Haïku, etc. Py, janvier 2013 – 2/2
°°°
Pneu crevé :
jante, l’amollie !
(à Mantes-la-jolie ?)
–
dans quelle mesure
un linceul est-il
un lin/seul ?
–
enlinceulé
enlinseulâbre
dans son lin seul…
°
Ici pissa
maintes fois
cet imitateur d’Issa
/
Ici pissa
souventes fois
un imitateur d’Issa
°
sur le carnet
se posent
la neige
et le haïku de neige
°
le ruisselet des plantes
sur le trottoir gelé…
(Reims, mi-janvier)
°
train du soir
par la portière ouverte
montent quelques flocons
°
négocier / mégo(s)cier
°
indistincts
le ciel
la terre
blancs
(TGV Paris-Reims)
°
(Ancien :)
déménagement –
une coccinelle
sur le pare-brise
°
les merdes de chiens
aussi
couronnées
de neige
°
du coin de l’absolu
où il se trouvait,
il rêva
sans limites
( : Asobu)
°
levé la nuit
pour démouler le pain :
la neige
–
levant la tête
vers le ciel
discerner
les flocons
–
claire la cour
de nuit
les murs blanchis
de neige
–
flocons tombés,
tout repose –
un peu de vent
sur les tiges
–
levé
pour voir
la neige
posée
–
ciel blanc
terre blanche :
l’aube
d’un dimanche
°
dans l’arbre dénudé
le nid se remplit
de neige
(20/1/13)
–
arbre dénudé
la neige
repeint le nid
–
neige :
la femme
pousse son homme
qui pousse
leur bébé
°
boisson au curcuma –
quelques touches du clavier
jaunissent
°
sous le lampadaire
le nid
rempli de neige
°
Il se suicida.
Par manque d’humour.
–
Pensant qu’il manquait d’humour, il se suicida.
–
Il se cui/sida
°
la rebondistance = la distance parcourue lors d’un saut.
°
calligraphie de branches
sur la neige
d’une voiture
°
des pas
de passants
empreintés
sur la chaussée
enneigée
°
matin blanc
bruit de pelle
°
dans l’arbre nu
le nid
a recueilli
la neige
/
en haut de l’arbre
le nid
accueille * la neige
* recueille
°
la neige tombe
au fond du verre
un cachet
effervesce
°
rhapsodie pour piano sale
°
une carte de veaux…
°
aujourd’hui,
du portefeuille
du beau-père
décédé :
20 euros
tout ronds
°
moi
et le ciel du soir
(nous) avons des choses
à ne pas nous dire
(d’après une photo du 53 rue Pouchet, 75017, 2007-2010.)
le ciel (du soir)
et moi
avons des choses
à (ne pas) nous dire
°
p
anneau
p
anier
(de basket * , * = panier (angl.))
°
les mots dévalisent…
un mot, des valises…
une valise de mots…
( : mot-valise )
°
c’est quoi ?
séquoia ?
°
avant-hier
le Mont Blanc
(sous le vent)
avait des cheveux de neige !
°
encensoir :
barque
sur le bois (noir) de la table –
le mât fume
°
(Musique : Silence…)
une anche passe…
°
le fil rouge
pour monter les anches
à la fenêtre
la neige
°
bien des neiges ont tombé
depuis la mort de ton papa :
45 jours
°
le confortable
cocon * (…)
–
* le cocon douillet ( : or.) /…
(Chevilly-Larue, 21/1)
/
tombant flocons,
glissant pluie
: down the windscreen *
(* le long du pare-brise)
–
le son des flocons
tout autour (…)
:
°
dans la gêne
sous la neige
– flocons sur le carnet
°
(Radio-Classique, Schubert, 21/1, 16h25 :)
« la clarinette crémeuse (de… )» *
* pas baveuse, non ! :
°
sous la neige
une peau d’orange –
( )
–
la neige tombe
et tombe le soir
– lévitation
°
lévitation… à la valse ?…
–
razla rizla fumla moquette ( !)
°
la neige
sur le carnet *
bloque la bille
du bic
ah !
(* dilue l’encre bleue, )
°
épisode nueigeux …
°
La Coupe de fric des Nations ( ? ) *
(* la Coupe d’Afrique des Nations)
le couple de flics de la Nation ( ? )
un couple de flics à la Nation ( ? )
°
Larme honnie
/
soulever les pierres
– du langage
– du champ sémantique (…)
/
Allez, colle !
(à l’école !)
°
hier
sur un siège du RER
dans un coffret « Bonne Année » :
un tas de merde fraîche
°
des classes dorénavantales,
… de dorénaventures…
°
été
paille –
cou
hiver :
caille –
cou
automne ? :
mailles –
cou
senryû :
raille –
cou
ou
taille –
cou ?
ou
cisaille –
cou ?
vieillesse :
vaille que vaille –
cou
°
portière(s) ouverte(s) *
le froid monte **
dans le train
(* arrêt en gare)
(** pénètre / entre)
/
arrêt en gare –
le froid
monte dans le train
°
j’ai teint
la chambre en noir…
°
dépôt de banal…
°
chantier des aires…
°
Cachez ce « Je »
que je ne saurais lyre
(dans le haïku) !
°
(senryû de guerre :)
uranium
Mali
France
nucléaire
/
uranium
Mali
France
°
quelques flocons de neige
sur la page du carnet
l’encre accroche
°
le cumul de l’an ploie,
(neige du dernier jour) *
/ neige du trente-et-un)
/
le cumul de l’an ploie,
l’arbre neige
°
crise de foin
( : allergie)
°
l’expression du soi(r)
°
le(s) c(h)oeur(s) de l’Armée rose…
°
Aux sources thermales
de Yama nouchi machi
se baignent les singes
(: d’après Seegan Mabesoone, à propos du lieu de résidence de son ami Tami Kobayashi, aubergiste, dans les montagnes au Nord de Nagano.)
°
trente ans de cônes / cornes / conne(s) : – s’y faire ?
°
le mot « vif » se doit d’être court
de même que « bref »
et que « court » !
Ainsi « flash », si prononcé « flâ(â)che » *, est un « contresens », une « impossibilité », un « oxymoron »
(* dans un bus, à Reims : « le ticket flash ! »)
« Rapide » n’est pas si vif
les mots (, dans la mesure où ils) collent à leur sens…
°
Au(x) confin(s) des mots…
°
Une « forme » ne s’use-t-elle pas ? (cf le 5/7/5 « quin-centenaire » du haïku )
°
Si tu cherches le « moi » : où est-il ?
Cache-le : il se révèle… *
(* tu le fais sortir du bois / du moi ?…)
°
(re)descendre à la racine des mots…
°
un RER
nommé VIDE
file devant moi
– soir de fin janvier
°
l’épouse – au – crime
(é)poussette…
°
où / que sont les racines de cette joie ?
« Les racines de la joie »
et que tutti va(ille) bene ?
/
engendrer la joie
°
la boulangère tapisse de riz
(son gars tôt)
°
le(s) costume(s) de concert(s) *
déjà remisé(s)
dans une penderie annexe –
64 ans
(* la queue-de-pie)
°
la goutte
à l’instant où elle va
se détacher de la branche
la sonorité
du musicien au moment où
il va se taire…
°
sur ce panneau routier :
MONTROU E
(Nationale 7)
°
tant qu’il y a
cette neige en tas :
mots blancs
°
(L’) Olympe l’accable
°
Maurice Barrésille
°
L’âge ité du beau cale…
°
le quai noir de monde
(le quai blanc de neige)
un engin distribue des coups
(Orly, gare RER, matin)
/
(comme les mots viennent
à la conscience ( : )
au papier)
°
une touche *
et puis s’en va
une touche
et qui suffit…
(… à montrer l’ensemble)
elliptiquement,
par allusion
(* « L’unique trait de pinceau »
: tendre vers (l’unique coup de pinceau) : dans le haïku too !
Après remplir le haïku, vider le haïku !
°
du sang dans le sel …
°
les mots :
les morts
ne sont pas loin
(// parallèlement couchés
/ couchés eux aussi )
°
ça sentirait-il le printemps
ce soir de fin janvier ?
– cinémathèque
°
France-Mali :
Touche pas à mon uranium !
°
(ancien :)
ce matin
une toile d’araignée
en neige
(17/12/09)
°°°
(Séquence au bonhomme de neige :)
le bonhomme de neige
heureux
de sa première nuit blanche
le bonhomme de neige
a passé sa première nuit
à sourire
un fantôme de neige
au nez orange
dans la bouche
du bonhomme de neige
des dents de glace
il a poussé
lors de sa première nuit
des dents de glace
1er matin
le bonhomme de neige
a poussé
ses premières dents
de glace
le bonhomme de neige
aveuglé de 2 feuilles sombres
le fantôme de neige
sa carotte arrachée
a le nez creux
ça fond tout autour :
le bonhomme de neige
se sent seul
dernière pyramide debout :
le bonhomme de neige
allergique à la carotte
le bonhomme de neige
a le nez creux
déneigement
dans la cour seule subsiste
la tête du bonhomme
de plus en plus seul
dans la cour
le bonhomme de neige
le bonhomme de neige
redevient
tas de neige
son sourire du Cheshire *
s’estompe
(* : allusion à Lewis Carroll in Alice in Wonderland)
bleu fondu
le sourire du bonhomme de neige
remplit son visage
le bleu(té) de son sourire
envahit son visage
– fonte des neiges *
(* / – bonhomme de neige se réchauffe)
son sourire s’élargit
à tout son visage :
fonte de la neige
sourire dilué :
le bonhomme de neige
à fond
son sourire s’étend
(bleu)
à tout son visage :
fonte de la neige
son sourire
bleuit son visage :
fonte du bonhomme
dernier monceau de neige :
le bonhomme
au visage bleu
dernier vestige
de la neige
le bonhomme
an tas vague…
de neige
plus qu’un tas
bonhomme
lam-
beaux
et laids
résidus
de neige
le bonhomme
fait de la résistance
immarcescible
pyramide
le dernier carré
du bonhomme de neige
du bonhomme
ne reste plus
qu’un chapeau de neige
sous la pluie
tant qu’il y a
cette neige en tas :
mots blancs
au pied
du dernier tas de neige
une (…)
(: 21-28/1/13)
°°°
Commentaires sur le haïbun, et sur le Chichi no shuen nikki, d’Issa, par S.(L.) Mabesoone
1 février 2013Extraits d’un échange entre Monique Serres et Seegan (Laurent) Mabesoone, avec leur permission. Qu’ils en soient remerciés ici :
De Seegan (Laurent) Mabesoone, à Monique Serres, daté du 23 janvier 2013 :
« En ce qui concerne la définition du genre haïbun, je crois qu’il est possible de se référer à d’autres japonologues que moi, MM Sieffert, Origas ou Mlle Pigeot, entre autres.
Je vais essayer de résumer : depuis Bashô (ou plus exactement depuis Yayu (1701-1783) avec son « Uzura koromo »), le haïbun s’est différencié du kyobun (« prose folle » = prose relevant de haïjin, par opposition aux textes élégants gabun des kajin – poètes de waka).
En effet, le haïbun est considéré dès lors comme « un texte de style typique du haikai ». (Pour le « Haibun gaku daijiten » de Kadokawa : haikai teki bunsho).
Ainsi, le problème n’est pas de savoir si le texte comprend ou non des haiku (hokku). Par exemple, le « genjuan no ki » de Bashô n’en comprend qu’un ou deux (selon les manuscrits).
Ce « style typique du haikai », en prose, tout comme dans le hokku ou le renku, consiste dons dans la concision (kanketsusa) et les sauts de registre (kire), d’où naît le haimi (« humour du haikai » ou « esprit du haikai »).
À ce titre, le Okuno hosomichi (traduit par Sieffert « Sente du bout du Monde ») peut être considéré comme un haïbun, bien sûr, mais il est généralement classé dans les kikobun (« proses de l’itinéraire », dites aussi Michiyukibun, cf J. Pigeot, etc.). Car ce texte possède aussi tous les traits stylistiques des récits de voyages médiévaux.
Bref, le « Chichi no shuen nikki » d’Issa est considéré à juste titre comme le plus grand haibun du XIXè siècle (Bunka/bunsei).
Même s’il ne comprenait pas un seul hokku, il le serait tout de même, car on y observe un style concis et hybride, avec de nombreux « sauts de registres» entre la réalité la plus prosaïque et les considérations religieuses, philosophiques, voire littéraires (ceci est facilement perceptible dans le texte original, car il existe dans le japonais classique une quasi-incompatibilité entre le style grave su sino-japonais et la souplesse du « japonais de souche » ; le haibun se joue de cette frontière).
Comment dire… imaginez qu’il existe en français un style mélangeant avec « l’esprit du sous-entendu » le latin antique et le français moderne ! C’est cela le haïbun, avec ou sans haiku dans le texte.
Seegan (Laurent) Mabesoone.
Idem, du 30 janvier 2013 :
(…)
Pour ce qui est de mon analyse du texte en japonais, il y a ma thèse… en japonais, sur le site de l’université Waseda, ci-dessous :
http://dspace.wul.waseda.ac.jp/dspace/handle/2065/493?mode=full
De Monique Serres à Seegan Mabesoone, le 24 janvier 2013 :
Afin de mieux visualiser le « style typique haikai », ses sauts de registres avec le jeu sur les frontières entre éléments prosaïques et réflexions plus philosophiques s’appuyant sur des niveaux de langue différents, vous serait-il possible (…) de l’expliciter sur un passage de votre traduction, par exemple : le passage du 4 mai du journal d’Issa – cette grande journée lumineuse de rémission dans la maladie du père – (…)
De Seegan Mabesoone à M.S., le 30/1/13 :
Entre les passages d’Issa :
1)
« Le 4. Grand changement » jusqu’à « jusqu’au village de Furuma », Seegan commente :
« Tout ce passage est très prosaïque, réaliste, dans une langue « vulgaire » : japonais de base « kun yomi ».
Entre
2)
« Les nuages de pluie avaient disparu » et « entendre ses premières vocalises. » :
« passage très littéraire, mais toujours en japonais de base « kun yomi », et non en sino-japonais : références à la littérature féminine classique de Heian – wabun
Entre :
3)
« En fait, ledit oiseau… » et « d’entendre chanter le coucou pour la première fois. » :
« À nouveau, prose vulgaire. »
Entre
4)
« Voici le coucou ! » et « Jour de rémission » :
Deux hokku particulièrement « raffinés » (miyabi/ga), sans mélange « raffiné-vulgaire », ce qui est inhabituel dans les hokku d’Issa. Ce style fait donc écho au passage en « prose élégante » du 2)
Entre
5)
« Aujourd’hui c’est le jour du repiquage » jusqu’à « où nous le garderions encore quelque temps avec nous ! » :
« passage en langue vulgaire, incroyablement réaliste pour son époque, sans aucune référence, pour rappeler une certaine vulgarité de l’entourage d’Issa »
Entre
6)
« Le lien entre un enfant » et « je suis resté à lui masser le cou et les pieds. » :
« passage très littéraire, mais cette fois, dans un style antique sino-japonais (l’équivalent de notre latin). Nombreuses citations en – lecture chinoise des caractères, ou expressions abstraites tirées des classiques chinois (kan-bun), afin de conclure dans un style « carré », adapté au sujet philosophique. »
« Voici un peu comment les « sauts de registres » constituent le « sel » du style hybride qu’est le haïbun.
Le changement de style permet de créer un choc émotionnel et de seulement sous-entendre la subjectivité (comme à l’intérieur d’un haïku, avec la juxtaposition inattendue de deux sujets). »
Seegan (Laurent) Mabesoone.
Étiquettes :Bashô, chichi no shuen nikki, commentaires de Seegan Mabesoone sur le haïbun, Issa, J. Pigeot, Monique Serres, Origas, Sieffert, Yayu
Publié dans amis, citation, définition, fragment, haïbun, haïku, Japon, kyôbun, Traductions, waka | Leave a Comment »