Haiku, etc. Py – déc 2012
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2 canards sur l’eau
2 autres amerrissent :
la Seine à Choisy
lavande
fleurie
et sentant bon
en bord de Seine –
1er décembre
Affiner – Peaufiner – Mo(t)finer.
éclair nu cléair e
2 oiseaux s’envolent
en haut d’un poteau
le jour grimpe
la gelée blanche –
traverses de rails
à pas précautionneux
sur le pont
deux décembre
les lèvres rouges
de la feuille :
un baiser
sur le rebord de la fenêtre
ce matin gris *
* sur le rebord du matin gris
la fumée grise
de la cheminée
rencontre
la lumière du soleil –
2 cygnes sur la Seine
2 cygnes sur la Seine
prennent le soleil du matin
2 décembre givré
les deux cygnes
traversent la Seine
et s’approchent du bord
pour me zyeuter
le vol
presqu’immobile
du livre ouvert
elle en fait de l’effet
avec son fort fessier,
la callypigeonnante !
les V en vis-à-vis
de son livre levé
devant sa poitrine
L’oiseau-rire
L’oiseau-lard
(L’oiseau lyre
L’oiseau rare)
« Partero, Partero ! » *
: nous nous rangeâmes
pour laisser passer
* : langage territorial du rêve
dans le jardin
au tournant de décembre
une brouette versée
Faire descendre
les tensions des épaules
vers le bas –
place assise
lentement
sombrant dans son sommeil le plus long –
feuilles d’automne
plateau de cafés à la main
elle tourne dos
pour ouvrir l’hui(s)
S’encensant tant :
ça sent, c’est sûr,
son ascenseur !
(= Dénoncer les rouages…)
Cocor-haïku !
s’éloignant de plus en plus :
le papa qui n’est plus en vie,
qui n’est pas encore en mort
15 jours avant la fin supposée du monde,
la fin d’un papa
L’esprit (/ le souffle)
anime la matière
(ph)raseur
cette journaliste
témoigne de son viol
à la télé
on lui interdit
de prononcer le mot (même)
parce que « trop violent » !
y a d’la nei-
ge y a d’la joie
Le Père Noël mord dur.
traverses blancs
et cailloux :
les rails transfigurés
sans sommeil
le reste de la nuit –
le père :
sans souffle
nos souffles gonflent
en alternance –
plus le sien
le père éteint,
tu allumes
une flamme
ton père décédé
cette nuit
la première neige
RER –
sur ses cheveux
les gouttes
de la neige
(RER :
sur son chignon
les brillants
de la neige)
glissant
sur la première neige —
ton père immobile
à jamais
le tapis de neige
partout sur la campagne –
le père sous son drap
jour de deuil
la première neige
dans le train ce soir
(retour de Reims)
le même Japonais
que ce matin-aller, voisin
à quelques sièges d’encablure
Quand tu t’es essayé à traduire, les formes fixes n’ont guère plus de sens (désormais) que leur signifié (/ contenu).
Ainsi en va-t-il du 5/7/5 en haïku…
Importe le souffle et non plus (désormais) l’argile…
Importe le souffle plus que l’argile !
fragile argile
remodelable au gré du sens…
chez les voisins d’en face :
la lumière
et l’arbre secoué par le vent
le cyclamen
mourant
en même temps
que le Papy
dans les affaires du défunt
sa crème anti-âge
ni est
ni ouest
ni devant
ni derrière
l’immobile
retour
vers le chaos
originel
Dans le salon de coiffure africain
une pub pour Issa,
photographe.
la montagne
ce sont des monceaux d’objets perdus
…
glandeur nature
sortant des toilettes
avec son cady :
courses de Noël
au supermarché
(Fukushima :)
On recouvre d’un linceul de cendres, de gris,
on efface la catastrophe et sa véracité, sa vividité, son actualité.
On est un con.
chaque mort
ne nous envoie-t-elle pas
à la nôtre ?
prenant religieusement
les clous dans la corbeille
pour clore le cercueil
dernier regard
au pied du cercueil
le sceau de cire rouge
(intégral :)
son voile, un tergal !
une musique d’orgre …
lucioles,
haïkus (de) volant(s)
« haïkus volants »
haïkus rampants
haïkus nageant
haïkus (re)tombant
haïkus s’élevant
(sous le vent / c’est le vent)
… et des haïkoupes volantes ?
(- et des haïkus flambant 9, 8, …)
et des soupes volantes…
(Si les haïkus avaient des ailes, voleraient-ils ?)
haïkus de foudre …
les « haïkus volants » sont-ils des haïsoucoupes ?
J’ai vu des haïkus consternants
voler bas
et à toute allure !…
drôles de drones !
J’ai vu des haïkus
sauter sans parachute,
j’ai vu des haïkus
s’écraser lamentablement
j’ai même vu des haïkus papaux
capoter…
j’ai même lu des haïkus grotesques !
j’ai même vu des haïkistes errants
se mettre le doigt (et même toute la main)
dans la lune !…
Celui qui a vu
des haïkus voler
a-t-il trop
fumé la moquette ?
tweet, tweet,
@pontifex fait le benoît
en perdition…
le 12/12/12
benoît XVI saisit l’occasion :
twit twit twit twit ! *
* by the way, en anglais « twit » = andouille
au cimetière
les cordes
pour pendre
le cercueil ?
Si Monsieur et Madame Lhermitte
avaient appelé leur fils Bernard,
serait-il devenu une célébrité ?
Bernard-L’(h)ermite
et Thierry Lhermitte :
deux sacrées vedettes !
monocle = cercloeil
une feuille
plaquée
sous la gelée blanche
un joggeur
avec lampe frontale
dans le soir de décembre
un chien
à collier rouge fluo
dans le noir de décembre
en cas de séisme,
le piano,
un vrai tueur à roulettes
( : cf pp 140-1 de Ce n’est pas un hasard, chronique japonaise, de Ryoko Sekiguchi, éd. Plon, 2011.)
autour de la crèche
le char et la pelleteuse :
moderne Bethléem
(→ 13/12/12)
in – tweet – if
L’os à Mo(s)ëlle
rêv-eillé
rêve-illé
me surprenant à penser à Salim
: le dos bien droit
sur mon siège de métro
la prostituée, une prof’ de fuck ?
il a mal au cra(b)e…
d’après le son
de la voiture qui passe,
quelle heure peut-il bien âtre ?
migrations – grimacions
les simagrées – la cime agrée
dans l’arbre dénudé
le nid
reçoit le ciel d’hiver
(mi-décembre)
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