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59 HAIKU d’hiver + 1 de printemps – Blyth – p.1231-1255

13 juin 2011

°
(p.1231 :)

réclusion hivernale;
la sarcelle
a l’habitude de la baignoire

Shiki

rivière en hiver;
y flottent
les fleurs offertes au Bouddha

Buson

la cascade s’assèche –
de l’eau goutte
sur les feuilles

Shimpû

°
(p.1232 : DIEUX ET BOUDDHAS)

Les bruits qui s’y sont mêlés
ont disparu :
reste le son du bol frappé

Chora

frappant le bol,
et buvant les gouttes de pluie
de mon visage

Raizan

°
(p.1233 :)

un enfant pleurant dans la nuit ;
nous franchîmes cette chaumière aussi
frappant les bols

Buson

endormant l’enfant,
et sortant frapper les bols –
l’obscurité

Buson

dépassant une maison
où l’on se marie –
frappant les bols

Kyoroku

frappant les bols,
les frères chantent
d’une même voix

Chora

°
(p.1234 :)

les lanternes –
encore plus pathétiques ;
prières hivernales

Buson

°
(p.1235 :)

dans les nuages
il y a des voix :
prières hivernales

Ryôta

les dieux s’en vont, l’on dirait ; *
hyororo, hyororo,
crient les milans

Issa

* Au 1er octobre, au Japon, tous les dieux quittent leur sanctuaire pour rejoindre le Grand Sanctuaire d’Izumo.



le dieu est absent;
ses feuilles mortes s’entassent,
tout est déserté

Bashô

°
(p.1236 :)

dans le temple Zen
des aiguilles de pin tombent;
le mois sans dieux

Bonchô

misérables
dieux de ma maison,
s’il vous plaît, accompagnez-les aussi !

Issa

faisant leur lessive
tandis que les dieux sont absents –
il pleut aussi aujourd’hui

Issa

°
(p.1237 :)

les Dix Nuits : *
toutes sortes d’imbéciles
ce soir de pleine lune

Issa

* du 15 au 26 octobre, les croyants de la Secte de la Terre Pure se rassemblent dans les temples pour réciter le Nembutsu.

tant qu’on y est,
polir la pipe ;
la cérémonie avancée

Issa

simple et honnête,
le serviteur
balaie aussi la neige du voisin

Issa

°
(p.1238 :)

le Bouddha sur la lande ;
du bout de son nez
pend un glaçon

Issa

debout sous la pluie froide
pour le salut d’autrui,
Bouddha de la compassion

Issa

°
(p.1239 : AFFAIRES HUMAINES)

nettoyage de printemps –
Dieux et Boudhas
dehors sur l’herbe

Shiki

santé et forces défaillantes ;
mes dents raclent
sur le sable des algues

Bashô

première pluie d’hiver ;
seulement pour aujourd’hui,
que d’autres aussi soient vieux !

Bashô

°
(p.1240 :)

allant acheter du riz,
le sac couvert de neige
comme mouchoir !

Bashô

ce feu de charbon;
nos ans déclinent
de la même manière !

Issa

°
(p.1241 :)

le feu couvert;
du profond de la nuit
on cogne à la porte

Kyoroku

le feu couvert :
plus tard, ce qui est dans la poêle
se met à bouillir

Buson

m’éveillant la nuit;
la lampe basse,
l’huile gèle

Bashô

°
(p.1242 :)

apportant des veilleuses
pour chaque chambre –
le brame du cerf !

Kyoshi

j’approchai le brasero
de mes jambes, mais mon coeur
en était loin

Buson

dans la guérite, de jour,
un brasero :
personne…

Shiki

°
(p.1243

dehors, un Seigneur
trempé jusqu’aux os –
moi, sous mon kotatsu *

Issa

* Petit brasero sur lequel on étend des couvertures sous lesquelles on positionne pieds et jambes.

°
(p.1245 :)

le kotatsu
qui veille sur mon ermitage
est ma principale icône

Jôsô

pour y écrire,
le kotatsu
est juste un peu trop haut

Ensui

°
(p.1246 :)

le grillon crie
de manière oublieuse :
ce brasero !

Bashô

agité,
l’esprit du voyageur –
ce brasero portable

Bashô

dix ans d’étude dans la pauvreté :
une couverture
élimée

Shiki

°
(p.1247 :)

réparant une déchirure
dans le kamiko *
avec quelques grains de riz cuit

Buson

* : sorte de par-dessus fin pour se protéger du froid, fait de papier froissé traité au jus de kaki.

un kamiko
montre les entrailles
du haïkaï

Shiki

chrysanthèmes se fanant;
chaussettes séchant sur la clôture :
un beau jour

Shiki

°
(p.1248 :)

réclusion hivernale ;
écoutant, ce soir,
la pluie dans la montagne

Issa

cinquante ans,
mais non, jamais,
réclusion hivernale

Issa

°
(p.1249 :)

sans mérite
sans culpabilité :
réclusion hivernale

Issa



réclusion hivernale;
de nouveau je vais m’appuyer
contre ce poteau

Bashô

réclusion hivernale;
sur le paravent doré
le pin vieillit

Bashô

°
(p.1250 :)

réclusion hivernale;
au plus profond de l’esprit,
les montagnes de Yoshino

Buson

montagnes vues aussi
par mon père, comme ceci,
dans son confinement hivernal

Issa

°
(p.1251 :)

quand je vois l’océan,
chaque fois que je le vois,
ô, mère ! *

Issa

* La mère d’Issa mourut quand il avait trois ans.

la flamme immobile,
ronde sphère
de réclusion hivernale

Yaha

réclusion hivernale;
il y a une question que je voudrais poser
à Sàkyamuni

Shiki

°
(p.1252 :)

un oiseau appelle;
le bruit de l’eau s’assombrit
autour de la nasse

Buson

un clair matin d’hiver;
le charbon est de bonne humeur :
il craque, crépite !

Issa

la nuit avance :
bruit du charbon
qu’on casse sur du charbon

Ryôta

°
(p.1253 :)

le soleil
dans l’oeil du faucon
revenu sur mon poing

Tairo

à cheval
mon ombre
rampe glacée

Bashô

le soleil brille
sur les pierres
de la lande desséchée

Buson

°
(p.1254 :)

le vieux calendrier
me remplit de gratitude
comme un soutra

Buson

soir sombre –
la couverture du calendrier
qui s’achève

Buson

°
(p.1255 :)

« les fabricants de gâteaux de riz
sont chez le voisin ! »
dit l’enfant

Issa

°
(p.1256-1265 : OISEAUX ET ANIMAUX : à suivre…)

24 HAIKU d’hiver – CHAMPS et MONTAGNES – Blyth – p.1219-1230

13 juin 2011

°
(p.1219 :)

un oiseau s’envole
le cheval bâté prend peur –
la lande desséchée !

Shiki

des poules picorent
au loin
sur la lande desséchée

Kanrô

sur le chemin de retour
le soir est tombé
sur cette lande désolée

Mokudô

°
(p.1221 :)

la queue du cheval
prise dans les ronces
sur la lande desséchée

Buson

°
(p.1222 :)

portant un fardeau
ses deux mains dans ses manches
sur la lande désolée

Raizan

la voix criant sur le cheval
fait partie de la tempête
sur la lande desséchée

Kyokusui

le quittant,
il franchit la montagne :
lande désolée !

Buson

°
(p.1223 :)

une lanterne
entra dans une maison
sur la lande désolée

Shiki

°
(p.1224 :)

un oiseau solitaire
pour compagnon
sur la lande désolée

Senna

un grand arbre
s’élève jusqu’aux nuages
sur cette lande désolée

Shiki

il ne reste
que le portail de l’abbaye
sur la lande d’hiver

Shiki

°
(p.1225 :)

ici et là au loin,
des champs de légumes
sur la lande désolée

Shiki

un garçon du village
mène un chien
sur la lande désolée

Shiki

°
(p.1226 :)

l’écureuil volant
écrase le petit oiseau
sur la lande désolée

Buson

Son Eminence l’Abbé
chie
sur la lande désolée

Buson

°
(p.1227 :)

le voyageur qui marche
sur la lande desséchée
mange une orange

Shiki

pins et cryptomères ;
un sanctuaire à Fudô
sur la lande désolée

Shiki

°
(p.1228 :)

malade en voyage,
mes rêves errent
sur la lande désolée

Bashô

°
(p.1229 :)

sous lune et fleurs :
quarante-neuf ans
d’errance stérile

Issa

voyageant de par le monde –
deci delà, deci delà,
hersant le petit champ

Bashô

un chat errant
défèque
dans le jardin d’hiver

Shiki

le corps d’un chien
jeté dans la rivière
cet hiver

Shiki

°
(p.1230 :)

canards becquetant
feuilles et tiges de verdure
sur la rivière hivernale

Shiki

rivière hivernale ;
pas assez d’eau
pour quatre ou cinq canards

Shiki

°
(p.1231 : à suivre)

26 HAIKU d’hiver – Blyth – p.1133-1145

9 juin 2011

°
(p.1135 :)
LA SAISON

début de l’hiver ;
à deux ans
je lui montre comment
tenir les baguettes

Gyôdai

je suppose
d’après l’ombre du poteau de l’étendoir à linge
que c’est l’hiver profond

Shiki

°
(p.1136)

matin froid ;
l’ombre du panier à thé
sur la clôture

Issa

aiguilles de pin tombées
dans un temple zen ;
le mois sans dieux

Bonchô

il faisait si froid,
j’ai laissé le balai de bambou
sous le pin

Taigi

°
(p.1137)

le propriétaire précédent :
je sais très bien
comme le froid le pénétrait

Issa

« les latrines sont ici »
dit le cheval ;
froid nocturne

Issa

°
(p.1138 :)

Période de Grand Froid :
si seulement c’était le huitième mois !
la lune dans le pin

Issa

nuit d’hiver ;
sans aucune raison
j’écoute mon voisin

Kikaku

°
(p.1139 :)

un couteau de cuisine à fine lame
tomba au bord du puits –
le froid !

Buson

le son de la scie
est si pauvre
ce minuit d’hiver

Buson

les poireaux
juste lavés blancs –
quel froid !

Bashô

°
(p.1140 :)

un poireau
flotte sur la rivière Ekisui –
ah, quel froid !

Buson

les blanches fleurs de prunier ;
le Kôrokan *
sent l’encre de Chine

Buson

* : Bureau Chinois, où l’on recevait les hôtes étrangers, les ambassadeurs, etc.

°
(p.1141)

le bruit
d’un rat sur une assiette –
quel froid !

Buson

un rat
tomba dans une cruche à eau :
quelle nuit froide !

Taigi

désolation hivernale ;
passant par un petit hameau,
un chien aboie

Shiki

°
(p.1142 :)

le son d’une cascade
tombant dans l’océan –
nuit froide d’hiver

Kyokusui

moins de dix ans,
l’enfant offert au temple ;
froid glacial !

Shiki

à la lumière de la chambre voisine,
assis à ma petite table à manger ;
ah, le froid !

Issa

°
(p.1143 :)

l’enfant morveux
n’a pas été « vendu » ;
quel froid !

Shiki

nuit ;
mordant le pinceau gelé
avec une dent qui me reste

Buson

°
(p.1144 :)

dans le ciel froid de l’aube
un seul pin
sur le pic

Gyôdai

°
(p.1145 :)

levant la tête
je regarde ma forme couchée ;
froid glacial

Raizan

il fait plutôt froid
nul insecte n’approche
de la lampe

Shiki

l’air est glacé ;
je presse l’enfant contre moi,
elle est si mignonne !

Shiki

°
(p.1146 : à suivre…)

46 HAIKU de la préface au T. IV de HAIKU – Blyth – p.978-993

31 mai 2011

°
(p.978 :)

faisant du calme
mon seul compagnon :
solitude hivernale

Teiga

°
(p.981:)

regardant attentivement –
une bourse-à-pasteur
fleurit sous la haie

Bashô

dans le radis amer
qui me pique, je sens
le vent d’automne

Bashô

°
(p.982 :)

au sixième mois
le mont Arashi
pose des nuages à son sommet

Bashô

éclairs estivaux !
hier à l’est
aujourd’hui à l’ouest

Kikaku

on peut voir maintenant
quelques étoiles –
et grenouilles de coasser

Yayu

°
(p.983 :)

jetant les cendres,
les blanches fleurs de prunier
se troublèrent

Bonchô

le printemps bientôt fini,
la rose jaune blanchit,
la laitue devient amère

Sôdô

°
(p.984 :)

des fleurs de prunier ici et là,
il fait bon aller vers le nord,
il fait bon aller vers le sud

Buson

fleurs de colza ;
n’allant pas voir le prêtre,
passant juste à côté de chez lui

Buson

prétendant faire exprès
et traversant un temple –
la lune brumeuse

Taigi


(p.985 :)

élevant la hache
pour la couper –
elle bourgeonnait

Shiki

affûtant la faucille,
l’ansérine
a l’air de s’affliger

Meisetsu

froid matinal ;
les voix des voyageurs
qui quittent l’auberge

Taigi

°
(p.986 :)

des voyageurs
s’enquièrent du froid de la nuit
de leurs voix endormies

Taigi

sur le point de saisir l’eau,
je la sentis entre mes dents :
l’eau de la source

Bashô

le cheval rabat ses oreilles en arrière ;
les fleurs du poirier
sont froides

Shikô

ces fleurs de prunier,
comme elles sont rouges, rouges,
oui, si rouges !

Izen

°
(p.987 :)

le long du rivage
tombent les vagues, tombent et sifflent,
tombent et sifflent

Izen

à travers les cèdres
ouf, ouf, ouf,
souffle la brise

Izen

jour le plus chaud de l’année ;
le seul chapeau que j’avais :
volé !

Issa

nuit chaude ;
dormant au milieu
de sacs et de bagages

Issa

claire de lune d’automne :
des poux de mer courent
sur les pierres

Tôrin

°
(p.988 :)

dans la brise printanière
le héron neigeux vole blanc
entre les pins

Raizan

des souriceaux dans leur nid
couinent en réponse
aux jeunes moineaux

Bashô

herbes d’été ;
sur le sentier qui mène au temple de montagne,
des statues en pierre du Bouddha

Gojô

°
(p.989 :)

un coucou chante
parmi les ombres du soir ;
aucun bruit de bûcheron

Kozan

algues vertes ;
dans le creux des rochers,
la marée oubliée

Kitô

un temple de montagne ;
de l’eau claire coule sous la véranda,
de la mousse sur les bords

Kitô

élevant ses cornes,
le troupeau regarde les gens
sur la lande estivale

Seira

°
(p.990 :)

labourant le champ,
pas un oiseau ne siffle
à l’ombre de la colline

Buson

la cascade
tombe en rugissant
dans la verdure luxuriante

Shirô

combien de papillons
ont-ils franchi
ce mur de toit ?

Bashô

à l’aube
les baleines mugissent ;
une mer gelée

Gyôdai

°
(p.991 :)

à côté,
on a cessé de piler le mortier :
froide pluie nocturne

Yaha

le goutte-à-goutte
du seau à savon cesse :
la voix du grillon

Bonchô

le bruit de la carpe,
l’eau légèrement sombre,
les fleurs de prunier blanches

Uryû

jour de printemps ;
on ouvre les portes coulissantes
du grand temple

Gusai

ici et là
des grenouilles coassent dans la nuit,
des étoiles brillent

Kikaku

°
(p.992 :)

la pluie d’hiver
tombe sur l’étable ;
la voix du coq

Bashô

le jour s’assombrit,
gens du printemps qui descendent
du temple Mii

Gyôdai

un printemps non vu par les hommes –
au dos du miroir,
un prunier en fleur

Bashô

le coucou !
la terre des rizières colle
aux supports des sabots

Bonchô

°
(p.993 :)

un coucou siffle ;
entre les arbres,
une tour d’angle

Shihô

champs pour semer des haricots,
appentis à bois –
rien que des endroits célèbres

Bonchô

dans la tempête hivernale
le chat ne cesse
de cligner des yeux

Yasô

°
(p.994 : à suivre)

31 HAIKU d’automne – Blyth – p.902-916

27 mai 2011

°
(p.902 :)

kado wo dereba . ware mo yukuhito . aki no kure

Buson

dès que je franchis la porte
je suis aussi un voyageur
dans le soir d’automne

sammon wo . gii to tozasu ya . aki no kure

Shiki

fermant la porte du grand temple :
grincement !
ce soir d’automne

°
(p.903 :)

hitori kite . hitori wo tou ya . aki no kure

Buson

quelqu’un vint
voir quelqu’un d’autre
soir d’automne

kagiri aru . inochi no himaya . aki no kure

Buson

dans cette courte vie
une heure de loisir
ce soir d’automne

aki no kure . karasu mo nakade . tôri keri

Kishû

soir d’automne,
sans un cri
passe un corbeau

°
(p.904 :)

sabishisa no . ureshiku mo ari . aki no kure

Buson

soir d’automne ;
il y a de la joie aussi
dans la solitude

°
(p.905 :)

osanago ya . hitori meshikû . aki no kure

Shôhaku

personne –
un enfant endormi
sous la moustiquaire

aki no yo ya . ko hitori netaru . kaya no naka

Issa

soir d’automne ;
un homme en voyage
reprise ses habits

°
(p.906 :)

osanago ya . warau ni tsukete . aki no kure

Issa

l’orphelin –
mais quand il rit !…
soir d’automne

tsuki mo ari . kigiku shiragiku . kururu aki

Shiki

la lune
et les chrysanthèmes blancs et jaunes
– fin de l’automne

°
(p.907 :)

hitomoseba . hi ni chikara nashi . aki no kure

Shiki

allumant la lampe,
sa lueur est faible –
soir d’automne

amado kosu . aki no sugata ya . hi no kurui

Raizan

la forme d’automne
qui a passé à travers les volets –
flamme tordue de la bougie

°
(p.908 :)

aka-aka to . hi mo tsurenakumo . aki no kaze

Bashô

le soleil rouge vif,
implacablement chaud –
mais le vent est d’automne

°
(p.909 :)

chichi haha no . koto nomi omou . aki no kure

Buson

c’est le soir, l’automne,
je ne pense
qu’à mes parents

furusato ya . heso no o ni naku . toshi no kure

Bashô

pleurant mon cordon ombilical
dans ma maison natale –
la fin de l’année

°
(p.910 :)

kogoto iu . aite wa kabe zo . aki no kure

Issa

soir d’automne,
seul à partager mes plaintes :
le mur

kogoto iu . aite mo araba . kyô no tsuki

Issa

si seulement elle était là,
ma compagne de doléances,
la lune d’aujourd’hui !

nakanaka ni . hito to umarete . aki no kure

Issa

soir d’automne –
pas une mince affaire
d’être né homme !

°
(p.911 :)

gu anzuru ni . meido mo kaku ya . aki no kure

Bashô

il me semble
que le Pays des Morts est ainsi :
soir d’automne

ushi shikaru . koe ni shigi tatsu . yûbe kana

Shikô

à la voix
criant sur le boeuf,
les bécassines s’élèvent dans le soir

°
(p.912 :)

tonde kuru . yoso no ochiba ya . kururu aki

Shiki

feuilles tombantes
volant de quelque part :
l’automne s’achève

nagaki yo wo . tsuki toru saru no . shian kana

Shiki

longue nuit –
le singe se demande comment
attraper la lune

°
(p.913 :)

nagaki yo ya . shôji no soto wo . tomoshi yuku

Shiki

longue nuit ;
une lumière à l’extérieur
longe le shôji



nagaki yo ya . omou koto iu . mizu no oto

Gochiku

longue nuit –
le son de l’eau
dit ce que je pense

°
(p.914 :)

kukurime wo . mitsutsu yo nagaki . makura kana

Teitoku

regardant, regardant
les fronces de l’oreiller :
longue est la nuit

yamadori no . eda fumikayuru . yonaga kana

Buson

la faisan doré sur la branche
passe d’une patte sur l’autre ;
longue est la nuit

°
(p.915 :)

zesukirishito . fumare fumarete . usetamaeri

Shuôshi

piétinée, piétinée,
l’image du Christ
est toute abimée

nagaki yo ya . chitose no nochi wo . kangaeru

Shiki

la longue nuit :
je pense
à dans mille ans

nagaki yo ya . kômei shisuru . sangokushi

Shiki

la longue nuit :
lisant L’Histoire des Trois Royaumes *
jusqu’à la mort de Kômei

* note de R.H. Blyth : « Le Sangokushi est une oeuvre historique en 65 volumes qui couvre les luttes des Royaumes de Gi, de Go, et de Shoku, entre 220 et 280. »

°
(p.916 :)

yuku aki no . kusa ni kakaruru . nagare kana

Shirao

le cours d’eau se cache
dans les herbes
de l’automne qui s’en va

yuku aki wo . obana ga saraba . saraba kana

Issa

l’herbe de la pampa
fait au-revoir, au-revoir
à l’automne qui s’en va

°
(p.917 : LE CIEL ET LES ELEMENTS – à suivre…)

34 HAIKU d’été – Blyth – p.871-886

23 mai 2011

°
(p.871 :)

yûkaze ya . shirobara no hana . mina ugoku

Shiki

dans la brise du soir
les roses blanches
bougent toutes



kisagata ya . ame ni seishi ga . nebu no hana

Bashô

Kisagata :
Seishi dormant sous la pluie;
les fleurs de mimosa

°
(p.872 :)

oki-oki no . yokume hipparu . aota kana

Issa

dès qu’il se lève
les champs verts attirent
ses yeux avides

°
(p.873 :)

togadera ya . mizakura ochite . hito mo nashi

Shiki

temple de Toga ;
les fleurs de cerisiers restent à terre,
personne.



yûgao ni . miyako namari no . onna kana

Shiki

un liseron vespéral
et une fille
parlant le dialecte de Kyôto

yûgao no . naka yori izuru . aruji kana

Chora

le maître
émerge des profondeurs
des liserons du soir

°
(p.874 :)

yûgao no . hana de hana kamu . musume kana

Issa

la petite fille
se mouche le nez
dans le volubilis du soir

yûgao no . hana de hanakamu . obata kana

Issa

la vieille femme
mouche son nez
dans le volubilis du soir

°
(p.875 :)

hirugao no . hana ni kawaku ya . tôriame

Shiki

la pluie passagère
sèche
sur la fleur de convolvulus



ka no koe su . nindô no hana . chiru goto ni

Buson

le chèvrefeuille –
à chaque pétale qui tombe,
la voix des moucherons

tori naite . yama shizuka nari . natsuwarabi

Shiki

un oiseau chante,
la montagne se calme ;
fougère d’été

°
(p.876 :)

iriai no . kiku tokoro nari . kusa no hana

Issa

juste quand j’entends
la cloche du soir,
la fleur de cette mauvaise herbe !

natsugusa ya . tsuwamonodomo ga . yume no ato

Bashô

ah, herbes d’été !
tout ce qui reste
des rêves des guerriers !

°
(p.877 :)

natsugusa ya . saga ni bijin no . haka ôshi

Shiki

herbes d’été à Saga ;
nombreuses sont les tombes
des belles femmes !

furazu tomo . take ueru hi wa . mino to kasa

Bashô

le jour du plantage des bambous,
bien qu’il ne pleuve pas,
manteaux et chapeaux de pluie !

°
(p.878 :)

hiyajiru ni . utsuru ya sedo no . takebayashi

Raizan

par la porte arrière
la bambouseraie se reflète
dans le breuvage froid



hasu no hana . sakuya sabishiki . teishajô

Shiki

gare de chemin de fer
solitaire :
des lotus fleurissent

°
(p.879 :)

jôroku ni . naru kumo mo ari . hasu no hana

Boryu

un nuage aussi
va devenir un Bouddha ;
fleurs de lotus

°
(p.880 :)

matsutake ya . shiranu ko no ha no . hebaritsuku

Bashô

colle au champignon,
la feuille
d’un arbre inconnu



wasuregusa wa . sakedo wasurenu . mukashi kana

Moroku-ni

le myosotis fleurit ;
mais les choses d’antan,
comment puis-je les oublier ?

°
(p.881 :)

funanori no . hitohama rusu zo . keshi no hana

Kyorai

tous les pêcheurs de la plage
sont partis ;
les coquelicots fleurissent

mizuumi no . mizu masarikeri . satsukiame

Kyorai

les eaux du lac
ont gonflé :
pluies d’été



hanakeshi ni . kunde ochitaru . suzume kana

Shirao

les moineaux
se chamaillant, tombèrent
au milieu des coquelicots

°
(p.882 :)

hitohako no . sara ayamatsu ya . susuharai

Shûha

une boîte en porcelaine
brisée
pendant le ménage d’hiver



keshi sagete . gunshû no naka wo . tôrikeri

Issa

fendant la foule
avec, à la main,
un coquelicot

zen tsukushi . bi wo tsukushite mo . keshi no hana

Issa

quintessence de la bonté,
extrême de la beauté :
une fleur de pavot

°
(p.883 :)

keshi no hana . amari bôzu ni . nariyasuki

Shiki

la fleur du coquelicot
trop facilement
tonsurée

keshi saite . sono hi no kaze ni . chiri ni keri

Shiki

un coquelicot fleurit
et dans le vent de ce jour
s’effeuilla et tomba

chiru toki no . kokoroyasuki yo . keshi no hana

Etsujin

les coquelicots :
comme ils tombent
calmement !

°
(p.884 :)

mugi no ho wo . chikara ni tsukamu . wakare kana

Bashô

ils serraient convulsivement
des épis d’orge
lors de leurs adieux

yuku haru ya . tori naki uo no . me wa namida

Bashô

Printemps qui s’en va,
les oiseaux pleurent,
des larmes dans les yeux des poissons

°
(p.885 :)

tabishibai . homugi ga moto no . kagamitate

Buson

le théâtre itinérant
a posé ses miroirs
sous les épis de l’orge

°
(p.886 :)

mugikari ni . kiki kama moteru . okina kana

Buson

le vieil homme
a une faux merveilleuse
pour couper l’orge

ame ni orete . homugi ni semaki . komichi kana

Jôsô

courbés par la pluie
les épis d’orge
font un chemin étroit

°
(à suivre : AUTOMNE, p.888-1130)

25 Haiku d’été (+ 1 de printemps + 1 d’automne) – Champs et Montagnes – Blyth – p.704-714

24 avril 2011

taiboku wo . mite modorikeri . natsu no yama

Rankô

revenant
après avoir vu un arbre gigantesque :
les montagnes d’été

taiboku wo . nagamete itari . shita-suzumi

Kyoroku

assis dessous,
je regarde
le grand arbre

natsuyama no . taiboku taosu . kodama kana

Meisetsu

un arbre géant tomba
échos et re-échos
dans les montagnes d’été

°
(p.706 :)

natsuyama ya . uguisu kigisu . hototogisu

Issa

dans les montagnes d’été
des cris d’uguisu, de faisans,
d’hototogisu

uma hoku hoku . ware wo e ni miru . natsuno kana

Bashô

je me trouve dans une peinture;
le cygne avance lentement
sur la lande estivale



uma hoku hoku . ware wo e ni miru . kokoro ka,na

Bashô

le cygne avance ;
je me sens comme
dans une peinture

je me régalai du paysage de Shosho,
y peignant même mon propre bateau

in : le Zenrinkushu

junrei no . bô bakari yuku . natsuno kana

Ishû

seules les strophes
des pèlerins traversent
la lande estivale

°
(p.707 :)

kagerô ya . tera e yukareshi . tsue no ana

Issa

vagues de chaleur ;
les trous de la canne
qui se rendit au temple

(= au printemps)

magusa ou . hito wo shiori no . natsuno kana

Bashô

un homme portant sur son dos du fourrage
comme s’il était notre guide
sur la lande d’été

taezu hito . ikou natsuno no . ishi hitotsu

Shiki

l’un après l’autre
les gens pausent sur cette pierre
sur la lande d’été

°
(p.708 :)

no wo yoko ni . uma hikimuke yo . hototogisu

Bashô

chevauchant sur la lande d’été –
« Ah, mène le cheval de ce côté ! »
là où le coucou chante

mizu funde . kusa de ashi fuku . natsuno kana

Raizan

m’éclaboussant à travers l’eau,
frottant mes pieds sur l’herbe –
la lande l’été !

°
(p.709 :)

oroshioku . oi ni nae furu . natsuno kana

Buson

l’autel à peine installé
vacilla sous un tremblement de terre
sur la lande d’été

yukiyukite . koko ni yuki yuku . natsuno kana

Buson

encore et encore,
maintenant, ici-même, encore et encore
sur la lande d’été

°
(p.710 :)

kôya yuky . mi ni chikazuku ya . kumo no mine

Buson

marchant sur la vaste lande déserte,
les nuages imposants
se rapprochent

atsuki hi wo . umi ni iretari . mogami-gawa

Bashô

la rivière Mogami
a précipité le Soleil brûlant
dans l’Océan

°
(p.711 :)

hikuki ki ni . uma tsunagitaru . natsuno kana

Shiki

un cheval attaché
à un arbre bas
sur la lande d’été



natsukawa wo . kosu ureshisa yo . te ni zôri

Buson

quel bonheur
que de traverser cette rivière d’été
les sandales à la main !



natsukawa ya . uma tsunagitaru . hashibashira

Shiki

rivière d’été ;
un cheval attaché
au pilier du pont

°
(p.712 :)

natsukawa ya . hashi aredo uma . mizu wo yuku

Shiki

rivière d’été –
il y a un pont
mais le cheval traverse à gué



bajô yori . tazuna yurumeru . shimizu kana

Shiki

à cheval
je détendis les rênes –
l’eau claire !

natsukawa ya . chûryû ni shite . kaerimiru

Shiki

rivière d’été –
à mi-courant,
regardant derrière

watarikakete . mo no hana nozoku . nagare kana

Bonchô

à mi-courant,
admirant
les lenticules

°
(p.713 :)

atozama ni . kouo nagaruru . shimizu kana

Kitô

les petits poissons
reculant
dans l’eau claire

soko no ishi . ugoite miyuru . shimizu kana

Sôseki

les pierres du fond
semblent bouger ;
eau claire



nowaki fukedo . ugokazaru . kumo takashi

Rogetsu

la tempête d’automne fait rage
mais haut dans le ciel
les nuages sont immobiles

(= en automne)

°
(p.714 :)

kiyo-taki ya . nami ni chirikomu . aomatsuba

Bashô

une cascade claire ;
dans les rides tombent
des aiguilles de pin vertes

(N.d.T. : Ce haïkaï est le dernier auquel Bashô travaillait, à sa mort.)

°
(à suivre, p.715-)

9 Haiku de printemps – Blyth – p.629-633

11 février 2011

°
(p.629 :)

fuji no hana . tada utsubuite . wakare kana

Etsujin

fleurs de la glycine;
baissant seulement la tête
pour les adieux

haru no hi no . iru tokoro nari . fuji no hana

Issa

où le soleil du printemps
s’enfonce,
les fleurs de glycine

yamabuki no . utsurite ki naru . izumi kana

Ransetsu

prenant le reflet
du yamabuki *,
la source est jaune

* rosier jaune.

horo-horo to . yamabuki chiru ka . taki no oto

Bashô

les pétales du rosier jaune
se détachent-ils
au bruit de l’eau rapide ?

°
(p.632 :)

murusaki no . yûyama tsutsuji . ie mo nashi

Shiki

violettes les montagnes du soir,
les azalées ;
pas une maison en vue

tsutsuji ikete . sono kage ni hidara . saku onna

Bashô

une femme
sous les azalées dans un pot
déchirant de la morue sèche

°
(p.633 :)

mushitte wa . mushitte wa sutete . haru no kusa

Raizan

la cueillant, la cueillant,
la rejetant,
l’herbe du printemps

te wo nobete . ori-yuky haru no . kusaki kana

Sono-jo

tout en marchant,
j’étends ma main et cueille
les herbes et les feuilles du printemps

iroiro no . na mo muzukashi ya . haru no kusa

Shadô

tous les différents
noms difficiles :
herbes du printemps

°
(suite, p 634-)

34 Haiku de printemps + 3 waka + 2 haiga – Blyth – p.601-615

9 février 2011

°
(p.601 :)

myôjô ya . sakura sadamenu . yama-katsura

Kikaku

étoile du matin –
distinguant les fleurs de cerisiers
des nuages de traîne

sakura sakura to . utawareshi . oiki kana

Issa

« fleurs de cerisier, fleurs de cerisier… »
dont on chantait,
ce vieil arbre

burando ya . sakura no hana wo . mochinagara

Issa

l’enfant se balance sur la balançoire,
dans sa main une branche fleurie
de cerisier

°
(p.602 :)

sakura sakura koro . tori ashi nihon . uma shihon

Onitsura

quand les fleurs de cerisier fleurissent
les oiseaux ont deux pattes
les chevaux quatre

me wa yoko ni . hana wa tate nari . haru no hana

Onitsura

yeux horizontaux,
nez vertical ;
fleurs du printemps

shitagau ya . oto naki hana mo . mimi no oku

Onitsura

les fleurs silencieuses
parlent aussi
à cette oreille intérieure docile

°
(p.603 :)

mikaereba . ushiro wo ôu . sakura kana

Chora

regardant par-dessus mon épaule,
tout était recouvert
de fleurs de cerisiers

yomo no hana ni . kokoro sawagashiki . miyako kana

Chora

leurs coeurs
et la capitale affairés,
avec des fleurs de cerisiers partout

morobito ya . hana wo wakeiri . hana wo izu

Chora

tous allant dans les
fleurs de cerisiers, sortant des
fleurs de cerisiers

°
(p.604 :)

yo no naka wa . mikka minu ma ni . sakura kana

Ryôta

le monde
pas vu de trois jours –
et les fleurs de cerisiers !

hana no kage . aka no tanin wa . nakari keri

Issa

sous les fleurs de cerisiers
personne n’est
un parfait étranger

°
(p.605 :)

kufû shite . hana ni rampu wo . tsurushi keri

Shiki

quel mal me suis-je donné
pour suspendre la lampe
sur la branche en fleurs !

hitogoe ni . hotto shita yara . yûzakura

Issa

à la voix des gens
les fleurs de cerisiers
ont rougi un peu



tsurigane no . kumo ni nuretaru . sakura kana

Shiki

des fleurs de cerisiers,
mouillées par les nuages
autour de la cloche du temple

°
(p.606 :)

yo ni sakura . hana nimo nenbutsu . môshi keri

Bashô

même aux fleurs de cerisiers
à leur apogée dans ce monde
nous murmurons « Namuamidabutsu ! »

kannon no . aran kagiri wa . sakura kana

Issa

Où que soit Kwannon,
partout
il y a des fleurs de cerisiers

°
(p.607 :)

ten kara de mo . futtaru yô ni . sakura kana

Issa

Ah, ces fleurs de cerisiers,
comme si descendues
en flottant du ciel !

yozakura ya . bijin ten kara . kudaru tomo

Issa

fleurs de cerisiers la nuit !
juste comme des anges
descendus du ciel

yozakura ya . ten no ongaku . kikishi hito

Issa

fleurs la nuit !
les gens cherchent à entendre
une musique divine

hada no yoki . ishi ni nemuran . hana no yama

Rotsû

colline de fleurs de cerisiers ;
je vais sommeiller
sur une pierre lisse

°
(p.608 :)

kumo wo nonde . hana wo haku naru . yoshino yama

Buson

avalant les nuages,
recrachant les fleurs de cerisiers,
le mont Yoshino !

kane kiete . hana no ka wa tsuku . yûbe kana

Bashô

la cloche du temple s’éteint –
le parfum des fleurs dans le soir
continue de sonner la cloche

kono yô na . masse wo sakura . darake kana

Issa

en ces jours récents,
ces temps dégénérés,
des fleurs de cerisiers partout !

°
(p.609 :)

ima no yo mo . tori wa hokekyô . naki ni keri

Issa

même en ce monde actuel,
des oiseaux chantent
« Hokekyô ! »

yukikurete . amemoru yado ya . ito-zakura

Buson

rattrapé par le soir,
le toit de l’auberge fuit;
un cerisier pleureur

°
(p.610 :)

(Blyth : « ce haiku provient probablement du fameux waka de Tadanori :

l’obscurité me rattrape;
l’ombre de cet arbre
mon auberge,
ses fleurs mes hôtes,
cette nuit)

samazama no . koto omoidasu . sakura kana

Bashô

combien, combien de choses
elles rappellent,
ces fleurs de cerisiers !

ware yande . sakura ni omou . koto ôshi

Shiki

les fleurs de cerisiers :
malade, combien de souvenirs
elles me rappellent !

°
(p.611 :)

hana saite . omoidasu hito . mina tôshi

Shiki

fleurs de cerisiers épanouies ;
ceux dont je me souviens
sont tous au loin

karasaki no . matsu wa hana yori . oboro nite

Bashô

le pin de Karasaki,
plus estompé
que les fleurs de cerisiers

ou :

le pin de karasaki
embrumé, on ne le distingue pas
des fleurs de cerisiers

le vert
du pin de Karasaki
est aussi indistinct,
dans la continuité des fleurs de cerisiers
au matin de printemps

(: un waka de l’Empereur Gotoba, (1184-98))

°
(p.614 :)

kô ikite . iru mo fushigi zo . hana no kage

Issa

quelle étrange chose
d’être ainsi vivant
sous les fleurs de cerisiers !

ku no shaba ya . sakura ga sakeba . saite tote

Issa

un monde de chagrin et de douleur,
même quand les fleurs de cerisiers
sont écloses

°
(p.615 :)

hana saite . shinitomo nai ga . yamai kana

Raizan

les fleurs de cerisiers s’ouvrent;
je ne souhaite pas mourir,
mais cette maladie…

mon plus cher désir
est de pouvoir mourir
sous les fleurs de cerisiers
à la pleine lune
du second mois du printemps

(: waka de Saigyô.)

°
(p.612/613 : 2 haiga d’Issa :)

niwa no chô . ko ga haeba tobi . haeba tobi

Issa

dans le jardin, un papillon :
le bébé rampe, il s’élève;
elle rampe, il s’élève à nouveau

ku no shaba ya . sakura go sakeba . saite tote

Issa

Un monde de chagrin et de douleur,
même quand les fleurs de cerisier
ont éclos

°
(suite, p. 616-)

19 Haiku de printemps + 2 waka – Blyth – p.538-545

6 décembre 2010

°

matsu-kaze wo . uchikoshite kiku . kawazu kana

Jôsô

au-dessus du bruit
de la tempête dans les pins,
la voix des grenouilles

°

ah ! là-bas dans le village
les bruits du fifre et du tambour :
sur cette montagne sacrée-ci
les sons innombrables
des pins

(waka de) Ryôkan

°

tatazumeba . tôku mo kikoyu . kawazu kana

Buson

immbobile –
la voix des grenouilles
qu’on entend aussi au loin

°
(p.539)

kaku ni zashite . tôki kawazu wo . kiku yo kana

Buson

assis dans la tour,
écoutant les grenouilles lointaines
la nuit

°

waga io ya . kawazu shote kara . oi wo naku

Issa

autour de ma hutte
depuis la première,
les grenouilles chantent de vieillesse

°
(p.540 :)

furuike ya . kawazu tobikomu . mizu no oto

Bashô

la vieille mare :
une grenouille plonge –
le bruit de l’eau

°

waga kado e . shiranande hairu . kawazu kana

Issa

la grenouille
franchit mon portail
sans s’en rendre compte

°

dezu to yoi . tokage wa hito wo . odorokasu

Raizan

lézard,
si seulement tu ne sortais pas :
tu m’as effrayé

°
(p.541 :)

chô kiete . tamashii ware ni . kaeri keri

Wafû

le papillon disparu,
mon esprit
me revint

°

Mon coeur
ravi
par les fleurs de cerisiers sauvages,
reviendra-t-il dans mon corps
quand elles se disperseront ?

(waka de) Kotomichi, 1798-1868.

°
(p.542 :)

chôchô ya . nani wo yumemite . hanezukai

Chiyo-ni

ô papillon,
à quoi rêves-tu,
éventant tes ailes ?

°

ishi ni neru chô . hakumei no ware wo . yumemuran

Shiki

papillon assis sur la pierre,
tu rêveras
de ma triste vie

°

hana no yume . kikitaki chô ni . koe mo nashi

Reikan

Du rêve de fleurs du papillon,
je m’enquerrais volontiers –
mais il est sans voix

°
(p.543 :)

kurikaeshi . mugi no une nuu . kochô kana

Sora

de-ci de-là, de-ci de-là
entre les rangées d’orge,
le papillon

°

tsurigane ni . tomarite nemuru . kochô kana

Buson

le papillon
posé sur la cloche du temple
endormi

°

tsurigane ni . tomarite hikaru . hotaru kana

Shiki

sur la cloche du temple
luit
une luciole

°
(p.544 :)

oki yo oki yo . waga tomo ni sen . neru kochô

Bashô

réveille-toi, réveille-toi,
papillon endormi,
et soyons compagnons !

°

kimi ya chô . wae ya sôshi ga . yume-gokoro

Bashô

tu es le papillon
et moi le coeur rêvant
de Sôshi ?

°
(p.545 :)

fuku tabi ni . chô no inaoru . yanagi kana

Bashô

à chaque coup de vent,
le papillon change de place
sur le saule

°

koojika ya . chô wo furutte . mata nemuru

Issa

le faon
se secoue du papillon
et se rendort

°

ise musha no . shikoro ni tomaru . kochô kana

Garaku

le papillon
même poursuivi
ne semble jamais pressé

°
(suite, p.546-)