Archive for the ‘kyôka’ Category

Anthologie de la Poésie Japonaise – M. Revon – 9)

24 septembre 2020
 » La poésie comique : Kyôka et Kyôkou » :

La kyôka, ou « poésie folle » est une tannka comique ; la kyôkou, ou « vers fous » , est pareillement une hokkou humoristique. Ce sont, dans le monde classique de l’outa ou de la haïkaï sérieuse, des plaisanteries d’autant plus piquantes que le fond contraste mieux avec la gravité traditionnelle de la forme, et même, très souvent, avec des morceaux connus dont elles constituent la parodie. La kyôka, inaugurée dès le XIIe siècle et développé ensuite au XVIe, s’épanouit pleinement, après la sombre période des guerres, pendant l’époque de joie tranquille qu’ouvrit la paix d’Iéyaçou ; la kyôkou, issue de la hokkou, apparut naturellement à cette même période d’Edo ; et toutes deux furent surtout en vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Kyôka :

Ce genre fut illustré, d’abord, par un certain Sorori, puis par le fameux humoriste Shokouçannjinn (1749-1823) = Sougimoto Shinnaémon, de son vrai nom Ohta Tann (connu aussi sous le nom d’Ohta Nammpo, avec un autre pseudonyme), par ses contemporains Ishikawa Gabo , 1753-1830, pseudonyme Yadiya Méshimori, et Katsoubé Magao (1753-1829) et par bien d’autres poètes.

Kyôkou :

Ces « vers fous » encore plus concis que les « poésies folles », sont presque toujours construits avec des jeux de mots – qui demanderaient de trop longues explications…
°
(À suivre : 10) – « La prose folle : Kyôboun » .

Anthologie de la Littérature Japonaise – 5) – Les « Dix Sages » de l’école de Bashô

22 septembre 2020

°
pp. 389-93 :

Bashô eut de nombreux imitateurs, entre lesquels se distinguèrent surtout dix de ses élèves, les « Dix Sages » (Jittetsou) de l’école. Ce sont : Enomoto Kikakou (1661-1707) et Hattori Ranncetsu (1654-1707) qu’il faut ranger en première ligne parce qu’eux-mêmes furent à leur tour fondateurs de deux écoles nouvelles : d’une part l’école d’Edo (Edo-za) , d’autre part l’école de la Neige (Setsou-mon) ainsi appelée parce que Ranncetsou s’était donné encore le pseudonyme de Setchouan, « la hutte dans la neige » ; puis Moukaï Kyoraï (1643-1704), Morikawa Kyorokou (1652-1715), Kakami Shikô (1665-1731) ; enfin, comme poètes moins célèbres Naïto Jôçô (1663-1704), Shida Yaha (1663-1740), Kawaï Sôra (?-1709), Tatchibana Hokoushi (?-1718) et Otchi Etsoujinn (?-1702?)
°
Ranncetsou :

Ah, une feuille (morte)
Qui vient se reposer en caressant
La pierre tombale !
°
Kyoraï :

Le long sabre
D’un homme qui regarde les fleurs
Oh ! Qu’est-ce que cela ? *

* Contraste entre la vulgarité brutale du guerrier et les délicates beautés de la nature.

L’insensible
Résidence du daïkwan. Oh !
Et le coucou ! *

* Le chant poétique de l’oiseau, à côté du bâtiment officiel !
°
Kyorokou :

L’Île d’Awaji :
La (pêche à) marée basse étant finie,
La lune du troisième jour ! *

* Simple paysage.

Bien froid, l’intervalle avant que sèchent
Les points pour le moka :
Brise du printemps ! *

* Pour le traitement par le moka, les malades se rendaient d’ordinaire à un temple bouddhique ; là, nus jusqu’à la ceinture (…)
°
Shikô :

Oh ! Les blancs nuages !
Traversant la haie,
(Ce sont) des fleurs de lis ! *

* Les lis du voisin, passant à travers la haie mitoyenne, étaient d’abord apparus au poète comme une blancheur nuageuse.
°
Jôçô :

Une cigale de l’automne
Morte à côté
De sa coque vide
°
Yaha :

Oh ! le rossignol !
À la porte, juste à ce moment,
Le vendeur de tôfou ! *

* Ces marchands ont un cri qui n’a rien d’esthétique (…)
°
Sôra :

Le voyage…
Même si je tombe,
C’est sur des fleurs de Haghi ! *

* Lespedeza bicolor (proche du sainfoin).
°
Etsoujinn :

Au temple de la montagne
Le bruit du riz qu’on pile,
Par une nuit de clair de lune ! *

* Les paysans ménagers de leur temps utilisent volontiers, pour ce travail, la clarté lunaire.
°
À suivre : – 6) Autres représentants de l’école de Bashô

Anthologie de la Littérature Japonaise – 4) Bashô

22 septembre 2020
pp. 385-9 :

À la mort de son compagnon d’enfance (le fils du Daïmyô local) quand il avait seize ans, « il s’enfuit pour aller se réfugier dans un monastère bouddhique » (…) Il fut toujours un mystique épris d’humilité, de pauvreté, de bonté universelle ; il eut constamment pour idéal d’amener les hommes à la haute morale qu’il avait atteinte (…) On comprend dès lors pourquoi ce genre mineur, qui, jusqu’à lui, n’avait eu qu’un caractère humoristique, reçut de lui une profondeur que ne connaîtront jamais les oeuvres des partisans de l’art pour l’art.

Par les nuages de fleurs,
La cloche : est-elle celle d’Ouéno,
Ou celle d’Açakouça ? *

* Les masses de cerisiers en fleur sur les bords de la Soumida forment un épais nuage rose, si dense qu’on ne peut plus distinguer si les vibrations de la cloche entendue viennent des temples d’Ouéno ou de ceux d’Açalouça.

Moineau, mon ami !
Ne mange pas l’abeille
Qui se joue sur les fleurs

Réveille-toi, réveille-toi
Je ferai de toi mon ami,
O papillon qui dors

Ah ! le vieil étang !
Et le bruit de l’eau Où saute la grenouille ! *

* Cette poésie célèbre évoque admirablement la paix d’un monastère japonais, avec son vieil étang, couvert de lotus, dont le silence n’est rompu que par la plongée d’une grenouille, de temps à autre.

D’huile
Manquant, couché la nuit. Ah !
La lune à ma fenêtre ! *

* Elle lui apporte sa brillante lumière.

Qu’il mange les serpents,
En apprenant cela, combien terrible
La voix du faisan vert ! *

* Kiji, le faisan vert du Japon. Phasianus versicolore. La beauté d’une femme n’excuse pas ses péchés.

Qu’elle doit bientôt mourir,
À son aspect il ne paraît pas,
La voix de la cigale ! *

* Adieu mélancolique de Bashô à un ami qui lui avait fait visite dans une hutte temporaire qu’il occupait, sur le lac Biwa.

Tombé malade en voyage,
En rêve, sur une plaine déserte
Je me promène !
°
À suivre : Anthologie de la Littérature Japonaise – 5) – Les « Dix Sages » de l’école de Bashô

Anthologie de la Littérature Japonaise – 3) par Michel Revon (1910)

22 septembre 2020

Voici d’abord une poésie de chacun des cinq émules de Bashô :
°
I) SÔKAN :

À la lune, un manche
Si l’on appliquait, le bel
Éventail ! *

* Outchiwa, éventail qui ne se plie pas.
°
II) MORITAKÉ :

Une fleur tombée, à sa branche
Comme je la vois revenir :
C’est un papillon ! *

* Un proverbe japonais dit que « la fleur tombée ne revient pas à sa branche » ; la poète a eu, un instant, l’illusion contraire.
°
III) TÉITOKOU :

Pour tous les hommes,
Semence du sommeil pendant le jour :
La lune d’automne ! *

* Elle est si belle que tout le monde veille très tard pour la contempler : le lendemain, somnolence générale.
°
IV) TÉISHITSOU :

Cela, cela
Seulement ! En fleurs,
Le mont Yoshino ! *

* Les cerisiers de Yoshino, dont les gens de bien parlaient bien en regardant bien : Allusion à une poésie du Manyôshou (Livre Ie) qui repose toute entière sur des jeux de mots et des allitérations :
Yoki hito no
Yoshi to yokou mité
Yoshi to iishi
Yoshino yokou miyo
Yoki hito yokou miyo

Des gens de bien
Ayant bonne réputation, en regardant bien,
Disaient bien :
Qu’on regarde bien Yoshino,
Que les gens de bien regardent bien !

On note donc le contrepied pris par Téishitsou ! – À rapprocher de « Ah Matsushima » , de Bashô, ultérieurement.
°
V) SÔÏNN :

De Hollande
Les caractères s’étendent :
Telles les oies sauvages du ciel ! *

* À cette époque où le Japon ne voulait avoir de relations avec l’Europe que par l’intermédiaire de qualques Hollandais parqués à Nagaçaki, notre écriture était une rareté pour les gens de la capitale. Ils trouvaient étrange qu’au lieu d’écrire comme eux, par lignes verticales (…) nous suivions des lignes horizontales. Cette bizarrerie des « caractères de Hollande » pouvait donc leur rappeler, très naturellement, un spectacle familier à leurs yeux et à leurs souvenirs classiques : le vol d’une bande d’oies sauvages traversant le ciel.
°
À suivre : – 4) : BASHÔ (p. 385)

Anthologie de la littérature japonaise 2) Michel Revon (1910)

22 septembre 2020
Anthologie de la Littérature Japonaise des origines au XXe siècle, par Michel Revon (1910) – 2) (p. 381) « La Poésie (époque des Tokugawa – 1603-1868) :
°
(…)
 » L’élite lettrée compose des vers légers, et le vulgaire va écouter les déclamations rythmées du théâtre. « 

A. La Poésie Légère :

Sous cette dénomination, vague à desein, je réunis deux nouvelles formes d’art qui, durant cette période, remplacent l’antique tanka dans la faveur des poètes. *
* La tanka subsiste toujours : les Wagakousha surtout s’y distinguent (voir p. 343, 347) et même les Kanngakousha (par ex. p. 340) ; mais c’est la poésie légère qui prend le dessus, comme création originale et caractéristique de l’époque.

a) L’épigramme japonaise : Haïkaï.

La « hokkou », ou « kami no kou », c-à-d. les « vers supérieurs » (…)
comme, au début, ces poésies minuscules eurent d’ordinaire un caractère plaisant, on les appela aussi « haïkou », « vers comiques », ou simplement « haïkaï », « poésies comiques », par abréviation de l’expression « haïkaï no rennga », « poésies comiques enchaînées ». (…)
Haïkou et haïkaï impliquant l’idée d’une fantaisie humoristique ne répondant nullement au contenu réel de compositions qui, à partir de Bashô, c-à-d. justement du poète qui amena ce genre à son apogée, prirent un caractère généralement sérieux et souvent profond. (…)

C’est dès le XVIe siècle que la nouvelle forme poétique reçut son impulsion du bonze Yamazaki Sôkan (1465-1553) ; elle fut illustrée ensuite par Arakida Moritaké (1473-1549) , Matsounaga Téitokou (1571-1653) , Yaçouhara Téishitsou (1610-1673) , Nishiyama Sôïnn (1605-1682) , enfin et surtout par le fameux Bashô, qui lui donna le plus vif éclat dans la 2e moitié du XVIIe S. Les Japonais voient dans ces six poètes les « Six Sages de la poésie haïkaï » , « haïmon no rokou-tetsou » . Voici d’abord une poéise de chacun des cinq émules de Bashô :
°
À suivre : I) Sôkan…
: sur https://haicourtoujours.wordpress.com/
°

Anthologie de la littérature japonaise 1) Michel Revon (1910)

22 septembre 2020

Kyōbun de Millau (4/5 Nov. 2008) :
°
Millau.

Sa Salle des Fêtes
dans le Parc de la Victoire.

Son Cimetière de l’Égalité.

Sa bibliothèque
(avec) son (exemplaire de l’) Anthologie de la Littérature japonaise des origines au XXe siècle,
par Michel Revon
(Ancien Professeur à la Faculté de Droit de Tôkyô,
Ancien conseiller-légiste du gouvernement japonais,
Professeur à la Faculté des lettres de Paris) ,
: Librairie Delagrave, 1910 (6e édition : 1928).

Son chapitre (p. 381) : L’épigramme japonaise : HAÏKAÏ

Son chapitre (p. 399) : La prose légère : Haïboun

Son chapitre (p. 400) : La poésie comique : Kyôka et Kyôkou

Son chapitre (pp. 404-5) : La prose folle : Kyôboun.
°
( À suivre : La Poésie (époque des Tokugawa, 1603-1868) : p. 381… )
°

Sasaki Yukitsuna (1938 -) par Makoto Ueda

5 mai 2016

in Modern Japanese Tanka, pp. 217-228.

(Extraits) :

°°°

Né dans une famille de poètes de tanka. Eut ses premiers poèmes publiés dans la vénérable revue « Kokoro no hana » (« Fleurs du coeur »), dont son père était l’éditeur, dès l’âge de 6 ou 7 ans.
Reprit « Kokoro no hana » en 1974.
Prix de l’Association des Poètes de Tanka Moderne en 1970.
Prix du Musée de la Poésie Japonaise en 1989.

Prix Shaku Chôkû en 1994.

°°°

AU ZOO :

une antilope

qui ne galope pas

et un homme qui ne chasse pas

se comprennent

et détournent les yeux

écrivant une série

de formules chimiques

avec en apothéose

une explosion imaginaire

c’est tout ce que j’ai fait cet après-midi

PRIERE DU BOULANGER :

gloire à ceux

qui mangent le pain

que j’ai cuit!

je ne vis pas

de pain seulement

le clair de lune

me fit agir si follement

elle m’a menti

mais je suis aussi un lâche

qui vis avec elle maintenant

avec une gueule de bois

j’enfonce mon corps profondément

dans la baignoire

mais comme de la graisse ou autre chose

ma honte refuse de se noyer

aimant toujours

la forme progressive des verbes

je vis près d’une rivière

admirant une fois par jour

son courant empestant

dépassé par le temps

qui ne s’arrête à rien

mon train

qui s’est arrêté une minute

émet un cri strident

un jeune garçon

montant à bord avec

une cigale en cage

devient le centre d’attention de notre

bus qui fonce sur la route de nuit

la floraison terminée

les arbres se tiennent au-dessus des pétales

tombés au sol

le tanka contemporain

part de cette vision

avec ceux qui

se sont rassemblés pour pleurer

la mort d’un ami

je regarde vers la corde

qui pend du ciel

changeant 

la lame de mon rasoir

je contemple

la peau d’une jeune femme

que je dois rencontrer cet après-midi

en voyage

je perdis mon appareil photo

après avoir pris

des clichés d’une belle

femme au printemps

chaque matin je me lève

avec le rêve de quelqu’un 

à mes trousses

je suis une rondelette

girafe entre deux âges

enfant dans mes bras

devant la cage d’un tigre

je me tiens

vêtu des vêtements de cuir

d’une vie paisible

°°°

(Tr. fr. : D. Py).

Haïkus, senryûs, etc. Py – janv. 2016

12 février 2016

°

premier janvier

un dolicrâne

son roman *

posé sur son ventre,

elle dort

(- première sieste de janvier)

* : Rien ne s’oppose à la nuit, de D. de Vigan.

°

2 janvier :

jog de neuf minutes

dans la neige neuve

2 janvier :

premier trou

dans la première neige

°

première neige

le monde plus vide

première neige :

papa, fils et fille

boulent…

°

Aller aux sports d’ivoire

°

(« Tanka-faire », kyôka :)

ce même jour

les deux semelles

de mes running shoes

rendent l’âme

l’une après l’autre

°

Cultiver l’esprit de « c’est-rieur »

l’ex-sérieur

°

Le dieu des Chiites,

le dieu des Sunnites :

Boum année ?

°

(K. :)

Déplume,

plume ton haïku

jusqu’à l’os,

ose!

(5-7-5) :

on dirait que certains

préfèrent le moule

au gâteau

°

« Cette génération (…) est incapable de dépasser le cadre d’une réflexion autocentrée » (: à propos de l’exposition « Cosmos Intime », à la Maison de la Culture du Japon, -> 23 janv. 2016)

°

rue Charles Bassée *

la chienne de Paul

dresse une crotte

* : Fontenay-sous-Bois

°

un moucheron

hélas!

dans ma bière

°

dimanche matin de janvier

sur le balcon le sexagénaire

rafraîchit les géraniums

°

je passe devant chez Nicole lève son volet

(ou :)

je passe devant chez

Nicole

lève son volet

°

(D’après Jiho, p. 13 de Siné-Mensuel n° 49 :)

COP 21 bla

bla bla bla bla COP 22

bla bla COP 23

°

je reprends

de la cuisse

: jogging

°

Un picologue…

°

pain de nuit

la pâte rêve

°

le Père Noël

vieux de deux ans

enfin disparu

du balcon

°

corneilles …

 

°

un volet claque :

l’école de musique s’ouvre

au soleil

(du 25 janvier)

°

A l’approche

°

couic! couic !

et encore, et encore, et encore!

: haïku

°

un champ de brumes

 

°

La politnique / Le politnique

°

au-dessus de la ligne

la neige du papier

°

salon d’attente à l’hôpital :

une quasi-unanimité

de séniors à lunettes

°

Ne soyons pas pourvoyeurs (fourvoyer) de haïkus anthropocentrés!

°

un papillon –

°

du moustique

qui tue

que du requin ?

°

les mots s’assoient

sur les blancs de la nuit

°

le vent défoliant

°

j’avais abandonné mes fringues

et mes soeurs…

, des rois et des coussins…

°

ponctuant

la dispute

d’un pet final

°

(K :)

Garder équilibre

entre (la) mise en avant

et (l’)effacement du soi…

(?)

°

jour gris et pluvieux,

°

avant la minute de silence

un long chant de chaises

– banquet des séniors

(ou :)

le long bruit des (pieds de) chaises…

(ou :)

pour la minute de silence

les chaises traînent des pieds —

banquet des séniors

°

poupées délaissées

les géraniums (flétris) de janvier

°

Les agriculteurs

désespérés

se tournent vers le pape…

°

douceur de l’hiver

les fleurs du jardin

déjà au printemps

°°°

 

Haïkus, etc. Py – 2/3 : 16/25 Oct. 15

6 novembre 2015

°°°

encore une ambition

à la retraite :

paître

Ne plus paraître,

Paître

Vers l’encre du silence

puis

vers le silence de l’encre

descendant (du ciel)

peu à peu

la rousseur

du feuillage

La rouille descend du chef

(Kyôku :)

Moins de verbe(s)

peu à peu,

de moins en moins d’action(s)

Syrie :

le Mondial du Bombardement

(comme dit le Canard)

ronflant :

tout va bien –

l’on roule les poubelles dans la rue

Trempluie

(Kyôku :)

Moins faire du haïku

qu’être fait par le haïku.

cendrier

gavé de mégots :

grève des nettoyeurs

station BFM

le rouge grimpe au mur

vigne vierge (d’octobre)

(Orly)

(2è version :)

dans la lumière du soir

la boule d’un lampadaire

la boule d’un pissenlit

(Pour Dany et Nicole :)

Du panier de basket

au panier de champignons,

les deux soeurs

corneilles

au banquet

des champs nus

L’arbre

est le meilleur ami

de l’homme

… qui boit

Premiers coups de balai

dans les coins :

un exode d’araignées

coucher de soleil

sur la Loire à Chaumont

le rouge fait tache

(Kyôku :)

Le monde entier s’emballe

/ mon dentier cent balles

… un poète très à l’écoute de son coeur ;

soucieux des circonvolutions de son cerveau…

la chasse aux champignons

dès l’aube froide

ou la cueillette des mots

La corneille coud un ourlet au matin

métier manuel ?

haïkiste.

(Que sommes nous ?)

une fleur dans un champ de fleurs

(Kyôku :)

A chaque haï… coup,

ouvrir

Silence :

entendre loin

Silence :

affiner l’ouïe

(Silence,

captation subtile…)

l’ouïe fine du haïku

la vigne

vierge

rougit

des feuilles sans vent

tombent

sur les champignons

« Il était temps,

dit la grenouille ! » *

* : Réginald.

(Haïkouillonnade :)

Lao dîna

en tête à tête avec

Tseu

(Kyôka :)

Votre haïku

fait-il 5/7/5 ?

: tant mieux !

Il ne les fait pas ?

: tant mieux !

le temps de cadrer la grue

s’envole –

lundi soir le long d’un champ

tondre le gazon / mouton

moutondre (le gazon)

(Kyôka :)

Haïku :

vider les lieux –

Il s’agit aussi

pour l’auteur du haïku

de se préparer

à disparaître

des traits étranges

balafrent le traversin

: pensées nocturnes

fin de (la) cueillette –

remettre un scarabée

sur ses pattes

(Kyôku :)

Le haïku

c’est le zoom maximal

sur l’événement déclencheur

: haïku rapproché –

(Kyôka :)

écrire

oublier ;

revenir

jauger

corriger

le bouc et sa chèvre

ont tout tondu

sauf les orties

(Kyôbun déplorable – Proposition :)

Le haïku français,

en 6, 6, 5 syllabes :

6 + 6 pour le mâle balancement gaulois

alexandrin traditionnel

+ 5

pour la boitille,

le « déséquilibre »

l' »asymétriquie » orientale…
Exemple

(, mais déplorable) :

… et les couilles trempant

dans l’horrible soupière

– Ah, mon Lexandrin !

Mais où est passée

ma petite culotte ?

– le fil vierge

le saule

se pose

sur le sans-vent

au-dessus de la boîte

un oiseau surplace

Au point du coq…

le même vent cailleur…

(- ça caille où ?)

(Kyôku :)

Ne pas prendre la forme

pour l’oeuvre

°

(Bashôtage :)

Faisant trois fois

le tour de la mare :

rondes sans lune

°

(à M.C. :)

Vers l’avant

continue de tourner

notre moulin à mots

le tien

dans l’autre (sens)

maintenant

Tu as coupé

le fil du temps

et des paroles

ballon

lâché

ballon,

lâché

vers la lumière

les fleurs,

l’oiseau

le ciel

°

S’alléger

en montant

°

Aube, fin octobre,

l’arbre a déjà

levé ses couleurs

°

Une héritière :

une (jeune ?) anglaise de bonne famille (?)

°

Dans la forêt

la table moussue

peu à peu

retourne à la forêt

/

dans la forêt

la table moussue

peu à peu

y retourne

°

Le cuir de mon père

luisant aux poignets

–  15 ans bientôt

/ luisait ô poignant…

°

l’automne s’avançant,

de moins en moins de feuilles

où se cacher pour pisser

°

les pucerons

sur le dipladénia

figés

de jaune à noir

°

(Kyôbun :)

Le haïku-alexandrin (français)

en deux fois six :

« Passant à l’an nouveau

dans un slip de la veille » *

ou, autre exemple :

« Elle renifla son slip

Elle renfila son slip »

* ou, si l’on veut respecter »

l’élément de dissymétrie :

« Passage à l’an neuf

dans un slip de la veille »

(1/1/2006) : in Fourmi sur ma jambe, éd. Eclats d’encre, 2015.

°

jus au gingembre

et au curcuma – *

l’arbre dans la cour

* NB : le lien, ici, se fait par la couleur : gingembre = jaune, curcuma = orange…

°

(A nos amis Bruxellois :)

Dans l’impasse

qui mène à la brasserie *

la Jeanneke Pis

* : « Le Délirium ».

°

(Haïku (?) de Sarko – à Béziers, le 8/10/15 :)

« Mon pauvre petit coeur

va faire de la tachycardie ! » *

*  source : le Canard Enchaîné, n° 4955, p.2.

°

tes doigts

courent sur le clavier :

la musique silencieuse

des mots…

°

(Senryû – M.C. :)

A l’article la de mort

elle fit mander un prêtre

puis le récusa.

°

pendant que nous dormons

(24/10)

°

les lèvres vertes de la mer

… lèvres violacées de l’océan…

°

dans la rue

un vitrier

porte fenêtre

°

Lever le haïcoude

Lever un haïlièvre

°

(K. :)

Le haïkiste resserre le temps

Le haïkiste resserre l’espace

/

Le haïkiste raccourcit

le temps, l’espace, …

°

(Senryû :)

Ceux d’en haut

qui veulent vous faire croire

que les tricheurs

sont d’en bas…

°

Départ à la brune

une corneille lance son cri

(Orly-Strasbourg, early morning)

°

(Kyôbun :)

Du haïku considéré comme une miniature du rendu,

en ce qu’il s’agit d’articuler un lien * entre ses deux parties juxtaposées…

*  une concordance,…

°

une grenouille

(en verre)

qui se mélange les pinceaux…

(: Strasbourg : magasin de babioles…)

°

Ah,

Aller pisser

au Mac Do !

(: Strasbourg)

°

(Kyôbun :)

Le haïku augmente la taille des objets

(insectes, …)

Le haïkiste diminue la taille (la portée) d’événements,

Le haïkiste remet l’homme à sa place

(c’est le rôle du senryû également)…

Le haïkiste ne change rien :

mûres et montgolfières

mûre et téton…

Le haïkiste redimmensionne,

redonne au cerveau humain sa taille

(petit pois du monde..)..

Le haïkiste combat

la dérive des sentiments…

°

Le haïkiste (« moderne ») doit

renforcer / rétablir le lien homme-nature –

L’état des liens…

°

Est-ce le haijin

qui doit obéir au haïku,

ou l’inverse ?…

Harmoniser

le haïku

et le haïkiste…

°

Chasser la sentimentalité,

le sentimentalisme du haïku –

si cela vous manque trop,

allez voir du côté du tanka !

Haïku sec – :

le haïku ne larmoie pas,

ne piège pas le lecteur dans le pathos…

°

Le senryû

remet l’homme à sa place ;

Le haïku

remet l’homme à sa place

dans la nature

Le tanka échoue

à cet amenuisement de l’homme…

°

Le haïku :

(pour) dégonfle(r) les chevilles… *

*  : c’est aussi pourquoi il ne faut pas

(en français, en anglais, etc.)

vouloir imiter le 5/7/5 japonais.

°

L’anthropomorphisme est un / le contresens-haïku,

le contresens à l’esprit-du-haïku.

°

Le haïku,

ce n’est pas dire le je,

c’est le dissoudre

°

Di(ssoud)re

°

(198? :)

marché aux poissons

une femme se couvre le nez

d’un mouchoir

°

(Le haïku :)

de mon dentier, peut-être

au monde entier, sûrement.

°

(à suivre…p. 113…)

« Billes d’humeur » ou « Têtes de Trucs »… – Avril 2015

3 mai 2015

… ANTI-Journal,
Défouloir,
Eclabouses…

°°°
Avril 2015.

Y en a
qui pensent que si vous ne faites pas trois lignes
qui durent 5, 7 et 5 « syllabes »,
vous n’écrivez pas du haïku !

Pauvre haïku !

°°°

Pourquoi faut-il toujours / souvent / encore / …
que le haïkiste se mire en son haïku ?

: sortir de (/ du) soi !

Le haïku n’est pas
le miroir du haïkiste

Dans le haïku
on ne revient pas vers soi,
on sort de soi !

– Ecrit-il ses haïkus
au présent de l’admiratif ?

Un haïku « bibicentrique » !

(/ bibicentré / bibinecentrique ?)

°°°

Traquer le mot (/ le commentaire)
inutile.

Le haïku,
ou : Comment taire
le commentaire !

°°°

De la persistance / De l’insistance
de la pensée
dans le haïku (français)

De la pensée
à la nausée
de la pensée

Je pense
donc je fuis.

Dans les toilettes
je pense
et pisse à côté

Je pense
donc je pisse
à côté

Je panse,
je suis.

°°°

Vous leur donnez de la confiture,
ils chipotent sur la forme du pot

°

Il serait peut-être temps de se demander ce qui importe (le plus) dans le haïku :

la forme du vase
ou sa liqueur ?

la forme de l’os
ou la saveur de la viande ?

l’enveloppe
ou la lettre qu’elle contient ?

le corps
ou l’esprit ?

l’écorce
ou l’essence ?

l’habit
ou le moine ?

°

Ne serait-il pas temps de s’intéresser
plus au contenu du haïku
qu’à son contenant ?

°

(Pour peu que je sache) :

Je sache que
l’on peut écrire des haïkus autrement qu’en 5+7+5 mores,
qu’en 5+7+5 syllabes,
qu’en 17 (mores / syllabes),
autrement que sur 3 lignes
ou qu’1
(mais aussi sur 2, sur 4,…)

Je sache
qu’on n’est pas tenu / obligé
d’imiter (/ de singer) le haïkaï (/ haïku) japonais ancien / antique
ou son apparence
en français
(ni dans n’importe quelle autre langue que le japonais)

je sache
que l’essentiel du haïku
ne réside pas dans sa forme
mais dans son contenu

Je sache
qu’il est primordial de connaître
l’essence du haïku,
l’esprit du haïku,
le coeur du haïku,
l’énergie interne du haïku,
(le sens du haïku).

Je sache
que s’il n’y avait qu’un critère à respecter
pour écrire du haïku
– ici ou là –
ce serait celui-ci :
appliquer les règles « internes »
qui régissent
(et réjouissent)
l' »âme » du haïku.

°°°

Vous qui tenez tellement
à singer le haïku japonais classique,
comment se fait-il que vous ne l’écriviez jamais
sur une seule ligne
– ni verticale ?

°°°

Mes haïkus
ont pour (seul) impératif formel
le découpage rythmique naturel
dicté (/ voulu) par le sens
propre à chacun d’eux.

ou :

C’est le rythme du haïku
qui dicte sa forme.

°°°

5-7-5 :
l’attrait / l’attirance
de l’uniforme

5-7-5 :
le prestige
de l’uniforme

Le 5-7-5
ou l’art de
ronronner en rond ?

°

mai 2015.

le haïku en 5-7-5
pieds de naguère !

°°°

d.