Archive for janvier 2011

12 HAIKU de printemps – Blyth – p.586-591

27 janvier 2011

°
(p.586 :)

fumi wa ato ni . ume sashiidasu . tsukai kana

Kikaku

Le messager :
il offre la branche de fleurs de prunier
puis la lettre

ume chirite . sabishiku narishi . yanagi kana

Buson

les fleurs de prunier tombées,
comme est solitaire
le saule !

°
(p.587 :)

shiraume ya . kaki no uchisoto ni . koborechiru

Chora

fleurs blanches de prunier;
à l’intérieur, à l’extérieur de la haie,
elles tombent et s’éparpillent

chiru tabi ni . oi-yuku ume no . kozue kana

Buson

avec chaque pétale qui tombe,
les branches du prunier
vieillissent

ume chiru ya . sôdô ni hiwo . tomoshiyuku

Gyôdai

allant allumer les bougies
dans le temple couvert de chaume,
des fleurs de prunier tombent

°
(p.588 :)

yûzuki ya . ume chirikakaru . koto no ue

Shiki

lune du soir –
des fleurs de prunier tombent
sur le luth

kôbai no . rakka moyuramu . uma no fun

Buson

les fleurs tombées du prunier rouge
semblent brûler
sur les crottes de cheval

akindo wo . hoeru inu ari . momo no hana

Buson

un chien aboie
après un colporteur –
pêchers en fleurs

°
(p.589 :)

(du Saikontan *
:

l’aboiement d’un chien dans un village de fleurs de pêchers;
le chant d’un coq au milieu des mûriers

* cf HAIKU, vol 1, p.74.)

kûte nete . ushi ni narabaya . momo no hana

Buson

après manger, s’endormir
et devenir un boeuf
sous les fleurs de pêcher !

°
(p.590 :)

akebono ya . koto ni tôka no . tori no koe

Kikaku

l’aube –
et la voix, par-dessus tout,
du coq des fleurs de pêcher !

(p.591 :)

l’aube –
la voix, par-dessus tout
du coq-de-combat couleur pêche !

furudera no . momo ni kome fumu . otoko kana

Bashô

près du vieux temple
des fleurs de pêcher;
un homme foulant du riz

sendô no . mim no tôsa yo . momo no hana

Shikô

fleurs de pêcher !
mais le passeur
est sourd…

°
(à suivre, p.592 -)

« anticip-haïku » – Py

26 janvier 2011

°

18 avril *
Pleine lune
à la Saint Parfait

°

d.(retrouvé le 25/1/11)

* 2011

18 Haiku de printemps + 1 waka – Blyth – p.580-586

26 janvier 2011

°
(p.580 :)

nioi shite . tonari no ume no . mienu kana

Chora

Comme il sent,
le prunier d’à côté !
mais je ne peux pas le voir !

tsuchikure ni . muchi utsu ume no . aruji kana

Buson

le maître du prunier
frappe une motte
avec sa canne

°
(p.581 :)

ume saite . obi kau heya no . yûjo kana

Buson

pruniers en fleur ;
des courtisanes dans leur chambre
achètent des ceintures

hitotsuya ni . yûjo mo netari . hagi to tsuki

Bashô

couchant sous le même toit
avec des courtisanes :
des fleurs de lespédèzes et la lune

tori no ne ni . sakô to mo sezu . yabu no ume

Issa

le chant de l’oiseau !
mais le prunier dans la futaie
ne fleurit pas encore

kono ame ni . noppiki naraji . hototogisu

Issa

cette pluie
et son inévitable
hototogisu

°
(p.582 :)

taoraruru . hito ni kaoru ya . ume no hana

Chiyo-ni

la branche fleurie du prunier
donne son parfum
à celui qui l’a cassée

shiraume no . kareki ni modoru . tsukiyo kana

Buson

à la lumière de la lune
le prunier blanc redevient
un arbre d’hiver

teshoku shite . iro ushinaeru . kigiku kana

Buson

allumant la lanterne,
les chrysanthèmes jaunes
perdent leur couleur

byôsô no . niwa haku ume no . sakari kana

Sora

le moine malade
balaie le jardin,
les pruniers en pleine floraison

°
(p.583 :)

hitoeda wa . kusuri no bin ni . ume no hana

Shiki

un des rameaux
de fleurs de prunier
dans la fiole médicinale

ume yasete . mugi wa mabara nari . yabubatake

Shiki

le prunier en désordre,
l’orge fin et rare :
un champ dans les futaies

shiraume ni . akuru yo bakari to . nari ni keri

Buson

maintenant chaque nuit
tombera
du prunier blanc

°
(p.584 :)

tebana kamu . oto sae ume no . sakari kana

Bashô

le son de quelqu’un
qui se mouche dans sa main;
les pruniers à leur apogée

hatauchi ya . tebana wo nejiru . ume no hana

Issa

cultivant le champ,
il essuie sa main morveuse
sur les fleurs de prunier

°
(p.585 :)

ume no hana . koko wo nusume to . sasu tsuki ka

Issa

« Vole celle-ci, »
semble dire la lune
« cette branche du prunier en fleur ! »

kôbai ya . irihi no osou . matsu kashiwa

Buson

fleurs rouges de prunier :
le soleil couchant assaille
pins et chênes

akokuso no . kokoro wa shirazu . ume no hana

Bashô

l’esprit intime d’Akokuso
je ne connais pas –
mais ces fleurs de prunier !


(p.586 :)

Le coeur des gens je ne connais pas;
mais les fleurs de cerisier
de mon endroit natal,
leur parfum est ancien !

Tsurayaki (883-946), appelé, enfant, Akokuso. (n. de R.H. Blyth).

°
(à suivre, p.586-)

26 HAIKU de printemps – Blyth – p.570-579

24 janvier 2011

°
(p.570)

yanagi kara . hi no kurekakaru . nomichi kana

Buson

Du saule
sur la route vers la lande,
le jour commence à s’assombrir

harusame ya . kurenan to shite . kyô mo ari

Buson

pluie de printemps;
Il commence à faire sombre;
Aujourd’hui aussi se termine



hi kururu ni . kiji utsu haru no . yamabe kana

Buson

bien que la nuit approche,
tirant des faisans
dans les collines printanières

hana ni kurete . waga ie toki . nomichi kana

Buson

en retard après avoir contemplé les fleurs,
la route sur la lande,
la maison encore loin

saga e kaeru . hito wa izuko no hana ni kureshi

Buson

Gens rentrant à Saga –
où étaient les fleurs de cerisiers
qui les ont gardés jusqu’au soir ?

°
(p.571)

na no hana ya . maya wo kudareba . hi no kururu

Buson

descendant du mont Maya,
des fleurs de colza,
les ombres de la nuit tombant



itoma naki . mi ni kurekakaru . kayari kana

Buson

occupé tout le jour,
le soir commence à tomber;
la tache du moustique

yama kurete . momiji no ake wo . ubai keri

Buson

les montagnes s’assombrissent
prenant le cramoisi
des feuilles d’automne

kurudera ni . tôbiki wo taku . higure kana

Buson

brûlant des chaumes de millet
dans le vieux temple ;
le jour s’assombrit



sumi-uri ni . hi no kurekakaru . shihasu kana

Buson

le jour s’assombrit
sur le vendeur de charbon
à la fin de l’an

biwa no hana . tori mo susamezu . hi kuretari

Buson

fleurs du néflier;
même les oiseaux ne peuvent pas voler çà et là;
le jour est fini

°
(p.572 :)

hitasura ni . sakô de mo nashi . kado no ume

Issa

Il ne semble pas
très anxieux de fleurir,
ce prunier au portail



sumizumi ni . nokoru samusa ya . ume no hana

Buson

dans coins et recoins
le froid reste :
fleurs du prunier

ume ichirin . ichirin hodo no . atatakasa

Ransetsu

une autre fleur du prunier,
et ce tant de chaleur
en plus

°
(p.573 :)

kake kakete . tsuki mo naku naru . yosamu kana

Buson

décroissant, décroissant,
la lune aussi a disparu –
comme la nuit est froide !

higan-mae . samusa mo hito-yo . futa-yo kana

Rotsû

avant l’équinoxe de printemps;
le froid ne va durer
qu’une nuit ou deux de plus

haru mo yaya . keshiki totonou . tsuki to ume

Bashô

la scène de printemps
est presque prête :
la lune et les fleurs de prunier

°
(p. 574 :)

shiraume ya . sumi kanbashiki . kôrokan

Buson

les fleurs de prunier blanches;
dans le Kôrokan *
l’encre de Chine embaume

* bureau chinois où l’on recevait les hôtes étrangers, les ambassadeurs,etc. (: R.H. Blyth).

futamoto no . ume ni chisoku wo . aisu kana

Buson

les deux pruniers :
j’adore leur floraison,
un tôt, l’autre plus tard.

ou – littéralement – :

J’adore
le précoce-tardif
des deux pruniers

(: p.576.)

°
(p. 575 :)

utagawanu . kokoro ni shiroshi . ume no hana

Mokuin

pour le coeur
qui ne doute pas,
les fleurs blanches du prunier

°
(p.577 :)

kusa-mizu no . ido no kiwa yori . ume no hana

Issa

près d’un puits
d’eau putride,
les fleurs du prunier

otoroe ya . hana wo oru ni mo . kuchi mageru

Issa

force manquante :
même en cassant cette branche en fleurs,
une bouche grimaçante

°
(p.578 :)

ume ga ka ni . notto hi no deru . yamaji kana

Bashô

soudain le soleil se leva
au parfum des fleurs de pruniers
le long du sentier de montagne



yama no tsuki . hana nusubito wo . terashi tamô

Issa

la lune au-dessus des montagnes
brille bienveillante
sur le voleur de fleurs !

°
(p.579 :)

tsuki no ume no . su no konnyaku no . kyô mo suginu

Issa

la lune, les fleurs de prunier,
le vinaigre, le konnyaku * :
voici que s’en va aussi l’aujourd’hui !

* une pâte faite avec la fécule d’une racine fibreuse du taro (: R.H. Blyth).

ko no shita ni . shiru mo namasu mo . sakura kana

Bashô

sous l’arbre,
dans la soupe, dans la salade de poissons :
des fleurs de cerisiers !

°
(à suivre, p.580-)

Poème de mort du moine zen TAIGEN SOFU

24 janvier 2011

°
TAIGEN SOFU
(Mort le 10ème jour du mois intercalaire de 1555, à 60 ans.)

J’élève le miroir de ma vie
jusqu’à mon visage : 60 ans.
D’un revers je brise le reflet :
Le monde comme d’habitude
Tout à sa place.

°

Haïkus, etc. Py – janvier 2011 – 1/2

24 janvier 2011

°

le soleil
frappe les glaçons du toit
– premier jour de l’an

le soleil glisse
sur les pentes enneigées :
restaurant de l’alpage

°

des touffes de poils arrachés,
des gouttes jaunes
sur la neige

(Savoie, fin 12/10)

°

bouclés de givre
les arbres ;
le début de l’an *

* Langres, plateau à l’est de la France.

°

des cris de métal
régulièrement –
gare de Drancy *

(d’après 2/2/04)

* en Île-de-France, d’où partaient les convois de prisonniers pour les camps d’extermination nazie.

°

à chaque extrémité
de la feuille de vigne
une goutte de rosée

(Pont-aux-Moines, 200?)

°

une abeille
se traîne

sur le parvis
de l’église

(Lot, 200?)

°

sur sa porte
lu :
 » je suis ouverte  »

(Paris, 2000?)

°

au Musée de l’Erotisme
cette inscription :
 » AIR CON – – –  »

(d’après 31/12/06)

°

marchant le long du mur :
elle
et son ombre

le pain
levé comme jamais
– lune noire

sur le toit gris
des rouleaux
de laine de verre

mi-janvier
un père Noël attardé
contre une façade

les lampions du matin
les couleurs du ciel

son archet
traverse l’après-midi
– mi-janvier

°

matin de novembre
la voisine
jour du cor

(12/12/06)

°
(à suivre… 2/2)

Intervention de Madoka Mayuzumi au kukaï de Paris le 8/1/11

18 janvier 2011

Extraits :

°

 » Ce qui est important dans le haïku, c’est la « marge », le silence, ce qui est entre les lignes, l’espace vide, le blanc, où s’échangent les sentiments.
Ce qui est important ce n’est pas les mots, mais l’espace créé par eux.
On dit que le haïku est la littérature du silence.
Le point important pour le haïku, c’est : comment on peut se taire.

J’utilise les mots; je travaille sur l’espace (les « marges ») entre les mots.

Le lecteur doit chercher le vide pour identifier les éléments (sensations, parfum, lumière, etc.)

Dans le haïku, on ne parle pas de son sentiment directement. On fait parler (par les objets). Il y a une sorte de sublimation. C’est là le charme du haïku : par le haïku on peut sublimer à travers le monde concret.

Brancusi : « Arriver à la simplicité n’est pas le but de l’art. Quand j’essaie de m’approcher de la sensation réelle, j’arrive à la simplicité. »

Je pense que la culture du haïku japonais cherche la simplicité en utilisant un cadre fixe. La forme fixe est déjà une simplification. Elle permet d’arriver à l’essentiel. Le point d’arrivée de Brancusi et du haïku est le même.

Le haïku est une salutation à l’égard de ce qu’on croise (fleur, oiseau, etc.); on éternise la beauté de cet élément de la nature.

Dans le haïku, on ne dit pas « je », mais, par rapport aux éléments, on peut exprimer son être.

Le haïku est inutile mais irremplaçable.

Dans ce monde, il est temps que l’utilité de cet inutile revienne. Saisir ce qui doit être dans cette « marge ».
Ressentir quelque chose autour des mots exprimés.

Le haïku n’a pas d’explication, de logique, de raisonnement. Si l’on veut des explications logiques, voir le tanka.  »

Et, tiré de sa conférence de mars 2008 à la Maison de la Culture du Japon, à Paris :

 » Écrire des haïkus n’est pas développer sa pensée, mais se taire. C’est dans le silence qu’est le haïku.  »

Madoka Mayuzumi.

Haïkus du haïbun « La bergère et la lune » – Salim Bellen

18 janvier 2011

°

La déesse mère
au jardin couvert de mousse
veille sur le chien

°

Sous le cerisier
Le veilleur de nuit émiette
au matin du pain

°

La bergère doute
qu’un jour la lune ait perdu
sa virginité

°

Je n’allume pas
cette année l’arbre des Fêtes;
mon coeur est éteint

°

Salim Bellen (27/12/2006)
p.108 in « La bergère et la lune », du recueil de haïbuns : Le Singe renifle en décembre.

L’Échelle brisée B 30/40 – S. Bellen

18 janvier 2011

°

flashs à la radio ;
sans répit à la fenêtre
les mouches s’ennuient

°

Salim Bellen, (30/40) L’Échelle brisée B.

Haïku non retenu de l’Échelle brisée – Salim Bellen – (29/40)

18 janvier 2011

°

la boulangerie ;
entre murs et sacs de sable
file de clients

°

S. Bellen