Archive for décembre 2015

Compte-rendu du 107è Kukaï de Paris :

13 décembre 2015

Hier, 19 présents. (Moyenne totale de l’année : 18 !). 40 haïkus échangés, 24 « primés » :

°

Avec 6 voix :

hiver

même le silence

est blanc

: Ben Coudert.

sur la ville endormie

la grue

lève la lune

: Antoine Gossart.

°

Avec 5 voix :

Au pied de l’arbre

la dernière balle

de la chienne.

: Patrick Fetu.

°

Avec 4 voix :

grisaille

sous l’allée de ginkgos

retrouver la lumière

: Cécile Duteil.

°

Avec 3 voix :

cordon de CRS

la petite fille

et sa pomme d’amour

: Antoine Gossart;

Joyeux Noël

l’araignée dans la crèche

je la laisse filer

: Eléonore Nickolay;

la jeune sans-abri

d’une poubelle à l’autre

son marché de Noël

: Patrick Fetu;

Lune d’hiver –

des péripatéticiennes

frappent dans leurs mains

: Danièle Etienne-Georgelin.

°

Avec 2 voix :

au métro Bastille

une mouette s’envole

l’enfant la rejoint

: Philippe Gaillard;

Brodé de flocons

le silence de la neige

couvre l’horizon

: Nicolas Lemarin;

Pitreries –

L’oeil impassible

du vieux chat

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis;

pleine lune d’août

son test de grossesse

positif

: Daniel Py;

Pleine lune –

Envie de croquer

une pomme d’automne

: Isabelle Freihuber-Ypsilantis;

Sa voix aussi

disparaît dans le brouillard –

déjà l’hiver

: Michel Duflo;

tombe la neige ~

la forêt

se réinvente

: Eléonore Nickolay;

Train bondé

Il monte

Avec sa chaise

: Leïla Jadid.

°

Avec 1 voix :

arthrose –

seul l’hiver s’immisce

par le chas de l’aiguille

: Michel Duflo;

chevauchant

une monture invisible –

turbulences

: Valérie Rivoallon;

Contemplant les canards

Je déguste

Mon pâté

: Leila Jadid;

le rythme récurrent

du saxo-jazz

le bruit des essuie-glace

: Daniel Py;

ma banlieue

dans une odeur de feu de bois

nuit paisible…

: Danièle Etienne-Georgelin;

Mon nez picote

– dans un champ de poils

sur ta poitrine

: Alice Schneider;

parc en hiver

le manège illuminé tourne

sans enfants

: Philippe Bréham;

Tu es parti…

Un lit de brume

En tirant les rideaux

: Catherine Noguès.

°

Sans voix, mais remarqués :

Annonce de l’hôtesse

le train entre en gare

~ un chat miaule

: Marie Barut;

avance en boitant

un mille-pattes sur la feuille

prolongement du soir…

: Philippe Bréham.

°°°

 

Notre amie Eléonore Nickolay nous a gratifiés d’un beau et bon plat de petits gâteaux pour souhaiter un joyeux Noël au kukaï de Paris ! Qu’elle en soit remerciée !

Bonne fin d’année à tou(te)s

°

et au 9 janvier 2016, pour le kukaï n° 108 !

°

Autres prochains kukaïs prévus en 2016 :

30 janvier, 20 février, 12 mars, 9 avril, 21 mai, 11 juin, 2 juillet,… !

°°°

Ion Codrescu : « Round the pond »

10 décembre 2015

Round the Pound : une anthologie compilée par Ion Codrescu (éd. Muntenia, Constantza, Roumanie), 1994.

Préface de Ion Codrescu :

Après l’influence des estampes japonaises sur la peinture impressionniste et post-impressionniste en Occident dans la deuxième moitié du XIXè siècle, une autre forme artistique, venant aussi du Pays du Soleil levant, qui se manifesta cette fois par la poésie – haïkaï, hokku ou haïku -, attira l’attention d’écrivains européens.

Soit que l’oeil n’ait pas besoin de « traductions » pour comprendre le langage visuel des gravures japonaises et que la leçon de l’esthétique japonaise soit passée directement comme de l’air frais à travers la fenêtre des innovations promues par Manet, Degas, Monet, Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec, la voie du haïku dans la poésie mondiale fut plus discrète et plus lente, comme la langue japonaise représentait un obstacle insurmontable pour les étrangers. Les premiers qui « transplantèrent » cette poésie au-delà des frontières de l’archipel nippon furent quelques écrivains européens qui connaissaient le japonais. Les traductions, les anthologies de poésie japonaise, les études de quelques critiques littéraires, les associations et revues de haïku, les volumes de poètes non-japonais furent les moyens par lesquels le haïku se fit connaître dans la littérature occidentale.

Bien que des poètes connus du XXè siècle écrivirent des haïkus (Claudel, Séféris, Machado, Paz, Rilke) et qu’ils soient étudiés dans les écoles primaires, collèges et universités de quelques pays, qu’ils soient lus à la radio ou à la télévision, qu’ils soient analysés dans des congrès et festivals internationaux, qu’ils possèdent des maisons d’édition spécialisées, cette forme poétique est encore méconnue. Quelques dictionnaires et histoires des littératures font des commentaires à son propos, mais peu de critiques y prêtent attention et peu de magazines littéraires consacrent colonnes ou pages au haïku. Il y a encore des éditeurs, des critiques, des poètes qui ne l’acceptent pas, parce qu’ils ne le comprennent pas, ou parce qu’ils pensent que le haïku ne doit être écrit que par des Japonais. Le sonnet n’a-t-il été écrit que par des Italiens, le ghazel que par des Arabes et les psaumes que par des Juifs ? D’où vient cette interdiction ? La poésie est comme un oiseau libre qui ne connaît pas de frontières, comme des graines portées par le vent, qui grandissent, fleurissent et portent fruits là où elles trouvent de la bonne terre sans demander la permission à quiconque.

Qui lit du haïku pour la première fois et est habitué au poème occidental dira que certains mots ne sont pas poésie, que les quelques traces de pinceau de l’estampe « Aveugles traversant un pont » de Hakuin ne peuvent pas être comparées avec celles de « La parabole des aveugles » de Bruegel, même si l’art est de grande qualité à la fois dans l’estampe japonaise et dans la peinture flamande. Le drame est le même et il nous impressionne également, même si un artiste n’utilise que quelques nuances d’encre et l’autre de nombreuses couleurs. L’estampe de Hakuin contient un poème dans sa partie supérieure, qui, dans une traduction libre, dit que la vie intérieure et le monde éphémère sont comme un pont de bois pour des aveugles, et que l’esprit est le meilleur guide pour les franchir. En vérité, l’esprit des formes peintes par les deux grands artistes irradie, dépasse les différences techniques telles que laperspective spatiale, la composition, le rythme plastique et atteint le spectateur, lui parlant en le touchant, peu importe qu’il vienne d’Occident ou d’Orient.

Le haïku sera-t-il, plus de trois cents ans après la mort de Bashô, un catalyseur pour la poésie occidentale, comme l’estampe japonaise l’a été pour la peinture à la fin du XIXè siècle ? Le fait qu’il ait survécu mieux que d’autres formes poétiques maintenant oubliées, que dans de nombreux pays des poètes cherchent à en comprendre l’esprit en dépit de l’opacité de quelques uns et la cécité de certains autres envers cette miniature lyrique, que Léopold S. Senghor considérait comme « le plus beau poème au monde », nous incite à poser cette question. L’Occident s’approcha de l’esprit poétique japonais il y a quelques années, si on pense aux renga écrits du temps de Bashô et à l’explication par Edgar A. Poe du poème long : « Ce que nous appelons un poème long est en fait simplement une succession de poèmes brefs – c’est-à-dire de brefs effets poétiques… » Le caractère visuel, l’image concrète, l’impression fraîche, abrupte et non ornée révélés par le renga et le haïku attirèrent les poètes Imagistes vers la poésie japonaise. En 1917, Ezra Pound écrivit que la poésie devait être sans tapage rhétorique ni débauche luxuriante; elle devait être dépouillée et directe.

Bien que le haïku soit, peut-être, le poème le plus court de la littérature mondiale, bien que sa forme soit simple et vous donne l’impression que tout le monde peut l’approcher, sa première lecture laisse beaucoup de personnes indifférentes et déçues, comme elles n’y trouvent pas les éléments de la poésie occidentale – la réalité est cependant bien différente. Derrière cette simplicité il y a toute une esthétique que ne peuvent apercevoir que ceux qui croient que la poésie est quelque chose d’autre que ce qu’une Europe anthropocentrique nous a enseigné.

Pour suggérer un paysage, une image, ou un instant, juxtaposer deux ou trois images en peu de mots signifie maîtriser une technique d’écriture qui peut difficilement s’acquérir. Roland Barthes écrivit dans L’Empire des signes que « le haïku semble donner à l’Occident des droits que sa littérature refuse de lui donner… » parce que ce poème ne décrit pas, n’interprète pas une impression, un certain état d’esprit ni une émotion, mais qu’il les présente directement, en évitant les abstractions, les métaphores, les comparaisons et les épithètes. Le haïku est le poème des noms ou un « poème sans mots », comme l’appelle Alan Watts.

Qui cherche des éléments de rhétorique dans le haïku sera déçu; des mots simples, des choses simples, des fragments d’un tout qui est seulement suggéré. Qui compte les syllabes sera étonné de voir que certains poèmes, même classiques, sans parler des créations modernes ou contemporaines, ne respectent pas cette règle formelle des 5-7-5 « onji », les « syllabes » japonaises.

Quelquefois, en Occident, certains niveaux de compréhension du haïku passent aisément ou difficilement, et sont souvent accentués. Depuis l’antiquité, les Européens se sont nourris de l’aphorisme de Protagoras : « L’homme est la mesure de toutes choses ». Cet anthropocentrisme, promu par un philosophe contemporain de Périclès, a pénétré la culture européenne depuis deux mille ans, l’éloignant du cosmocentrisme oriental. Il est important non de noter les différences ni de les souligner, mais de sentir que l’Orient et l’Occident sont les deux piliers du pont sur lequel passe toute la civilisation, parce que les liens, la passerelle même, en tant que telle, la communication et la compréhension sont plus importants que les différences que certains accentuent délibérément. Qui peut nier les influences mutuelles entre l’Orient et l’Occident ? Qui peut défendre à Seiji Ozawa de diriger de la musique symphonique occidentale, ou aux chanteurs de l’opéra de Cine de jouer le répertoire italien ?

Mariko Aratami, dans une interview de Lequita Vance publiée dans la revue américaine « Lynx », l’année dernière – qui lui demandait quels mots de sagesse elle pouvait offrir aux Américains et aux Européens s’efforçant d’être fidèles à l’esprit du haïku, du tanka, du rendu, mais désireux d’être aussi en phase avec cette époque et la culture occidentale -, répondit : « Je suis une musicienne japonaise de jazz. Pourquoi devrais-je, en tant que Japonaise, être très à l’aise en m’exprimant à travers une forme de musique afro-américaine ? La réponse est la même pour des Occidentaux qui choisissent des formes japonaises de poésie. La réponse est, il me semble : « si cela vous dit », alors, pratiquez-les.

Si l’esprit de la forme poétique est en vous, alors, ne vous en faites pas à son propos. Si vous devez vous en inquiéter, c’est que vous n’en avez probablement pas l’esprit. »

Round the Pond (« Autour de la mare ») est né suite à mes correspondances avec des gens qui écrivent du haïku. Je les ai invités à former ensemble un livre dédié à Bashô. Je leur ai dit qu’ils étaient libres de choisir leur sujet. Chacun(e) a donc envoyé ce qu’il/elle a considéré le plus seyant pour cette anthologie : une pensée, un article, un haïbun, un essai, un commentaire littéraire par rapport à quelque(s) poème(s), une lettre, un souvenir, un poème lié… Même s’ils diffèrent par la forme et la longueur, ces textes ont quelque chose en commun : ils sont remplis de l’esprit du haïku.

Nous n’avons pas voulu faire une édition critique sur le haïku ou l’oeuvre de Bashô, comme certains auteurs présents ici ont écrit des livres remarquables, connus et appréciés dans le monde entier. Nous souhaitions que ce soit un livre au coeur du haïku, une anthologie de poèmes et de textes qui actualisent la tradition japonaise de dialogue à travers la poésie, même si l’un est un auteur célèbre et l’autre un débutant, un maître ou un élève, comme Bashô le fit avec les écrivains japonais de son époque. Le génie de ce poète nous inspira pour rassembler toutes ces contributions, comme les « strophes » d’un renga. Chaque poète(sse) écrivit son « verset » après le thème présenté par son précédent partenaire, mais quelquefois en changeant de sujet, comme le demande une des règles du renga.

On dit que pour écrire un poème enchaîné, le groupe de poètes, le maître – sôshô – le secrétaire – shûhitsu – et l’hôte, pensèrent beaucoup avant de trouver l’endroit, la table de travail, ou le moment pour tenir la réunion. Une certaine quantité de lumière filtrée par le paravent de papier, la présence de la lune dans le paysage montagneux, ou les murmures d’un cours d’eau perçu depuis un pavillon ouvert sur la nature n’étaient pas indifférents pour les écrivains de haïku. Même si dans notre siècle pressé on ne peut plus respecter cette scénographie, l’esprit du haïku ou du renga écrit à l’époque de Bashô nous est parvenu à travers son long voyage. N’est-ce pas Bashô qui nous dit, dans ses journaux de voyage, que tout est voyage ? Maintenant, grâce à ce livre, le poète est avec nous, dans l’ancienne Tomi, au bord de la Mer Noire, où un autre grand poète du monde, Ovide, écrivit ses Tristes et Ex Ponto. Si l’ancien poète latin considérait le Pont Euxin comme « le bout du monde », en 1994, maintenant, quand nous célébrons Bashô à travers cette anthologie et la deuxième édition du Festival International de Haïku de Constantza, la vieille Tomi deviendra, pendant quelques jours, la capitale du haïku mondial.

Comme nous n’avons pas respecté maintes règles spécifiques du renga dans notre « poème lié » – Round the Pond – , nous souhaitons nous excuser auprès de Bashô et demandons au lecteur d’ouvrir ce livre dans la solitude, quand l’esprit du haïku peut être accueilli. Si, à ce moment-là, par hasard, vous entendez le vent, essayer de l’écouter. Il vous parlera du haïku.

 

: Ion Codrescu

(traduit en anglais par Mihaela Codrescu)

(trad. fr. : dpy – janvier 2016.)

 

 

Haïkus, senryûs, kyôkus, etc. Py – 11/15 – 2)

3 décembre 2015

°
En sortant
le kiné me dit :
« bonne journée de printemps! »
– 9 novembre
°
Une exhibicieuse…
°
ordi étourdi

ourdinateur
°
rétablissement périlleux :
cette manie marathonienne
de ne pas lever les pieds
(Pont Saint-Michel)
°
(après avoir commencé la lecture de La Supplication (Tchernobylskaïa Molitva) de Svetlana Alexievitch, J’ai Lu, n° 5408 :)
1)
Je me souviens
que le 1er ou 2 mai 1986
je faisais mon jogging
alors que le nuage de Tchernobyl
atteignait la France…
2)
Je me rends compte
que quand le nuage de Tchernobyl
avait atteint la France
le 1er mai 1986
ma fille allait bientôt
avoir 3 ans.
3)
Je me rends compte
que le nuage de Tchernobyl
atteignit la France
le jour du 39è anniversaire
de ma soeur aînée
4)
Je me rends compte
que je tousse encore
aujourd’hui
°
la (plus) belle époque des pommes…
croquer (dans) l’automne
°
La 21ème conférence sur le climat…
Qu’ont-ils fait
des 20 premières ?

La 21ème conférence sur le climat
sponsorisée par les plus purs
chevaliers de l’écologie :
Areva, etc… !

21ème COP :
les objectifs de réduction d’émission de gaz
à effet de serre pays par pays
pas au programme
des négociations

Contre-sommet mondial
sur le climat
le 14 novembre 2015
à Vénissieux (69).
°
Sur MSN :
« Ce que cache la photo de Pamela Anderson nue »
– Rien, je suppose !
(- Combien j’ai gagné ?)
°
(Plus faim de l’ordi :)
Elle repousse son plateau :
fin de l’ordi
°
11 Novembre
la fête des mores ?
°
vent soutenu –
la mouette
vole en crabe
(: d’après m.-Alice Maire)
°
(je finis par) m’asseoir où
pour finir ma soirée ?
°
déversés à Saint-Lazare…
un verset à Saint-Lazare…
°
(déc 2011? :)
ce matin
la lune sabrée
en deux

ce matin
demi-lune visible
demi-lune invisible

une fourmi
escalade la montagne
grain
par
grain

sifflant
un verre d’eau
– c’est quand le printemps ?
°
(14 Nov. 15 :)
Après les crimes d’hier soir
la ville morte
la région morte

3 bougies ce soir
sur nos balustrades
– Janvier-Novembre

Rallumer les bougies
soufflées par le vent
sur les balustrades
– lendemain d’attentats

sans cesse ce soir
rallumer les bougies
que souffle le vent

Veiller sur les trois bougies
qui pleurent nos morts
pour le capitalisme

14 novembre :
faire le pain
comme d’habitude

Pour les âmes de nos morts
rallumer la flamme
sur nos balcons

toute la nuit s’il le faut
rallumer la flamme
des bougies au balcon

13 Novembre
encore une date
à marquer d’une pierre noire

Ce soir
j’insulte les bougies
qui s’éteignent sur le balcon

en guerre
contre le vent
qui souffle mes bougies

C’est plutôt le vent
que je devrais engueuler
– évidemment –
sur mon balcon

Malmenée
par le vent
la flamme

3 bougies
au lieu d’une
sur le balcon
– renforcer le souvenir

toutes ces allumettes
pour ranimer les flammes
– je surveille

Je veux qu’on voie
notre solidarité
– ronde

(Bashôtage :)
toute la nuit
tournant autour des bougies
– : lumière

toute la nuit
tournant autour des bougies
– peu m’importe la lune !

les flammes bousculées
malmenées –
ah cruel vent d’automne!

Ah,
vent du temps de l’avent
– après les attentats…

dans la cour
presque autant de bougies
que de télés

« Encore un
que Daesh n’aura pas! »
: repas entre amis
ce 14 novembre

inlassablement
rallumer les bougies
dans le noir de novembre

continuer à lutter
contre le vent
de l’oubli

extinction des bougies
couvre-feu

après les bougies
le pain
qui finit de cuire
°
Quand je lui dis
je t’aime
elle me répond
Qu’as-tu bu ?
°
orage violent
– sauve qui pleut?
°
Syrie
Ci-gît
°
14 Novembre
noirci quelques pages
… et ma tronche
°
Enfoncer le haïclou.

Frapper un grand haïcoup!?

L’inverse de « karumi » – la légèreté =
c’est être haïklourd ?
°
transp(h)arence…
°
Les paysages défilent
contre la joue du train
°
Au pied de la statue des pendules
(à Saint-Lazare)
il gratte sa guitare –
(le) vent,
(le) trafic
°
Une croquille

une escroquille (?)
°
Le nom du groupe
en concert au Bataclan
ce vendredi 13
se traduirait par
« Les Aigles de la Mort – Métal »*
* : « The Eagles of Death Metal »
°
Fou rire : Pouffée d’air.
°
seins-ture (de sécurité)…
°
l’éventail d’un ginkgo
moucheté de brun –
°
admirant l’harmonie
tricolore d’une feuille
– 18 novembre
°
chute d’un papillon au sol?
– non,
pelure d’ail!
°
récurant mes arguments,
récurrentes casseroles!…
(d’après un com. de Bikko sur FB, 19/11)
°
fruits rouges
gouttes blanches
ciel gris
°
un siège-auto pour bébé
qui prend l’eau
au bord du trottoir…
°
A feu et à cendres…

sang/dres
°
Pour Noël
qu’est-ce qu’on achète :
des fringues
ou des flingues?
°
(Tanka ?:)
Quand je vois le mot
coraçào
et sa photo
je me dis
comme ça colle bien!
°
« de tout coeur avec vous! » tapai-je
mais l’ordi :
« de tout coeur sec vous! »
°
Hemingway
qui cartonne avec
Paris est une fête
a aussi écrit
Paradis perdu
°
(Tchernobyl, fin avril 1986 :)
tout recevoir
en même temps :
le passé
le futur
et la catastrophe

elle vole
de son jardin
ses propres pour(r)iaux *
* = « poireaux », en solognot.
°
comme des cafards
comme des mouches à merde
sautant
sur l’événement…
– ciel!
°
sa
cri
fier
°
sa
cri
pan
°
les événements
balancent aux hommes
des os
à ronger
°
Une convulsation

De même que les Tchernobyliens
devenaient des monstres
avant de mourir,
les mots-monstres

(Le nucléaire:)
une course contre la monstre…
°
N’en fait-on pas un peu trop
avec des Marseillaises et des minutes de silence
à chaque coin de rue
alors que la veille même
le Liban vivait
les pires attentats de son histoire ?
(40 morts, plus de 200 blessés)
sans susciter la
moindre émotion mondiale ?
°
elle a ôté sa main
de sur la mienne *
– dimanche matin

* / du dos de la mienne
°
Même sobre
dormir (tout) son soûl… (?)
°
Lisez
La supplication * :
c’est
dévastant

* de Svetlana Alexievitch.
°
Après les attentats,
le pourrisse
en hausse ?
°
La Marseillaise
N°1 au hit-parade
de Novembre

°
… on dirait que les marchands d’armes
m’ont entendu :
« mitraillettes en plastiques et pistolets
retirés des rayons jouets
des grands magasins »…
°
Trois femmes
ont fait exploser
leurs charmes

/ leurs charges
°
Les tempes changent
°
sans dessous dessous
la jeune Sévillane
tournoya
(->9/4/08)
(à l’entresol de l’hôtel…)
°
Les herreurs du passé…
°
regardant à gauche,
regardant à droite,
l’évêque
pète
(Boucherville, QC, 11/7/10)
°
Vive la vertitude,
vive la divertitude!
Investissons dans la vertité!
(11?/7/10)
°
A paraître :



A disparaître :

(30/10/11)
°
ré…glisse
(30/10/11)
°
les notes du champagne
remontent dans la flûte
des notes de champagne
(30/10/11)
une flûte joue ses bulles
°
Monter les marches du matin
avec de si beaux bas !
°
se
soûl
ager
°
(Kyôku :)
Pour certains
le haïku
c’est se (re)mettre
au centre du je

Quel anti-esprit haïku !
°
Une de mes mémés *
– 2 mai

* RSN, taiji quan
°
décOR en nOUILLES
°
A l’époque des fleurs de cerisiers
l’explosion
de Fukushima
(10/10/11)
°
talent latent
°
glaçons dans l’apéro –
bientôt la saison de ski
°
Passé les
71777 kilomètres
à 17h11
°
L’autre nuit
en si bonne compagnie :
jubjoté en vain !
°
Les arnaqueurs,
ne devrait-on pas plutôt les traiter
d’arnaculs?

(Les arnaqueurs
cherchent plutôt
à t’en-cul-er!)
°
« Animaux-valises » :
Les autruchiens
les autruchiennes
°
Elle écrivit (vite) :
« Au lieu de s’engager dans des polémiques inutiles,
en tant qu’uterus,… » *

* : au lieu d' »auteurs » !
°
râpé du curcuma :


°
diamanche : faire la manche
en espérant faire fortune.
°
Un évlan! : rater sa course d’appel
et se prendre (un râteau ?)/ la pelle
(les pieds dans la pelle ?)
… se manger la pelle…
– Il prit son évlan!
(cf Icare,…)
°
Pleine lune –
elle m’annonce *
qu’elle est enceinte

°
r
hépar
ti(e)
°
Depuis les attentats
Hollande cocoricote
à tout va

– cocoricoque ?

– cocoricolorier

– cocaricot
°
Depuis les attentats,
le drapeau
nous berne ?
°
enterrement –
chacun
s’approche
°
endroit public –
n’aimant rien plus
que le silence
(RER C, dim. 13/10/13)
°
« un monde de paix »
proclame l’affiche électorale
– foireux ?…
°
si tu n’as pas de talent,
sors ta langue !
°
au feu
il dégaine
son portable
°
Ce soir
« voulait »
devint
« ovulait »
°

Haïkus, senryûs, kyôkus, etc. Py – Nov. 15 – 1):

3 décembre 2015

°

grenouille,

bredouille

– l’étang dort

l’étang dure –

Lola (la grenouille) se détend

(Lola) se défend

au saut élastique

 

La grenouille se détend,

ressort…

, se détend, s’allonge

, quelle cuisse !

La cuisse (légère ?),

aérienne !

: Etang-tatives,

étang-tations

°

(pendant ce temps-là)

le jour monte,

hausse ses couleurs, *

1er novembre.

* (hisse les couleurs…)

°

tous les premiers mercredis du mois

une minute 41 de sirène à midi

(me dit le calendrier

des sapeurs-pompiers

si la si rè

ne retentit

: fermez les fenêtres

ouvrez la radio

°

« Pour avoir des lèvres de rêve » :

la labiaplastie

ou nymphoplastie

°

Suites de son opération :*

son visage-

Halloween

* : infection,

°

L’arbre à cons…

– Vérifions si nous y sommes !…

°

Les escargots *

caracollent au plancher

* = « caracol » (: esp.)

°

De l’ogre d’Halloween

à l’orgue de la morgue ?

– Toussaint

Toussaint,

la paix des mores ? *

* / la paie des morts… /

°

… de gros grains de raisin blond…

°

balcon nogentais :

une table, deux chaises

reçoivent

la pluie

°

(Kyôku :)

Les mots du haïku

ne sont pas là pour meubler

/ combler… le vide,

… mais pour le mettre en valeur… (?)

°

un mille-pattes

luit sous le lampadaire –

lune noire dans trois jours

°

Le monde sera-t-il plus sale

après que tu l’auras quitté ?

°

depuis des années

ce mendiant aveugle

qui ne s’accompagne que de Brassens

(dans le métro)

°

papa pousse bébé tient poupée

(rue de Rome, 5/11)

°

Tout ce monde affairé :

cohue capitale

du matin

(métro, RER, …)

(et) marcher à pas lents

(escomptés…),

c’est pas la vie, ça ?

RA

LEN

TISSEZ !

°

Fête des Pères –

une femme cueille des roses

au bout des rangs de vigne

(Orly-ville, juin 15)

°

(Bashôtage :)

Mes voisins de Dnipropetrovsk,

comment vivent-ils

(ce matin à 5h35) ?

(Millau, 30/10/15)

Six jours plus tard je vois (sur W9)

l’équipe de Saint-Etienne

qui rencontre Dniepropetrovsk

en Ligue Europa de football !

(Orly, 5/11)

°

l’ho

riz

on

°

(9/2006, métro :)

Elle tricote,

on dirait,

les fils de son baladeur

°

(16/9/06 – métro parisien :)

All the jewelry

atop her breast

– my silent hands

Toute cette bijouterie

sur sa poitrine –

– mes mains sages

°

L’homme qu’a bossé,

l’homme cabossé

°

(Kyôkus :)

Haïku :

Alléger le trait

Ecrire =

se vider la tête…

Affiner le trait

Haïku :

Laisser gagner le blanc.

°

les géraniums en pleine efflorescence –

approche de la lune noire

°

le trottoir sec

mouillé sous les feuilles

°

papillon brun dans la rue

lune noire de novembre

°

dessous féminins

(:) la légèreté

du fil

°

tout l’or

°

le rythme récurrent

°

(Saori Nakajima, au kukaï de Paris :)

« Le haïku n’est pas sentimental;

le tanka, oui ! »

°

des corps de métier

suspendus

bleu sur bleu

°

horizontal un oiseau

traverse le matin –

une grue au bout du gris

°

lacet sur le trottoir –

serpent noir de l’hiver ?

°

(Sur une illustration de Mitsuru Ikeda, p. 51 de Haïkus satiriques (de Kobayashi Issa), par Seegan (Laurent) Mabesoone, éd. Pippa, 2015 :)

du bord de la rive

les grenouilles regardent la capitale

et se marrent

(: 9/11, vers 7h55)

du bord de la rive

regardant la capitale

des grenouilles se marrent

(même jour, 9h25)

°

Je viens d’écrire un senryû sur des grenouilles,

ses chaussures de sport vertes

(métro, ligne 14, 8h)

… puis le sac vert

de sa voisine…

°

détachant une feuille de géranium,

une libellule verte

s’envole de sous le balcon

°

(Tanka – devant une peinture chinoise de montagne… :)

Seul compte

le paysage qui s’ouvre devant soi

– s’oublier

un peu

°

(Avenue de Clichy :)

fondue dans un décor

d’encombrants

la mendiante

(: vers 9h40)

d’un abri-bus

quelqu’un

a aménagé son chez soi

(: 9h48)

°

(à suivre (p.45)…)