Archive for décembre 2010

Alan Watts – The Way of Zen (p. 204, suite)

21 décembre 2010

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 » Les haïku et les waka transmettent peut-être plus aisément que la peinture les différences subtiles entre les quatre atmosphères de « sabi », « wabi », « aware » et « yugen ». La tranquille, exaltante solitude de « sabi » est évidente dans :

sur une branche desséchée
un corbeau perché
dans le soir d’automne

(Bashô)

°
(p.205)

« Sabi » est cependant la solitude dans le sens du détachement bouddhiste, de voir toutes les choses arriver « d’elles-mêmes » dans une miraculeuse spontanéité.

(…)

« Wabi », la reconnaissance inattendue de l' »ainsité » fidèle de choses très ordinaires, particulièrement quand l’ombre du futur a momentanément fait échec à notre ambition, est peut-être l’atmosphère de :

un portail de broussailles
et en guise de serrure
cet escargot

(…)

« Aware » n’est pas vraiment la douleur morale, et pas tout à fait la nostalgie dans le sens habituel de désirer le retour d’un passé chéri. Aware est l’écho de ce qui est passé et de ce qui fut aimé, leur donnant une résonance telle celle qu’une grande cathédrale donne à un choeur de sorte qu’ils seraient plus pauvres sans elle.

Personne ne vit à la barrière de Fuha;
l’appentis de bois est en ruine;
tout ce qui reste
est le vent d’automne.

(p.206)
(…)
Aware est le moment critique entre la vision de la nature transitoire du monde avec tristesse et regret, et la vision comme la forme réelle de la Grande Vacuité.

les feuilles tombantes
se posent l’une sur l’autre;
la pluie tombe sur la pluie

Comme « yugen » signifie une sorte de mystère, c’est le mot le plus déconcertant de tous à décrire, et les poèmes doivent parler pour eux-mêmes :

La mer s’assombrit
les voix des canards sauvages
sont vaguement blanches

dans le brouillard épais,
qu’est-ce que l’on crie
entre colline et bateau ?

Ou un exemple de yugen dans les poèmes « Zenrin » :

Le vent tombé, les fleurs tombent encore;
Un oiseau chante, le silence de la montagne
s’approfondit

Parce que l’entraînement au zen a impliqué un usage constant de ces couplets chinois depuis au moins la fin du XVè siècle, l’émergence du haïku est à peine surprenante. L’influence saute aux yeux dans ce haïku yugen-à-rebours par Moritake.

Le Zenrin dit :

Le miroir brisé ne reflètera plus;
La fleur tombée ne montera guère à la branche

et Moritake :

Une fleur tombée
remontant sur la branche ?
C’était un papillon.

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(à suivre…)

Haïkus non retenus dans l’Échelle brisée – Salim Bellen – 26/38

21 décembre 2010

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toujours en retard / d’une journée sur la guerre / le kiosque à journaux

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Salim Bellen

haïku de haïbun – « Errance » – Salim Bellen

21 décembre 2010

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Au long du journal
j’erre dans mes souvenirs
et vis au présent

°

Salim Bellen, 26/12/06, in « Errance », haïbun tiré de Le Singe renifle en décembre, p.101.

Salim Bellen – Tierra de nadie 109

21 décembre 2010

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Le moine chauve
dit au nouveau moine
comment se raser

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Salim Bellen, in Tierra de nadie, 109

12 HAIKU de printemps – R.H.Blyth, p.546-551

21 décembre 2010

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(p.546 :)

kiguruma ni . okiyuku kusa no . kochô kana

Shôha

à l’approche du chariot
de l’herbe
s’envole le papillon

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chôchô ya . junrei no ko . okuregachi

Shiki

papillons ;
l’enfant des pèlerins
a tendance à traîner

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(p.547) :

mugura kara . anna kochô ga . umarekeri

Issa

du bulge rampant
un tel papillon
est né !

°

atafuta ni . chô no deru hi ya . kane no ban

Issa

débandade –
un papillon vient aujourd’hui ;
surveillant la caisse !

°
(p. 548) :

yûhi kage . machinaka ni tobu . kochô kana

Kikaku

dans les rayons du soleil couchant
volète le long de la rue
un papillon

°
(p.549) :

chô tobu ya . kono yo ni nozomi . nai yô ni

Issa

le papillon voleta
comme si désespéré
par ce monde

°

kado no chô . ko ga haeba tobi . haeba tobu

Issa

par-delà le portail un papillon :
le bébé rampe, il s’élève,
elle rampe encore, il s’élève à nouveau.

°
(p.550 :)

chô tonde . waga mi mo chiri no . tagui kana

Issa

le papillon voletant :
je me sens
une créature de poussière

°

mutsumashi ya . umare-kawaraba . nobe no chô

Issa

comme ils sont heureux et affectueux !
Si je renais, puissé-je être
un papillon dans les champs

°

hana ni kurui . tsuki ni odoroku . kochô kana

Chora

distrait par les fleurs,
émerveillé par la lune,
le papillon !

°
(p.551 :)

michizure wa . kochô wo tanomu . tabiji kana

Shiki

pour compagnon ce jour
j’aurais volontiers
un papillon !

°

kinodoku ya . ore wo shitôte . kuru kochô

Issa

Quelle pitié
que tu me suives si gentiment,
papillon !

°
(suite, p. 552)

Poème de mort de moine zen – SHUN’OKU SOEN

21 décembre 2010

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SHUN’OKU SOEN
(mort le 9è jour du 2è mois de 1611, à 83 ans)

Dérivant entre ciel et terre
J’appelle l’Est et le change en Ouest.
Je brandis mon bâton et retourne encore une fois
À ma source.
Katsu !

Il est écrit qu’au jour de sa mort Shun’oku sentit sa fin proche. Il demanda à son assistant de tenir son pinceau, et lui dicta son poème de mort. Puis il prit lui-même le pinceau, écrivit la date, signa et dit « au-revoir ». Il expira peu après.

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dans Japanese Death Poems, Y. Hoffmann, p.116, ed. Tuttle, 1986.

Cid Corman (1924-2004)

21 décembre 2010

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Ton ombre
sur la page
le poème.

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Cid Corman (USA, 1924-2004)

(traduit par dp. de haiku mind,P. Donegan, Shambala éd., 2008, p. 197.)

Javier Sologuren (Pérou, 1921-2004)

21 décembre 2010

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Jasmin
blanc,
seulement blanc,
s’ouvrant à l’espace blanc.

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Javier Sologuren (Pérou, 1921-2004)

(traduit par dp. de haiku mind, P. Donegan, Shambala éd., 2008, p. 187.)

Kusatao Nakamura (1901-1983)

21 décembre 2010

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avec les feuilles du printemps
poussent
les dents de mon enfant

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Kusatao Nakamura (1901-1983)

(traduit par dp. de haiku mind, P. Donegan, Shambala éd., 2008, p. 107.)

Marlene Mountain (1939- )

21 décembre 2010

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pig and i spring rain

cochon et moi pluie de printemps

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Marlene Mountain (1939- )

(traduit par dp. de haiku mind, P. Donegan, Shambala éd., 2008, p. 53.)