
la cloche de onze heures

dimanche matin
il banjoïse
en se chantonnant
tout autour du parc

°

Dans la série « Il s’agit de »… :

Il s’agit (aussi et surtout)
de chasser du haïku
les mots * qui son(nen)t faux **

* expressions, lignes, vers,

** forcés, artificiels, « morts » (selon l’acception des Anciens Chinois).

… sous peine d’être accusé ( / d’avoir à répondre) du crime ( / de la forfaiture) de lèse – mots !

/ de lèse – (l’) esprit !

°

tombant dans l’évier
la fleur de jasmin
fait tinter l’assiette

°

les fleurs de jasmin
s’ouvrent dans l’eau chaude
ainsi tes haïkus * ouverts sur le monde

* : S. Bellen, in Tierra de nadie, à paraître aux éditions Unicité, début 2013.

°

le marié se retire

°

Mesdames, Messieurs,
votre train prend la direction de
: silence

°

le bout du nez ( / du nœud ?)
du boudineux ( / -né )
libidineux

°

le ciel des mots
s’éclaircit :
haïku

°

les mots : nuages
chassés…

°

À la chasse aux faux mots…

beaucoup sont touchés
beaucoup mettent plume à terre…

°

« de ce côté-ci du pointillé… »

(= de ce côté-ci de la frontière…)

°

Le haïku
est-ce
une soustraction ?

ce que j’aime dans le haïku
c’est que c’est
une ascèse des mots inutiles,
une ascèse des mots « faux »

, la déroute des « faussaires »,
des « in-sincères »… ?

les insincères,
les autres, sincères

– et ceux qui s’insinuent ?

°

Que le haïku
traduit en français *
fasse 5/7/5
est une ineptie

* (et inversement)

°

Parfois
la mémoire
vous joue de ces trous !

Ainsi ne me souvi(e)ns-je plus du nom
d’un fâcheux
que je désirais justement ignorer –

/ de l’importun
sans importance…

°

tu t’es tu
et têtu
tu t’y tiens !

°

Cette (jeune) personne a la chance d’avoir une belle enveloppe –
Mais qu’en est-il de la lettre qu’elle contient ?

°

bille en tête
bulle en tête

°

(Poésie :)

mise en tropes,
mise en iambes,
etc.

°

le pain suit sa lame
le soleil

le couteau suit sa lame
le soleil

°

du pain
qui cuit la nuit
l’odeur éveilleuse

°

la courante de la consommation

°

de l’émail
à l’e-mail,
combien d’années,
combien de générations,
combien de frustrations ?

°

N’y en a-t-il pas assez
des dieux uniques ?

°

nous avons eu vent
de vos vociférations
en vain

°

(D’après Éric Chevillard : L’autofictif voit une loutre, p.. 50 :)

coin coin coin
le canard délimite
le triangle des Bermudes
qu’il évite (ra)

°

jogging :
pour qu’en bon état j’erre /
pour qu’en bon état je gère…

Dans quel État je me terre ?…

°

(Félix Taillandier :)

Il croisa Félix.
Il croit en Félix.
Félix, une sorte de christ
(sur sa poutre éternelle).
Croiser le (haut)bois et la perche.
Croix en luit, crois de bois, si tu crois, sors du bois…

Taillandier.
En tailleur.
Taille son X…

°

ce journal du monde flottant…
à la surface des choses
les yeux en surface
crocodile
grenouille…

°

Un ciel gris nous nasse. Nass. Trocken…

°

Où sont mes dictionnaires d’allemand,
maintenant que l’anglais me maîtrise ?

°

Les feuillages des arbres jaunissent.
(C’est bien)
L’automne fait toujours son boulot.

°

Libre enfin libre. D’élargir ses poumons. De lancer un cri équivalant à quarante années (et plus) de travail forcé…

°

Si les dossiers (du canapé)
s’affaissent,
que deviennent ses reins ?

°°°

Haïku, etc. de Py – janvier 2012 – 2/2

1 février 2012

°

une bulle,
une grille :
deux bulles

°

réveillon –
le vin de son verre
capte tout l’or du flash

°

ce matin
ce mot :
dorénaventure

°

pédia(n)tre

°

la lune sur la plaine …

°

rat peur

°

pas réparé /
paré – paré

°
(rouge – blanc)

de l’aéroport
cet Asiate en tongs
et orteils peints
(21 janvier)

°

« À Cure-pipe
les tailleurs… »

°

un professeur de l’Être…

°

I’ll take U to little e
Je t’emmènerai en i tal i

°

L’homme qui ne vivait pas pour traverser.
Cet homme mangeait un peu de ciment à chaque repas;
et acceptait volontiers de souper avec ses victimes.

°

lisant un livre sur le haïku,
ce merveilleux adjectif :
« fujitif »

:

le haïku,
« un moment fujitif » !

(: Nicole Voltz, « L’atelier d’écriture et le haïku », p.48 de Le Haïku et la forme brève en poésie française (André Delteil), P.U.P., 1989.)

°

Décale le langage,
décale l’image
(pour qu’elle redevienne vivante / « neuve » !…)

°

Dans la côte
je me suis mis en danseur

°

dp.(15-31/1/12)

Haiku, etc. de Py – oct. 11 – (1/2)

17 octobre 2011

°

le passé pas si
simple le passé pas si
simple le passé

°

ri pou ri pou ri
pou ri pou ri pou ri pou
ri pou ri pou ri

°

ça plaît ça ne plaît
pas ça plaît ça ne plaît pas
ça plaît ça ne plaît

°

traint contraint contraint
contraint contraint contraint con
traint contraint contraint

°

RIEN . . . T

°

rien t rien t rien
t rien t rien t rien t
rien t rien t rien

°

en religion : le Très Haut
en haïku : le très peu !

°

comme beaucoup
le premier pet sur ta voiture
un haïku

°

le haïku spirale

l’art doux
(/soft)
tout en courbes
spiralées :
sculpture-pelure-d’orange

aspirale

l’artspiral(e)…

lartdoux

°

2/3/2
3/5/3
5/8/5

°

le camion qui passe
emporte avec lui
le bruit de l’aube

(10/6/06)

°

le pont vert
sur la Seine noire
– Maison de la Radio

(6/3/09)

°

une bouteille en plastique
sur l’eau
un canard sur le bord

°

en bas du
Conservatoire de musique,
un concert de klaxons

(13/10/04)

°

le printemps
l’été
l’amour
l’hiver
°

toise –
assez d’énergie pour aller jusqu’au bout du pinceau

°

reçoit
haïku
donne

°

le soleil
joue
une harmonique
d’araignée

fil d’araignée
et soleil
en duo furtif

une harmonique de soleil
sur la corde
d’une araignée

le soleil

le soleil
joue
de l’araignée

°

parallèlement
deux hommes à valise à roulettes
à portable à l’oreille

(ancien –> 4/10/11)

°

(Bashôtage :)

un claquement,
des rides
: un haïku

un claquement,
des pattes* :
le haïkaï

* : des pieds ?

°

maison de retraite
les pommiers fleurissent dans la cour
(- octobre)

°

(une) déviaviation

(: un détournement d’avion)

°
(Zenryû / Bashôtage :)

what is the sound
of a swamp ?

quel est le bruit
d’une mare ?

avant la grenouille,
le bruit de la mare ?

après la grenouille,
le bruit de la mare ?

la grenouille
est-elle
le bruit de la mare ?

le plouf
de la grenouille
est-elle
la clé
de l’étang ?

le plouf
de la grenouille
ouvre l’étang

dès que la grenouille entre,
l’étang se referme

silence bruit silence

calme plouf ! plat

calme clame calme

CHOC

clameur calme lac

ré – calme

°

devant la cathédrale
la jeune Japonaise
danse
pour la photo

°

« Je regarde la mer. J’apprends à devenir poisson »

: le premier druide in L’enchanteur pourrissant, d’Apollinaire, p. 25, éd. Terre de Brume

°

Caprice est fini ?

°

Dans le haïku, la prose est le liant, le ciment ; le haïku étant la pierre…

°

un noyau d’avocat
vient jouer la toupie
sur le parquet

°

Le « haijin » établit (un lien entre) deux éléments, une passerelle. Tout son art consiste en cette passerelle (que le lecteur puisse emprunter), en cette architecture (plus ou moins visible…/ plus ou moins lisible…(?))

°

(À Salim,
à nous)
:

ce 9/10/11
je me souviens
du 9/8/7
où l’ami cher
disparut
sur une route
de Colombie

Où naviguons-nous ?
entre quels chiffres
bornés ?

°

Aimez-vous (le) brame ?
– Octobre
(il va sans dire !)

°

sur 50 ans
j’ouvre la langue
plusieurs fois

°

« La forge des mots »

la forge des mots
le forage des mots
le fromage des mots

S’amuser (« asobu »)
des mots,
du langage…

la faiblesse des mots…

°

sans connaître le but,
poursuivre son chemin…

°

à ceux que le zen
gêne je dis à ceux que
le zen gêne je

dis à ceux que le zen gêne
je dis à ceux que le zen

°

le gavage des poches
le gavage des proches…
: les oies du pouvoir

°

la réduction
– séduction
rédemptrice ?

°

je lis un poème rimé,
je m’endors

°

à l’époque des fleurs,
l’explosion
de Fukushima

°

l’arbre

°

le zen les a gê-
nés le zen les gêne le
zen les gênera

aux zen-tournures…

gêné né gé

°

déséqualibrer

(le haïku ?)

(pour voir
s’il tient encore
debout ?)

°

ils
cent tasses
dans le train du matin d’automne

vers la mi-octobre
, chevilles ouvrières

(et coups de pieds
/ reçus / donnés)

– Bosse ou crève !

°

je relis des pensées
où en est la lune ?

je suis d’une génération papier
où en est la lune ?

°

Peu importe que mes poèmes soient ou non des haïkus !
mais que je sache quand c’en sont,
quand ce n’en sont pas,
et pourquoi, et comment !…

°

neige abondante lush snow
maintenant fondante slush now

(: ancien)

°

une boucle d’oreille
en feuille bleue (métallisée)
au pied du parc
ce quinze octobre

°

dans les affaires
du clodo parti :
des pigeons

°

(à suivre : 2/2)

Haïku, etc. de Py – sept 11 – (2)

1 octobre 2011

°

le japonais n’est pas le français
le 5/7/5 n’est pas le 5/7/5 !

5/7/5 : ce costume mal séant !

°

sé . . . . cé
an . . . . an
ce . . . . se

°

… la tension à l’intérieur-même d’un seul mot !

°

fen . . . du

le blanc, c’est ce qui
. . sé . . pare . .

comme le
. si . lence .

°

. dé .
jouer

. dé .
coudre

°

le lecteur
franchit le pont
(invisible, blanc)
entre les mots
du haïkuiste

beaucoup de mots => petit pont
peu de mots => grand pont

°

rigueur budgétaire :
moins de guerres
à poursuivre (?)

°

.éc.
rire

°

écrire
ici
maintenant

sans cesse s’enfuyant

°


.
..boule

°

haïkuiste :
calligraphe du silence des mots

°

le
bleu
se
rêve

°

(le ciel se rêve)

l’herbe bleue

°

les mots
débouchent
le blanc

°

l’oeil
du
dire

°

– tiens, j’entends des cordes !

°

…….peu…….*

°

* d’après :

« …../..rien…/….. »

de Patrick Blanche.

°

« le monde du haïku est ficelé par les lobbys les plus conservateurs, Université de Tokyo, NHK, Jiminto »
Laurent Mabesoone.

°

Nucléaire (1945-2011) :
le cauchemar
ne fait
que commencer…

Hiroshima-Fukushima :
66 ans
de cauchemar nucléaire

°

votez blanc

°

en
cad

°

encstré

°

flot
….te

°

5/7/5 = systématique
(or) casser tout systématisme !

°

dé-
vi-
ss-
er

°

jusqu’où peut-on aller
dans le moins ?

°

ra(p)ide

°


fe
nes
tré

°

en . . . . . . . lé
vo . . . . . . vo
lé . . . . .en

°

at
.ter
…ri _

°

un grand rien
. . rieur . .

°

val . . . . val . . . . val
. . se . . . . .se . . . . .se

val . . . val . . . val . . . .val
. . che . . . .che . . . .che

°

une aile de papillon
volant
sur le trottoir

°

sur l’orgue
la poussière
immobile

°

(ancien :)

enterrement d’un collègue :
le portable de Jean-Jacques
sonne dans l’église

(déc -95 ?)

°

son « post » est rieur…

de rieur
à rien
qu’y a-t-il ?
– peu

supé . . rieur

. . . . .risible

°

étale le moi détale

°

les fleurs
les petits oiseaux
et
Fukushima
(par exemple)

°

le bonsaïku

°

l’avocarotte

°

modéralisateur

°

haïcou(p) de poin)te(

°

(Bashôtage :)

la mare gît
naturellement
une grenouille
réveille
l’oreille
du bananier

°

donner
haïcoudepied(s)
dans l’haïcourmilière !

°

haïding !
haïdong !

haïdingue !

°

.un.
d..e

°

encreusant

encreuser

°

rêveil

°

franco-phoney !

°

toujours plus
simple
!
toujours moins
long
!
haïcourt,
bonsaïcou !

(- Priez pour nous !…)

°

la nuit
passe
peu
à très
peu –
(nuit)
blanche
si
noire
si
long
temps

°

des séries d’o :

ooooo
ooooooo
ooooo
ooooooo
ooooo

(décès
rideau
)

°

se refaire un présent sans cesse

°

photographiant
l’orage
au flash

°

le gouvernement a(-t-il)
mal aux niches * (?)

* fiscales, évidemment…

°

dans la cour
de la maternelle
un oiseau
pleure…

°

des plumes sur le trottoir
– écrire ?

°

2 ordis :
vin à une table
fromage à l’autre

°

3 heures du matin –
les pas
de la voisine
au plafond

°

au passage
deux grains de raisin

°

sursaligned’oooooooo

°

(ancien : « contre B.N. » :)

sous « la cascade du futur »
: il se touche
les neurones !

(4/6/07)

°

l’auto-buste :
celui qui déjà se
portraiture
en postérieur !

il posthérite (?)

°

quatre noirs
à trois heures vingt six
rient
dans la rue

°

dispute : soucoupes violentes ?

(d’après 1/9/07)

°

soleil dans le bureau –
bel oeil dans le sureau

°

onze septembre
américanisé :
indigestion médiatique

°

j’arrache les pieds du haïku

l’arrache-pieds du haïku

le haïku, d’arrache-pieds !

°

mi . roir
mi . quoi
d’autre ?

°

nous sommes tellement dans le dire,
dans les mots encore,
pauvres haïkuisants !
haïkuisiniers d’Occident !

°

je comble tu com-
bles il comble elle com
ble nous comblons vous

cons blets ils comblent elles
comblent entièrement

°

fossoyeurs du haï
ku qui ne font que combler
de mots son trou

°

(à suivre…)

de Christiane Singer, à propos d’idéologies…

29 août 2011

°

 » La vie nous casse nos idéologies au fur et à mesure de notre avancée, les bonnes comme les mauvaises.
La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.
Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout.
Elle fait mal aussi longtemps qu’on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.
Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle est le sens.

Oui mais comment retrouver son chemin dans ce dédale ? Comment s’y retrouver ?
Un bon début consiste à abandonner l’espoir même de trouver une clé à l’énigme, mieux encore de quitter la peur de s’égarer.
« Jamais la forêt ne se perd », dit le plus beau des koans. »

C. Singer, in ‘Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi’, éd. A. Michel, 2001, pp 49-50.

de Christiane Singer – ‘Où cours-tu…’ – (3)

28 août 2011

p.46/47 :

La vie, appelons ainsi approximativement cette force dérangeante qui se charge à brève ou longue échéance de délabrer tout système, n’a cure des bonnes intentions. Non que ces intentions précitées n’aient pas été sincères, mais la vie ne les respecte pas. Dans toute croyance, dans tout principe, dans toute idéologie, elle flaire le « système », la réponse toute faite. La vie ne tolère à la longue que l’impromptu, la réactualisation permanente, le renouvellement quotidien des alliances. Elle élimine tout ce qui tend à mettre en conserve, à sauvegarder, à maintenir intact, à visser au mur. »

Christiane Singer, op. cit. Ed A. Michel, 2001.

Où cours-tu ?

22 août 2011

Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

de Christiane Singer, ed. A. Michel, 2001 :

°

p.33 :

« Le principe de la Raison est loin d’être un principe universel pour explorer le monde. Pour de multiples cultures, c’est la communion qui fait appréhender la création, et de l’intérieur cette fois, non de l’extérieur. »

p. 43 :

« Est faux ce qui fleure la théorie.
Est juste – comme en musique – ce qui soudain résonne de l’un à l’autre, se propage comme une onde vibratoire.
Veillez donc à ne pas gaspiller d’énergie à tenter de me donner tort ou raison. Ce qui importe, c’est ce filet d’interrogations, d’hésitations, de conjectures que nous tissons ensemble, et où un son peut-être à un certain moment, ô le temps de prêter ensemble l’oreille ! apparaît juste.