Archive for the ‘guerre’ Category

Mori Ôgai (Mori Rintarô)(h.)(1862-1922)par Makoto Ueda

8 mai 2016

in Modern Japanese Tanka, pp. 25-36 (extraits) :

Médecin retraité de l’armée après 35 ans de services dont les neuf dernières en tant que chirurgien-général. Fut directeur du Musée Impérial et Président de l’Académie Impériale des Arts.

°°°

Q’un poème soit

comme un vase de cristal

rempli de glace

délicieusement transparent

ne laissant aucun endroit invisible

essayant de se percher

sur la fleur d’élodée

qui oscille

au milieu d’un ruisseau

une libellule lambine

sans incident

un autre jour est passé

tandis que je continue à regarder

la couleur non identifiable

du mur

la caresserais-je

que des étincelles jailliraient et se répandraient

de sa chevelure noire

qui s’enroule autour de mon corps

et me tient fermement lié

A NARA :

Les gens de Nara

ont-ils voulu oblitérer

la tristesse de l’automne?

sanctuaires et temples ici

sont tous peints en rouge

°°°

(trad. de l’anglais : D. Py)

Kondô Yoshimi (1913-2006), par Makoto Ueda

5 mai 2016

in Modern Japanese Tanka, pp. 181-192.

(Extraits)

°°°

Prix Shaku Chôkû en 1969.
Dans l’équipe éditoriale de la revue de tanka « Mirai » (« Futur ») depuis son commencement, en 1951.

A publié 16 recueils de tanka (jusqu’en 1996).

°°°

ayant écrasé

sur mon papier à dessin

un moucheron tombé

j’essuie la tache avec du pain

le lendemain matin 

parce que 

j’ai déchiré la photo

et l’y ai lancée

un poisson vient à la surface

des profondeurs bleues

une cuiller

près de mon oreiller

grouille de fourmis

je les tue toutes

au milieu de la nuit

ayant grandi

dans une culture dépourvue

de religion

inspiré par quelle foi

dois-je faire cette guerre ? *

* ce poème et le suivant furent écrits pendant le service militaire du poète en Chine.

des ciseaux

ont découpé mon uniforme militaire

taché de sang

d’un bruit

qui s’est répété quelques moments

le long d’une rue

sous le ciel encore brumeux

après une averse

quelqu’un portant sur son dos

un panneau de verre transparent

l’océan

luit comme du mercure 

au loin

tandis que je travaille à notre bureau

vêtu d’un imperméable

puisque je travaille avec ceux

qui ne parlent pas ma langue

ce sentiment de vide

je sors acheter une copie

du Manifeste Communiste *

* Sur ordre de sa compagnie, le poète travailla dans une base de l’Armée d’Occupation à Tokyo, en 1945.

au moment

où une autre fenêtre se brise

nous rions tous

retrouvant l’instant suivant

nos visages impassibles *

* Dans le Japon de l’après-guerre, les trains étaient si bondés qu’il n’était pas rare de voir une fenêtre cassée accidentellement.

soldats au sol

balayés par une fusillade venant du ciel

encore et encore

pendant la séquence entière

les spectateurs restent assis en silence *

* Ecrit en 1950, après le déclenchement de la guerre de Corée.

projetant leur ombre

sur le lit blanc de la rivière

de lourds bombardiers descendent

chacun d’entre eux comme s’il n’y avait

âme qui vive à bord

LE CIEL BLANC *

leur voix qui jurait

est maintenant devenue 

la voix des faibles

grâce à la magnanimité

apportée par le passage du temps

* La note de tête se réfère aux nuages de champignon blanc qui s’élevèrent dans le ciel au-dessus d’Hiroshima après l’attaque atomique de 1945. Ceux qui survécurent souffrirent de conséquences désastreuses pour le reste de leurs vies. Le poème fut écrit en 1957.

combien de personnes vinrent

aux funérailles de Pasternak

elle me le dit

mais ne répondit pas à ma question

une enseignante, une nuit *

* Ecrit pendant un voyage en Union Soviétique en 1961. Boris Pasternak décéda en 1960, deux ans après avoir été forcé de refuser le Prix Nobel.

la rue

qui renferme les richesses du monde

et ses ambitions

s’étire dans un silence étouffé

comme une allée dans le cimetière *

* Ecrit à Wall Street (N.Y.) pendant un voyage en 1962.

des nuages blancs d’avions

étirés au-dessus de la jungle

et puis le bombardement

pas de comptage des victimes

parce que ce sont des paysans *

* Ce poème, et les deux suivants, furent écrits en 1965, pendant la guerre du Vietnam.

un rêve

à propos du ciel noir de l’aube

où un dieu pleure

sur l’odeur putride

qui s’étend jusqu’à la fin de l’espace

pluie lugubre

qui trempe le pays

quelque chose qui incite

une race à faire cette guerre

presque sans un mot

°°°

(Tr. fr. D. Py).

 

Tsukamoto Kunio (1922-2005) par Makoto Ueda

5 mai 2016

in Modern Japanese Tanka, pp. 193-204.

(Extraits).

°°°

Sa réputation en tant que poète de tanka grandit pour atteindre celle du romancier Mishima.
Son livre Mokichi shûka (Poèmes supérieurs de Saitô Mokichi) publié en trois volumes entre 1977 et 1981 est un des meilleurs livres de critique de tanka jamais écrits. Le nombre de livres qui portent son nom s’élève bien au-delà de cent, et il ne montre pas (en 1996) de signes de ralentissement.

°°°

dans un bosquet

de bouteilles de champagne

quelqu’un enseignant à une classe

le calcul de l’investissement 

différentiel et intégral

mains cueillant une rose

mains tenant un fusil de chasse

mains caressant un être aimé

mains * sur chaque pendule

pointant vers la 25ème heure

* = aiguilles

femme

comme un canon de fusil

je continue à la charger

d’explosif liquide

jusqu’à la fin de la nuit

jour d’été tardif

dans un pays au bord

de l’effondrement

 

un clou enterré dans l’asphalte

montre sa tête étincelante

même quand

on passe un film comique

elle est bien là

laissant s’échapper de froids rayons de lumière

la sortie de secours

d’un moulin à blé

à un hôpital de charité

puis à une boucherie

les lignes électriques s’étendent

jusqu’à la lande desséchée

seulement quand

le courant est coupé

commence à chanter

son chant sans voix

la guitare électrique

un cercueil exposé

aux pompes funèbres

froidement

repose en paix

qui fait exactement ma taille

comme tombe la nuit

sur ce jour du début d’été

le front brillant

un courtier en assurances

vient vendre une mort lointaine

sur la neige

après qu’un orage a passé

des milliers de fusils

cachés sous terre

visent le ciel

de vigoureux

jeunes gens paradent

vers la mort

dans les montagnes estivales

où des cordes pendent comme des intestins

après la mort

toujours un frais lendemain

 

de l’eau toute neuve

gargouillant dans une cuve

à l’aquarium

cette nuit de S.O.S.

sur le trottoir mouillé

un scarabée et moi

l’un prétendant être mort

l’autre le contraire

me tenant immobile

dans le crépuscule d’un froid

soir de printemps

je me demande si une âme ne

ressemble pas à une feuille d’or

j’ai balayé

toute la poussière de la littérature

et cependant

dans un coin de ma chambre

il y a encore un désert de Gobi

°°°

(Tr. fr. D. Py).

‘Une mare cachée’ : une anthologie moderne de haïku – 16/24

26 mai 2015

°

kanoyo yori hikari o hiite amanogawa

Ishihara Yatsuka (m) (1919-1998). Apprit beaucoup du poète Miyoshi Tatsuji (1900-1964) et écrivit beaucoup de livres sur son oeuvre. Leader du groupe de haïku Aki (« Automne »).

La Voie Lactée
prenant la lumière du
Monde de l’Au-delà

°

akikusa ni megane Jêmusu Dein no ki

Ishi Kanta (1943-) (m). Ex-éditeur de la revue de haïku Kanrai (« Tonnerre du milieu de l’hiver »), leader du groupe Enkan (« Anneau de feu »).

sur une pelouse automnale
une paire de lunettes – l’anniversaire
de la mort de James Dean

: James Dean : 1931- 1955.

°

kitsutsuki ya ochiba o isogu maki no kigi

Mizuhara Shûôshi (1892-1981)

Son d’un pivert –
des arbres dans la prairie
les feuilles se hâtent de tomber

: Tous les élèves Japonais apprennent ce haïku à l’école.

°

konomi hitotsu sô to naru ko no fuyuzukue

Nakayama Junko (f) (1927-)

un seul gland
sur le bureau d’hiver d’un garçon
destiné à la prêtrise

°

ukuyô ya higure wa kaze ga mayo no goto

Susuki Takuo (1925-1996) Edita la revue de haïku Nichirin (« Soleil »).

messe pour les cormorans morts –
le vent au crépuscule
comme les profondeurs de la nuit

°

ako ka tsuma ina ina tada no nagareboshi

Oikawa Tei (f) (1899-1993) Organisa un groupe de femmes dans l’école Ashibi (« Andromède japonaise ») menée par Mizuhara Shûôshi. Elle perdit toute sa famille pendant la guerre.

mes fils ? mon mari ?
jamais ! mais seulement
une étoile filante ordinaire

°

heigan no nochi no sôgô tsuki hisoka

Akamatsu Keiko (f) (1931-) Membre senior du groupe de haïku Yukige ‘ »Neige fondante »).

yeux fermés sur le monde,
et le visage radieux de joie –
la lune brille faiblement

: elle composa ce haïku quand son mari, le 18ème prêtre du Tokuô-ji, un temple bouddhiste de Tokuyama, décéda.

°

mangetsu no no no kage to naru wasureguwa

Koide Shûkô (m) (1926-) Leader du groupe de haïku Kôjitsu (« Les bons jours »), il appartient aussi au groupe Aki (« Automne ») mené précédemment par Ishihara Yatsuka.

sous la pleine lune
une ombre tombe à travers champ –
une houe oubliée

°

obi yuruku shime furusato no imachizuki

Suzuki Masajo (f) (1906-2003) Membre senior du groupe de haïku Shuntô (« Lumière de printemps »)

desserrant la ceinture,
attendant le lever tardif de lune
là où je suis née

°

tsurube otoshi no ato wa nami ato wa ashi

Saitô Miki (m) (1923-) Leader du groupe de haïku Fumoto (« Pied de la montagne »), et membre senior du groupe Kanrai (« Tonnerre du milieu de l’hiver »)

le soleil plongeant
laisse les vagues onduler derrière lui
et les roseaux aussi

°

(A suivre, p. 184)

Sur le thème de la paix :

30 août 2014

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

pax pax pax pax pax
i i i i i

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

la paix le yin la
paix le yin la paix le yin

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

une caisse de paix
(HAUT – BAS) FRAGILE

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

(30/7 – 5/8/14)

Haïbun aux tranchées – D. Py

13 mai 2014

HAÏBUN AUX TRANCHÉES.

Nous avions rendez-vous chez Valérie pour son anniversaire. Elle avait prévu un brunch, un ginko, un kukaï, et un goûter pour terminer. Le temps, couvert en début de matinée, s’était éclairci, nous permettant cette promenade espérée. Direction le parc Robinson, de l’autre côté de la Seine, que jouxtait le « Cimetière des Chiens », mais où étaient inhumés également « chats, oiseaux, lapins, tortues, hamsters, poissons, chevaux, et même singe, gazelle, fennec, maki. », comme nous l’enseigna la brochure échangée par le préposé en contrepartie de notre écot d’entrée.
Ainsi put on découvrir quelques épitaphes remarquables :
« À notre bébé chéri KIKI »,
« SUSHI Ange Poilu »,
« TAMISE, ton Waouh Waouh nous manquera toujours »,
« À mon ChatChat tant aimé »,
« KOLA dors bien »,
« Ma MAMMINE Grand amateur de fromage »…

Quelques poèmes étaient également gravés en l’honneur de ces très chéris. Je remarquai parmi ceux-ci un premier vers :
« Ici repose Dick, des tranchées compagnon fidèle »…
et revins alors sur ses dates : 1915-1929.

Le centenaire de cette boucherie était alors partout célébré. Je me remémorai ces haïkus de la Grande Guerre, lus quelques années auparavant, à la bibliothèque Carnegie de Reims, où je travaillais à l’époque. Ils venaient d’être remis au goût du jour par une anthologie opportune.

Nous étions ensuite revenus partager et commenter nos tercets respectifs, concoctés au cours de cette marche, et nous étions enfin séparés après les gâteaux festifs et le champagne.

Ce même soir, rentré à la maison, je décidai de faire l’inventaire d’une malle héritée de ma mère.
Au milieu de divers bibelots figurait un cahier de « souvenirs », ainsi qu’elle l’avait intitulé. Je ne tardai pas à le feuilleter. Une lettre qu’elle m’avait écrite un an auparavant, mais ne m’avait pas envoyée, s’y trouvait insérée. En haut de la deuxième page j’y lus : « En ce moment je me rappelle les chiens qu’on a eus et qui étaient de vrais amis ». L’énumération commençait : « Toby dit Toto le premier chien de mon enfance (sa mère « Fifine » avait été rapportée de la guerre par mon père. C’était une chienne de tranchée) »…

Quelle coïncidence, me dis-je ! Le même jour, exactement, cette visite au Cimetière des Chiens où « repose Dick, des tranchées compagnon fidèle », puis cette lettre de souvenirs mentionnant Fifine, chienne de tranchée !

Balade-haïku
Sous le pont
une Africaine en boubou
devant sa tente Quechua

Daniel Py, Orly, le 28 avril 2014.

Salim Bellen : UBDLA : 41-50)

17 avril 2014

Le vautour sur le pylône
attend au bord de la route
le chien errant malchanceux

LA CASA DE LA ALEGRIA
Sur un moignon de mur
vieille inscription

Chaque dimanche au parc
il conduit ses enfants
le vieux vendeur de glaces

¨Pique-nique sur l’herbe
le chien, le mort et la famille
sur la tombe

Ici plus qu’au parc
on passe le dimanche
au cimetière

face-à-face
des deux côtés de l’autoroute
les jardins de l’au-delà

Dans le coffret le fillette
à l’enterrement
dessus, son nounours

La maison soufflée;
seul sur le mur
n’a pas bronché l’ancêtre

Pour passer la rue
le ballon rouge
prend la main de l’enfant *

* cf Salim Bellen : L’Échelle brisée, éd. AFH, 2007, p. 32-2.

Dans le bus poussiéreux
chacun sur l’autre endormi
père, mère et enfant

°

(à suivre : 51-60/222)

haïkus de la Grande Guerre

13 novembre 2013

°

sortie de la bibliothèque
et des haïkus de la Grande Guerre,
quelques pétards fusent au soleil

°

d.(Bibliothèque Carnegie, Reims, avril 2006)

Haïkus etc. Py fév. 2013 – 1/2

20 février 2013

°°°

sur la pelouse
rendue à l’herbe,
plus qu’une carotte

sous le lampadaire
le nid
rempli de neige

°

métro –
ses miasmes à qui mieux mieux…

°

Un édifesses = un édifice où l’on peut s’asseoir.

°

Les autoroutes et leurs bretelles…

°

Entre dans (ma) photo ce qui veut y entrer ;
entre dans mon haïku ce qui veut y entrer…

°

apprendre à être
apprendre à non-être

apprendre à naître
apprendre à non-naître

°

ir/résill/tible

i/grésill/tible !

°

Le bol est rond
(de Ravel)

°

pelant un avocat,
l’impression de parcourir
un terrain de golf

°

Mali – guerre-éclair ( ?) :
de morts * pas un mot

• on dit : « neutralisés », ces jours-ci.

°

les voitures
appuient midi
sur l’asphalte –
: retour d’insomnie

°

coupant son vers en dux

coupant son rêve
en deux,
le réveil

°

parole des vents, Gilles !

°

carnet = un champ de mines ? / un chant de mines…

pâté = chiure de mine ?

°

plus chauve-souris
que parapluie :
à la poubelle !

(écris-je ici
sous la pluie)

°

évide (adjectif) : qui est évident

°

ce matin au réveil
rattrapé un haïku
de la veille

insomnie :
je mange une pomme,
je lis un livre,
(et me recouche)

°

l’envers du décor,
l’en-creux,
le négatif (au sens photographique)
la présence de l’absence,
etc.

l’au-delà de l’encre,
l’au-delà du son / du sens
(ou l’en-deçà),

: les vibrations, les ondes,
(une fois quitté€ la matière…)

Le passage de l’incréé au créé,
la transformation (taoïste / chinoise)

(« Haïku-de-vent », la liste-forum : elle a vécu, elle a mouru…)

°

avec vitesse
avance
et fend la houle
le V couché
devenu flèche

°

re/gard de lion

°

Est-ce L
qui m
e marcha sur les pieds
dans l’escalier bon D ?

(BFM, 5/2)

°

Ève : la première pom(me)-pom girl ?

(Brut de pom
– pom(me)
– girl)

°

résidus d’eau
le ciel
à terre

°

la branche qui casse (-)
le poids des flocons

(d’après : « aux branches nues / le poids de décembre / en gros flocons », verset de Huguette Ducharme, dans le renku « L’apéritif au jardin », avec Véronique Dutreix, 2012/13)

°

Relier deux « images » :
sa religion :
le haïku

°

Un
iiiiiiiiiiiii
traverse ma page
c’est ainsi que nous fîmes connaissance

°

Le « sincérisme » ( !) en haïku (cf échange sur Gong-haiku)
/ le sincérieux
le sincérieur (« je » suis « sinsérieur »)
un sincériste (du haïku) /

eut l’heur du heurt,

cette citation de Nobuyuki Yuasa (Jap.) *:
une lueur ?
une mouche piquante ?
: touché (-coulé) ?

: cela donne envie de le connaître mieux, traité de quasi fasciste par J.A. **

(Qu’y a-t-il de fasciste dans sa phrase :
* « Il est important que l’auteur soit absolument fidèle à son sentiment. S’il se force à être fantaisiste ou sérieux, il perd son sentiment véritable. » (Nobuyuki Yuasa) ?

** Il sort de ses gongs ?

Pas de quoi fouetter un haïkiste, cependant ! (… ? )
/ Comme disait Chirac « ça m’en cogne une sans toucher l’autre » (ou qqch d’approchant) !

• professeur d’anglais à la retraite de l’université d’Hiroshima en 1995, enseigne depuis à l’université féminine Baiko à Shimonoseki. Éminent traducteur de poésie et de littérature haïku.
• Parmi ses nombreuses publications dans les « Penguin Classics » : La sente étroite vers le nord profond et autres sketches de voyage de Bashô, ainsi que deux ouvrages sur Issa et un sur Ryôkan.
• Également spécialiste de littérature anglaise, il a reçu récemment le Prix de l’Association Japonaise des Traducteurs pour son œuvre sur John Donne.

• Est paru de lui, dans la revue « Haijinx » I,1 (printemps 2001) un article intitulé « Le rire dans le Haïku Japonais ».

(Ce seul titre ne peut que me le rendre assez sympathique, d’ailleurs !)

°

mor-py-on
more-py-on

py(-le-poil-à-gratter…)

°

un vrai glaçon manqué !

°

Fils de renne !

°

Les chiens montent la garde
Les chats vivent à l’état sauvage
Les oiseaux chantent à tue-tête
Les faisans ne craignent plus les chasseurs

: Fukushima * 2013. * = « Île du bonheur ».

: d’après Laure Noualhat, in « Siné Mensuel » n° 17, fév. 2013, pp 28-9.

°

au milieu de la gare

°

Il « salue le soleil » *
elle « chasse les nuages » **
grisaille de février

* salutation ayurvédique
** mouvement de taiji-quan

°

gym aquatique – :

soudain une douche
se met à siffler

– le jet bloqué

°

Iles, ces tétins !

(Il s’est éteint) *

* Ils se sont ét(r)eints
Ils se sont éteints

/ ils se sont ét(r)eint(é)s

°

cœur d’arti(ste) chaud…

°

elle a peint ses lèvres
comme ses bottes
comme son parka :
rouge

°

de fille en aigu-il…

°

Il se peut, si vous écrivez des tercets plutôt courts, qu’un jour l’un d’entre eux mesure le nombre de syllabes dévolu au haïku ancien. Il se peut que c’en soit un comme il se peut que ce n’en soit pas un. Qu’importe !

°

la douleur
du pneu qui hurle
dès le vert du feu

°

Ce matin je lis
dans « L’Union » *, l’avis
de décès d’André Breton **

* du 8/2/2013, p. 21
** à Château-Thierry – Coupru (Aisne).

°

un bon haïku
est un haïku maigre

pas un haïku gras de mots

(point trop pétri de « poésie »)
point (trop) enjoli(vur)é de mots
– qui ronflent, qui font gonfler, qui boursouflent…

– c’est ne pas se (laisser) prendre aux mots
(ni ne les laisser vous prendre l’oreille – et l’esprit),

C’est réduire (aux petits oignons ?)
C’est aller plus vers les non-mots
que vers les trop-mots !

Le haïku, c’est dégraisser

c’est la sveltesse, l’épure,
le concentré, l’ « huile » essentielle
c’est l’équilibre (du ni trop ni trop peu)
c’est la justesse
c’est le centre, le cœur,
l’irréductible –

Ah, ça, ciné !

°

Force est de conclure
que « la sincérité dans le haïku »
ne réjouit pas franchement
quelques caciques
de la Fran(ce-)cophonie (AFH)…

… et de supposer que ce thème
( : de « la sincérité dans le haïku »)
ne figurera probablement jamais
au sommaire de la revue « Gong » !

D.Py (, té !)

°

pas niais
deux crabes

(se pincent
sans / cent (coup fé)rir(e)

– cent fous quérir ?

°

attendant que le
bout farde
ses paupières…

°

Aux larmes, citoyens !
Aux charmes (citoyennes !?)

°

Ne pas se laisser
emporter
embarquer
séduire
(piéger)
par des mots…

°

Spoutnik ta mère !

°

Aujourd’hui,
Premier jour de l’an
du Serpent d’eau
– N’être * que ** douceur

* naître
** queue

°

(Taiji-Quan :)

le geste juste
n’est que(n) douceur

le 1er jour du Serpent d’eau,
que de la douceur –

°

À la Saint-Valentin
ses seins valant un
hommage

(appuyé)

Saint Galantin
Saint Galant, un !

°

(ancien :)

Aqua-gym
le muscle qu’elles « travaillent » le plus (et de loin !) :
la langue

°

(cf « l-autofictif.over-blog » d’Éric Chevillard, in « Tombeau d’Alexandre Jardin » ) :)

Les images à la mords-moi-le-mot, à la mords-moi-l’oreille et le cerveau (ou bien est-ce le cervelet ?) :
d’Alexandre Jardin.

°

Foxtone
(pour : Folkestone…)

°

1er de l’An Chinois –
au-dessus du nid vide
les premiers bourgeons

°

le saule
sa
danse du vent

°

un mot est un mot
un bambou est un bambou
o, o, ou, ou, ou !

… « mais si je lis le mot « bambou », je vois « la chose « bambou » » *
(dp sur « gong-haiku », le 10/2/13)

* et c’est pour cela, aussi, que le haïku n’utilise que des mots (très) « concrets » :
pour que la vue en soit meilleure, (plus) claire !…

°

debout les mores !

de boue les morts !

°

un couple :
ils se versent l’un en l’autre
( amoureux – poètes )

°

(mes) haïkus, je ne les appelle plus haïkus :
débordant tant de leur cadre !

Certains, haïkus, d’autres non.

°

la mare aux connards ?

les mores aux canards ?

°

le jour de la Saint-Valentin,
je poste mon tiers provisionnel

°

(à J.A. :)

Lire s’arrête-t-il à
poser les yeux sur les mots,
sur les lettres ?
Ainsi :
3 a, 1 c, 6 e, 2 i, 3 l, 4 n, 2 p, 3 s, 2 t, 2 u
font :

le saule
peint le vent
sans pinceau

!

(Saryû)

°

M’enfin, J., en lisant (, en écrivant ?), il me semble que tu considères plus « le doigt » que « la lune » !…

((car qu’est-ce qui naît du mot ?))

un mot seul, c’est comme une mouche morte sur un carrelage !

Les mots s’envolent ! (Comme certains « haïkus » !?…)

– et le bambou ne se réduit pas à ses feuilles !…

(Comprenne qui voudra)

°
(Quelques unes de mes « hallucinations » ! :)

Hallucination :
j’ai lu « des haïkus volants »
: trop fumé la mot(s)-quête ?

Allucime

En lisant certains « haïkus »,
j’hallucine,
oui !

Hallucinéma

des haïkus grotesques
devant lesquels
je ne peux que pouffer !

« hallucination » :
mot pratique pour un haïkiste :
cinq syllabes !

°

(épygramme :)

De ce littérateur, dira-t-on :
« M-Hélas ! il s’est englué dans les mots ! » ?

°

(Kyôka *:)

juste sous la photo
du pape démissionnaire
une pub pour
La Bande à Mickey
et son Magic Show

( : couv’ « 20 minutes », 12/2/13)

* La voie du kyôka, c’est kyôka-do,
comme celle du tanka, la tanka-do !

°

« Un os à la noce. »

je n’ai pas l’airain assez solide…

Lise, ronde

°

nénuphar

°

(Sussuré à l’ouïe / de Louis ? :)

« Ah, çà, cessez ces scènes obscènes,
absurdes, sordides
et si peu amènes,
Amen ! »
– et même :
« Arrêtez de tirer dans l’Ehpad ! »

°

solide comme un croc
-en-jambe nique-ta-mort

°

L’anar déchaîné…

l’anar-schiste (gaze…)

°°°

(à suivre : fév. 2013 – 2/2)

Haiku, etc. de Py – janv. 2013 – 2/2haïku etc, Py, janvier 2013 2/2

9 février 2013

Haïku, etc. Py, janvier 2013 – 2/2

°°°

Pneu crevé :
jante, l’amollie !

(à Mantes-la-jolie ?)

dans quelle mesure
un linceul est-il
un lin/seul ?

enlinceulé
enlinseulâbre
dans son lin seul…

°

Ici pissa
maintes fois
cet imitateur d’Issa

/

Ici pissa
souventes fois
un imitateur d’Issa

°

sur le carnet
se posent
la neige
et le haïku de neige

°

le ruisselet des plantes
sur le trottoir gelé…

(Reims, mi-janvier)

°

train du soir
par la portière ouverte
montent quelques flocons

°

négocier / mégo(s)cier

°

indistincts
le ciel
la terre
blancs

(TGV Paris-Reims)

°
(Ancien :)

déménagement –
une coccinelle
sur le pare-brise

°

les merdes de chiens
aussi
couronnées
de neige

°

du coin de l’absolu
où il se trouvait,
il rêva
sans limites

( : Asobu)

°

levé la nuit
pour démouler le pain :
la neige

levant la tête
vers le ciel
discerner
les flocons

claire la cour
de nuit
les murs blanchis
de neige

flocons tombés,
tout repose –
un peu de vent
sur les tiges

levé
pour voir
la neige
posée

ciel blanc
terre blanche :
l’aube
d’un dimanche

°

dans l’arbre dénudé
le nid se remplit
de neige

(20/1/13)

arbre dénudé
la neige
repeint le nid

neige :
la femme
pousse son homme
qui pousse
leur bébé

°

boisson au curcuma –
quelques touches du clavier
jaunissent

°

sous le lampadaire
le nid
rempli de neige

°

Il se suicida.
Par manque d’humour.

Pensant qu’il manquait d’humour, il se suicida.

Il se cui/sida

°

la rebondistance = la distance parcourue lors d’un saut.

°

calligraphie de branches
sur la neige
d’une voiture

°

des pas
de passants
empreintés
sur la chaussée
enneigée

°

matin blanc
bruit de pelle

°

dans l’arbre nu
le nid
a recueilli
la neige

/

en haut de l’arbre
le nid
accueille * la neige

* recueille

°

la neige tombe
au fond du verre
un cachet
effervesce

°

rhapsodie pour piano sale

°

une carte de veaux…

°

aujourd’hui,
du portefeuille
du beau-père
décédé :
20 euros
tout ronds

°

moi
et le ciel du soir
(nous) avons des choses
à ne pas nous dire

(d’après une photo du 53 rue Pouchet, 75017, 2007-2010.)

le ciel (du soir)
et moi
avons des choses
à (ne pas) nous dire

°

p
anneau

p
anier

(de basket * , * = panier (angl.))

°

les mots dévalisent…
un mot, des valises…
une valise de mots…
( : mot-valise )

°

c’est quoi ?
séquoia ?

°

avant-hier
le Mont Blanc
(sous le vent)
avait des cheveux de neige !

°

encensoir :
barque
sur le bois (noir) de la table –
le mât fume

°

(Musique : Silence…)

une anche passe…

°

le fil rouge
pour monter les anches
à la fenêtre
la neige

°

bien des neiges ont tombé
depuis la mort de ton papa :
45 jours

°

le confortable
cocon * (…)

* le cocon douillet ( : or.) /…

(Chevilly-Larue, 21/1)

/

tombant flocons,
glissant pluie

: down the windscreen *

(* le long du pare-brise)

le son des flocons
tout autour (…)
:

°

dans la gêne
sous la neige
– flocons sur le carnet

°

(Radio-Classique, Schubert, 21/1, 16h25 :)

« la clarinette crémeuse (de… )» *

* pas baveuse, non ! :

°

sous la neige
une peau d’orange –
( )

la neige tombe
et tombe le soir
– lévitation

°

lévitation… à la valse ?…

razla rizla fumla moquette ( !)

°

la neige
sur le carnet *

bloque la bille
du bic
ah !

(* dilue l’encre bleue, )

°

épisode nueigeux …

°

La Coupe de fric des Nations ( ? ) *
(* la Coupe d’Afrique des Nations)

le couple de flics de la Nation ( ? )

un couple de flics à la Nation ( ? )

°

Larme honnie

/

soulever les pierres
– du langage
– du champ sémantique (…)

/

Allez, colle !
(à l’école !)

°

hier
sur un siège du RER
dans un coffret « Bonne Année » :
un tas de merde fraîche

°

des classes dorénavantales,

… de dorénaventures…

°

été
paille –
cou

hiver :
caille –
cou

automne ? :
mailles –
cou

senryû :
raille –
cou

ou

taille –
cou ?

ou
cisaille –
cou ?

vieillesse :
vaille que vaille –
cou

°

portière(s) ouverte(s) *
le froid monte **
dans le train

(* arrêt en gare)
(** pénètre / entre)

/

arrêt en gare –
le froid
monte dans le train

°

j’ai teint
la chambre en noir…

°

dépôt de banal…

°

chantier des aires…

°

Cachez ce « Je »
que je ne saurais lyre
(dans le haïku) !

°

(senryû de guerre :)

uranium
Mali
France
nucléaire

/

uranium
Mali
France

°

quelques flocons de neige
sur la page du carnet
l’encre accroche

°

le cumul de l’an ploie,
(neige du dernier jour) *

/ neige du trente-et-un)

/

le cumul de l’an ploie,
l’arbre neige

°

crise de foin
( : allergie)

°

l’expression du soi(r)

°

le(s) c(h)oeur(s) de l’Armée rose…

°

Aux sources thermales
de Yama nouchi machi
se baignent les singes

(: d’après Seegan Mabesoone, à propos du lieu de résidence de son ami Tami Kobayashi, aubergiste, dans les montagnes au Nord de Nagano.)

°

trente ans de cônes / cornes / conne(s) : – s’y faire ?

°

le mot « vif » se doit d’être court
de même que « bref »
et que « court » !

Ainsi « flash », si prononcé « flâ(â)che » *, est un « contresens », une « impossibilité », un « oxymoron »

(* dans un bus, à Reims : « le ticket flash ! »)

« Rapide » n’est pas si vif

les mots (, dans la mesure où ils) collent à leur sens…

°

Au(x) confin(s) des mots…

°

Une « forme » ne s’use-t-elle pas ? (cf le 5/7/5 « quin-centenaire » du haïku )

°

Si tu cherches le « moi » : où est-il ?
Cache-le : il se révèle… *

(* tu le fais sortir du bois / du moi ?…)

°

(re)descendre à la racine des mots…

°

un RER
nommé VIDE
file devant moi
– soir de fin janvier

°

l’épouse – au – crime

(é)poussette…

°

où / que sont les racines de cette joie ?

« Les racines de la joie »

et que tutti va(ille) bene ?

/

engendrer la joie

°

la boulangère tapisse de riz
(son gars tôt)

°

le(s) costume(s) de concert(s) *
déjà remisé(s)
dans une penderie annexe –
64 ans

(* la queue-de-pie)

°

la goutte
à l’instant où elle va
se détacher de la branche

la sonorité
du musicien au moment où
il va se taire…

°

sur ce panneau routier :
MONTROU E

(Nationale 7)

°

tant qu’il y a
cette neige en tas :
mots blancs

°

(L’) Olympe l’accable

°

Maurice Barrésille

°

L’âge ité du beau cale…

°

le quai noir de monde
(le quai blanc de neige)
un engin distribue des coups

(Orly, gare RER, matin)

/

(comme les mots viennent
à la conscience ( : )
au papier)

°

une touche *
et puis s’en va

une touche
et qui suffit…

(… à montrer l’ensemble)
elliptiquement,
par allusion

(* « L’unique trait de pinceau »

: tendre vers (l’unique coup de pinceau) : dans le haïku too !

Après remplir le haïku, vider le haïku !

°

du sang dans le sel …

°

les mots :
les morts
ne sont pas loin

(// parallèlement couchés
/ couchés eux aussi )

°

ça sentirait-il le printemps
ce soir de fin janvier ?
– cinémathèque

°

France-Mali :
Touche pas à mon uranium !

°

(ancien :)

ce matin
une toile d’araignée
en neige

(17/12/09)

°°°

(Séquence au bonhomme de neige :)

le bonhomme de neige
heureux
de sa première nuit blanche

le bonhomme de neige
a passé sa première nuit
à sourire

un fantôme de neige
au nez orange

dans la bouche
du bonhomme de neige
des dents de glace

il a poussé
lors de sa première nuit
des dents de glace

1er matin
le bonhomme de neige
a poussé
ses premières dents
de glace

le bonhomme de neige
aveuglé de 2 feuilles sombres

le fantôme de neige
sa carotte arrachée
a le nez creux

ça fond tout autour :
le bonhomme de neige
se sent seul

dernière pyramide debout :
le bonhomme de neige

allergique à la carotte
le bonhomme de neige
a le nez creux

déneigement
dans la cour seule subsiste
la tête du bonhomme

de plus en plus seul
dans la cour
le bonhomme de neige

le bonhomme de neige
redevient
tas de neige
son sourire du Cheshire *
s’estompe

(* : allusion à Lewis Carroll in Alice in Wonderland)

bleu fondu
le sourire du bonhomme de neige
remplit son visage

le bleu(té) de son sourire
envahit son visage
– fonte des neiges *

(* / – bonhomme de neige se réchauffe)

son sourire s’élargit
à tout son visage :
fonte de la neige

sourire dilué :
le bonhomme de neige
à fond

son sourire s’étend
(bleu)
à tout son visage :
fonte de la neige

son sourire
bleuit son visage :
fonte du bonhomme

dernier monceau de neige :
le bonhomme
au visage bleu

dernier vestige
de la neige
le bonhomme
an tas vague…

de neige
plus qu’un tas
bonhomme

lam-
beaux
et laids
résidus
de neige
le bonhomme
fait de la résistance

immarcescible
pyramide
le dernier carré
du bonhomme de neige

du bonhomme
ne reste plus
qu’un chapeau de neige
sous la pluie

tant qu’il y a
cette neige en tas :
mots blancs

au pied
du dernier tas de neige
une (…)

(: 21-28/1/13)

°°°