Archive for octobre 2013

Notes de lectures sur « kyôku », « kyôka », « kyôbun »

28 octobre 2013

Recensions à propos de « Kyôku, Kyôka, Kyôbun »,
à travers les ouvrages suivants :

La Littérature Japonaise, par R. Bersihand, PUF, 1957, p.62.
Un haïku satirique, le senryû, par J.Cholley, POF, 1981, p.15, 46, etc.
– Pour avoir des renseignements sur tous ces genres (« secondaires » au haïku), on pourra consulter l’Histoire de la littérature japonaise T.2, par Schuichi Kato, Fayard, 1986, p. 246-259.
Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu de Hokusai, In Medias Res, 2000
Writing and Enjoying Haiku, by Jane Reichhold, Kodansha Int., 2002
L’Anthologie poétique en Chine et au Japon , revue Extrême-Orient – Extrême-Occident, n°25, p.139-163 : « Les recueils comiques de kyôka » par Daniel Struve,PUV Saint-Denis, 2003.

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– In La Littérature Japonaise, par R. Bersihand, PUF 1957,
p.62, on peut lire :

« On doit signaler encore deux genres secondaires : le « kyôka » (« poésie folle »), une sorte de « tanka » comique, et le kyôku (« vers fous »), ou « senryû », un « haïkaï » humoristique. (…) Ce sont souvent des parodies de poèmes réputés. Le « kyôka » existait dès le XII° siècle; il se développa au XVI° siècle, et fleurit dans la période Tokugawa. Le « kyôku » apparut à cette même époque. Tous les deux connurent la plus grande faveur au XVIII° siècle.
Enfin, de même que le « haïbun » correspond au « haïkaï », de même au « kyôka » correspond le « kyôbun » ou « ‘composition folle ». Ce dernier est pratiqué par les poètes de « kyôka » et par les auteurs de romans comiques, tel Samba. »

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Le dernier paragraphe de l’Histoire de la Littérature japonaise par Schuichi Kato, Tome 2, Éd Fayard / Intertextes, 1986, isbn 2-213-01709-3, s’intitule :  » la littérature du rire « . Il couvre les pages 246 à 259.

En voici quelques extraits :

 » La tragédie des pièces où il était question de double suicide fut compensée par l’humour des vers comiques (kyôku et kyôka) et par des histoires drolatiques (kobanashi).  » (p.246).

 » Nous trouvons 3 formes principales de littérature humoristique dans la 2° moitié du XVIII° siècle; aucune n’était nouvelle. Les origines du « kyôku » (sorte de « haïku » humoristique) remontent à l' »Inu tsukubashû » et celle du kyôka (« poésie folle », forme humoristique de « tanka ») aux poèmes drolatiques dits « odoke uta » de l’époque de Heian.
Quant aux histoires dites « kobanashi » …, les « chônin » et les samouraïs qui écrivaient des vers humoristiques se prévalurent de ces formes établies, en amplifièrent les thèmes et en modifièrent, dans une certaine mesure, le caractère de l’humour pour en faire une forme culturelle qui convienne à l’époque et qui en soit caractéristique.  » (p.248).

 » Karai Senryû (1718-1790), chônin d’Edo, publia en 1765 la première partie du recueil de « kyôku » intitulé Haifû yanagidaru ;
Kimura Bôun, samouraï de rang inférieur et poète de « kyôka » ( 1719-1783) réunit une anthologie de kobanashi qui fut publiée en 1773 (…) et
Yomo no Akara (1749-1823) compila en 1783 une des premières anthologies de « kyôka », le Bansai kyôkashû (Recueil d’une kyrielle de kyôka)…
Senryû réunit encore 23 compilations vers la fin de sa vie ; et que 167 autres recueils aient été créés témoigne de la popularité de cette forme. On donna à ce genre de vers le nom du poète, et désormais on connaît les kyôku sous la désignation de senryû.(…). Les thèmes, pour la plupart, sont ceux de la vie quotidienne d’Edo, mais on y trouve également des vers au sujet des personnages célèbres du No, du kabuki et de classiques populaires, comme le Taikekiki et l’Ise monogatari.
Les thèmes de la vie bourgeoise sont multiples, y compris les rapports familiaux (entre mari et femme, parents et enfants, épouse et belle-mère), coiffeurs, menuisiers, moines itinérants, nourrices, servantes, réunions bouddhiques pour prière en commun, pièces de théâtre, aliments et boissons.  » (p.248/9)

 » Voici un vers bien connu au sujet d’une union qui laisse à désirer :

Tana naka de / Shiranu wa teishu / Hitori nari
Dans le quartier, / un seul l’ignore – / le mari

Mais la vaste majorité des senryû traite des rapports sexuels. Dans beaucoup d’entre eux l’action se déroule dans le Yoshiwara (= quartier des plaisirs d’Edo) ; certains autres traitent du double suicide. D’autres encore concernent les femmes de la cour shôgunale, leurs aphrodisiaques, godemichés et appareils anticonceptionnels. Il ne s’agit presque jamais de la vie paysanne ou du paysage des provinces… Le chônin d’Edo, tel que les senryû le révèlent, se suffit à lui-même, est oublieux du monde à venir et fort peu conscient de celui en dehors de la ville.  » (pp.249/50)

 » Pourtant on se moque également des samouraïs…
On trouve également des satires au sujet de moines et de médecins :

Isha shû wa Jisei wo homete Tataretari

Ayant loué le dernier poème° du défunt, le médecin s’en va.

° = Jisei = poème de mort (cf aussi : Japanese Death Poems, le livre de Yoël Hoffmann paru aux éd. Tuttle, 1986, isbn 0-8048-3179-3, et en grande partie traduit par votre serviteur : cf http://.haicourtoujours.wordpress.com ).

 » Il est évident que les senryû et les kobanashi ont des similitudes de thèmes et d’humour. On trouve jeux de mots, plaisanteries sur le quotidien, et légers malentendus psychologiques, railleries peu sévères, anachronismes délibérés; et, à l’occasion, on se moque des conventions sexuelles… (p.252)

 » Les kyôka étaient quelque peu différents de ces formes. L’époque la plus connue pour ces versions comiques de tanka est sans doute celle de Temmei (1781-1788), pendant laquelle elles jouirent d’une grande popularité parmi les intellectuels guerriers et certains chônin littéraires. À la différence des senryû, les kyôka étaient attribués à des poètes spécifiques lorsqu’ils furent réunis dans des recueils (…) Les noms des poètes les plus célèbres de l’époque se trouvent dans le recueil Azuma-buri kyôka bunko (Recueil de poèmes comiques à la manière d’Azuma), publié par Yadoya no Meshinori, agrémenté de portraits par Kitao Masanobu et de calligraphies du pinceau de Yomo no Akara. On y trouve le portrait de 50 poètes accompagné d’un kyôka de chacun.  » : pp. 252/3.

(C’est le principe exact du livre Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu, illustré par Hokusaï ; éd. In Medias Res, 2000; isbn 2-9511719-1-9 = un kyôka et le portrait de son auteur.)

 » La moitié étaient des samouraï, l’autre moitié des chônin. (…) Des kyôka furent aussi écrits par des savants (…), par des peintres de l’école Kanô, par des acteurs (…) et par des courtisanes.  » : pp.253/4

 » Il fallait, pour écrire des kyôka, une certaine instruction littéraire, ce qui imposait des limites à leur popularité parmi les chônin. (…) La forme préférée du kyôka était la parodie de tankas célèbres  » : p.254.

 » Nous avons déjà dit que les kyôka pouvaient comporter la critique politique et la satire sociale, mais à quelques rares exceptions près, la poésie lyrique japonaise avait évité le commentaire politique et social et les kyôka, en général, se conformèrent à la tradition. Le domaine de la poésie comique, comme celui du waka, était celui de tous les jours, s’intéressant surtout au monde d’ici-bas, dominé par les valeurs ordinaires et hédonistes. Et là, les kyôka n’étaient pas différents des senryû. Les soucis principaux des poètes de kyôka étaient l’amour, le vin et l’argent. (…)

Yo no naka wa
Itsu mo tsuki yo ni
Kome no meshi sate
Mata môshi
Kane no hoshiki yo

Que veut-on de plus en ce monde ici-bas
Qu’un bol plein de riz et une nuit au clair de lune ?
De l’argent !

(: Yomo no Akara). « .

 » Les senryû abondent en descriptions concrètes de coutumes et de choses, alors que les kyôka ont tendance à être de caractère plus général et abstrait. Les descriptions de l’amour, dans les kyôka, par ex., utilisent des moyens plus détournés que ceux des senryû : le premier est de manière caractéristique ironique au sujet du poète et de sa vie, le second l’est rarement. Les kyôka traitent des aspects fondamentaux et constants de la vie humaine; et non pas de moments individuels, d’incidents et de phénomènes fortuits. On pourrait même dire que les senryû traitent des expériences d’un jour particulier et d’un lieu spécifique, alors que les kyôka portent sur les expériences de la vie entière. Cela révèle comment les poètes de kyôka étaient en mesure de se situer en dehors de leur expérience personnelle de la vie, tout en restant dans un système social apparemment permanent et inéluctable  » (p.256).

 » Le terme « sharenomesu » (tourner tout en plaisanterie) résume à lui seul ce genre de poésie. À n’en pas douter, les poètes de kyôka étaient le fruit de cette société qui prisait tant le drôle.
À l’époque, aucune croyance religieuse n’empêchait les poètes de kyôka de considérer leur propre mort dans la même optique. (…)

Kueba heru
Nebureba samuru
Yo no naka ni
Chito mezurashiku
Shinu mo negusami

Manger, avoir faim, / Dormir, se réveiller, / C’est normal. / En ce monde ici-bas, / Mourir sera sans doute un divertissement

: Hakurikan Bôun.

C’est le poème composé sur son lit de mort par un poète de kyôka perspicace. La plaisanterie l’emporte sur le trépas. L’humour face à la mort … (…) Dans la littérature japonaise, c’est chez les poètes de kyôka de la fin du XVIII° siècle que cette tendance arrive à son apogée dans ces poèmes qui constituent les meilleurs exemples de la littérature humoristique nippone. La popularité des senryû et des kyôka dura jusqu’au milieu du XIX° siècle.
(…)
Les limites de l’humour japonais avaient été atteintes à la fin du XVIII° siècle, et la drôlerie ne devait plus jouer un rôle si essentiel dans la culture. Au XIX° siècle, notamment vers son milieu, le gouvernement des Tokugawa fut ébranlé par des problèmes domestiques et des menaces extérieures. Les tentatives pour plaider en faveur du système ou l’attaquer n’eurent rien de drôle.  » (p.257/9)

(: Fin de l’Histoire de la Littérature japonaise, par Shuichi Kato, t.2, Éd. Fayard, 1986.)

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In : Le Char des poèmes… d’Hokusai :

(p.13) : de Sanshûro Katamaru :

Hisakata no / hikari nodokeki Saho hime no / Goten.yama yori / kasumu akebono
Lumière douce de l’aube / de la belle Saho / voilée par la brume / du mont du Palais

Note 27 (p 35) :

La parodie part d’un makura-kotoba (« Hisakata no ») évoquant un poème de Ki no Tomonori :

Hisakata no / hikari nodokki / haru no hi ni / shizu kokoro naku / hana no chiruramu
La lumière douce / du jour printanier / Pourquoi donc ne cessent de tomber / sans sérénité / les fleurs de cerisier

Il évoque aussi un autre poème de type haïkaï-renga, compilé par Sôkan vers 1530-1535 :

La frange de son habit de brume / est légèrement humide / La déesse du printemps Saho / debout répand son urine
°

° « cette comparaison insolite exprime une esthétique expressionniste plutôt inhabituelle. La manière est caractéristique du premier recueil de Sôkan avec ses allusions crues voire scatologiques. (Il fut suggéré) que le compilateur Sôkan manifestait son anti-conformisme face à l’art élégant des poésies « en chaîne » (renga), en plaçant ce poème outrancier en tête de recueil. Il reflétait ainsi la réalité sociale d’une époque instable et tumultueuse.  » (p.36).

De Yashiki no Katamaru (p.20) :

Sakinarabu / aki no hiina no / kamuro-giku / hana koso hoshi no / hayashi kata nare

traduit ainsi (à cause des polysémies, doubles sens,…) :
Elles s’alignent épanouies
en ces jours d’automne / telles des poupées d’automne
les petites kamuro-giku / les apprenties courtisanes°
leurs fleurs telles des étoiles°° / c’est de l’argent qu’elles veulent
foisonnent / disent les musiciens°°°

° Kamuro, chrysanthème; ou jeune ou petit (kamuro-giku, petit chrysanthème… Kamuro-giku est le nom donné à la coiffure des fillettes dont les cheveux sont coupés au niveau des épaules. Dans les quartiers de plaisirs, le terme désigne une fillette de 6 à 14 ans, faisant l’apprentissage de son futur métier auprès d’une courtisane de rang élevé. (note 75).

°° Les 2 derniers vers multiplient les doubles sens. Hana, fleur, argent que le client distribue sous forme de cadeaux dans les quartiers de plaisir. « Hoshi » : étoile, je veux. « Hoshi no hayashi » : forêt d’étoiles – métaphore très répandue depuis le VIII° siècle et qui se encontre dans le Man.yôshû. (note 76)

°°° « Hayashi kata », musiciens accompagnant au tambour ou à la flûte les représentations théâtrales de nô, de kabuki ou de fêtes populaires. Ce kyôka évoque le « oiran doshu », cortège de courtisanes renommées accompagnées de kamura et de hayashi-kata qui se déroulait le 1° jour du 8° mois (en plein automne), à Yoshiwara, quartier de plaisirs d’Edo où vivaient courtisanes, artistes et éditeurs. » (note 77)

De Matsutake no Kasabito (p.22) :

Surusumi mo / urami nigoreru / urokogata / waga tsuno moji o / fumi ni shirasen

traduit ainsi :
Je prépare l’encre / Un cheval tout noir
toute noire des rancoeurs / le célèbre Surusumi °
En forme d’écailles °° / débordant de rancoeur
Ma lettre d’amour / foulera de ses pieds
vous fera avoir mon coeur / ma lettre d’amour

° note 90:  » Surusumi : encre qu’on broie et nom du célèbre cheval noir. Minamoto no Yoritomo, fondateur du bakufu ( premier shôgunat) de Kamakura en 1192 offrit 2 de ses plus beaux chevaux à ses deux sujets Sasaki Takatsuna et Kajiwara Kagesue (ce qui occasionna une grande rivalité entre eux)…

°° note 91 : Uroko-gata. Motif d’écaille triangulaire apparaissant sur le costume du théâtre nô du personnage de la femme jalouse. Ce kyôka fait allusion au haïku composé par Matsuo Bashô (in Edo Sangin, 3 récitations à Edo) :

Kobuton ni / daija no urami / uroko-gata

Le petit coussin / Le gros serpent, sa rancoeur / en forme d’écailles

En continuant de compulser Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu, choix de Senshûan °, illustré par Hokusai, les notes de fin d’ouvrage m’en apprennent de bien bonnes :

° Note 4 : Senshûan, pseudonyme du poète Sandara-hôshi (1731-1814), de son vrai nom Akamatsu Masatsune. Avant de se consacrer au kyôka, il s’intéressait alors plutôt au conte humoristique (shôwa, kyogen) mais semblait entretenir de bonnes relations avec les poètes de kyôka dont Karogoromo Kisshû (1734-1802). () Il dirigea un groupe de poètes et se distingua comme l’un des meilleurs poètes de kyôka. Sa poésie se caractérise par l’humour et l’équilibre…

Note 2 : « Kyôka, litt. poésie folle. La forme est celle du waka de 31 syllabes (5+7+5+7+7) mais les sujets traitent de la vie quotidienne d’une façon anticlassique. Ce genre requiert une large connaissance de la littérature en général comme de l’art et de la rhétorique propre à la parodie (mots-pivots polysémiques, homophonies et homographies, compositions complexes et astucieuses). Cette tradition qui remonte au VIII° siècle, se développe à l’époque Kamakura pour connaître son apogée à l’épque Edo. »

Note 25 : Les 4 saisons … posent les règles du concours : provocation, maîtrise technique absolue des poésies en chaîne (pastiche, jeux de symétrie, polysémie…), attachement à la littérature classique et à l’érudition *, comparaison et identification implicite avec l’un des six poètes sacrés (Rokkasen).

Note 32 :  » Le moine Kisen est l’un des 6 poètes du Parnasse japonais ou 6 poètes immortels (Rokkasen) avec Ariwara no Narihira, le moine Henshô, Ôtomo no Kuronushi, Bunya no Yoshihide et la poétesse Ono no Komachi.  »

* en ce sens, on pourrait dire que le poème de Jean Monod, cité page 14 de l’anthologie du haïku en France, éd Aléas 2003, est un kyôku, qui – sans le nommer – cite Mallarmé :
 » L’absente de tout / bouquet la voilà me dit-il / en se montrant l’aube  »

Note 16 : Tsutaya (ou Tsuta-jû, abrégé de Tsutaya-Jûzaburô, 1750-1797) de son nom, Kôshodô, libraire et éditeur, grand amateur des arts et amis des lettrés, tels (entre autres) Utamaro et Hokusai, était aussi leur mécène. Il publia un grand nombre de livres et d’estampes (…) Son succès le porta au 1° rang des éditeurs d’Edo (pendant environ les 15 dernières années du XVIII° siècle, « qui coîncidaient avec l’âge d’or du kyôka.) Tsutaya édita plusieurs recueils de kyôka dont la présente anthologie, illustrée par Hokusai. »

*

(À suivre … avec quelques exemples de ces kyôkas qui très souvent se réfèrent à, font allusion à, s’inspirent de, évoquent, parodient, pastichent d’autres poètes que ceux cités plus haut, tels Sôkan, Saigyô, Murasaki Shikibu, Sagami – une des 36 poètes immortels (sanjû Rokkasen) – et aussi Bashô, etc. et/ou font intervenir polysémies, etc.)

*

Pour ajouter à mes « Plus sur le kyôka », celui-ci, de Iso no Wakame, p.16 du Char des poèmes kyôka de la rivière Isuzu (: op.cit.) :

Todokanedo / tatsuru misao o / uki hito no / kumite shirekashi / horiido no mizu
Même hors d’atteinte / voici mon coeur fidèle ° / Et toi coeur léger / puise °° et sache / cette eau du puits profond

° : « Misao o tateru » = jurer fidélité ou amour à quelqu’un. Le terme « sao » désigne la perche employée pour mesurer la distance, la hauteur et la profondeur. »

°° : « Kumite » = considérer les désirs de quelqu’un. Ce kyôka parodie un poème de Saigyô in Sanka shû (Recueil de la hutte des montagnes) :

Kumite shiru / hito mo aranan / onozu kara / Horikane no i no / oko no kokoro o *
En puisant de l’eau / sans doute comprendra-t-il / par lui-même / la sincérité du coeur profond / comme l’eau au fond du puits **

* Note du compilateur :
« o », n’est-ce la profondeur (de l’eau) du puits, cette unique allitération, cette unique voyelle la bouche en (« o » du) puits, du dernier vers (mais aussi progressivement tout au long du kyôka =
0 en première ligne
2 en deuxième
2 en troisième
3 en quatrième
7 en cinquième
?)

** le puits de Horikane, situé dans la province de Musashi est un « uta-makura ».

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Le terme « kyôku » fut revu après la lecture de Writing and Enjoying Haiku (A Hands-on Guide) ; Kodansha International Ed., 2002, pages 154/155 de Jane Reichhold, isbn 4-7700-2886-5.
Au chapitre « Kyôka : Really Mad Poetry » (« Kyôka : une poésie vraiment folle ») : « C’est le côté non-sérieux du tanka… En fait, on utilise le terme également pour des poèmes parfaitement sérieux, qui traitent de l’écriture d’écrivains écrivant sur la forme… En anglais, nous n’avons pas encore fait la distinction entre le tanka sur des sujets plus légers ou le tanka à propos de l’écriture du tanka, mais continuons d’utiliser le même terme pour les deux occurrences. »

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In L’Anthologie Poétique en Chine et au Japon, Extr.Orient-Extr.Occident, P.U.V. 2003 : l’article de Daniel Struve « Les recueils comiques de kyôka », p.139-163 :

« Très en vogue dans les milieux lettrés de la fin du XVI° siècle, le kyôka connaît alors un véritable âge d’or. (…) Matsunaga Teitoku (1571-1657), disciple de Hosokawa Yûsai et rpincipal promoteur du haikai est aussi considéré comme le fondateur du kyôka de l’époque d’Edo. » (p.140-141)

Le résumé de cet article dit : « Dans le Japon de l’époque d’Edo, l’introduction de l’imprimerie et le succès des genres poétiques comiques du haikai et du kyôka donnent lieu à la compilation de nombreux recueils. L’article retrace l’évolution des recueils du kyôka à partir du milieu du XVII° siècle jusqu’à l’apogée du genre à l’ère Tenmei (1781-1791), en relevant le statut ambigu que conserve tout au long de son histoire ce genre poétique… »

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: Compilé par Daniel Py, (mai 2007- octobre 2013).

Compte-rendu kukaï Paris n° 82

15 octobre 2013

82 du 12 /10 /2013

En présence de dix-sept participants, 54 haïkus furent échangés. Un haïku obtint 4 voix, 7 en obtinrent trois, 4 en eurent deux, et 18 en obtinrent une.

°

Avec 4 voix :

solitude –
j’invite mon ombre
à entrer

: Michel Duflo.

°

Avec trois voix :

Début d’automne –
Dans ses yeux le même bleu
qu’autrefois

: Isabelle Ypsilantis,

Deux fils d’argent :
l’araignée d’un arbre à l’autre
trace l’horizon

: Danièle Étienne-Georgelin,

Fin des vendanges –
le saisonnier repart
à pôle emploi

: Marie-Alice Maire,

La petite vieille
derrière sa fenêtre
parle aux nuages

: Patrick Fetu,

lit défait –
l’oreiller
sur l’oreiller

: Paul de Maricourt,

Raisin pressé –
Le goût acidulé
de l’enfance

: Isabelle Ypsilantis,

une araignée grimpe
sur l’ombre de l’échelle –
soleil d’automne

: Michel Duflo.

°

Avec deux voix :

Au cri des oies
se mêlent ceux des enfants
– départ et rentrée

: Patrick Fetu,

Canapés de luxe
Un couple SDF s’installe
devant la vitrine

: Danièle Étienne-Georgelin,

pleine lune
au-dessus du cyprès –
un i

: Bernadette Becker,

rouge vermeil –
au bord de ses lèvres
l’éclat d’un baiser

: Bernadette Becker.

°

Avec une voix :

Au fond de ma poche
ce galet poli
depuis tant d’années

: Patrick Fetu,

Au milieu du marasme
Des grenouilles, un panneau
Calme et prudence

: Noémie Guibert,

caisse –
la coccinelle n’a pas
de code barre

: Valérie Rivoallon,

crac crac crac
crac crac crac crac crac –
les doigts du voisin

: Valérie Rivoallon,

Dans son cartable neuf
le sac de billes
de sa mère

: Lydia Padellec,

Des montgolfières s’élèvent
au-dessus de la Loire
puis la pleine lune

: Daniel Py,

Jeudi soir
Mon voisin lit
Le journal du dimanche

: Oriane Oberndorfer,

journée à la plage –
des soldats en plastique
à l’assaut du blockhaus

: Michel Duflo,

Il pleut des cordes –
Réfugié sous la gouttière
Un chat de gouttière.

: Isabelle Ypsilantis,

La petite fille
ne sourit pas à ses grimaces
tristesse du clown

: Monique Coudert,

les tipules
sans fin
lissant l’eau

: Daniel Py,

nuit d’automne
des feuilles courent
sur leurs mains

: Daniel Py,

parc zoologique –
du tigre ne voir
qu’un chemin de ronde

: Paul de Maricourt,

Photo de classe –
le nom de mon petit voisin
oublié

: Lydia Padellec,

Pie yin-yang
dans le vert cru
du saule

: Monique Serres,

sieste de papa –
le placard
aux cravates

: Paul de Maricourt,

Sous-bois brumeux –
L’odeur du champignon
Mon père absent

: Danièle Étienne-Georgelin,

Sous les cymaises
Un cygne blanc traverse
Une nature morte

: Roselyne Fritel.

°

Notre prochain kukaï aura lieu le samedi 16 novembre à 16 heures, au bistrot d’Eustache, 33 rue Berger, 75001 Paris,
entre l’assemblée générale de l’AFH le matin, et le « repas des 10 ans de l’AFH » le soir !

°

Le kukaï « extraordinaire » suivant, organisé par Laurent (Seegan) Mabesoone, aura lieu dans Paris, en présence des membres du Seegan Kukai : Shigeru Oobayashi, Fumiko Usuda, Guso Yamaura, Kazuko Okumura, Teru Utashiro, et Tami Kobayashi ; de Monique Leroux-Serres, invitée par le cercle Seegan ; de sept membres du kukaï de Paris, et de sept membres du Haikukai de Paris, le 7 décembre prochain. Il sera également suivi d’un dîner.

°

À bientôt donc !
Daniel

°

Kukaï de Paris (KP 82) samedi prochain 12 octobre

7 octobre 2013

Bonsoir !

samedi prochain 12 octobre à 16 heures à l’Indiana Café, 33 rue Berger, 75001 (M° Châtelet-Les Halles) aura lieu notre 82è kukaï !

bienvenue à tous !

Daniel

PS : voir aussi :
http://kukai.paris.free.fr/blog/

2 Néologismes

6 octobre 2013

°°

(Les) falsifis

°

Les falsifistes

°°

D.(6/10/13)

Complément du compte-rendu du Festival de Folkestone mai 2013

6 octobre 2013

Pour compléter le compte-rendu du Festival anglo-français de Folkestone (Mai 2013), co-organisé par la BHS, L’AFAH, l’AFAH et le KP, je vous propose l’ensemble des haïkus (qui avaient fait l’objet d’une « sélection ») exposés sur des bannières le long de la promenade du bord de mer : « The Leas » :

over open sea / from Folkestone to Etaples / the Milky Way
sur la vaste mer / de Folkestone à Étaples / la Voie lactée
David Cobb (BHS)

marriage proposal / the zig-zag path / to the sea
demande en mariage / le chemin zigzague / vers la mer
Lynne Rees (BHS)

high tide / over and over / the shifting shingle
pleine mer / le sempiternel va-et-vient / des galets
Brian Tasker (BHS)

sea breeze / the old boat sunk / in summer grass
brise de mer / le vieux bateau englouti / dans les herbes de l’été
Fred Schofield (BHS)

a test of patience / the fisherman / and his girlfriend
test de patience / le pêcheur / et sa petite amie
Andrew Shimield (BHS)

le saut des puces de mer / sur le varech – / un phare s’allume
sand fleas jumping / across the seaweed – / a lighthouse lights up
Paul de Maricourt (KP)

tour à tour / les nuages éteignent / les fonds marins
one after the other / clouds darken / the seabed
Danièle Georgelin (KP)

bord de mer – / cet été encore la courbe / de sa lèvre supérieure
the sea’s edge – / again this summer the curve / of his upper lip
Meriem Fresson (AFAH)

en gants résille / il écaille un cabillaud – / mouettes crieuses
in meshed gloves / he scales a codfish – / crying gulls
Daniel Py (KP)

Un vol d’oies sauvages – / elle annonce son départ / pour le bout du monde
flight of wild geese – / she announces her departure / to the ends of the earth
Danièle Duteil (AFAH)

°°

Enjoy !
Savourez !

Daniel.

À propos des « oublis » de « Gong » HS n°10 à propos du Festival anglo-français de Folkestone en mai 2013

5 octobre 2013

Bonjour !

En bas de la page 4 de ce numéro HS n° 10 de « Gong » (octobre 2013), sous l’intitulé « Rencontre anglo-française », on peut lire :
« L’AFH, l’AFAH et la BHS ont organisé une rencontre d’écriture… »

Il manque au nombre le « KP » = Kukaï de Paris !

Toujours sur cette page 4, deux lignes en-dessous, est écrit : « Vous pourrez lire les textes créés ensemble… »

Il aurait été plus consciencieux d’écrire :
« Vous pourrez lire certains des textes créés ensemble… » : il y manque en effet (se reporter aux pages 29 à 38 en fin de numéro) le deuxième renku « Pégase en vacances » / ‘Pegasus on holiday’ mené par Neil Robbie, avec Andrew Shimield comme secrétaire et Daniel Py comme traducteur.

Cet « oubli » du KP se répète page 29, sous l’intitulé « Programme des rencontres » :
en effet, sous « vendredi 10 mai 2013 », on peut lire :
« 9h30 Présentations AFH, AFAH et BHS »

Là encore manque la mention du KP ! Nos amis anglais sont plus « fair-play » ou simplement plus exacts (!) qui annoncèrent au programme :
« Friday 10 May 09.30 Presenting our societies (BHS, AFH, AFAH, KP). » Présentation que j’eus l’honneur de faire, effectivement !

Quant au (2ème) renku « omis » en fin du numéro spécial de Gong, je l’ai posté intégralement sur ce blog (« haicourtoujours »), précédemment, avec le commentaire du sabaki Neil Robbie, commentaire (et renku) reproduits dans la revue de la BHS (British Haiku Society) vol 23, n° 3, pp. 32-35. Les traductions au français (comme aurait écrit mon cher ami Salim Bellen) étant de moi.

Merci pour ces quelques rectifications !

De plus, si l’on en croit Le Comité de la BHS (trad. Danièle Duteil) :

« L’année prochaine (= 2014), la rencontre de printemps de la British Haiku Society (BHS) va prendre un tour nouveau et passionnant puisqu’elle se fera en collaboration avec nos amis d’Outre Manche, l’Association Francophone de Haiku (AFH), l’Association Francophone des Auteurs de Haïbun (AFAH) et le Kukaï de Paris (KP). »

Bien à vous tous,
Daniel.

Rapport sur le shisan renku de Folkestone : « Pégase en vacances » / ‘Pegasus on holiday’ par Neil Robbie

5 octobre 2013

Voici l’article paru dans Blithe Spirit (Le journal de la British Haiku Society -vol 23 n° 3) :

Renku and linked haibun written as part of the Anglo-French Haiku Conference in Folkestone, May 2013

Renkus et haïbun lié écrits pendant la Conférence Anglo-Française de haïku à Folkestone, en mai 2013.

Introduction (by / par Neil Robbie)

Twelve budding renkuists gathered in the cellar bar of the hotel around a long aluminium table and were divided into two groups, one led by Claire Châtelet (aka Sprite) and one by myself. We made sure there was a fair mix of French speakers and english speakers and at least one person in each group capable of translation at the high level demanded of bilingual poetry writing. I was a late joiner to the conference and Daniel Py had been asked to lead one of the groups ; but after chatting on the Thursday night he offered me the sabaki role as we would need someone who was capable of translating easily between French and English in each group, a job he was very capable of doing. We stayed around that same table and Claire’s group went upstairs. Thus we all started around 10.30 am on the Friday morning 10th May 2013.

Douze renkuistes (« renju ») en herbe se rassemblèrent dans le bar inférieur de l’hôtel autour d’une longue table en aluminium, et se divisèrent en deux groupes, l’un emmené par Claire Châtelet (dite Sprite) et un par moi-même. Nous nous assurâmes qu’il y avait un bon équilibre entre francophones et anglophones, et qu’une personne au moins dans chaque groupe pouvait traduire au niveau demandé par l’écriture de poésie bilingue. Je rejoignis tardivement la Conférence et l’o avait demandé à Daniel Py de mener un des groupes ; mais après discussion le jeudi soir, il m’offrit le rôle de sabaki, puisque nous avions besoin de quelqu’un capable de traduire facilement entre le français et l’anglais dans chacun des groupes, tâche qu’il était capable d’assumer. Notre groupe resta autour de la table, et celui de Claire remonta au rez-de-chaussée. Nous commençâmes donc autour de 10 h 30 le matin du vendredi 10 mai 2013.

RENKU 1

Participants : Danièle Georgelin (DG) ; Rob Flipse (RF) ; Daniel Py (DP – translator / traducteur) ; Neil Robbie (NR – sabaki) ; Nan Schepers (NS) & Andrew Shimield (AS – secretary / secrétaire.)

Pegasus on holiday
– A Spring Shisan renku / Un renku Shisan de printemps – Pégase en vacances

A blossom in the wind / the door of the South Cliff hotel / opens and shuts
La fleur au vent / la porte de l’hôtel Southcliff / s’ouvre et se referme
RF

spring tide / pulls back a pebble
la marée de printemps / fait reculer un galet
NR

in a sweat / changing the duvet / on the bed
en sueur / changeant la couette / sur le lit
AS

the neighbour hangs out / after a hot night
la voisine se penche dehors / après une nuit chaude
RF

in your memory / to live this new summer / a cuckoo calls
en ton souvenir / vivre ce nouvel été / un coucou appelle
DG

the temple bell / answering
la cloche du temple / lui répond
DP

early morning jogging / the moon so low / it touches the rooftops
jogging tôt le matin / la lune si basse / qu’elle touche les toits
NR

after the grape harvest / a leaf falls in my glass
après les vendanges / une feuille tombe dans mon verre
NS

hey Presto ! / the magician pulls / a rabbit from his hat
abracadabre ! / le magicien tire / un lapin de son haut-de-forme
AS

Pegasus on holiday / flying over fis hand chips
Pégase en vacances / survolant le fish-and-chips
NS

the red cheeks / of children / on sledges
les joues rouges / des enfants / sur leurs luges
DP

A Chopin Air / snowflakes in the light
Air de Chopin / les flocons de neige dans la lumière
DG

TOMEGAKI for ‘Pegasus on holiday’ / pour « Pégase en vacances ».

The hokku was a difficult choice, as the quality of the verses was very high. The theme of the wind, the sea and the hotel all feaured strongly. Eventually I decided to go with Rob’s excellent verse, where we have both the inside and outside interacting, a constant theme of this poem, the place name of the civilised world and the natural world in dialogue through the opening and closing door.
Le hokku fut un choix difficile, étant donnée la qualité élevée des versets proposés. Les tèmes du vent, de la mer et de l’hôtel prédominaient, mais je choisis finalement l’excellente strophe de Rob, où nous trouvons l’interaction de l’intérieur et de l’extérieur, un thème constant de ce poème, le nom de lieu du monde civilisé et le monde naturel dialoguant à travers la porte s’ouvrant et se fermant.

The waikiku also offered some difficult choices to the sabaki. The sea answering the wind on the shorefront seemed the best choice linking as it did with the outside scene and so i twas the waves overturning the pebble that was selected.
Le waikiku également demanda un choix difficile au sabaki. La mer répondant au vent sur le front de mer sembla le meilleur choix, faisant ainsi le lien avec la scène en extérieur, et ce fut donc les vagues retournant le galet qui fut choisi.

The daisan raised the question of the ambiguity of the hokku. – Was the writer reporting the door opening and shutting inside or outside the hotel ? If outside then Andrew’s duvet changing verse might not work. But we decided there was enough ambiguity there and although the wakiku was outside I decided the shift to the inside of a bedroom would fit well, with the duvet covers movement linking to the waves.
Le daisan souleva la question de l’ambiguïté du hokku. – L’écrivain relatait-il que la porte s’ouvrait et se fermait à l’intérieur de l’hôtel ou sur l’extérieur ? Si c’était à l’extérieur, alors le verset du changement de duvet d’Andrew pouvait ne pas fonctionner. Mais nous décidâmes qu’il comportait assez d’ambiguïté, et bien que le wakiku se situât en extérieur, je décidais que le changement vers l’intérieur d’une chambre fonctionnait, avec les mouvements du duvet procurant un bon lien avec les vagues.

There were associations of this verse which might signal that it would be more suitable later on in the poem. – Why was he changing the duvet ? And soon enough we were outside again with the theme of love and Rob’s neighbour hanging ouside the window from the room after a ‘hot night’. We moved rather gracefully and elegantly from the passion of night to the cool cry of a cuckoo in summer ; here the love was for a father, Danièle’s, and mortality crept in.
Certaines associations de ce verset pourraient indiquer qu’il pourrait être plus judicieux plus tard dans le poème. – Pourquoi changeait-il le duvet ? Et de nouveau nous nous trouvions dehors pour le thème de l’amour et la voisine de Rob se penchant par la fenêtre de la chambre après une « nuit chaude ». Nous continuâmes assez gracieusement et élégamment, passant de la passion nocturne au cri frais d’un coucou en été ; ici il s’agit de l’amour pour un père, celui de Danièle, et la mort vient faire son apparition.

And then the beauty of Daniel’s answering bell. Perhaps that bell was Daniel himself giving comfort to his partner in her bereavement.

Puis vient la beauté de la cloche de Daniel qui répond. Cette cloche étant peut-être Daniel lui-même voulant apporter réconfort à sa partenaire dans son grief.

We were beginning to cover a fair few of the 10,000 things, from love, to death to religion.
Nous commencions à couvrir quelques unes des dix-mille choses, de l’amour à la mort, à la religion.

The jogging verse was based on a memory of a 5.00am jog with a very low moon. At this point we started to look around to check everyone had submitted a verse, and in a very natural way Nan came up with another autumn image of a leaf falling into a glass of wine. The falling in of the leaf was complemented by the pulling out of the rabbit and the lightness of the fall of the leaf with the dramatic flourish of the magician. The theme of magic amplified with Pegasus taking to the skies to look down on the Folkestone diners as one of Nan’s pocket verses was adapted and recycled.
La strophe du jogging provenait du souvenir d’un jog à 5 heures du matin accompagné par une lune très basse. À ce moment du renku, nous commençâmes à vérifier que chacun des participants avait soumis un verset, et très naturellement Nan produisit une autre image automnale, celle d’une feuille tombant dans un verre de vin. Cette chute de la feuille fut suivie de l’extraction du lapin du chapeau du magicien, et la légèreté de la feuille par le panache dramatique de l’artiste de cirque. Thème de la magie amplifié par Pégase qui s’envole pour observer les convives de Folkestone, dans une strophe de Nan mise de côté précédemment et recyclée à cet endroit.

What could be a clearer image of winter than the red cheeks of children playing in the snow ? After Daniel’s red cheeked children, we ended with another of Danièle’s beautiful verses, a winter ageku with the lightness and elegance of Chopin, Daniel and Danièle moving in harmony once more.
Quelle image d’hiver pourrait-elle être plus parlante que celle des joues rouges d’enfants jouant dans la neige ? Après les enfants aux joues rouges de Daniel, nous conclûmes avec une autre des belles strophes de Danièle, un ageku hivernal avec toute la légèreté et l’élégance de Chopin, Daniel et Danièle bougeant une fois de plus en harmonie.

We were finished by 4.00pm. In the end everryone had submitted 2 verses, though initially at least, not through any premeditated design. Finally on the bus to Canterbury the next day, Andrew solicited views on the title of the poem and suggested ‘Pegasus on holiday’. We all agreed.
Nous terminâmes à 4 heures de l’après-midi. En fin de compte chacun avait soumis deux strophes, sans que cela eût été un objectif prémédité. Enfin, dans le bus vers Cantorbéry, le matin suivant, Andrew demanda notre avis sur le titre du Shisan, et suggéra « Pégase en vacances » pour lequel nous fûmes unanimes.

Neil Robbie, May / mai 2013.
(trad. D. Py.)