Archive for juillet 2013

haïkus inédits de Salim Bellen

28 juillet 2013

°

Dédiés à Sofia Uzcategui (sur le thème de la neige) :

Papillons de nuit
alentour des réverbères
ah, premiers flocons

Sur ses poches vides
le clochard dans le métro
secouant la neige

Comme les amours
la neige des premiers jours
traîne dans la boue

Salim Bellen

°

Suis sur la piste d’un cahier de Salim contenant 500 haïkus, appelé « Un bâton dans les Andes », et d’un carnet de ses haïkus écrits entre janvier et mars 2003 !
… à suivre !

haïku, etc. Py – juillet 2013 – 1/2

28 juillet 2013

°°°

ciselé
ci el

les anars sauvages

sur le trottoir
un ex-cargot
(4 juillet)

un canard
sur une pierre
et son reflet

(= une photo 5/7/5 ?)

(: sur le Verdon, août 2012)

3 vers de silence
pour l’ami haïkiste
qui vient de disparaître

/

3 vers de silence –
ce haiku aurait la forme
d’un cercueil (en creux)

en
cre
ux

d
e
s
cendre
s

e
s
ca
li
er
s

(Kyôku :)

Méfiez-vous du 5/7/5 !
c’est sous cet(te) (uni)forme strict(e)
que naissent la plupart
des faux-haïkus

(D’après K-D. Wirth, dans Gong 40 :)

ce (gendai ?) haïku
aurait-il – simplement – oublié cette règle primordiale :
la simplicité (- clarté – légèreté )

qui fait
que ce n’est plus un (/du) haïku ?

/

obscur
confus
abscons
touffu

haïku foutu

flaque :
des milliers
de Delaunay
de pluie ?

son souffle mord
un morceau de nuit
– 4 heures

au train
où sifflent les martinets…
vacances de juillet

(cf juin 2/2 2013 :)

après la nuit blanche
le suaire de l’aube

un Sarkothon
pour l’UMP ?
– vive les senryûs !

/

Sarko, ma muse,
reviens alimenter
mes senryûs !

/

Nicolas, Caca,
en voilà un nouveau slogan !

insaisiss
a
b
l
e

la voix du reporter-radio ce matin
un filet d’eau sans fin dans les toilettes

Bordeaux –
le Pont de Pierre
a dix-sept arches :

Napol
éonBona
parte

avec sa pelle
il creuse un trou dans le sable
pour son gros ventre *
– jeux de ballons
en bord de plage

(* = enceinte)

crocodiles
surfacent à peine
du bain de boue

/

pour profiter pleinement
« des bienfaits du bain de boue »
SILENCE

(: Thermes troglodytiques de Jonzac, 7-28/7/13)

°°°

haïku, etc. Py – juin 2013 – 2/2

28 juillet 2013

°°°

brise printanière
au kukaï
échange de feuilles



(dans la série
« Vu à la télé » :)

un galop de chevaux
soulève l’or du désert
– crépuscule

un escargot
au toit ouvert
– trottoir de juin

pleine nuit
l’odeur du pain
gonfle jusqu’à nous

lisant des haïkus
le silence se taille
la part du lion

sous ses tissus légers
des tatouages
à deviner

sur l’affiche
d’un concert de rock
un escargot assoupi

au-dessus de la serveuse
au-dessus de son évier

première chaleur de juin
dans l’ombre
d’un panneau de bus

après la nuit blanche
le jour vient poser
son linceul

Ah, péter librement
dans une rue de banlieue
un dimanche soir
tard !

peu avant les examens
les cris des martinets

l’accent sur l’o
de Bashô
c’est la grenouille en extension
pendant son saut…

seul
tranquille
avec haïkus

où le souffle ne passera plus (très) longtemps…

la ville
vide de bruits
– midi trente-sept

(Reims, 2013)

matin
l’araignée a décoré
le rétroviseur

/

gouttes de rosée
la toilette de l’araignée

nous ralentissons
à 251 km-h :
dernier vendredi avant vacances

ce soir
les feuilles immobiles
sur les voitures à l’arrêt

centre
dentaire
ment

c’est caca strophique

/ c’est une caca – strophe ?

°°°

‘Haiku poésie du zen’ éd. P. Picquier

6 juillet 2013

« Le moins l’emporte sur le plus » (Haiku). sentiment exacerbé de la réalité – dimension réaliste du haïku – observation clairvoyante de la vie quotidienne

union – d’instant en instant – avec l’existence
. (: zen)

une perception pleine et entière de l’instant – être ici et maintenant.

L’instant du poème devient un espace d’intensité absolue. L’image décrite par (le poète) vit de sa propre vie. L’art du haïku consiste à concentrer la réalité en un seul et unique moment, qui piègera poète et lecteur dans le partage d’une même expérience. – rencontre foudroyante – restitution de moments que la prose ou la logique échouent à décrire. – art émouvant de l’insaisissable – forme à la beauté stupéfiante – sorte d’instant-poème (de la durée d’une respiration humaine.) Rester coi (de ravissement) : l' »Ah-té » – L’objet nous a saisis, il nous happe et emplit notre conscience de ses formes, de ses couleurs, de ses ombres et de ses chatoiements. Le temps d’un instant fugitif, nous percevons une structure et un sens que nous n’avions jamais éprouvés auparavant. Restituer pareil instant, telle est précisément l’intention du haïku. La poésie du haïku est la restitution d’une expérience et non son commentaire… Chaque mot du haïku est une expérience. C’est bien la fraîcheur qui apparaît comme l’essence du haïku, en ce qu’elle est créée par l’immédiateté de la sensation.

L’expérience du haïku repose sur trois éléments – où, quoi, quand – combinés – lieu, objet et temps si unis
, immuables qu’ils font naître chez le lecteur une sorte de nirvâna.

Printemps :

Assis en silence
sans rien faire
le printemps vient
et l’herbe pousse d’elle-même

: Oshô.

un seul pétale
choit du cerisier
silence de la montagne

: K. Tanemura

flammes vacillantes
je m’agenouille auprès du torrent
pour boire les étoiles

Ch. B. Dickson

une fois la lampe éteinte
les étoiles fraîches
sont entrées par la fenêtre

: N. Soseki

un arc-en-ciel brisé
éclabousse le ciel sous les nuages
avec la quiétude d’une cathédrale

: J. Kirkup

« des lucioles en vol »
aimerais-je dire à quelqu’un
mais je suis seul

: Taigi

où l’on trouve des humains
on trouve aussi des mouches
et des Bouddhas

: K. Issa

Automne : (p.38) (895.61 Mm).

°°°

‘Passagère du silence’ de Fabienne Verdier – 2)

6 juillet 2013

« Il faut te nourrir des vies qui t’entourent. Elles provoqueront des émotions et des perceptions de plus en plus riches et variées. Le peintre, au cours de son existence, se construit une banque de données psychiques à partir de sa connivence avec le monde. C’est ce qu’il restitue dans son trait. Un jour, de cette banque de données naîtra naturellement, en un geste spontané, un acte créatif. » (p.114)

« Retrouver la sérénité primordiale. »

« découvrir l’infini du paysage dans le néant »

« saisir le vivant de chaque chose »

« un coup de pinceau qui n’est pas empreint de vie, et ta composition meurt. »

« l’attitude du vide de l’esprit face au papier. » (p.118)

« Si tu veux travailler les perceptions infinies (…) il faut une attitude d’humilité, de transparence. »

« … avant de venir, tu devais faire le vide en toi. C’est le vide qui nourrira ton futur tableau. C’est de ce terrain vierge que naîtra l’intention et la pensée jaillira, comme une étincelle limpide au moment où je te passerai le pinceau. Si tu y penses avant, tu n’es plus dans l’instant; tu seras forcément perturbée. » (Huang Yuan) (p.118)

« gardant à l’esprit l’unité fondamentale »

°°°

: Fabienne Verdier, in ‘Passagère du silence’, éd. Albin Michel.

‘Passagère du silence’ de Fabienne Verdier

6 juillet 2013

p. 103 : « Comment donner vie à la matière ».

« Transmettre la vie au trait ».

« communiquer une tension physique et spirituelle au trait. »

« révéler l’élan, le dynamisme, les lignes de force » (p.105)

« C’est l’éclat spirituel qui doit générer l’oeuvre; la pensée ne doit pas l’emporter sur le naturel de l’ensemble. C’est l’unité qui importe. Pars toujours d’une intuition poétique et essaie d’exprimer la substance des choses. » (p.106)

« Ce qu’il y a de précieux dans le mot, c’est l’idée. Mais l’idée relève de quelque chose qui est ineffable. »

« Le noir possède l’infini des couleurs; c’est la matrice de toutes » (p.110)

« Le noir est le révélateur premier de la lumière dans la matière. »

« La peinture chinoise est une peinture de l’esprit; elle ne vise qu’à transmettre l’esprit des choses à partir des formes, qui ne sont qu’un moyen. » (p.110)

« Il faut trouver le juste milieu pour saisir la vie. Tout est dans la juste mesure des

oppositions » (p.111)

« Il faut allier puissance et délicatesse (…) ni trop légère ni trop lourde (…) ni trop sec ni trop mouillé (…) »

« Pour trouver l’unité du pinceau, il faut apprendre l’opposition et la complémentarité. »

« Il y a des gens à qui une vie ne suffit pas pour comprendre leur ignorance. » (p.113)

« Le fait que tu reconnaisses que tu es un ignare devant l’éternel, c’est l’attitude que je désirais que tu aies pour approcher la peinture. C’est la seule attitude valable pour devenir peintre; sinon ce n’est pas la peine de s’y mettre. »

(à suivre)

‘L’autre bout du ciel’ de Damien Gabriels

5 juillet 2013

Je ne peux pas partir en vacances sans vous faire part de mon
appréciation admirative du dernier recueil de Damien aux éditions Éclats d’encre, 2013 ( http://www.eclatsdencre.com )
: ‘L’autre bout du ciel’. Je me suis régalé, tout simplement !

À preuve ces quelques admirables :

salle de réunion –
le vide à la fenêtre
après le papillon

(p.12);

celui-ci, à la magnifique expression synesthésique :

rabattant les volets –
le froissement bleu nuit
d’un vol de pigeons

(p.16);

garrigue à l’aube –
deux papillons attendent
l’ouverture des fleurs

(p.22);

fin de repas –
la cruche de grès
se remplit d’ombre

(p.29);

et :

assis sur le seuil
– partageant le silence
du laurier rose

(p.35)

lui aussi exactement au coeur de l’esprit haïku !

Je ne saurais trop vivement vous recommander d’en faire l’acquisition, vous avez
là « le » haïku français dans sa toute meilleure expression !

Daniel

Compte-rendu du kukaï de Paris 80, du 29 juin 2013

3 juillet 2013

En présence de 16 personnes, 48 haïkus ont été échangés. Quinze d’entre eux ont recueilli une voix ; Treize autres, deux voix ; trois ont obtenu trois voix, deux, quatre voix, et un, cinq voix.

°

Avec 5 (cinq) voix :

Les coquelicots
Balançant par-ci par-là
Mon cœur aussi

, de Hiro Hata.

°

Avec 4 (quatre) voix :

Dans le bocal clos
attendant les confitures
un arc-en-ciel

, de Françoise Lonquety ;

et :

soldes d’été –
– 50 %
sur mes haïkus d’hiver

, de Michel Duflo.

°

Avec 3 (trois) voix :

Fenêtre entrouverte
parfum de tarte aux pommes –
marée haute

, de Lydia Padellec ;

l’oliveraie sous les rafales
elle ramène ses cheveux
dans un chignon

, de Lucia Supova ;

et :

pleine nuit
l’odeur du pain
gonfle jusqu’à nous

, de Daniel Py.

°

Avec 2 (deux) voix :

À l’arrêt du bus
les regards muets –
départ pour l’usine.

, de Patrick Fetu ;

Balade dans Paris
Le coucher de soleil flâne
Sur les fenêtres

, de Dany Georgelin ;

coup de vent
le barbecue
terrassé

, de Marie-Alice Maire ;

Derniers rayons
les abeilles fredonnent
une berceuse.

, de Patrick Fetu ;

derrière son basset
petite dame au trot
tandem parfait

, de Roselyne Fritel ;

dessinée
par la pluie –
une croupe

, de Valérie Rivoallon ;

Grand vent –
l’été valse
pour ses quatre-vingt printemps

, de Marie-Alice Maire ;

hôpital –
la patiente impatiente
arrose les plantes

, de Valérie Rivoallon ;

nouvelle adresse
que cachent les écailles
des bourgeons ?

, de Lucia Supova ;

pas le moindre nuage
contre qui maugréer –
sept moulins à vent

, de Michel Duflo ;

Perfection du rouge
sur mes lèvres –
première pivoine

, de Lydia Padellec ;

Sur sa joue
Des larmes sucrées
Au jus de cerise

, d’Isabelle Ypsilantis ;

et :

un drapeau vert
flotte sur une grue –
le ciel limpide

, de Daniel Py.

°

Avec 1 (un) point :

Brise violente –
une feuille s’agrippe
à deux pâquerettes

, de Lydia Padellec ;

cyprès au soleil
devant le mur délabré
son ombre disloquée

, de Philippe Bréham ;

deux jours –
trois bourdons morts
sur le trottoir

, de Martin Dinga ;

La fête du Démon danse
Excité l’esprit
Enlève son masque

, de Hiro Hata ;

Les scies
déchirent le silence
odeur de copeaux

, de Danièle Etienne-Georgelin ;

l’insomnie
le merle déjà
à sa place

, de Lucia Supova ;

Madonna
Aussi exquise que Raymonde
Pour le morpion

, de Leïla Jadid ;

Premiers jours d’été
La neige
Encore fraîche

, de Leïla Jadid ;

réveil –
ses yeux embrumés
de rêves

, de Valérie Rivoallon ;

Sa chemise
Sous l’odeur de cigarette
Celle du jasmin

, d’Isabelle Ypsilantis ;

Salon du livre –
en maraude au stand Québec
deux policiers

, de Françoise Lonquety ;

un galet… un coquillage
puis un autre
puis un autre

, de Patrick Fetu ;

Un homme endormi
le pantalon sur les pieds –
Passer son chemin ?

, de Françoise Lonquety ;

Un marin
lave le chalut
Les mouettes en vautours

, de Danièle Etienne-Georgelin ;

et :

vieille mare –
le petit enfant découvre
le chant des coucous

, de Marie-Alice Maire.

°°

Merci à toutes et à tous !

Notre prochain kukaï de Paris (n° 81) se tiendra le samedi 14 septembre prochain,
toujours à l’Indiana Café, 33 rue Berger, 75001, à 16 h 30,

après un été profitable pour tous, nous le souhaitons !

Daniel.