Haïkus de l’Année des Grand tremblement de terre et raz-de-marée, anthologie par Madoka Mayuzumi, Ed. Red Moon Press, 2014 :
ABE Ryûsei (11 ans, ville de Yamada, Iwate) – 48 :
Je suis si content de voir les fleurs de cerisier à pleine maturité *
ce haïku donna à Madoka Mayuzumi le titre de son anthologie : « So Happy to see Cherry Blossoms », (Haïkus de l’Année du Grand Séisme et du Grand Tsunami), Red Moon Press, 2014.
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AKAGAWA Seijô (86 ans, Sendai, Miyagi) – 75 :
condoléances pour le séisme même du saké doux dans le colis
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AMI Takao (66 ans :Sendai, Miyagi) – 62 :
La mer s’étant calmée je verse du jeune thé *
« Shincha » (« nouveau thé ») renvoie au thé cueilli à la fin du printemps et mis sur le marché au début de l’été.
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ARA Fumiko (91 ans : Village d’Iitate, Fukushima) – 30 :
froid printanier douloureux d’évacuer à 90 ans
– 95 :
Même pendant l’évacuation les répliques continuent jusqu’au Festival d’O-Bon
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ARA Kazuko (63 ans, de Minamisôma, Fukushima) – 50 :
Au quartier des affaires frappé par le désastre viennent les hirondelles
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EBIHARA Yuka (44 ans : Minamisôma, Fukushima) – 34 :
désastre du séisme débris empilés sur la Colline des Fleurs
– 97 :
La lumière de la pleine lune enveloppe lentement un village dépeuplé
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FUNAHASHI Matsuko (59 ans : Minamisôma, Fukushima) – 61 :
le train abandonné sur sa voie la pluie de mai
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GORAI Shôko (78 ans, Minamisôma, Fukushima) – 67 :
Evacuée la maison vide murmure de jeunes hirondelles
– 90 :
A Tanabata * « Je veux maman » dit un enfant de victimes
* Tanabata, un des cinq festivals sacrés du Japon.
G.S : « Un garçon de quatre ans qui perdit ses parents dans le raz-de-marée dit « Je veux maman », quand on lui demanda quels étaient ses souhaits pour les parures de Tanabata. »
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HATTORI Nami (64 ans, Shiogama, Miyagi) – 17 :
Panne dans la cuisine seule une lune trouble
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HAYANO Kazuko (81 ans, ville d’Iwaizumi, Iwate) – 101 :
ville natale près de la plage après tout de nouvelles pommes de pin
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HIRAMA Chikuhô (89 ans, ville de Shibata, Miyagi) – 82 :
sous le soleil brûlant un bateau flotte sur un monceau de débris
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HOSHIZORA Maiko (18 ans, Kesennuma, Miyagi) – 111 :
l’année qui s’achève cette année je n’ai que trop pleuré
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KAWABATA Michiko (80 ans, Ishinomaki, Miyagi) – 92 :
au pays des séismes des voix allègres pleines de soleil automnal
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KIKUTA Tôshun (84 ans, Kesennuma, Miyagi) – 110 :
en récupération dans un camp provisoire le saké est chaud
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KOIDE Toshie (75 ans, Minamisôma, Fukushima) – 108 :
enroulant un enfant dans une seule couverture la nuit du raz-de-marée
– 58 :
Les hirondelles n’ont pas oublié la maison endommagée
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KOIKE Michiko (41 ans, de Miyako, Iwate) – 43 :
amassant la boue à la pelle rejetant la boue à la pelle lueur du soir de printemps
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KONNO Eiko (69 ans, Fukushima, Fukushima) – 70 :
emporté un bateau de pêche reste là dans le champ estival
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KÔRI Ryôko (77 ans, Minamisôma, Fukushima) – 71 :
à Fukushima les humains ne peuvent plus vivre les herbes prospèrent
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MIYAKI Mieko (63 ans, Minamisôma, Fukushima) – 68 :
Evacués mère et fils sortent voir les lucioles
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MORI Mikiko (40 ans, Kesennuma, Miyagi) – 98 :
Sur le pays dévasté la lumière de la lune brille franchement
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OKADA Akiko (78 ans, de Tagajô, Miyagi) – 44 :
comme en rampant une autre réplique arrive dans l’obscurité printanière
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ÔMIKA Chieko (85 ans, Minamisôma, Fukushima) – 100 :
Avec le désastre difficile à cerner le froid qui s’insinue
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SAITÔ Kazuko (82 ans, de Sendai, Miyagi) – 52 :
en moi les répliques sont venues habiter profond printemps
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SAITÔ Keisui (77 ans, ville de Yamamoto, Miyagi) – 40 :
Il ne reste que des débris dans ma ville natale la montagne sourit *
* Le mot de saison, « yama warau », « la montagne rit », « la montagne sourit » désigne le printemps. Il provient de la première ligne d’un poème chinois écrit par le peintre « de montagne et d’eau » Guoxi (1023-1085) :
la montagne de printemps est simple-sensuelle, comme si elle souriait **
(…)
** Le caractère chinois pour « rire », « sourire », signifie également « fleurir ».
N.B. : Nombre de kigos japonais proviennent du chinois (voir aussi un article récent sur https://haicourtoujours.wordpress.com/, à ce sujet).
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SAKAKIBARA Kôji (35 ans, Morioka, Iwate) – 115 :
dans un port alignés pour une prière silencieuse le Premier jour de Travail
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SATÔ Isao (69 ans : village de Noda, Iwate) – 63 :
resté maintenant seul, cette brise odorante
– 107 :
se regroupant autour de lampes provisoires l’hiver commence
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SATÔ Kuniko (79 ans, Minamisôma, Fukushima) – 16 :
les vagues du printemps en partant avalent mon village
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SATÔ Nobuaki (77 ans, Iwanuma, Miyagi) – 74 :
Tenant un pot de roses elle déménage dans une maison de fortune
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SHIGA Atsuko (78 ans, Minamisôma, Fukushima) – 27 :
Où je suis venue fuir les radiations les pissenlits jaunes
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SHIGA Hideki (81 ans, village de Kawauchi, Fukushima) – 65 :
un seul pin dans le raz-de-marée du siècle debout, vert
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TAKAE Sueko (77 ans, Minamisôma, Fukushima) – 89 :
les rails d’acier de la ligne désaffectée rouillant : vulpins *
queues de renard.
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TAKAHASHI Aiko (83 ans, Minamisôma, Fukushima) – 94 :
Père Mère au travers de violents séismes je lave leur tombe
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TAKANO Mutsuo (64 ans, ville de Tagajô, Miyagi) – 45 :
sur la quille du bateau retourné les fleurs de cerisier n’arrêtent pas
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YOKOTA Kiichi (83 ans, village de Kawauchi, Fukushima) – 93 :
Pour Tanabata je souhaite seulement que l’évacuation soit suspendue
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YOSHIDA Keiko (70 ans, ville de Shibata, Miyagi) – 51 :
Les cerisiers fleurirent et se dispersèrent avec les enfants qui ne reviendront pas
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YOSHINO Hiroko (38 ans, ville de Namie, Fukushima) – 15 :
froid printanier et la maison et la voiture emportées
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