°
Les mots des discours étant généralement plutôt lourds, nous avons bien besoin du champagne au pot qui suit pour nous en alléger, voire les oublier !
°
Après quelques jours / (après quelques tours) / je ne vis plus le mulot mort au milieu du chemin. / Probablement l’avait-on emporté / vers un ailleurs meilleur / pour y pourrir.
°
les feuilles brunes (tombées)
prisonnières des bras verts du houx
°
(cf 23 sept :)
dimanche matin
il banjoïse en chantonnant
sur le pourtour du parc
°
Avance !… Avance !
me dit ce bambin
en me voyant trottiner
dans l’allée du parc
°
aux obsèques
d’un obséquieux
–
dans son cercueil verni
sous son marbre poli,
l’obséquieux
– Et faire le deuil du dieu ?
°
Qu’allez-vous vous empêtrer
dans ce 5/7/5
qui n’est que japonais ?
°
1 papillon
devant la voiture
1er octobre
°
au pied du rail
une aile du pigeon
s’écarte encore
au vent
°
(quoi dire d’autre que :)
les oreilles roses
de son téléphone portable
°
« La ville en mouvement »
est-il écrit sur un mur
au-dessus des voies ferrées
°
il pissa à quatorze heures :
un jet sur douze
l’autre sur deux
(Issy-les-Moulineaux)
°
un baiser de soleil sur les lèvres ;
il avait encre de beaux jours
à côté de lui
°
bien mal acquis
n’amasse que mousse
°
Porte de Versailles,
tous ceux qui
revenant du salon de l’auto
prennent le métro
°
senryûs :
les valeurs amassacrées
°
Du Petit Prince
j’ai l’ombre de l’écharpe.
À part ça, rien.
°
Le haïku c’est un déclic –
le déclic d’un instant,
le coup de foudre, l’étincelle…
–
– La cliqu-haïku ?…
°
(Progrès)
Il y a 45 ans, il fallait compter en moyenne
une minute et demie
entre chaque station de métro.
Aujourd’hui, il faut environ
une minute trente.
°
The chicken in the kitchen
°
Je serais ridicule
si j’écrivais des haïkus en forme de 5/7/5 syllabes :
– parce que typiquement – et uniquement – japonais !
– parce que dès que tu veux traduire un haïku d’une langue dans une autre, ton 5/7/5 disparaît presque automatiquement (sinon tu le contorsionnes, etc : voir – primo – les traductions de René Sieffert parfois, souvent même alambiquées au possible, pour pouvoir « respecter » ce fameux sacro-saint 5/7/5 !…!
– parce que Kyôshi a dit (en 1936) qu’en dehors du Japon on pouvait s’en passer …
– parce que les onji ne sont pas des syllabes…
– parce que des Seisensui, Santôka, Hôsaï ont déjà rejeté ce moule il y a déjà presque un siècle…
°
l’ubiquiste / l’ubicuistre /
le haïku n’est ni ubi-cuist(r)e
ni obi-cuist(r)e
–
Un haïkuilibriste
–
L’invention d’un personnage narrateur (« le pape volant » en l’occurrence)
alors que le haïku n’est pas un roman, si court fût-il !
°
(de L.A. Davidson, in Aware de Betty Drevniok, éd. Unicité, 2012 – trad. D.Py :)
ninety degree day
the jackhammers in the street below
exploding the heat
trente-trois degrés –
les marteaux-piqueurs dans la rue d’en bas
explosent la chaleur
°
Nous mentionnions Prévert,
le gamin de la famille :
Ah, oui, le poète !
Il a écrit tellement de poésies
qu’il en est mort
°
métro –
une femme
toute à son portable
consciencieusement se cure
les deux narines
°
il s’arrêta
page 69
et s’endormit
°
Rebecca Rébécarre
Vélodie(s)…
collègue Oleg
oreillons frais / au rayon frais
°
De plus en plus nouveau :
après le « haïku papal »
le haïku PayPal
–
chaque instant présent
est le comble (/ le culmen)
de la modernité (/ de la « nouveauté »)
–
Nouveauté, nouveauté,
proclame-t-il
prenant pour référence le maître
d’il y a 450 ans
°
Un touche-à-rien
°
Que ressent la mare
à l’attaque
de la grenouille ?
°
la limace,
sa traîne
d’argent
–
l’escargot
luit
sous lui
°
l’étang
étend
le temps
étale
–
la grenouille
rompt le temps
(l’espace) étale
de l’étang
–
l’espace
de l’étang
divisé *
par la grenouille
* divinisé
–
le silence
de l’étang
qu’interrompt
la grenouille
–
que fait
la grenouille
à ce fameux
étang ?
–
plongeon séculaire
de la grenouille
son corps en croix
le saut de l’ange
dans l’éternel
étang
–
se détend,
s’étang
la grenouille
–
étang donné, une grenouille…
–
l’arc
de la grenouille
la cible
de l’eau
–
l’étang en-cercle(s) (autour de) la grenouille
–
la grenouille
ne peut sauter
qu’au centre
de l’eau
qu’au centre
d’elle-même
c’est merveilleux
d’une grenouille
Bashô frappa
le centre de la
cible-haïkaï
–
la grenouille
ne saurait être
que le centre
de l’eau
–
impa – cible
°
un défilé
de harengs
°
Dernière minute :
Nous apprenons que le vaisseau spa-pal
vient de capoter
dans la cordillière des Viandes
– Paix à descendre !
–
Nous sommes tous impatients
que ce Benoît Lévitant
(dit Félix-bras-en-x)
nous narre
une cruci-fiction !
–
Dernière minute :
Le très célèbre Benoît Lévitant
(dit Félix-bras-en-x)
vêtu de son seul bermuda
a disparu de nos écrans-radars
–
Méfiez-vous des haïkuistres !
(Méfiez-vous du pope haïkuistre !)
–
Le concepteur de ce faux personnage
( : Benoît Lévitant)
est-il lui-même réel ?
°
au milieu de la nuit
le pain cuit
dans sa narine
°
Le haïku
c’est une mise en mots
d’un instant vécu.
C’est parfois même – malheureusement ? –
une mise à mort de cet instant vécu
(quand il est « mal » retranscrit, quand il ne lui « colle » plus !…)
°
De qui la reconnaissance ?
De ses impairs * ?
* impers ?
°
une larme à feu…
°
beaucoup de monde ce matrain
°
musiques de rue :
les percussions
des marteaux-piqueurs
°
(ancien, gare de Lyon, RER A :)
devant la porte ouverte
de ce train de banlieue bondé
une casquette à terre
°
dans le métro
sa valise à roulettes
part (déjà) en voyage…
–
s’émancipe à roulettes
–
les roulettes
oeuvrant pour l’émancipation
des valises…
–
déjà dans le métro
sa valise part en voyage
(Cadet Roulette)
–
Cadet Roulette
né un dix octobre
pense déjà à ses futurs voyages
–
Cadet Roulette,
fatigué de voyager
ne veut plus que rester au près
voire s’arrêter
sans mousse
°
Le haïku n’embellit pas.
(Une embellie…)
°
(ancien -2007?- :)
ce débardeur
vert caca d’armée
doit-on vraiment le repasser ?
°
moderne à tout prix :
la pointe de son stylo
d’avant-garde
–
En avant, toute !
Ne te retourne pas sinon
ton encre se changera en sel !
–
son esprit
roulé en huit
n’aspire qu’au neuf
–
du nouveau, du nouveau,
et la patine, alors ?
–
il voulait devancer
sa vie : toujours
pousser son premier cri !
–
hélas,
le dernier cri
est déjà supplanté !
–
ce constant
souci du neuf
si vite démodé !
–
il veut du nouveau
toujours,
toujours,
figé
sur ses pointes
–
refuse de vieillir,
le moderniste ?
–
l’avide du neuf
à jamais sans repos
–
après le neuf
à tout prix
le dix !?
–
le mécontent du présent –
l’incontinent du futur…
–
pourquoi
n’invente-t-il pas
tous ses mots
s’il veut rester
absolument moderne ?
–
pour être plus moderne
que moderne
il écrit (tous ses haïkus)
en novlangue
–
se rend-il compte
que tous les mots
qu’il emploie
sont – affreusement – anciens ?
–
dès qu’il crée un mot,
il vieillit (déjà) !
Ah, le désespoir
du moderniste !
–
(nouveau mou d’veau)
du mou de veau,
oui,
mais
du mou-de-veau nouveau !
–
Il écrivit tellement nouveau
qu’il était le seul
à pouvoir se comprendre
–
nou – veau d’or !
–
il n’écrit pas,
il VEUT écrire
(« nouveau », etc.)
–
condamné au modernisme,
ce Sisyphe du haïku nouveau !
–
certains croient-ils au
tout nouveau, tout beau ?
je crois, personnellement,
au tout neuf, tout bœuf
–
pourquoi faut-il que quand il entend « nouveau »
lui vienne aussitôt à l’esprit « mou-de-veau » ?
–
Lynn est psy
(/ Line est psy)
°
mes voisines
(de TGV),
ces tchat-chieuses !
–
à la gym aquatique,
ce qu’elles n’ont pas besoin de muscler :
la langue !
°
Les hippos campent…
Des hippos * allumés
(s ‘éteignent dans la pièce
d’O…)
* « Zippo » : briquets.
°
Un bègue
peut-il être à la pointe
de la nouveauté ?
–
un haïku de pointe
et
un haïku de marteau
…
°
il m’insulquai(t)
°
(ancien :)
les petits pois
refroidis à l’ordi
: « parésiaste ».
°
Égrenier. Égrenier les souvenirs…
°
il la ferme, elle s’ouvre,
il la ferme, elle s’ouvre,
: la portière de son autolib’ *
(Place de la Nation, 13/10/12)
: or. : « la portière de sa voiture /
électrique de location ».
°
lèche la rosée
de la rare rose d’octobre
le rare joggeur sous la pluie
°
Rien besoin d’ « inventer » :
chaque seconde est nouvelle !
–
si j’écris
« la pluie la pluie la pluie »
n’est-elle pas déjà vieille
au bout de la ligne ? *
–
Patine-t-il
dans la nouveauté,
celui qui bégaie ?
–
haïku :
(de) l’actualité
en force
(?)
–
Actuel / Factuel
–
En Occident,
on veut faire le plein
… (en haïku).
En Orient,
on chercherait plutôt
à faire le vide,
épurer…
–
*
écrire
pluie
n’a jamais mouillé personne
–
(les mots
n’étant pas les choses…)
°°°
(à suivre : Oct.12 – 2/2.)