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46 HAIKU d’hiver – Blyth – p.1183-1200

12 juin 2011

°
(p.1183 :)

la pluie d’hiver
nous montre ce que nous voyons
comme si c’était il y a longtemps

Buson

pluie d’hiver;
une souris court
sur le koto *

Buson

* : sorte de harpe, longue d’un mètre environ, qui se joue horizontalement.

pluies de mai ;
une souris court autour
du vieux panier d’osier

Rankô

°
(p.1184 :)

le son d’une souris
marchant sur une assiette
est froid

Buson

le bruit des dents
d’un rat qui mord du fer
est froid

Buson



dans le froid du temple,
le bruit d’une souris
mâchant de l’anis chinois

Buson



une souris
traverse une flaque
dans la tempête d’automne

Buson

sur un parapluie, crépitement des gouttes,
mais il entre à côté;
le soir s’assombrit

Ranran

°
(p.1185 :)

qui est éveillé,
sa lampe brûlant encore ?
pluie froide à minuit

Ryôta

premier gel :
un beau matin,
le goût de l’eau de riz !

Chora

°
(p.1186 :)

une baie rouge
tombée
sur le givre du jardin

Shiki

il tombe de la neige fondue ;
insondable, infinie
solitude

Jôsô

°
(p.1187 :)

la vieille mare ;
une sandale de paille échouée au fond,
neige fondue

Buson



première neige :
les feuilles des jonquilles
plient à peine

Bashô

pluie de printemps,
assez pour mouiller les petits coquillages
sur la petite plage

Buson

averse d’été
trois gouttes à peu près
sur le visage de la grenouille

Shiki

°
(p.1188 :)

première neige de l’année
sur le pont
en construction

Bashô

la première neige –
de l’autre côté de la mer,
quelles montagnes ?

Shiki

ni ciel,
ni terre,
il n’y a que de la neige
tombant sans cesse

Hashin

°
(p.1189 :)


la neige a tout pris :
des champs et des montagnes,
rien ne subsiste

Jôsô

les lumières du palais
sont restreintes
cette nuit de neige

Shiki

la neige du soir tombe,
un couple de canards mandarins
sur un lac ancien

Shiki

tandis que les volailles
dormaient,
une abondante chute de neige

Kien

°
(p.1190 :)

après qu’on a coupé les herbes de la pampa,
sur les chaumes restant,
la neige est haute

Shiki

le gribouillis sur le mur
a l’air pitoyable
ce matin de neige

Buson

°
(p.1191 :)

nous admirons
même les chevaux,
ce matin de neige !

Bashô

un long ruban de rivière
serpente à travers
la lande enneigée

Bonchô

une femme et un moine
convoyés
à travers la neige tombante

Meisetsu

°
(p.1193 :)

comme il est beau
le corbeau d’habitude odieux,
ce matin de neige !

Bashô

sur lande et montagne
rien ne remue
ce matin de neige

Chiyo-ni

allume le feu,
et je te montrerai quelque chose de beau :
une énorme boule de neige !

Bashô

°
(p.1194 :)

la boule de neige
devint finalement
énorme

Ôemaru

comme la boule de neige
devint rapidement
trop forte pour nous !

Yaezakura

°
(p.1195 :)

en forme d’okumi, *
la neige s’infiltre
jusqu’à mon oreiller

Issa

* insert de kimono qui va en s’élargissant du col vers le bas

croque-croque :
le cheval mâchant de la paille,
un soir de neige

Furukuni

le trou droit
fait en pissant
dans la neige
à la porte

Issa

°
(p.1196 :)

debout immobile
sur la route du soir,
la neige tomba avec plus d’insistance

Kitô

Allons
maintenant admirer la neige
jusqu’à tomber !

Bashô

°
(p.1197 :)

les chiens gentiment
s’écartent
sur la route enneigée

Issa

la neige que nous avons vu tomber ensemble,
est-elle tombée
cette année aussi ?

Bashô

la neige ventée
tombe et souffle autour de moi
debout

Chora

°
(p.1199 :)

devrais-je périr
sur cette lande enneigée,
je deviendrai aussi
un Bouddha de neige

Chôsui

admirant la neige
un à un
ils disparaissent
dans la neige qui tombe

Katsuri

°
(p.1200 :)

quand je pense que c’est
ma neige
sur mon chapeau,
il semble léger

Kikaku

quand je pense qu’elle est mienne,
la neige sur le parapluie
est légère

(Kikaku)

« oui, oui ! » m’écriai-je,
mais l’on continua de frapper
au portail enneigé

Kyorai

°
(p.1201 : à suivre…)

60 HAIKU d’automne – Blyth – p.1056-1078

6 juin 2011

°
(p.1056 :)

au cri de la grue,
le bananier va sûrement
se déchirer !

Bashô

les rayons du soleil couchant
passent à travers le bosquet de pins rouges ;
une pie-grièche crie

Bonchô

°
(p.1057 :)

maintenant que les yeux des faucons
se sont obscurcis dans le soir,
les cailles carcaillent

Bashô



ah, cette demeure !
souvent le pivert
en piquera les piliers !

Bashô

°
(p.1058 :)

au fin fond de la forêt
le pivert
et le bruit de la hache

Buson

le pivert
reste au même endroit :
fin du jour

Issa

oiseaux de passage,
pour moi aussi maintenant,
ma vieille maison
n’est qu’un logis pour la nuit !

Kyorai

°
(p.1059 :)

la bécassine s’éloigne –
les ridules
de la houe qu’on lave

Buson

les chardonnerets sifflent
sur la haute berge ;
de petits nuages flottent par-dessus

Chinseki

les sons de petits oiseaux
sur le toit incliné :
quel plaisir !

Buson

°
(p.1060 :)

la libellule rouge
décide
du début de l’automne

Shirao

elle a teint son corps
d’automne,
la libellule !

Bakusui

fils éphémères
de gaze cramoisie :
les libellules !

Gotei

°
(p.1061 :)

sous la lune d’automne
les ailes de la libellule
sont immobiles

Môen

°
(p.1062 :)

la libellule
a tenté en vain de se poser
sur une tige d’herbe

Bashô

libellules
sur les pointes de la barrière,
dans les rayons déclinants du soleil

Buson

sur le bambou
qui marque l’endroit de la mort d’un homme,
une libellule

Kitô

°
(p.1063 :)

autour des cordages du bateau
les libellules vont et viennent
sans cesse

Taisô

vieilles tombes ;
des libellules rouges volettent
sur les anis desséchés

(auteur inconnu)

quelle beauté !
les anis
fleuris sous la pluie

Buson

libellules
dans un village sans histoire
à midi

Kyoshi

au soleil du soir
l’ombre légère des ailes
de la libellule

Karô

°
(p.1064 :)

entre la lune qui se lève
et le soleil qui se couche,
les rouges libellules

Nikyû

la libellule
s’accroche au mur ;
soleil de l’ouest

Senka

la danse des libellules :
tout un monde
dans le soleil couchant

Kigiku

°
(p.1065 :)

la libellule
se penche vers l’eau –
soleil du soir envahissant

Kempû

°
(p.1066 :)

la libellule :
cinq ou six pieds au-dessus,
c’est son ciel !

Ryôta

la libellule,
rapide vers la montagne lointaine,
rapide à revenir !

Akinobô



la libellule
perchée sur le bâton
pour la frapper !

Kôhyô

la libellule,
n’approchant pas des fleurs,
mais sur la pierre !

Kôjôdô

°
(p.1067 :)

la libellule
goûte à quelque chose
en haut de ce pieu

Eiboku

le visage de la libellule
n’est pratiquement rien d’autre
qu’yeux !

Chisoku

sois un bon garçon,
et surveille bien la maison,
ô grillon !

Issa

le roitelet
regardant de-ci de-là :
« perdu quelque chose ? »

Issa

°
(p.1068 :)

quelle pitié !
sous le casque
chante un grillon

Bashô

sauterelle,
ne piétine pas
les perles de rosée claire !

Issa

°
(p.1069 :)

dans la cabane du pêcheur,
au milieu de crevettes séchées,
des grillons chantent

Bashô

Je sors maintenant ;
soyez sages et jouez ensemble,
grillons !

Issa

ma hutte, la nuit ;
le grillon
farfouille

Issa

°
(p.1070 :)

un grillon monte
le long de la crémaillère
quelle nuit froide !

Buson

je vais me retourner ;
méfie-toi,
grillon !

Issa

mon ombre pénètre dans le mur
cette nuit d’automne,
un grillon chante

Ryôta

°
(p.1071 :)

les moustiques d’automnes
me piquent,
prêts à mourir

Shiki

mourant,
et d’autant plus bruyantes,
les cigales de l’automne

Shiki

°
(p.1072 :)

de quelle voix,
et quelle chanson chanterais-tu, araignée,
dans cette brise d’automne ?

Bashô

le « cerf-de-rivière » * chante :
dans ma manche,
mon bon vieux briquet

Buson

* kajika, une sorte de petite grenouille noire.

incité par le bruit de la rivière,
le « cerf-de-rivière »
se met à chanter

Ryôto

°
(p.1073 :)

claire lune d’automne :
dans l’ombre,
des voix d’insectes

Bunson

me réveillant la nuit,
ma toux se mélange
au bruit des insectes

Jôsô

regardant fixement
mon ombre –
la voix des insectes

Shiki

ah, insectes, insectes,
vos cris vous libèrent-ils
de votre karma ?

Otokuni

°
(p.1074 :)

la couche nocturne du mendiant
est vivante et joyeuse
de la voix des insectes !

Chiyo-ni

la couleur-son
des insectes tombant
sur les feuilles

Chora

°
(p.1075 :)

nous écoutons
insectes
et humains
d’une oreille différente

Wafû

même chez les insectes
certains chantent bien,
d’autres pas

Issa

°
(p.1076 :)

la voix des chenilles masquées :
venez dans ma cabane
et écoutez-les chanter !

Bashô

°
(p.1077 :)

des insectes crient ;
un trou dans le mur,
pas vu hier !

Issa

des insectes chantent ;
la lune se lève,
le jardin s’assombrit encore

Shiki

°
(p.1078 :)

le vieux chien
semble impressionné par le chant
des vers de terre *

Issa

* dans le Japon ancien, on pensait que les vers de terre chantaient. On dit que ce fut par confusion avec la voix de la courtilière (« grillon souterrain »).

il fait plus froid ;
le chant du ver-de-terre aussi
s’affaiblit chaque soir

Issa

°
(p.1079-1130 : à suivre : ARBRES ET FLEURS)

46 HAIKU de la préface au T. IV de HAIKU – Blyth – p.978-993

31 mai 2011

°
(p.978 :)

faisant du calme
mon seul compagnon :
solitude hivernale

Teiga

°
(p.981:)

regardant attentivement –
une bourse-à-pasteur
fleurit sous la haie

Bashô

dans le radis amer
qui me pique, je sens
le vent d’automne

Bashô

°
(p.982 :)

au sixième mois
le mont Arashi
pose des nuages à son sommet

Bashô

éclairs estivaux !
hier à l’est
aujourd’hui à l’ouest

Kikaku

on peut voir maintenant
quelques étoiles –
et grenouilles de coasser

Yayu

°
(p.983 :)

jetant les cendres,
les blanches fleurs de prunier
se troublèrent

Bonchô

le printemps bientôt fini,
la rose jaune blanchit,
la laitue devient amère

Sôdô

°
(p.984 :)

des fleurs de prunier ici et là,
il fait bon aller vers le nord,
il fait bon aller vers le sud

Buson

fleurs de colza ;
n’allant pas voir le prêtre,
passant juste à côté de chez lui

Buson

prétendant faire exprès
et traversant un temple –
la lune brumeuse

Taigi


(p.985 :)

élevant la hache
pour la couper –
elle bourgeonnait

Shiki

affûtant la faucille,
l’ansérine
a l’air de s’affliger

Meisetsu

froid matinal ;
les voix des voyageurs
qui quittent l’auberge

Taigi

°
(p.986 :)

des voyageurs
s’enquièrent du froid de la nuit
de leurs voix endormies

Taigi

sur le point de saisir l’eau,
je la sentis entre mes dents :
l’eau de la source

Bashô

le cheval rabat ses oreilles en arrière ;
les fleurs du poirier
sont froides

Shikô

ces fleurs de prunier,
comme elles sont rouges, rouges,
oui, si rouges !

Izen

°
(p.987 :)

le long du rivage
tombent les vagues, tombent et sifflent,
tombent et sifflent

Izen

à travers les cèdres
ouf, ouf, ouf,
souffle la brise

Izen

jour le plus chaud de l’année ;
le seul chapeau que j’avais :
volé !

Issa

nuit chaude ;
dormant au milieu
de sacs et de bagages

Issa

claire de lune d’automne :
des poux de mer courent
sur les pierres

Tôrin

°
(p.988 :)

dans la brise printanière
le héron neigeux vole blanc
entre les pins

Raizan

des souriceaux dans leur nid
couinent en réponse
aux jeunes moineaux

Bashô

herbes d’été ;
sur le sentier qui mène au temple de montagne,
des statues en pierre du Bouddha

Gojô

°
(p.989 :)

un coucou chante
parmi les ombres du soir ;
aucun bruit de bûcheron

Kozan

algues vertes ;
dans le creux des rochers,
la marée oubliée

Kitô

un temple de montagne ;
de l’eau claire coule sous la véranda,
de la mousse sur les bords

Kitô

élevant ses cornes,
le troupeau regarde les gens
sur la lande estivale

Seira

°
(p.990 :)

labourant le champ,
pas un oiseau ne siffle
à l’ombre de la colline

Buson

la cascade
tombe en rugissant
dans la verdure luxuriante

Shirô

combien de papillons
ont-ils franchi
ce mur de toit ?

Bashô

à l’aube
les baleines mugissent ;
une mer gelée

Gyôdai

°
(p.991 :)

à côté,
on a cessé de piler le mortier :
froide pluie nocturne

Yaha

le goutte-à-goutte
du seau à savon cesse :
la voix du grillon

Bonchô

le bruit de la carpe,
l’eau légèrement sombre,
les fleurs de prunier blanches

Uryû

jour de printemps ;
on ouvre les portes coulissantes
du grand temple

Gusai

ici et là
des grenouilles coassent dans la nuit,
des étoiles brillent

Kikaku

°
(p.992 :)

la pluie d’hiver
tombe sur l’étable ;
la voix du coq

Bashô

le jour s’assombrit,
gens du printemps qui descendent
du temple Mii

Gyôdai

un printemps non vu par les hommes –
au dos du miroir,
un prunier en fleur

Bashô

le coucou !
la terre des rizières colle
aux supports des sabots

Bonchô

°
(p.993 :)

un coucou siffle ;
entre les arbres,
une tour d’angle

Shihô

champs pour semer des haricots,
appentis à bois –
rien que des endroits célèbres

Bonchô

dans la tempête hivernale
le chat ne cesse
de cligner des yeux

Yasô

°
(p.994 : à suivre)

34 HAIKU d’automne – Blyth – p. 921-935

28 mai 2011

°
(p.921 :)

akebono ya . kiri ni uzumaku . kane no koe

Bashô

la voix de la cloche
tournoie dans le brouillard
à l’aube naissante



asagiri ya . e ni kaku yume no . hito-dôri

Buson

le brouillard du matin
peint :
un rêve de gens qui passent

asagiri ya . mura sen-gen no . ichi no oto

Buson

village de mille foyers :
le bruit du marché
dans le brouillard matinal

°
(p.922 :)

kiri fukashi . nani yobariau . oka to fune

Kitô

dans le brouillard dense
qu’est-ce qu’on crie,
de colline à bateau ?

kawagiri ya . uma uchiiruru . mizu no oto

Taigi

brouillard de rivière ;
exhortant le cheval vers l’eau :
le bruit !



kaze ni noru . kawagiri karushi . takasebune

Sôin

au gré du vent,
un léger brouillard de rivière
que traverse une barge

°
(p.923 :)

hito wo toru . fuchi wa kashiko ka . kiri no naka

Buson

l’endroit profond de la rivière
qui engloutit les gens,
est-ce là-bas, dans le brouillard ?

asagiri ya . kuize utsu oto . chô-chô-tari

Buson

dans le brouillard matinal
le bruit d’un pieu qu’on enfonce :
Pan ! Pan !



ariake ya . asama no kiri ga . zen wo hau

Issa

aube –
le brouillard du mont Asama
rampe sur la table

°
(p.924 :)

tombô ya . kurui-shizumaru . mikka no tsuki

Kikaku

les libellules
cessent leur vol fou
au lever de la lune

matsuyoi ya . onna aruji ni . onna kyaku

Buson

soir à attendre la lune ;
la maîtresse de maison
a eu un visiteur

°
(p.925 :)

kudakete mo . kudaketemo ari . mizu no tsuki

Chôshû

la lune dans l’eau,
brisée, et encore brisée,
mais toujours là !

°
(p.926 :)

mizu no tsuki . mondori utte . nagarekeri

Ryôta

la lune dans l’eau
fit un saut périlleux
puis continua de flotter

tsuki hayashi wa ame wo . mochinagara

Bashô

la lune s’enfuit rapidement,
les branches retiennent encore
les gouttes de pluie

suzushisa no . katamari nare ya . yowa no tsuki

Teishitsu

la lune à minuit :
une masse solide
de froid ?

°
(p.927 :)

yo no naka no . mono no kage yori . kyô no tsuki

Nangai

des ombres
de tout sur terre –
la lune d’aujourd’hui

meigetsu ya . tatami no ue ni . matsu no kage

Kikaku

la lune claire;
sur le tatami,
l’ombre du pin

°
(p.928 :)

ochiguri no . oto wo ugetsu no . sôka kana

Usen

pluie par-dessus la lune d’automne :
sous la fenêtre,
les châtaignes

fuku kaze no . aite ya sora ni . tsuki hitotsu

Bonchô

compagne du vent tempêtueux,
une lune seule
roule à travers cieux



meigetsu ni . nani wo isogu zo . hokakebune

Baikin

sous la lune d’automne,
pourquoi te presser,
navire à la voile gonflée ?

°
(p.929 :)

meigetsu ya . o sus no sugishi . zenkôji

Issa

après le nettoyage
du temple Zenkôji :
la lune claire d’automne

imo wo niru . nabe no naka made . tsukiyo kana

Kyoroku

même dans la casserole
où bouillent les pommes de terre,
une nuit de lune

°
(p.930 :)

tsuki tenshin . mazushiki machi wo . tôrikeri

Buson

la lune au plus haut,
je passe dans
un quartier pauvre

aosagi no . gyatto nakitsutsu . kyô no tsuki

Ransetsu

le héron
crie
sous la lune d’aujourd’hui

arashi fuku . kusa no nakayori . kyô no tsuki

Chora

la lune d’aujourd’hui
se lève
d’entre les herbes bousculées par l’orage

°
(p.931 :)

meigetsu ya . kemuri haiyuku . mizu no ue

Ransetsu

sous la claire lune d’automne
la fumée rampe
à la surface de l’eau

mizutori no . tsutsuki-kudaku ya . nami no tsuki

Zuiryu

le gibier d’eau
pique, et fait trembler
la lune sur les vagues

kumo oriori . hito wo yasumuru . tsukimi kana

Bashô

de temps à autre,
les nuages donnent du repos
aux contemplateurs de la lune

°
(p. 932 :)

hitotose no . tsuki wo kumorasu . koyoi kana

Sôgi

Et t’es-tu ennuagée,
cette nuit,
lune de l’année ?

meigetsu ya . ike wo megurite . yomosugara

Bashô

lune d’automne ;
j’ai fait le tour de la mare
toute la nuit

°
(p.934 :)

meigetsu ya . motarete mawaru . enbashira

Shôfû-ni

ah, la claire lune d’automne
s’appuie sur le pilier de la véranda
et en fait le tour

meigetsu ya . ittemo ittemo . yoso no sora

Chiyo-ni

lune claire d’automne –
j’eus beau marcher, toujours lointaine,
dans un ciel inconnu

°
(p.935 :)

tsukikage wo . kumi-koboshikeri . chôzubachi

Ryuho

prenant la lune
dans la vasque
puis l’éparpillant

meigetsu ya . haifuki suteru . kage mo nashi

Fugyoku

lune claire :
aucun endroit sombre
pour vider le cendrier

°
(p.936- à suivre…)

25 Haiku d’été (+ 1 de printemps + 1 d’automne) – Champs et Montagnes – Blyth – p.704-714

24 avril 2011

taiboku wo . mite modorikeri . natsu no yama

Rankô

revenant
après avoir vu un arbre gigantesque :
les montagnes d’été

taiboku wo . nagamete itari . shita-suzumi

Kyoroku

assis dessous,
je regarde
le grand arbre

natsuyama no . taiboku taosu . kodama kana

Meisetsu

un arbre géant tomba
échos et re-échos
dans les montagnes d’été

°
(p.706 :)

natsuyama ya . uguisu kigisu . hototogisu

Issa

dans les montagnes d’été
des cris d’uguisu, de faisans,
d’hototogisu

uma hoku hoku . ware wo e ni miru . natsuno kana

Bashô

je me trouve dans une peinture;
le cygne avance lentement
sur la lande estivale



uma hoku hoku . ware wo e ni miru . kokoro ka,na

Bashô

le cygne avance ;
je me sens comme
dans une peinture

je me régalai du paysage de Shosho,
y peignant même mon propre bateau

in : le Zenrinkushu

junrei no . bô bakari yuku . natsuno kana

Ishû

seules les strophes
des pèlerins traversent
la lande estivale

°
(p.707 :)

kagerô ya . tera e yukareshi . tsue no ana

Issa

vagues de chaleur ;
les trous de la canne
qui se rendit au temple

(= au printemps)

magusa ou . hito wo shiori no . natsuno kana

Bashô

un homme portant sur son dos du fourrage
comme s’il était notre guide
sur la lande d’été

taezu hito . ikou natsuno no . ishi hitotsu

Shiki

l’un après l’autre
les gens pausent sur cette pierre
sur la lande d’été

°
(p.708 :)

no wo yoko ni . uma hikimuke yo . hototogisu

Bashô

chevauchant sur la lande d’été –
« Ah, mène le cheval de ce côté ! »
là où le coucou chante

mizu funde . kusa de ashi fuku . natsuno kana

Raizan

m’éclaboussant à travers l’eau,
frottant mes pieds sur l’herbe –
la lande l’été !

°
(p.709 :)

oroshioku . oi ni nae furu . natsuno kana

Buson

l’autel à peine installé
vacilla sous un tremblement de terre
sur la lande d’été

yukiyukite . koko ni yuki yuku . natsuno kana

Buson

encore et encore,
maintenant, ici-même, encore et encore
sur la lande d’été

°
(p.710 :)

kôya yuky . mi ni chikazuku ya . kumo no mine

Buson

marchant sur la vaste lande déserte,
les nuages imposants
se rapprochent

atsuki hi wo . umi ni iretari . mogami-gawa

Bashô

la rivière Mogami
a précipité le Soleil brûlant
dans l’Océan

°
(p.711 :)

hikuki ki ni . uma tsunagitaru . natsuno kana

Shiki

un cheval attaché
à un arbre bas
sur la lande d’été



natsukawa wo . kosu ureshisa yo . te ni zôri

Buson

quel bonheur
que de traverser cette rivière d’été
les sandales à la main !



natsukawa ya . uma tsunagitaru . hashibashira

Shiki

rivière d’été ;
un cheval attaché
au pilier du pont

°
(p.712 :)

natsukawa ya . hashi aredo uma . mizu wo yuku

Shiki

rivière d’été –
il y a un pont
mais le cheval traverse à gué



bajô yori . tazuna yurumeru . shimizu kana

Shiki

à cheval
je détendis les rênes –
l’eau claire !

natsukawa ya . chûryû ni shite . kaerimiru

Shiki

rivière d’été –
à mi-courant,
regardant derrière

watarikakete . mo no hana nozoku . nagare kana

Bonchô

à mi-courant,
admirant
les lenticules

°
(p.713 :)

atozama ni . kouo nagaruru . shimizu kana

Kitô

les petits poissons
reculant
dans l’eau claire

soko no ishi . ugoite miyuru . shimizu kana

Sôseki

les pierres du fond
semblent bouger ;
eau claire



nowaki fukedo . ugokazaru . kumo takashi

Rogetsu

la tempête d’automne fait rage
mais haut dans le ciel
les nuages sont immobiles

(= en automne)

°
(p.714 :)

kiyo-taki ya . nami ni chirikomu . aomatsuba

Bashô

une cascade claire ;
dans les rides tombent
des aiguilles de pin vertes

(N.d.T. : Ce haïkaï est le dernier auquel Bashô travaillait, à sa mort.)

°
(à suivre, p.715-)

19 HAIKU de printemps – Blyth – p.562-569

18 janvier 2011

°
(p.562 :)

wakakusa ni . ne wo wasuretaru . yanagi kana

Buson

le saule
a oublié sa racine
dans les jeunes herbes

shironeko no . yô na yanagi mo . ohana kana

Issa

ce saule
qui a l’air d’un chat cendré
est aussi une fleur votive

°
(p.563 :)

tabibito no . mite yuku kado no . yanagi kana

Chora

Le saule au portail;
le contemplant,
les voyageurs passent



furusato e . modorite mitaru . yanagi kana

Chora

retournant sur le lieu de ma naissance
je contemplai
le saule

fune to kishi . yanagi hedatsuru . wakare kana

Shiki

dans notre adieu
entre bateau et rive
s’en vient le saule

°
(p.564 :)

renren to shite . yanagi tônoku . funaji kana

Kitô

à regret
le saule laisse le bateau
loin derrière

hitogoe ni . momarete aomu . yanagi kana

Issa

bousculé par les voix des gens,
le saule
pousse plus vert

°
(p.565 :)

inu no ko no . fumaete netaru . yanagi kana

Issa

le chiot endormi
poussant ses pattes
contre le saule

inu no ko no . kuaete nemuru . yanagi kana

Issa

comme si de rien n’était,
le corbeau
et le saule

°
(p. 566 :)

suterayade . yanagi sashikeri . ame no oto

Buson

ne voulant pas la jeter,
je plantai la branche de saule –
le son de l’eau

suterayade . yanagi sashikeri . ame no hima

Buson

ne voulant pas la jeter,
je plantai la branche de saule
quand il ne pleuvait pas

°
(p.567 :)

chonbori to . fuji no kowaki no . yanagi kana

Issa

petitement,
juste à côté du Mont Fuji,
le saule !

gorokuhon . yorite shidaruru . yanagi kana

Kyorai

cinq ou six
penchant de concert,
des saules

kimi yuku ya . yanagi midori ni . michi nagashi

Buson

vous en allant –
comme la route est longue !
comme les saules sont verts !

°
(p.568 :)

iriguchi no . aiso ni nabiku . yanagi kana

Issa

le saule
salue en souriant
au portail

kado-yanagi . atama de wakete . hairi keri

Issa

le saule au portail :
j’entrai, poussant les branches
de la tête

chiru yanagi . aruji mo ware mo . kane wo kiku

Bashô

feuilles qui tombent du saule;
le maître et moi écoutons
le son de la cloche

moromoro no . kokoro yanagi ni . makasubeshi

Bashô *

cède au saule
tout le dégoût
tout le désir de ton coeur *

* (note de R.H. Blyth. Ce verset est, à ce qu’il paraîtrait, attribué à tort à Bashô, étant l’oeuvre, en fait, de son disciple Ryôto.)

°
(p.569 : )

mutto shite . modoreba niwa ni . yanagi kana

Ryôta

je revins
en colère et offensé :
le saule dans le jardin

°
(suite, p.570-)

15 Haiku de printemps – Blyth – Affaires humaines, p.469-

23 octobre 2010

°
(p.469) :

ashiato wo . kani no ayashimu . shiohi kana

Rofu

marée descendante;
le crabe se méfie
d’une empreinte de pas

°

aoyagi no . doro ni shitataru . shiohi kana

Bashô

un saule vert
s’égouttant dans la boue
à marée basse

°

ôbune no . shiri nozokitaru . shohi kana

Shiki

regardant
le haut d’un grand bateau
à marée basse

°
(p.470 :)

hitomane ni . hato mo suzume mo . shohi kana

Issa

imitant les humains,
pigeons et moineaux
à marée basse

°

yo ni ireba . naoshitaku naru . tsugiho kana

Issa

après la tombée du jour
je commençai à avoir envie de changer
ma manière de le greffer

°
(p.471) :

hi wo totte . ame no tsugiki wo . miru yo kana

Shiki

prenant une lampe
pour aller voir l’arbre enté
dans la pluie du soir

°

hata utsu ya . konoma no tera no . kane-kuyô

Buson

cultivant le champ ;
du temple parmi les arbres
sonne le glas

°

meisho to mo . shirade hata utsu . otoko kana

Shiki

ne sachant pas
que c’est un lieu célèbre,
un homme binant le champ

°
(p.472) :

hata utsu ya . mine no obô no . tori no koe

Buson

cultivant le champ;
du temple sur le pic
le cri du coq

°

hattauchi ya . hôsanshô no . fuda no moto

Buson

un homme cultivant le champ
au pied du panneau d’affichage
du Code des Trois Articles

 » Le fondateur de la Dynastie des Han promulgua un édit déclarant crimes capitaux de tuer, de blesser ou de voler un père.  » (R.H. Blyth)

°
(p. 473 :)

hata wo utsu . okina ga zukin . yugamikeri

Kitô

le vieil homme
binant le champ
a sa coiffe de travers

°

hatautsu ya . wagaya mo miete . kure-kakaru

Buson

cultivant le champ ;
on voit aussi ma maison
quand le soir tombe

°
(p.474) :

hata utsu ya . michi tou hito no . miezu narinu

Buson

cultivant le champ :
l’homme qui demanda son chemin
a disparu

°
(p.475 :)

ugoku tomo . miede hata utsu . otoko kana

Kyorai

L’homme
binant le champ
semble immobile

°

hi ichi-nichi . onaji tokoro ni . hatake utsu

Shiki

tout le jour
cultivant le champ
au même endroit

°

(à suivre, p.476- )

28 Haiku de printemps Blyth – champs et montagnes p.442 et sq.

19 octobre 2010

°

yuki nokoru . itadaki hitotsu . kunizakai

Shiki

sur un des pics
de la frontière,
la neige reste

°

yukidoke ya . miyama-gumori wo . naku karasu

Gyôdai

la neige fond,
mais la montagne lointaine est ennuagée;
un corbeau croasse !

°

ie tôki . ôtakehara ya . nokoru yuki

Taigi

Les logis des hommes au loin;
un bosquet de grands bambous,
la neige qui reste dessous

°
(p.443) :

io no yuki . heta na keshiyô . shitari keri

Issa

la neige sur ma hutte
a fondu
maladroitement

°

daibutsu no . katahada no yuki . toke ni keri

Shiki

La neige a fondu
sur une épaule
du Grand Bouddha

°

monzen ya . tsue de tsukurishi . yukige-gawa

Issa

la neige commençant de fondre,
de mon bâton j’ai créé une Grande Rivière
au portail d’entrée

°
(p.444) :

yuki tokete . mura ippai no . kodomo kana

Issa

la neige ayant fondu,
le village
est rempli d’enfants

°

yukidoke ni . uma hanachitaru . buraku kana

Shiki

avec la fonte des neiges
le village libère
les poneys

°

nabe no shiri . hoshinarabetaru . yukige kana

Issa

les fonds de casseroles
séchant en rang :
la fonte des neiges

°
(p445 :)

uchitokete . kôri to mizu no . nakanaori

Teishitsu

la glace et l’eau,
leurs différences résolues
sont amies de nouveau

°

sazanami ni . toketaru ike no . kôri kana

Shiki

les vaguelettes
font fondre
la glace du lac

°
(p.446) :

haru no mizu . yama naki kuni wo . nagare keri

Buson

l’eau du printemps
s’écoule à travers
un pays sans montagnes

°

haru no mizu . tokorodokoro ni . miyuru kana

Onitsura

ici de l’eau
et là de l’eau,
les eaux du printemps

°
(p.447 :)

hashi nakute . hi bossen to suru . haru no mizu

Buson

Il n’y a pas de pont,
et le soleil se couche –
ah, l’eau du printemps !

°
(p.448 :)

ashiyowa no . watarite nigoru . haru no mizu

Buson

avançant péniblement,
ses pieds boueux
dans l’eau du printemps

°

harusame ya . mono kakanu mi no . aware naru

Buson

pluie de printemps ;
comme il fait pitié,
celui qui ne sait pas écrire !

°
(p.449)

yuku fune ni . kishine wo utsu ya . haru no mizu

Taigi

au passage du bateau
battant la rive,
les eaux du printemps

°

hashi fumeba . uo shizumikeri . haru no mizu

Shiki

piétinant sur le pont,
les poissons disparaissent au fond :
l’eau du printemps !

°
(p.450) :

hi wa ochite . masu ka to miyuru . haru no mizu

Kitô

le soleil s’est couché ;
et l’eau du printemps,
a-t-elle augmenté de volume ?

°

hitooke no . ai nagashikeri . haru no kawa

Shiki

un tonneau d’indigo
versé qui flotte :
la rivière au printemps

°
(p.451 :)

kusakago wo . oite hitonashi . haru no yama

Shiki

un panier d’herbes,
et personne –
montagnes de printemps

°

kairô ya . tesuri ni narabu . haru no yama

Shiki

rangées le long
de la rampe autour du corridor
les montagnes de printemps

°

haru no yama . kasanari ôte . mina marushi

Shiki

montagnes de printemps
s’élevant toutes si rondes
l’une au-dessus de l’autre

°
(p.452 :)

natsuyama wo . rôka-zutai no . ideyu kana

Shiki

à la source chaude
le long du corridor,
les montagnes d’été

°

haru no no ya . nani ni hito yuki . hito kaeru

Shiki

des gens viennent, des gens vont
sur la lande printanière –
je me demande pourquoi

°

furiaguru . kuwa no haikari ya . haru no nora

Sampû

la lumière
sur la houe, comme elle s’élève,
– lande printanière

°
(p.453 :)

haru no umi . hinemosu notari . notari kana

Buson

la mer de printemps
s’élevant, s’abaissant,
tout le jour

°

shimajima ni . hi wo tomoshikeri . haru no umi

Shiki

les lampes allumées
sur les îles proches et lointaines :
mer de printemps

°

(à suivre : Le Printemps – Dieux et Bouddhas, p.454-458)

°

34 Haïkus de printemps – R.H. Blyth – p.424-433

17 octobre 2010

°
(p.424)

kochi fuku to . katari mozo yuku . shû to zusa

Taigi

« Voici le vent du printemps »,
disent maître et servant
qui marchent ensemble

°

michi ni ôte . tegami hirakeba . haru no kaze

Kitô

rencontrant le messager sur la route
et ouvrant la lettre –
la brise du printemps !

°
(p.425 :)

asa-kochi ni . tako uru mise wo . hiraki keri

Shôha

brise du printemps, ce matin ;
une boutique qui vend des cerfs-volants
vient d’ouvrir

°

ezôshi ni . shizu oku mise ya . haru no kaze

Kitô

les presse-papiers
sur les livres d’images dans le magasin :
vent du printemps !

°

harusame ya . kasa sashite miru . ezôshiya

Shiki

pluie de printemps ;
tenant leurs parapluies et regardant
les livres d’images dans le magasin

°
(p.426) :

harukaze ya . kiseru kuwaete . sento-dono

Bashô

pipe à la bouche,
Monsieur Batelier :
la brise de printemps

°

harukaze ya . tsutsumi goshi naru . ushi no koe

Raizan

dans le vent du printemps
la voix de la vache
sur la berge opposée

°

harukaze ni . osaruru bijo no . ikari kana

Gyôdai

la belle femme
malmenée par le vent –
sa vexation !

°
(p.427) :

harukaze ni . o wo hirogetaru . kujaku kana

Shiki

le faisan
déploie sa queue
dans la brise du printemps

°

kunpû ya . senzan no midori . tera hitotsu

Shiki

douce brise,
et dans le vert de mille collines,
un seul temple

°

sanzen no . haiku wo kemishi . kaki futatsu

Shiki

examinant
trois mille haïku ;
deux kakis

°
(p.428) :

harukaze ya . tsutsumi nagôshite . ie tôshi

Buson

le vent du printemps souffle :
la berge le long de la rivière est longue,
les maisons lointaines

°

hana ni kurete . waga ie tôki . nomichi kana

Buson

surpris par la nuit dans les fleurs
je marche dans la lande,
la maison est bien loin !

°

ame no hi ya . miyako ni tôki . momo no yado

Buson

la capitale au loin –
jour de pluie
dans une maison de fleurs de pêchers

°

tsuki ni tôku . oboyuru fuji no . iroka kana

Buson

l’odeur et la couleur
de la glycine
semblent loin de la lune

yuami shite . kayari no tôki . aruji kana

Buson

après un bain,
le maître, éloigné
des bâtons de fumée

°
(p.429 :)

yuku-fune ya . aki no hi tôku . narimasaru

Buson

le bateau s’en va;
comme ils sont loin
les jours d’automne !

°

sumukata no . aki no yo tôku . hokage kana

Buson

lumières lointaines ;
c’est là qu’ils vivent
ce soir d’automne

°

mono taite . hanabi ni tôki . kagari-bune

Buson

allumant un feu
sur le bateau de pêche,
les feux d’artifice lointains

°

kamo tôku . kuwa sosogu mizu no . uneri kana

Buson

laver la houe
crée des rides sur l’eau –
canards sauvages au loin

°

kaki no ha no . tôku chirikinu . sobabatake

Buson

des feuilles du kaki
sont tombées de loin
sur le champ de sarrasin

°

hatsushimo ya . wazurau tsuru wo . tôku miru

Buson

premier givre de l’année ;
regardant une grue malade
au loin

°

suso ni oite . kokoro no tôki . hioke kana

Buson

plaçant le brasero
près de mes pieds,
comme il semble loin de mon coeur !

°
(p.430) :

mizutori ya . chôchin tôki . nishi no kyô

Buson

les oiseaux aquatiques ;
lanternes de la capitale de l’ouest
dans le lointain

°

harusame ya . utsukushiu naru . mono bakari

Chiyo-ni

pluie de printemps ;
tout grandit simplement
plus beau

°

harusame ya . ko no ma ni miyuru . umi no michi

Otsuji

pluie de printemps :
entre les arbres on voit
un sentier vers la mer

°
(p. 431) :

yane ni neru . nushi nashi neko ya . haru no ame

Taigi

un chat sauvage
endormi sur le toit
sous la pluie de printemps

°

harusame ya . yanagi no shizuku . ume no chiri

Shôha

pluie de printemps ;
gouttes de pluie du saule,
pétales du pêcher

°

harusame ya . nukedeta mama no . yogi no ana

Jôsô

pluie de printemps;
un trou dans les draps
d’où il se glissa

°
(p.432) :

harusame ni . nuretsutsu yane no . temari kana

Buson

une balle
mouillée par la pluie de printemps qui tombe
sur le toit

°

mono-tane no . fukuro nurashitsu . haru no ame

Buson

sacs de graines
mouillés
par la pluie du printemps

°
(p.433 :)

koshibai no . nobori nurekeri . haru no ame

Shiki

spectacle itinérant :
banderole trempée
sous la pluie de printemps

°

harusame no . koshita ni tsutau . shizuku kana

Bashô

pluie de printemps
conviée sous les arbres
en gouttes

°

harusame ya . hito sumite kemuri . kabe wo moru

Buson

quelqu’un vit ici :
de la fumée fuit par le mur
sous la pluie de printemps

°

(à suivre …)

25 Haïkus (+ 3 waka…) tirés de R.H. Blyth – Printemps, p.414-423

16 octobre 2010

°
(p.414) :

nami no yoru . kojima mo miete . kasumi kana

Shôha

on voit de petites îles
et le ressac qui se brise autour d’elles
dans la brume

shinansha wo . kochi ni hikisaru . kasumi kana

Buson

le véhicule-compas s’en va
vers le pays des Barbares
dans la brume

ekisui ni . nebuka nagaruru . samusa kana

Buson

descendant la rivière Ekisui,
un poireau flotte –
quel froid !



haru nare ya . na mo naki yama no . asagasumi

Bashô

oui, le printemps est venu ;
ce matin une colline sans nom
voilée de brume


(p.415) :

un waka de Hitomaro, tiré du Manyôshû :

dans le ciel éternel
le mont Kagu,
et autour, ce soir,
des nappes de brouillard :
le printemps est arrivé, dirait-on

na no tsukanu . tokoro kawayushi . yamazakura

Koshun

dans des endroits sans nom,
donnant de la joie, d’adorables
fleurs de cerisiers sauvages

_
(p.416) :

kusa kasumi . mizu ni koe naki . higure kana

Buson

les herbes dans la brume,
les eaux maintenant silencieuses ;
c’est le soir



kaerimireba . yuki-aishi hito . kasumi keri

Shiki

me retournant,
l’homme croisé,
perdu dans la brume

kyô mo kyô mo . kasunde kurasu . koie kana

Issa

aujourd’hui aussi, aujourd’hui aussi,
vivant dans la brume –
une petite maison

ou (p.417) :

aujourd’hui aussi,
une petite maison, vivant dans la brume,
aujourd’hui aussi


(p.417) :

kyô mo kyô mo . kyô mo take miru . hioke kana

Issa

aujourd’hui aussi, aujourd’hui aussi,
aujourd’hui aussi regardant les bambous –
ce brasier !

kyô mo kyô mo . tako hikkakaru . enoki kana

Issa

aujourd’hui aussi,
aujourd’hui aussi, un cerf-volant
pris dans l’arbre-enoki

toku kasume . toku toku kasume . hanachi-dori

Issa

vite, deviens brumeux,
vite, vite, deviens brumeux ! :
relâchant un oiseau

uri-ushi no . mura wo hanaruru . kasumi kana

Hyakuchi

la vache que j’ai vendue,
quittant le village
dans la brume


(p.418) :

kozo urishi . ushi ni aikeri . aki no kaze

Ôemaru

rencontré la vache
que j’ai vendue l’an dernier :
vent d’automne

ôbune no . kobune hikiyuku . kasumi kana

Shiki

un gros bateau
tirant un petit bateau
dans la brume

kano momo ga . nagarekuru ka yo . harugasumi

Issa

cette pêche
flottera-t-elle jusqu’ici ?
brume de printemps


(p.419):

se no hikuki . uma ni noru hi no . kasumi kana

Buson

chevauchant
un cheval court sur pattes ;
jour de brume

furimukeba . hi tomosu seki ya . yûgasumi

Taigi

me retournant,
ils allument les lampes des barrières
dans la brume du soir


(p.420) :

kasumu hi ya . sazo tennin no . otaikutsu

Issa

jour de brouillard et de brume :
Les Habitants du Ciel
peut-être bien apathiques et s’ennuient

(à comparer avec le poème de Ritaihaku :)

cette nuit, me reposant au temple Hôchôji.
si je lève la main, je peux toucher les étoiles.
je n’ose pas parler fort,
de peur de déranger les Habitants du Ciel

tôkitaru . kane no ayumi ya . haru kasumi

Onitsura

la cloche distante –
comme elle bouge en venant
à travers la brume de printemps !


(p.421) :

kasumu hi ya . shinkan to shite . ôzashiki

Issa

jour de brume ;
la grande salle
déserte et calme

yûgasumi . omoeba hedatsu . mukashi kana

Kitô

brume du soir ;
pensant à des choses passées –
comme elles sont lointaines !


(p.422) :

harukaze ya . mugi no naka yuku . mizu no oto

Mokudô

brise de printemps ;
à travers l’orge
le bruit des eaux

harukaze ni . shiri wo fukaruru . yaneya kana

Issa

vent de printemps !
les jupes du couvreur
s’envolent

harukaze ya . ushi ni hikarete . zenkôji

Issa

brise de printemps !
menée par une vache
jusqu’au temple Zenkôji


(p.423 :)

haru no kaze . oman ga nuno no . nari ni fuki

Issa

comme l’habit d’O-Man
se soulève et bat,
la brise de printemps souffle

(à comparer avec ce poème du Zenrinkushû :)

dans le jardin luit la lune,
mais il n’y a pas d’ombre sous le pin ;
au dehors, la balustrade, pas de vent,
mais les bambous bruissent.

°

à suivre… (p.424)