°
ouvrir la porte :
se laisser pénétrer
par l’odeur du pain
cuit
°
chaque jour
que tourne le monde,
merci
°
un sapin clignote –
Père Noël, pendu,
oublié à ton balcon,
voici revenu
le temps de tes exploits !
°
rencontrai ce soir
un curculionidé *
dans le dictionnaire
* = de la famille des charançons.
°
mettre l’eau à l’oreille
mettre la puce à la bouche
°
ils semblent bien dodus
ces deux canards
sur la Seine gonflée
– fin de l’an
°
parapentes –
sur l’évier
des rognures d’ongles
°
les doigts de la pluie
sur les peaux du soir
(12 décembre)
°
par les vallées
et les sous-bois
son respir pioche la nuit
°
jusqu’au bout de l’orteil
le sentiment du printemps
°
dans un après-midi blanc
de décembre,
des cris noirs
°
jeune(s)
déjà recroquevillé(s)
sous les écouteurs
dans les écrans
°
Dans le haïku
je cherche le blanc,
je cherche l’espace
°
les jumelles, parfois,
ont le même rire
exactement
au même moment
°
portes en s’ouvrance
°
une perle, son haïku –
huîtres du réveillon
–
après les huîtres du réveillon,
une coquille
dans son haïku
°
sur le pain
je trace
l’idéogramme (chinois)
de miel
puis le mange
°
L’eulalie ondulante,
la souple eulalie
(: miscanthe, suzuki, herbe d’argent)
°
Le haïku est un poème blanc
–
(: un poème de si peu de mots…)
–
poème blanc :
poème dont les mots s’effacent,
laissant (la) place à l’espace…
à la brume…
–
poème blanchi…
–
Blanchir le haïku.
°
Tel qui avoua avoir
bien du mal avec « le naturel »
a naturellement
bien du mal
avec le haïku
(auquel il se voua
cependant) !
°
(Dans le haïku,)
il ne s’agit pas de remplir le vide,
il s’agit de le creuser…
°
Noël à l’EHPAD :
sieste en demi-cercle
autour de la télé
sieste en demi-cercle
autour de l’aquarium
°
bla bla bla bla bla :
c’est le début
d’un faux haïku.
–
Pour écrire un faux
-haïku : bla bla bla bla bla
bla bla bla bla bla !
°
Noël
près de mère
assoupie en son fauteuil –
lecture
–
laissé dormir mère –
le soir
tombait
sur le livre
–
dans son rêve elle prononce :
« On n’a qu’à faire comme ça !
… Au revoir ! »
et poursuit sa course
en fauteuil
–
assis
face à mère endormie dans son fauteuil –
le Noël de ses 94 ans
°
« l’essentiel du monde »,
« élimine les scories » =
pas de bla bla bla !
–
: Haïku de bègue !?
–
loin des bruits
et de la fureur
des mots répétés automates
le vide / le blanc !
–
un haïku de blanc !
–
haïku bouché de mots
comme de cheveux un lavabo
°
d’une écriture simple
limpide
et sans fioritures
(comme d’Emmanuel Bove – ?)
°
liane souple
à mon côté
nos épousailles
°
lumières d’après Noël
la pluie commence à rayer
la vitre du train
– cet Orléans-Paris
tant parcouru étudiant
…
vendredi soir 26 décembre
et peu de monde qui monte
vers la capitale
– la pluie a maintenant rayé
la vitre jusqu’en bas
°
la fran(ca)cophonie ?
°
montée vers la station de ski –
la neige s’enroule
autour d’un tronc d’arbre
°
Pourquoi le haïku est-il un poème blanc ?
: parce qu’en son centre se trouve le « kireji »
(le « mot »-de-coupe)
qui creuse * l’espace
entre les mots
* crée, permet, promeut
°
Ostensignes…
°
les dameuses
remontent les pistes :
leurs projos
dans le noir du matin
(4 h).
–
sous les sprays
des canons à neige
la dameuse descend la piste
puis la remonte
–
ballet des deux dameuses
à lisse-pistes
–
à flancs du mont
les faisceaux des dameuses
sous le nuage des canons à neige
–
au bas de la piste
la dameuse
à rebrousse-neige
–
je bois un verre d’eau
dehors la déneigeuse
–
dameuses, déneigeuse
au travail –
effaçant ses lignes
de sur le livre
–
les dameuses ont cessé –
la gomme continue
dans le noir du matin
souffler sur les roulures de gomme
–
éliminer
élimer
limer
mer
(+ le mot est « petit »,
+ il est vaste ?)
–
les dameuses
sont rentrées se coucher –
il n’y a plus que le bruit du frigidaire
qui tourne
vers le matin
–
disparaître
quand les autres
vont apparaître…
–
en piste sur les pentes
les dameuses –
n’égalisant pas les étoiles
–
éclairant
le nuage de neige artificielle,
la dameuse
repasse
–
les dameuses m’amusent
–
ciel bleui :
les étoiles
damées
–
la piste rose d’un avion
au tout matin –
les remonte-pente
à l’arrêt
–
au jeune matin bleu
des petits nuages roses
s’approchent de la montagne blanche
°
pierre,
on te dit sorcière,
et dans la rivière
pleure par amour
°
la dameuse
fume son nuage de neige –
dernier matin de l’année
–
ce matin la dameuse
soigne le bas de la piste
°
dp