NOVEMBRE :
°
Apprendre des grands hommes (Matisse, Picasso, Shakespeare,…)
– pas des petits (…)
°
Un véritable haïku (quelle que soit sa forme)
ressemble à l’esprit qui l’anime.
Sinon ce n’est que sac de mots
(ex. : l’outre 5/7/5…)
À quoi reconnaît-on un haïku ?
– justement pas à sa forme
(qui peut être un leurre total)
°
Rechercher les mots simples
= les plus simples, compréhensibles, accessibles au plus grand nombre (…)
°
étourneaux
tournoyant dans le soir
par-dessus l’arbre-feu
–
les feuilles se poursuivent
en tourbillonnant
les étourneaux
°
Tout ce qui éloigne le haïku
de sa source / force vitale :
les projections
dans le temps (passé / futur),
dans l’abstraction,
etc.
°
le doux balancement
de sa boucle d’oreille –
le train encore à l’arrêt
°
gouttes verticales :
le train au départ
°
(En lisant Hosai * :)
simplifier,
dépouiller…
pas seulement son poème
: soi
* : Sous le ciel immense sans chapeau, éd. Moundarren, 2007
–
Pour moi, les haïkus les plus beaux = les plus simples = vides
parce que pleins
( : pleins du vide… )
–
Dire les « choses »
le plus simplement possible.
…
Ne pas / jamais forcer
l’écriture (/ les mots, / le silence…)
°
sur le quai
ce matin
une pièce froide
°
Cf David Budbill (in Moment to moment, p.14, l.2 :)
Perdez-vous
de vue
d’odeur
d’ouïe
de nom
:
Grimpez !
°
tombant dans (la crevasse
de) son décolleté :
quai de métro
°
Le haïku qui me plaît est un haïku du réel
ancré / encré / dans la réalité et dans le présent :
(il ne se projette pas dans un passé dépassé
ni dans un futur – hypothétique, forcément -)
il s’éveille et nous éveille au réel présent (vécu, concret,
beaucoup plus que pensé, imaginé, rêvé…).
« L’hallucination que Bouddha appelle l’irréel et toutes les autres traditions mirage, illusion, phantasme, rêve, etc. »
: in La Vie d’ermite de Michel Jourdan, p.23.
°
un haï/secoue…
torpille la torpeur
lacère la sérénité…
frappe sur le gong de notre crâne
°
réveille-toi, réveille-toi,
la mort,
c’est pour bientôt !
°
tout Paris à pied – :
une paire d’escarpins vernis
au bord du trottoir
°
l’ombre des flocons
le trottoir blanc
(cf http://www.ict.ne.jp/~basho-bp/e-50-07.html)
°
la verveine
annonce à mon nez
qu’elle est buvable
– après-midi de novembre
–
dans le bol de verveine
l’ampoule du plafonnier
– mi-novembre
°
dossier de chaise –
un moineau brièvement
assiste à l’A.G. *
* de l’AFH (Association Française de Haïku)
°
Atteindre à la plus grande justesse / exactitude
(pour obtenir – aussi – le plus grand effet possible sur le lecteur – quel qu’il soit.
(cf : Po Chu Yi ; D. Budbill,…)
°
nous deux
en chien de fusil
– miaulements du chat
°
(kyôku :)
L’écart entre les faits
et les mots :
voilà ce qu’il faut combler !
°
au restaurant de la rue Léon
pensant aux paons
de l’ami jardinier
(: J-C César)
–
au pied de l’ICI *
pisser sous la pluie
* Institut des Cultures d’Islam, rue Léon, 75018
°
l’eau dans la bouilloire
l’oiseau – haut – dans le ciel
°
à quatre entassés
dans un taxi pour Roissy –
« pas un vers de trop au haïku ! »
me dit Dorothy
°
Équilibrer un haïku
consiste à l’emplir
puis à le vider
quand besoin s’en fait sentir
°
sur le banc
du métro en grève
elle se passe du rouge aux lèvres
°
sous les lampadaires de novembre,
feuilles vertes
°
(Kyô- :)
Il y a des gens qui pensent que le haïku est un poème (comme un autre), qu’il faut (r)emplir de mots (jusqu’au bord – 5/7/5 ? )
Il y en a d’autres qui considèrent que le haïku c’est beaucoup plus que cela (ou beaucoup moins que cela).
Ces deux catégories de « haïjins » ne font pas du tout le même travail.
Ils ne parlent pas du tout de la même chose, du même mot !…
°
Écoper l’embarquaïku du trop de mots…
°
(Kyô- :)
De l’Ici et du Maintenant,
il y en a tout le temps.
Pas besoin de « modernisme », de gadget-haïkus, de consomm-haïkus !…
A-t-on besoin des gadgets (hautement) technologiques pour faire entrer le haïku dans le XXIème siècle ?
= l’électroniku ? / le techno(logi)ku ? / l’électroku
/ l’électroniku ni tête ?…
°
matin :
un e fait par un cheveu
une araignée dans l’évier
°
Le haïkiste occidental, qui ne peut s’empêcher de replacer l’homme au centre de l’univers, est-ce un haïkuistre ?
–
Ce haïku « mondialiste » va à l’encontre du « haïkaï » d’origine. Il est en contradiction totale avec l’esprit-haïku !
°
Que l’art en naturel évolue !
°
Assimiler l’art d’écrire du haïku à n’importe quelle autre forme d’écriture poétique est du pur non-sens.
°
Un haïku à ficelles (/ arti-ficelles), c’est un haïku (forcément) mal fagoté, un haïku de carnaval, grotesque ! C’est trahir l’esprit-haïku !
Un haïku qui n’est (/ ne semble) pas naturel tend au / frise le ridicule. C’est un haïkuisiné…
À force d’être anti-naturel, ce « haïku » en devient ridicule ! (Serait-ce un « ridiculaïku ?)
°
Ce haïku « simiesque » : grimace, contorsionne, fait son beau, son intéressant…
Le gadget-haïku : ce haïku est un dévoyé, une « créature », un mal-cousu, un Frankenstein-ku, un faux haïku ( : un faux-ku ).
°
Le haïku trop construit ennuie.
Il (n’) est (que) plein de mots,
aucun air n’y circule,
on n’y peut respirer.
°
Remplissez votre haïku
d’espace,
de vide
(un haïku, c’est comme du gruyère : il y faut des trous !)
de l’air !
de l’air !
un haïku
a besoin d’air !
du blanc,
du blanc !
du vide
pour respirer !
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grève des transports –
dans la rue un homme scrute
à travers le cul
d’une bouteille vide
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devant son steak tartare haut en couleurs :
pensif
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(Kyôbun :)
Le haïku, c’est justement pour nous guérir / soigner / sortir
de ce monde trop anthropocentré.
Le senryû aussi.
C’est une chance de nous garder de ce si tenace anthropocentrisme !
Le haïku nous donnait la chance d’une vision du monde autre qu’anthropocentré. Mais on ne se refait pas : un bon Occidental doit rester au centre de l’univers ; l’homme reste (se prétend) bien le roi (conquérant) de son esprit / de la Création, « vainqueur » de la « matière »… !
Pour les fêtes
bien empaqueter
les haïkus-gadgets !
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reposant mon dos
contre un autre dos
– heure de pointe
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d.(11/07)