Enfin, après une période de déclin, l’épigramme eut une dernière floraison, surtout dans la deuxième moitié du XVIIIe S. , d’abord avec la poétesse TCHIYO, puis avec divers poètes dont le plus célèbre fut le peintre BOUçON
°
TCHIYO :
°
La plus fameuse haïkaï de la poétesse la plus illustre en ce genre. Nous avons déjà rencontré SONO-JO, qui d’ailleurs était l’élève d’une autre femme (MITSOU-JO, XVIIe S.) , puis TCHIGETSOU-NI et SHOUSHIKI ; mais KAGA NO TCHIYO ( 1703-1775 ) est la figure la plus éminente du groupe. La poésie que je viens de traduire :
Par des liserons
Mon seau ayant été emporté,
Eau reçue ! *
est l’idéal de la concision ; six mots en tout, ou même cinq, dans le texte :
Açagao ni
Tsouroubé torarété
Moraï-mizou
–
* Un matin, Tchiyo était allée à son puits, lorsqu’au moment de tirer la corde, elle s’aperçut que les liserons s’y étaient enroulés ! Comment se décider à détruire cette harmonie ? Elle y renonce et va demander de l’eau à sa voisine (moraï-mizou, eau reçue, donc eau demandée) .
–
Coucou !
Coucou ! À ces mots
Le jour est venu…
:
Hototogiçou
Hototogiçou toté
Aké ni kéri.
–
Sera-t-il âpre ?
Bien que je l’ignore, le kaki
Pour la première fois j’ai cueilli. *
–
* : à propos de son mariage.
–
Au réveil je vois,
Au coucher je vois, de la moustiquaire
le vide, hélas ! *
–
* : le mari de Tchiyo avait été enlevé par une mort prématurée.
–
Le pêcheur de libellules !
Aujourd’hui, jusqu’où
est-il allé ? *
–
* : à la mort de son petit garçon.
°
Yokoï YAYOU
(1703-1783), se distingua dans le haïboun :
–
Ah ! le Visage-du-jour !
À qui aucune des rosées
N’arrive à temps ! *
–
* : il exprime sa sympathie pour le hirougao, le liseron des haies japonaises. Lequel n’est rafraîchi ni par la rosée du matin, ni par la rosée du soir, comme le Visage-du-soir.
°
BOUçON :
–
Le prunier est en fleurs.
Lesquelles sont « moumé » ,
Lesquelles sont « oumé » ? *
–
* : le poète se moque des philologues qui discutaient sans fin le point de savoir si on devait prononcer oumé ou moumé.
°
RYÔTA :
–
Oh ! le clair de lune !
Si je change en renaissant,
(Que) je sois un pin de la cime ! *
–
* : Ryôta ( 1719-1787), un des plus féconds auteurs de haïkaï ; il a laissé une soixantaine d’ouvrages. (…) Il voudrait renaître pin au sommet d’un pic ; car alors il serait le premier à voir la lune !
°
ISSA :
–
Avec moi,
Moineaux sans
Parents, venez jouer ! *
–
* : On dit qu’il composa ces vers à cinq ans, alors qu’il venait de perdre sa mère.
–
Qu’est-ce que son
Million de kokou ?
De la rosée sur un bambou ! *
–
* : opulence du daïmyô de Kaga.
Kokou : monnaie.
°
(À suivre : 8) « La prose légère : Haïboun » (p. 399)
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Anthologie de la Poésie Japonaise – M. Revon – 7)
23 septembre 2020Anthologie de la Littérature Japonaise – M. Revon – 6)
23 septembre 2020°
En dehors des « Dix Sages » l’école de Bashô eut encore bien d’autres représentants, par exemple :
°
SAMMPOU (Songhiyama Sammpou, 1648-1733, parfois rangé, en place de Sôra, comme l’un des dix élèves du maître) .
–
Comme vont attendre ses enfants,
Pendant que s’élève si haut,
À l’excès, l’alouette !
°
IZEMMBÔ :
–
L’averse est venue ;
Je suis venu et rentré en courant ;
Le ciel bleu est venu !
°
TCHIGETSOU-NI * :
–
De paille d’orge
Je te ferai une maison,
grenouille religieuse !
–
* Tchigetsou-ni (1634-1706) fut une poétesse de valeur. Devenue veuve, elle se fit religieuse. On s’explique ainsi sa fraternité avec une amara-gaérou, grenouille verte dont le nom signifie justement » grenouille-nonne » .
°
OTSOUYOU :
–
Oh ! l’averse !
(Suivant) les esprits, les diverses
Choses qu’on se met sur la tête *
–
* : un vêtement, un éventail, un objet quelconque, souvent ridicule. C’est toute une scène comique évoquée en trois vers.
°
SHOUSHIKI :
–
Du rêve que j’ai vu
Réveillée, toujours la couleur
de l’iris ! *
–
* : Adieux au monde (jisei) de la poétesse (1683-1728) . Réveillée du rêve de la vie, c-à-d. morte, le monde subsistera et les iris auront éternellement la même couleur.
°
SONO-JO :
–
Ayant fait du luxe
À l’extrême,
Ah ! le vêtement de papier ! *
–
$ Ces vers de la poétesse (1665-1726) trouveront leur explication vivante dans une scène de TCHIKAMATSOU (cf p. 409)
°
ONITSOURA
(1661-1738), un poète indépendant, que Bashô lui-même tenait en haute estime. Étranger à toute école, il ramenait l’art poétique au seul précepte de la sincérité. Ses haïkaï unissent tous les genres et tous les styles :
–
L’été, de nouveau :
» L’hiver est préférable » ,
Disait-on.
–
De leurs squelettes
Le dessus ayant couvert,
Contemplation des fleurs ! *
–
* : Dans ces vers pénétrants, Onitsoura déshabille cette aristocratie aux costumes pompeux, aux corps épuisés, qui ose regarder la nature.
–
Encore une
Fleur : ainsi va et passe
la vie ! *
–
* : poésie composée à la vue des fleurs, qui, une à une, se détachent de l’arbre.
°
RYOUBAÏ :
–
Même lorsqu’il est posé,
Ses ailes s’agitent :
Oh ! la petit papillon !
°
(À suivre : 7)
Anthologie de la Littérature Japonaise – 5) – Les « Dix Sages » de l’école de Bashô
22 septembre 2020°
pp. 389-93 :
–
Bashô eut de nombreux imitateurs, entre lesquels se distinguèrent surtout dix de ses élèves, les « Dix Sages » (Jittetsou) de l’école. Ce sont : Enomoto Kikakou (1661-1707) et Hattori Ranncetsu (1654-1707) qu’il faut ranger en première ligne parce qu’eux-mêmes furent à leur tour fondateurs de deux écoles nouvelles : d’une part l’école d’Edo (Edo-za) , d’autre part l’école de la Neige (Setsou-mon) ainsi appelée parce que Ranncetsou s’était donné encore le pseudonyme de Setchouan, « la hutte dans la neige » ; puis Moukaï Kyoraï (1643-1704), Morikawa Kyorokou (1652-1715), Kakami Shikô (1665-1731) ; enfin, comme poètes moins célèbres Naïto Jôçô (1663-1704), Shida Yaha (1663-1740), Kawaï Sôra (?-1709), Tatchibana Hokoushi (?-1718) et Otchi Etsoujinn (?-1702?)
°
Ranncetsou :
–
Ah, une feuille (morte)
Qui vient se reposer en caressant
La pierre tombale !
°
Kyoraï :
–
Le long sabre
D’un homme qui regarde les fleurs
Oh ! Qu’est-ce que cela ? *
–
* Contraste entre la vulgarité brutale du guerrier et les délicates beautés de la nature.
–
L’insensible
Résidence du daïkwan. Oh !
Et le coucou ! *
–
* Le chant poétique de l’oiseau, à côté du bâtiment officiel !
°
Kyorokou :
–
L’Île d’Awaji :
La (pêche à) marée basse étant finie,
La lune du troisième jour ! *
–
* Simple paysage.
–
Bien froid, l’intervalle avant que sèchent
Les points pour le moka :
Brise du printemps ! *
–
* Pour le traitement par le moka, les malades se rendaient d’ordinaire à un temple bouddhique ; là, nus jusqu’à la ceinture (…)
°
Shikô :
–
Oh ! Les blancs nuages !
Traversant la haie,
(Ce sont) des fleurs de lis ! *
–
* Les lis du voisin, passant à travers la haie mitoyenne, étaient d’abord apparus au poète comme une blancheur nuageuse.
°
Jôçô :
–
Une cigale de l’automne
Morte à côté
De sa coque vide
°
Yaha :
–
Oh ! le rossignol !
À la porte, juste à ce moment,
Le vendeur de tôfou ! *
–
* Ces marchands ont un cri qui n’a rien d’esthétique (…)
°
Sôra :
–
Le voyage…
Même si je tombe,
C’est sur des fleurs de Haghi ! *
–
* Lespedeza bicolor (proche du sainfoin).
°
Etsoujinn :
–
Au temple de la montagne
Le bruit du riz qu’on pile,
Par une nuit de clair de lune ! *
–
* Les paysans ménagers de leur temps utilisent volontiers, pour ce travail, la clarté lunaire.
°
À suivre : – 6) Autres représentants de l’école de Bashô
Anthologie de la Littérature Japonaise – 3) par Michel Revon (1910)
22 septembre 2020Voici d’abord une poésie de chacun des cinq émules de Bashô :
°
I) SÔKAN :
–
À la lune, un manche
Si l’on appliquait, le bel
Éventail ! *
–
* Outchiwa, éventail qui ne se plie pas.
°
II) MORITAKÉ :
–
Une fleur tombée, à sa branche
Comme je la vois revenir :
C’est un papillon ! *
–
* Un proverbe japonais dit que « la fleur tombée ne revient pas à sa branche » ; la poète a eu, un instant, l’illusion contraire.
°
III) TÉITOKOU :
–
Pour tous les hommes,
Semence du sommeil pendant le jour :
La lune d’automne ! *
–
* Elle est si belle que tout le monde veille très tard pour la contempler : le lendemain, somnolence générale.
°
IV) TÉISHITSOU :
–
Cela, cela
Seulement ! En fleurs,
Le mont Yoshino ! *
–
* Les cerisiers de Yoshino, dont les gens de bien parlaient bien en regardant bien : Allusion à une poésie du Manyôshou (Livre Ie) qui repose toute entière sur des jeux de mots et des allitérations :
Yoki hito no
Yoshi to yokou mité
Yoshi to iishi
Yoshino yokou miyo
Yoki hito yokou miyo
–
Des gens de bien
Ayant bonne réputation, en regardant bien,
Disaient bien :
Qu’on regarde bien Yoshino,
Que les gens de bien regardent bien !
–
On note donc le contrepied pris par Téishitsou ! – À rapprocher de « Ah Matsushima » , de Bashô, ultérieurement.
°
V) SÔÏNN :
–
De Hollande
Les caractères s’étendent :
Telles les oies sauvages du ciel ! *
–
* À cette époque où le Japon ne voulait avoir de relations avec l’Europe que par l’intermédiaire de qualques Hollandais parqués à Nagaçaki, notre écriture était une rareté pour les gens de la capitale. Ils trouvaient étrange qu’au lieu d’écrire comme eux, par lignes verticales (…) nous suivions des lignes horizontales. Cette bizarrerie des « caractères de Hollande » pouvait donc leur rappeler, très naturellement, un spectacle familier à leurs yeux et à leurs souvenirs classiques : le vol d’une bande d’oies sauvages traversant le ciel.
°
À suivre : – 4) : BASHÔ (p. 385)
Compte-rendu du 132e kukaï de Paris
3 décembre 2017le 2 décembre 2017, au Bistrot d’Eustache. En présence de 22 participants, dont notre invitée d’Honneur, du Québec, Jeanne Painchaud, qui nous a présentés ses deux derniers ouvrages (pour la jeunesse) :
ABC MTL, illustré de photos de Bruno Ricca, Editions Les 400 Coups, Montréal, 2017 ;
Hochelaga mon quartier, Poèmes d’écoliers montréalais, accompagnés par Jeanne Painchaud & Cie, 2015.
44 haïkus ont été partagés. 32 d’entre eux ont obtenu une voix ou plusieurs :
°
Avec 6 voix :
–
au magasin d’armes
des guirlandes de Noël
autour des fusils
: Philippe Gaillard.
°
Avec 5 voix :
–
kukaï de Noël –
les barbes ont poussé
: Antoine Gossart
°
Avec 4 voix :
–
devant la barrière
hypnotisé par la neige
mon père
: Philippe Macé ;
–
Sur la pelouse
Le rire des citrouilles
: Christiane Bardoux.
°
Avec 3 voix :
–
apéro au marché
les courses le tiennent
en équilibre
: Philippe Gaillard ;
–
dans l’âtre
les aurores boréales
du premier feu
: Daniel Py ;
–
décos de Noël –
les nouvelles boucles d’oreilles
de la mairesse
: Michel Duflo ;
–
Théâtre en plein air
Notre meilleur public…
Les vaches
: Leila Jadid.
°
Avec 2 voix :
–
à mon petit-fils
les histoires de Noël
de ma grand-mère
: Patrick Fetu ;
–
départementale…
le feu des feuillages
flotte sur la brume
: Najat Aguidi ;
–
des notes de trompette
sous les lampadaires
la pluie orangée
: Cécile Duteil ;
–
feu de bois –
dans le jardin l’odeur
des hivers d’avant
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;
–
flocons sur la friche
plus blanche la fleur d’ortie
: Annie Chassing ;
–
le vieux saule
son ombre a caressé
les yeux de l’aveugle
: Philippe Bréham ;
–
pluie de décembre
dans la rigole s’écoule
le restant de l’année
: Eléonore Nickolay ;
–
rafale de vent –
une troupe de feuilles affolées
traverse le hameau
: Antoine Gossart ;
–
Rendez-vous
Les battements de mes pas
Font briller le quai
: Christiane Bardoux ;
–
si vieux l’étang –
le saule pleureur lui peint
des rides
: Patrick Fetu ;
–
village assoupi –
le sans-gêne
d’une débroussailleuse
: Michel Duflo.
°
Avec 1 voix :
–
Billes d’enfance
roulent dans ma mémoire
le temps pour cible
: Nicolas Lemarin ;
–
champ d’astéroïdes –
sous les flocons il se rêve
faucon millenium
: Ben Coudert ;
–
Coucher automnal –
Les calligraphies oranges
des fientes de pigeons
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
échec scolaire –
une ombre au tableau
: Ben Coudert ;
–
éphéméride –
les pages blanches
des jours d’après
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;
–
fin de soirée d’anniversaire –
une table de sexagénaires
penchés sur leurs écrans tactiles
: Daniel Py ;
–
La boule de sapin
au prix d’une chambre d’hôtel
Je la repose
: Monique Leroux-Serres
–
L’arbre s’étire
voyageur immobile
passager du vent
: Nicolas Lemarin ;
–
rue Montorgueil
avec le sans-abri
un air de famille
: Najat Aguidi ;
–
soir d’été
le bambou caresse le mur
sans le toucher
: Philippe Bréham ;
–
tant de façons
de dire non
au mendiant du métro
: Jacques Quach ;
–
un oiseau sur le toit
l’aube estompe
le bleu sur les murs
: Cécile Duteil ;
–
visite au zoo
même enfermés
leur pas libre
: Jacques Quach.
°
Et en prime, le haïku de Monique Leroux Serres, composé à mon intention, pour ce dernier kukaï fort chaleureux – en particulier à mon égard ! Merci tous les amis ! – :
Les cheveux en bataille
du haijin récalcitrant
°
La nouvelle équipe d’animateurs (Eléonore Nickolay, Michel Duflo et Patrick Fetu) proposent les prochains kukaïs en 2018 aux dates suivantes :
20 janvier
17 février
24 mars
21 avril
26 mai
et
16 juin.
–
Le lieu vous sera communiqué ultérieurement ! (en espérant le Bistrot du Jardin, au 33 rue Berger, 75001)
°
Nous vous souhaitons à tous de belles fêtes de fin d’année !
°
Compte-rendu du 131e kukaï de Paris
18 novembre 2017En présence de 25 participants, 50 haïkus ont été partagés. 31 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus :
°
Avec 6 voix :
–
quartier latin
nos visages
ont bien changé
: Philippe Macé
°
Avec 5 voix :
–
le vieux globe-trotter
ses pas traînant jusqu’à
la mappemonde
: Eléonore Nickolay ;
–
matin d’automne
la forêt s’éveille
à coups de fusil
: Philippe Gaillard.
°
Avec 4 voix :
–
ses fleurs dépotées
le sourire de la voisine
rentre pour l’hiver
: Eléonore Nickolay ;
–
Terrain vague –
quelques flaques dispersent
le ciel d’automne
: Najat Aguidi.
°
Avec 3 voix :
–
bar-brasserie –
l’averse efface
le menu du jour
: Dominique Borée ;
–
Bercement des cèdres
La porte s’ouvre
Nuit d’équinoxe
: Dominique Durvy ;
–
cambriolé –
en caleçon
et en colère
: Minh-Triêt Pham ;
–
L’automne…
chaque jour un peu plus
près du ciel
: Najat Aguidi ;
–
maison de famille
pièce par pièce
elle décroche les images
: Jacques Quach ;
–
moustique au théâtre
applaudissements
imprévus
: Philippe Gaillard ;
–
Première mandarine
Envie de chocolat
et de neige
: Monique Leroux-Serres ;
–
Quai de gare ~
Dans les têtes
Tant de mondes
: Hervé Le Gall ;
–
vent d’automne
elle demande
qu’on lui raconte sa vie
: Jacques Quach.
°
Avec 2 voix :
–
dans le soir
froid dans le dos –
le vent invente des formes
: Françoise Gabriel ;
–
Devant le mendiant –
urgence
de regarder ses pieds
: Alain Henry ;
–
EHPAD
après chaque visite
tant de questions
: Patrick Fetu ;
–
morte saison
dans les moules à sable
de la poussière
: Annie Chassing ;
–
nid de poule –
le salto avant
de la cycliste
: Michel Duflo ;
–
salto arrière –
Par retomber sur ses pieds
Il finit toujours
: Anne-Marie Joubert-Gaillard ;
–
sur sa pancarte
« chasse réservée »
la buse
: Daniel Py.
°
Avec 1 voix :
–
beaujolais nouveau –
le poivrot vante les mérites
des WC turcs
: Michel Duflo ;
–
brume du matin
le marais fume au soleil
– moi de même
: Alice Schneider ;
–
caresser le chat
– rien d’autre
: Valérie Rivoallon
°
chemin d’automne –
il y a laissé des plumes
l’oiseau
: Dominique Borée ;
–
des miettes
sur la table –
les moineaux se taisent
: Valérie Rivoallon ;
–
écouteurs –
à ses hochements de tête
ce n’est pas un slow
: Jean-Paul Gallmann ;
–
Manteau d’hiver –
Le portefeuille vidé
De ses illusions
: Hervé Le Gall ;
–
odeur d’encaustique –
sur la toile cirée
le vase ébréché
: Patrick Fetu ;
–
parvis d’hôpital –
entrée en jeans troué
ressortie pareil
: Jean-Paul Gallmann ;
–
Sous la neige
la Loire avale les flocons –
Explosion de silence…
: Danièle Etienne-Georgelin.
°
Notre prochain kukaï aura lieu au Bistrot d’Eustache, samedi 2 décembre, à 15 h 30, en présence de notre invitée d’honneur Jeanne Painchaud (Québec).
°
Compte-rendu du K.P. N° 130
15 octobre 2017Au bistrot du Jardin, 75001, le 14 octobre 2017. 14 présents. 41 haïkus échangés. 22 distingués avec 1 voix ou plus :
°
Avec huit (8) voix :
–
appuyée sur son reflet
la passagère endormie
: Jacques Quach.
°
Avec trois (3) voix :
–
Canicule –
Les touristes se traînent…
d’une ombre à l’autre
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
chi-kong au bois
entre mes bras
les cris d’une corneille
: Daniel Py ;
–
octobre rose ~
le rendez-vous de mammo
encore reporté
: Marie Barut.
°
Avec deux (2) voix :
–
bouquet d’automne
une rose penche
vers le miroir
: Jacques Quach ;
–
Douceur d’automne
Avec une carte postale
Sortir les punaises
: Monique Leroux Serres ;
–
Excepté le cri
de l’oiseau dérangé
tout le ciel est bleu
: Monique Leroux Serres ;
–
miettes de croissant –
cette amitié naissante
avec le rouge-gorge
: Michel Duflo ;
–
pluie sur la véranda
d’un long soir d’automne
le délicieux ennui
: Philippe Macé ;
–
tumeur –
bientôt les jours d’hiver
peut-être
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;
–
une étoile
puis une autre puis une autre
puis le froid
: Patrick Fetu.
°
Avec une (1) voix :
–
anniversaire –
un bouchon de champagne
percute la lune
: Michel Duflo ;
–
arbres –
certains plus frileux
que d’autres
: Valérie Rivoallon ;
–
de la mise en plis
au caniche
un blanc parfait
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;
–
feuilles jaunes –
l’automne s’obstine
dans mes cheveux
: Valérie Rivoallon ;
–
file devant le glacier –
été indien
: Annie Chassing ;
–
mi-juillet
d’un jouet de plage à l’autre
un papillon
: Daniel Py ;
–
ombres des feuillages
dans leur balancement
des taches de soleil.
: Philippe Bréham ;
–
Pigeons et buveurs –
Dans la place vide
résonnent leurs cris
: Christiane Bardoux ;
–
premier octobre
changeant la coccinelle
au mur
: Daniel Py ;
–
Rinçage des verres
Un évier de bulles et de reflets
La vie en somme
: Monique Leroux Serres ;
–
rue endormie
le show dérisoire
du feu rouge
: Jacques Quach.
°
Notre prochain kukaï de Paris se tiendra le 18 novembre.
°
Compte-rendu du 129e kukaï de Paris
10 septembre 2017du 9/9/17. En présence de Janick Belleau, notre invitée d’Honneur (Québec), de Martine Gonfalone, (ex-présidente de l’AFH – 2010-16), de Pasquale Noizet, nouvelle venue, soit de 28 (!) participants au total – record battu ! – , 56 haïkus ont circulé, 36 d’entre eux ont obtenu une voix ou plus :
°
Avec neuf (9) voix :
–
nouveaux voisins
des bulles de savon
traversent la clôture
: Christiane Ranieri.
°
Avec huit (8) voix :
–
Fin du marché
le marchand de collants
remballe ses jambes
: Monique Junchat.
°
Avec quatre (4) voix :
–
fin d’orage
elle ouvre sa fenêtre
au chant du merle
: Cécile Duteil ;
–
herbe jaunie
dans les yeux du chat
la lassitude
: Danièle Duteil ;
–
papillon –
le chat vole
pour l’attraper
: Valérie Rivoallon ;
–
Paris by night –
Les gouttes de pluie du pare-brise
passent au vert
: Daniel Etienne-Georgelin.
°
Avec trois (3) voix :
–
dans le sens des retours
les têtes noires
des tournesols
: Eléonore Nickolay ;
–
En jachère
le champ est plein
d’imagination
: Monique Junchat ;
–
Sous le ciel plombé
une voix de jeune fille
« Toi, ta gueule ! »
: Danièle Duteil ;
–
vieux cimetière –
entre deux stèles
l’ombre d’une poussette
: Minh-Triêt Pham.
°
: soit 9 haïkus féminins au 10 premières places ! Bravo les filles !
°
Avec deux (2) voix :
–
canicule chez le coiffeur –
une pluie rafraîchissante
de cheveux blancs
: Antoine Gossart ;
–
don à Emmaüs –
dans la veste de mon père
des pièces d’un franc
: Philippe Macé ;
–
la vieille carcasse –
une jolie bergère
pour l’ami tapissier
: Jacques Quach ;
–
mariage au Louvre –
le sourire de la mariée
énigmatique
: Philippe Macé ;
–
Nouée d’herbes folles
la borne moussue
n’indique plus rien
: Nicolas Lemarin ;
–
nuit d’été
une chouette se mêle
de nos bavardages
: Eléonore Nickolay ;
–
paix en montagne –
seule la radio témoigne
du chaos du monde
: Antoine Gossart ;
–
Plage – le soir
Jeux d’enfant et de lumière
dans les éclaboussures
: Monique Leroux Serres
–
Rêve de Maldives –
Seule dans le couloir bleu
De la piscine
: Christiane Bardoux ;
–
sous le noyer
les fourmis la croient morte
– fin de l’été
: Valérie Rivoallon ;
–
Tango !
Un petit paradis
Sur pieds
: Catherine Noguès ;
–
Zen en Avignon
les cigales récitent
leur mantra
: Philippe Gaillard.
°
Avec une (1) voix :
–
Bientôt l’automne
Le vent emporte les feuilles
Et mes rêves…
: Leila Jadid ;
–
braver les épines –
tendues vers les mûres
ses petites mains
: Michel Duteil ;
–
Couché dans l’herbe
Son sourire de paille
Ecarte les nuages
: Catherine Noguès ;
–
crématorium
les larmes de joue en joue
: Patrick Fetu ;
–
échangistes
sur le pont du bateau
couples de photographes.
: Marie-Alice Maire ;
–
Foudroyé –
Le côté mort soutient
les branches aux prunes
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
jour anniversaire –
il enflamme ma crêpe
et mon coeur
: Christiane Ranieri ;
–
le ciel
carré entre les tours
pour l’infini – l’oiseau
: Lise-Noëlle Lauras ;
–
Manège bâché
quelques flaques de pluie
l’enfant boude
: Nicolas Lemarin ;
–
mouette railleuse –
descendant les ruelles blanches
le bleu du soir
: Cécile Duteil ;
–
plage naturiste –
se cacher derrière
ses lunettes de soleil
: Minh-Triêt Pham ;
–
Seul regard de réconfort
Celui de la statue…
: Leila Jadid ;
–
soir d’été
le bruissement des blés glisse
sur le silence
: Philippe Bréham ;
–
Sur le canapé
deux brindilles argentées –
du chat les vibrisses
: ?
°
Après l’introduction « bio-biblio-graphique » de Janick, de Martine, de Pasquale, différents ouvrages ont été présentés dont certains de Janick Belleau et de Danièle Duteil, de Christiane Ranieri, de Valérie Rivoallon, de Minh-Triêt Pham, de Patrick Fetu, de Daniel Py et du kukaï de Paris (: 2 anthologies, 2010, 2014).
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Christiane Ranieri nous fit part du premier kukaï alsacien (co-organisé par Jean-Paul Gallmann), qui aura lieu les 20 et 21 octobre prochain – Si vous êtes intéressé(e), rapprochez-vous d’elle pour les détails et modalités !
Pasquale Noizet nous a distribué un dépliant pour les Portes Ouvertes des artistes de Ménilmontant (dont elle fait partie, en tant que peintre) qui se tiendra entre le 29 septembre et le 2 octobre.
Notre amie peintre-plasticienne Véronique Arnault (absente au kukaï) nous avait fait part de son exposition « Promenade avec Jean Monnet » (« fondateur de l’Europe ») du 15 septembre au 12 octobre, à la Maison Jean Monnet de Bazoches sur Guyonne (78), avec le vernissage le samedi 16 sept. 2017, de 17h à 20 h. S’inscrire auprès d’elle sur https://jean-monnet.fr/.
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Nos prochains kukaïs auront lieu les samedis :
14 octobre 2017
18 novembre
2 décembre (en présence de Jeanne Painchaud, du Québec.)
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Compte-rendu du 128e kukaï de Paris
25 juin 2017du 24 juin 2017, au Bistrot du Jardin (33 rue Berger, 75001).
En présence de 18 personnes, 34 haïkus ont été échangés. 23 ont obtenu une ou plusieurs voix : 3 à 4 voix, 9 à 3 voix, 4 à 2 voix et 7 à 1 voix.
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Avec 4 voix :
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métro bondé –
la mouche affolée
cherche une place
: Philippe Macé ;
–
son sourire
d’une oreille à l’autre
– mousse au chocolat
: Patrick Fetu ;
–
un tour chez IKEA –
meubler le vide
d’un dimanche
: Philippe Macé.
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Avec 3 voix :
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entre les deux rosiers blancs
un papillon blanc ?
: Daniel Py ;
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Jour d’été –
un coquelicot s’enracine
à la grille d’égout
: Danièle Etienne-Georgelin ;
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le bleu du lin
caresse
le bleu du ciel
: Philippe Gaillard ;
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le bruit sombre du clapot
cendres dispersées
: Patrick Fetu ;
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merle en silhouette
le choeur de l’aube
entonne le jour
: Eléonore Nickolay ;
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Métro du soir
L’odeur du lilas
Répand des sourires
: Christiane Bardoux ;
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polar –
sur la page du crime
une tache de vin
: Minh-Triêt Pham ;
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rappel de paiement
le sourire du facteur –
gratuit
: Eléonore Nickolay ;
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sentier fleuri –
deux chiens se reniflent
le derrière
: Michel Duflo.
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Avec 2 voix :
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deux cyprès penchés
tendrement vers la lune
écoutent un piano
: Philippe Bréham ;
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fête médiévale –
toujours sur sa tablette
le chevalier
: Minh-Triêt Pham ;
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sous la canicule
les jardins morts de soif
les migrants aussi
: Annie Chassing ;
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une feuille vert tendre
de plus à l’arbuste…
une aile de papillon
: Marie-Alice Maire.
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Avec 1 voix :
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Canicule –
Le chat tire un maillot humide
de l’étendoir
: Danièle Etienne-Georgelin ( – « retravaillé ».)
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dans le mauve
du bougainvillier
déjà l’été
: Michel Duflo ;
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dans son esprit
le temps
ramassé
: Valérie Rivoallon ;
–
fête de la musique –
l’aube
sans le merle
: Annie Chassing ;
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Jacquemart-André
Les Vénitiens de Tiepolo
Etudient le menu
: Dominique Durvy ;
–
jardin de ville
le gendarme joue
à saute-mouches
: Marie-Alice Maire ;
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pluie torrentielle –
abritée sous le ceiba
l’araignée sous moi
: Valérie Rivoallon.
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Nous remercions Annie Chassing de nous avoir confectionné – et distribué des grenouilles en origami !
Nous saluons Ben Coudert, venu au début de notre séance nous présenter son premier (et dernier) né : La revanche des petits riens, Ed. Unicité, 2017.
D’autres recueils ont été présentés :
Entre Ciel et Mer, de Patrick Fetu (Ed. Unicité),
Alsace-Vietnam, de Christiane Ranieri et Minh-Triêt Pham (Ed. Unicité),
Haïku, vol. 1 (« La Culture Orientale ») de R.H. Blyth, traduit en français par D. Py (Ed. Unicité.)
Passion Haïku et Horizon Haïku, deux anthologies contemporaines de haïku, Ed. Pippa (2017).
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Certains d’entre nous sommes enduites allés à la librairie Pippa, pour une lecture par le groupe « Haïkoustics » (en l’occurrence Valérie Rivoallon et Philippe Gaillard) de haïkus de recueils publiés (ou republiés) en 2017 : En plus d’extraits d’Alsace-Vietnam et d’Entre Ciel et Mer mentionnés plus haut, ont été lus certains de Bulles de Musique de D. Py (Ed. Pippa, 2013, 2017) et de Les Haïkus de la Corde à linge (Dir. Danièle Duteil) de la revue Rivalités (Québec), janv. 2017.
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Nos prochains kukaïs auront lieu les :
9 septembre 2017
(en présence de Janick Belleau et Danièle Duteil, qui présenteront leur recueil de « tankas doubles » : de Villes en Rives, Ed. du tanka francophone, fév. 2017.)
14 octobre
18 novembre
16 décembre.
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Merci ! Et bel été à tous !
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Compte-rendu du 127e kukaï de Paris, du 3/6/17 :
4 juin 2017En présence de 20 personnes, dont deux nouveaux venus : Michèle et Alain, 40 haïkus ont été échangés. 27 ont obtenu une voix ou plus :
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Avec 5 voix :
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hier la pluie –
la dernière
pour le grand pin
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis
et :
tiédeur du soir –
des tintements de verres
que l’on rentre
: Cécile Duteil.
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Avec 4 voix :
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au passage
deux grains de raisin
: Daniel Py ;
–
Canicule
un à un ils s’envolent
les noeuds papillon
: Patrick Fetu ;
et :
Hôtel de province
ma valise en main
face au papier peint
: Philippe Macé.
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Avec 3 voix :
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au fond
de la crème anti rides –
un sourire
: Valérie Rivoallon ;
–
côté passager
les traces
d’un oiseau de passage
: Isabelle Freihuber-Ypsilantis ;
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jour de canicule –
une joggeuse me demande
du feu
: Minh-Triêt Pham ;
et :
Retour de vacances
les fourmis refusent
de rendre la maison
: Alain Henry.
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Avec 2 voix :
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impromptu –
au piano se mêle
la grêle sur le carreau
: Jacques Quach ;
–
le pigeon rejoint
son ombre
en haut du mur blanc
: Jacques Quach ;
–
le silence –
chut… silence
le silence
: Francis Kretz ;
–
Lever de soleil –
dans sa chambre d’hôpital
mon père s’éteint
: Joëlle Ginoux-Duvivier ;
–
L’oiseau qui chante bien
ne se fait jamais siffler.
: Pascal Lys ;
–
nacre du printemps –
sur une épluchure d’asperge
la mite argentée
: Annie Chassing ;
–
pas un chat au cimetière des chiens ~
juste un drôle d’oiseau
: Pascal Lys ;
–
pelouse autorisée
un couple s’ébat
dangereusement
: Philippe Macé ;
et :
Pour combien de temps
son visage d’enfant
la jeune sans-logis ?
: Patrick Fetu.
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Avec 1 voix :
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Ah, Folâtrer
de fleur en fleur
derrière le papillon
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
Ciel si lourd –
le coq de la girouette
épingle un nuage
: Joëlle Ginoux-Duvivier ;
–
la mère à l’E.H.P.A.D.,
allégée de tout espoir,
sourit
: Philippe Gaillard ;
–
le vieux saule
son ombre a caressé
les yeux de l’aveugle
: Philippe Bréham ;
–
Odeur des thuyas –
Les mouettes planent
aux couleurs du couchant
: Danièle Etienne-Georgelin ;
–
planète bleue vire au rouge
mettre Trump au vert !
: Annie Chassing ;
–
Pour conter fleurette
la petite fleur des champs
sauve la mise
: Alice Schneider ;
–
sans se poser
le flocon fond au vent –
fleur de printemps
: Francis Kretz ;
et :
soir d’été
ce bambou caresse le mur
sans le toucher
: Philippe Bréham.
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0 voix, mais remarqués :
–
l’orage est passé –
ouvrir ma fenêtre
au chant du merle
: Cécile Duteil
et
Maison de retraite –
à l’heure de manger leur soupe
ils râlent en douce
: Michèle Lila Harmand.
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Prochain kukaï de Paris : samedi 24 juin, 15h30, bistrot d’Eustache (75001).
Puis, dans la foulée :
lecture de haïkus (extraits de recueils publiés en 2017), par le groupe « Haïkoustics », à la librairie-galerie Pippa (6 rue Legoff, 75005) !
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