Archive for novembre 2008

Du « Cabinet des lettrés »

26 novembre 2008

p.119 :

 » Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète (…)

   Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs, ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps (…)

   Ils s’entrelisent dans le silence, à la lueur des chandelles, sous le recoin de leur bibliothèque tandis que la classe des guerriers s’entre-tue avec fracas et que celle des marchands s’entre-dévore en criaillant (…) « 

du « Voyage dans les Provinces de l’Est »

26 novembre 2008

d’un anonyme japonais,

éd. Le Promeneur, 1999, trad. J. Pigeot,

isbn 2-07-075437-5 :

p.24 :

 » Mon corps hante la cour et la ville, mais mon coeur s’est retiré du monde. »

: Yoshishiga Yasutane ( ? -1002)

p.47 :

 » Les eaux d’automne gonflent, les bateaux filent à vive allure  » (: poète chinois « obscur »)

(…) » Et pourtant, comparé au coeur humain, quel courant paisible ! » (: Bai Juyi). A y songer, ce qui défie toute comparaison, ce sont les périls qui toujours jalonnent notre traversée de la vie. »

p.53 :

 » Passer son temps à dormir dans la montagne vaut mieux que pratiquer l’ascèse dans les lieux habités.  »

p.95 :

 » En ce monde

on peut vivre

comme ceci ou comme cela :

ni palais, ni chaumière

ne sauraient nous combler. « 

 » La poésie consiste « 

26 novembre 2008

De source « perdue » (par moi – mais de Bashô ?), ceci :

 » La poésie consiste, en un premier temps, à saisir sur le vif les beautés de la nature, (…) il faut ensuite retrouver leur « vérité », c’est à dire les émotions qu’elles induisent et l’ordre universel qui les sous-tend. En d’autres termes, si le haïkaï est d’abord une intuition qui se traduit par un jaillissement verbal spontané, une improvisation, donc, il convient ensuite de le polir, et surtout de l’rdonner en séquences cohérentes, que ce soit sous la forme de kasen, ou bien de recueilscomme celui-ci, lecompilateur jouant en somme le rôle d’un guide sur une lande dépourvue de tout chemin praticable.  »

et encore :

 » placer des jalons  »

 » sur le chemin herbeux dépourvu de tout repère  »

 » gardien de cette lande  »

Et Bashô (Genroku, an 2), citant Saigyô (Sankashu 866) :

 » Non plus que le lis

qui prospère sur les friches

d’où monte l’alouette

mon coeur n’a d’appui aucun

qui puisse le soutenir « 

Fl Hu-Sterk op.cit. suite :

17 novembre 2008

p.43 :

 » Ce qui importe (c’est) l’état d’harmonie avec la nature environnante.

Il s’agit avant tout d’établir une communion profonde entre l’homme et la nature. Les figures humaines doivent nécessairement avoir un lien avec le paysage. »

p.44  » La notion de « naturel » ou de « spontané » (ziran) est centrale dans la pensée esthétique taoïste.

(à suivre !…)

Fl. Hu-Sterk, op. cit.

17 novembre 2008

, p.6 :

 » La calligraphie ( ) est l’art de la ligne pure.  »

 » Tracer des caractères vivants deviendra l’idéal de la calligraphie chinoise. »

p.11 :

 » Pendant de longs siècles, la règle d’or pour la composition chinoise reste  » un mot de plus ne vaut pas un mot de moins « . Aujourd’hui encore, on enseigne aux élèves du secondaire à éviter d’écrire des phrases telles que :  » Il n’y a plus de dents dans la bouche « , puisque les dents se trouvent nécessairement dans cette dernière. »

p.24 :

 » en Chine, l’esthétique est une éthique  »

 » Le beau perd tout son sens s’il ne s’accompagne pas de valeurs morales. »

p.25 :

 » la poésie peut exercer une influence bénéfique sur les hommes  »

p.30 :

 » à coeur droit, pinceau droit  »

: Liu Gongquian (776-865)

 » Si la peinture de paysage ne revêt pas directement un caractère éthique et moral précis, elle contribue néanmoins à établir un état de sérénité et d’harmonie. »

p.41 : La nature comme maître

« Il ne s’agit pas en effet de conquérir la nature, de la remodeler, mais de s’identifier à elle dans ses métamorphoses infinies »

p.42 :

 » Dans la vision taoïste de l’univers, le Dao imprègne toute chose jusqu’au purin. L’homme fait partie intégrante de l’univers. A partir de la dynastie des Song, lorsque les personnages apparaissent dans un paysage, ils semblent bien souvent minuscules dans une nature grandiose. »

p.43 :

 » Généralement, les activités humaines représentées dans les peintures de paysage n’expriment pas une tentative de dompter la nature.

(…) L’image du pêcheur, omniprésente dans la peinture paysagiste, symbolise une vie simple et retirée. (…) Sur le modèle du pêcheur se greffe celui du bateau (…) où il est fait allusion à une barque sans attache. Comme elle, l’homme doit se laisser porter au gré des flots, par les aléas de la vie et le changement des saisons. Bateau esseulé et bateau vide constituent des images conventionnelles pour indiquer le « moi ».

p.43 Shitao :

 » je deviens l’homme dans le tableau, avec à la main une canne à pêche, au milieu d’eau et de roseaux, là où, sans limites, ciel et terre ne font plus qu’un. « 

Fl. Hu-Sterk

17 novembre 2008

op cit., p.4, dans le chapitre « Ecriture et Esthétique » :

 Xu Shen des Han (auteur du premier dictionnaire étymologique de la langue chinoise) :  » L’écriture n’est pas autre chose que la ressemblance. »

  Ainsi, alors qu’en France on entraîne les enfants à la logique avec un jeu de cause à effet du type « pigeon-vole », en Chine, il existe un jeu similaire qui exerce la pensée par correspondance. Au mot « montagne », l’enfant doit répondre « eau ». Aux mots « vent printanier » il répondra « pluie d’été », etc. Au même titre que la calligraphie, le passe-temps favori du lettré chinois consiste à composer de véritables vers parallèles de 5 ou 7 caractères.

Wen Tingyun : (p.5) :

 » Chant du coq, auberge en chaume, lune,

Traces de l’homme, pont en bois, givre  »

(: tableau dans lequel un voyageur solitaire, avant l’aube, reprend sa route hivernale.)

de Florence Hu-Sterk

17 novembre 2008

Introduction à La Beauté autrement, éd. You Feng :

 » Conscients de la fâcheuse tendance qu’ont les Occidentaux à appliquer leurs propres catégories de pensée aux autres cultures …  »

 » nous passons pour des impérialistes culturels eurocentriques  »

Mon com :

Et pan ! pour ceux qui, en France, ont exprimé leur opinion de « s’approprier » le haïku !

de Chia Tao

12 novembre 2008

 » sur les caroubiers, de la pluie qui goutte le son clairsemé  »

: Chia Tao (779-843)

Kôans et Leçons du zen + H.D. Thoreau

12 novembre 2008

, éd. Picquier, 2004

p.16 :

 » une époque passée () où la pensée et la logique n’emprisonnaient pas les êtres, mais où l’intuition et l’union avec la nature formaient les voies cardinales de l’expression et de la compréhension –  »

+

 » Que les saisons soient votre fortifiant et vos remèdes.  »

: H.D. Thoreau

Haïku, poésie du zen (2)

12 novembre 2008

p.12 :

« Le Zen a influencé nombre d’arts et de disciplines qui, littéralement imprégnées par l’esprit de la voie (do), sont devenus de nouvelles formes de méditation et d’apprentissage : le chadô (voie du thé), le kadô(voie des fleurs), le kendô (voie du sabre), le kyûdô (voie de l’arc), le judô (voie de l’auto-défense), le shôdô (voie de la calligraphie). La dynamique sous-jacente à tous ces arts ? Une perception pleine et entière de l’instant – être ici et maintenant. Et cette force spécifique n’est nulle part aussi présente que dans l’art subtil du haïku. »

p.13 :

« Le haïku évoque un vortex d’énergie; l’instant du poème devient un espace d’intensité absolue dans lequel la saisie intuitive du poète est à son comble. »

« L’art du haïku consiste à concentrer la réalité en un seul et unique moment qui piègera poète et lecteur dans le partage d’une même expérience. C’est cette rencontre foudroyante qui fait du haïku la poésie-même du Zen – restitution de moments que la prose ou la logique échouent à décrire. »

p.15 :

« Le temps d’un instant fugitif nous percevons une structure et un sens jamais éprouvés auparavant. Restituer pareil instant, telle est précisément l’intention du haïku et de sa discipline formelle. Car la poésie du haïku est la restitution d’une expérience, et non son commentaire. »

« Chaque mot du haïku est une expérience. C’est bien la fraîcheur qui apparaît comme l’essence du haïku, en ce qu’elle est créée par l’immédiateté de la sensation. Laquelle procure au lecteur un bonheur vrai et durable. En effet, le haïku peut être lu encore et encore – avec un ravissement toujours neuf. »