Archive for mai 2011

46 HAIKU de la préface au T. IV de HAIKU – Blyth – p.978-993

31 mai 2011

°
(p.978 :)

faisant du calme
mon seul compagnon :
solitude hivernale

Teiga

°
(p.981:)

regardant attentivement –
une bourse-à-pasteur
fleurit sous la haie

Bashô

dans le radis amer
qui me pique, je sens
le vent d’automne

Bashô

°
(p.982 :)

au sixième mois
le mont Arashi
pose des nuages à son sommet

Bashô

éclairs estivaux !
hier à l’est
aujourd’hui à l’ouest

Kikaku

on peut voir maintenant
quelques étoiles –
et grenouilles de coasser

Yayu

°
(p.983 :)

jetant les cendres,
les blanches fleurs de prunier
se troublèrent

Bonchô

le printemps bientôt fini,
la rose jaune blanchit,
la laitue devient amère

Sôdô

°
(p.984 :)

des fleurs de prunier ici et là,
il fait bon aller vers le nord,
il fait bon aller vers le sud

Buson

fleurs de colza ;
n’allant pas voir le prêtre,
passant juste à côté de chez lui

Buson

prétendant faire exprès
et traversant un temple –
la lune brumeuse

Taigi


(p.985 :)

élevant la hache
pour la couper –
elle bourgeonnait

Shiki

affûtant la faucille,
l’ansérine
a l’air de s’affliger

Meisetsu

froid matinal ;
les voix des voyageurs
qui quittent l’auberge

Taigi

°
(p.986 :)

des voyageurs
s’enquièrent du froid de la nuit
de leurs voix endormies

Taigi

sur le point de saisir l’eau,
je la sentis entre mes dents :
l’eau de la source

Bashô

le cheval rabat ses oreilles en arrière ;
les fleurs du poirier
sont froides

Shikô

ces fleurs de prunier,
comme elles sont rouges, rouges,
oui, si rouges !

Izen

°
(p.987 :)

le long du rivage
tombent les vagues, tombent et sifflent,
tombent et sifflent

Izen

à travers les cèdres
ouf, ouf, ouf,
souffle la brise

Izen

jour le plus chaud de l’année ;
le seul chapeau que j’avais :
volé !

Issa

nuit chaude ;
dormant au milieu
de sacs et de bagages

Issa

claire de lune d’automne :
des poux de mer courent
sur les pierres

Tôrin

°
(p.988 :)

dans la brise printanière
le héron neigeux vole blanc
entre les pins

Raizan

des souriceaux dans leur nid
couinent en réponse
aux jeunes moineaux

Bashô

herbes d’été ;
sur le sentier qui mène au temple de montagne,
des statues en pierre du Bouddha

Gojô

°
(p.989 :)

un coucou chante
parmi les ombres du soir ;
aucun bruit de bûcheron

Kozan

algues vertes ;
dans le creux des rochers,
la marée oubliée

Kitô

un temple de montagne ;
de l’eau claire coule sous la véranda,
de la mousse sur les bords

Kitô

élevant ses cornes,
le troupeau regarde les gens
sur la lande estivale

Seira

°
(p.990 :)

labourant le champ,
pas un oiseau ne siffle
à l’ombre de la colline

Buson

la cascade
tombe en rugissant
dans la verdure luxuriante

Shirô

combien de papillons
ont-ils franchi
ce mur de toit ?

Bashô

à l’aube
les baleines mugissent ;
une mer gelée

Gyôdai

°
(p.991 :)

à côté,
on a cessé de piler le mortier :
froide pluie nocturne

Yaha

le goutte-à-goutte
du seau à savon cesse :
la voix du grillon

Bonchô

le bruit de la carpe,
l’eau légèrement sombre,
les fleurs de prunier blanches

Uryû

jour de printemps ;
on ouvre les portes coulissantes
du grand temple

Gusai

ici et là
des grenouilles coassent dans la nuit,
des étoiles brillent

Kikaku

°
(p.992 :)

la pluie d’hiver
tombe sur l’étable ;
la voix du coq

Bashô

le jour s’assombrit,
gens du printemps qui descendent
du temple Mii

Gyôdai

un printemps non vu par les hommes –
au dos du miroir,
un prunier en fleur

Bashô

le coucou !
la terre des rizières colle
aux supports des sabots

Bonchô

°
(p.993 :)

un coucou siffle ;
entre les arbres,
une tour d’angle

Shihô

champs pour semer des haricots,
appentis à bois –
rien que des endroits célèbres

Bonchô

dans la tempête hivernale
le chat ne cesse
de cligner des yeux

Yasô

°
(p.994 : à suivre)

69 HAIKU d’automne – Blyth – p.949-976

30 mai 2011

°
(p.949 :)

akikaze ya . shushi ni shi utau . gyosha shôsha

Buson

la brise d’automne souffle;
chez le marchand de vin, pêcheurs et bûcherons
chantent un poème

akikaze ni . chiru ya sotoba no . kanna-kuzu

Buson

dans la brise d’automne
les copeaux des poteaux de tombes
volent ici et là

aki no kaze . issa kokoro ni . omou yô

Issa

vent d’automne ;
il y a des pensées
dans la tête d’Issa

°
(p.950 :)

tsuka mo ugoke . waga naku naku koe wa . aki no kaze

Bashô

tremble, ô tombe !
ma voix en pleurs
est le vent d’automne

°
(p.951 :)

akikaze ya . mushiritagarishi . akai kana

Issa

brise d’automne ;
les fleurs rouges épanouies
que ma fille morte souhaitait cueillir

asagao ni . fukisomete yori . aki no kaze

Chora

le vent d’automne
souffla d’abord
sur les volubilis

°
(p.952 :)

hazetsuru ya . suison sankaku . shuki no kaze

Ransetsu

pêchant des gobies ;
un village de rivière, un enceinte montagnarde,
le drapeau d’une échoppe de vin dans le vent

uma orite . kawa no na toeba . aki no kaze

Shiki

descendant de cheval,
je demande le nom de la rivière –
le vent d’automne

°
(p.953 :)

akikaze ya . ikite aimiru . nare to ware

Shiki

le vent d’automne souffle;
nous sommes vivants et nous pouvons nous voir,
toi et moi

uma no o ni . busshô ari ya . aki no kaze

Shiki

la queue d’un cheval
a-t-elle la nature de Bouddha ?
vent d’automne

°
(p.954 :)

ishiyama no . ishi yori shiroshi . aki no kaze

Bashô

plus blanc que les roches
de la Montagne Rocheuse –
le vent d’automne

kanashisa ya . tsuri no ito fuku . aki no kaze

Buson

Ah, tristesse et douleur !
la canne-à-pêche tremble
dans la brise d’automne

ushibeya ni . ka no koe yowashi . aki no kaze

Bashô

dans l’étable
la voix des moustiques est faible ;
le vent d’automne

°
(p.955 :)

akikaze no . kokoro ugokinu . nawa-sudare

Ransetsu

le volet de corde
bougeant –
la nature du vent d’automne

tsuta no ha ya . nokorazu ugoku . aki no kaze

Kakei

les feuilles du lierre :
aucune n’est immobile
dans le vent d’automne

yûkaze ya . shiro-bara no hana . mina ugoku

Shiki

dans la brise d’automne
tremblent toutes
les roses blanches

°
(p.956 :)

soko no nai . oke kokeariku . nowaki kana

Buson

un seau
sans fond
roule dans la rafale d’automne

kotsuzumi no . tana yori otsuru . nowaki kana

Shiki

avec la tempête d’automne,
le petit tambour
tombe de son étagère

nowaki no yo . fumi yomu kokoro . sadamarazu

Shiki

tempête nocturne d’automne :
lisant un livre,
l’esprit agité, inquiet

°
(p.957 :)

kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana

Shiki

comme le jour tombe,
la tempête se renforce :
inquiet

kyakusô no . nikai orikuru . nowaki kana

Buson

un prêtre en visite
redescend de l’étage :
la tempête automnale !

sumiuri ni . kagami misetaru . onna kana

Buson

femme montrant
au vendeur de charbon son visage
dans un miroir

fugu-jiru no . ware ikite iru . nezame kana

Buson

me réveillant :
encore en vie
après avoir mangé de la soupe de poisson-globe !

°
(p.958 :)

kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana

Shiki

malheureux, impuissant ;
la tempête d’automne se renforce
comme le soir commence à tomber

kono nowaki . sara ni yamubeku mo . nakarikeri

Shiki

cette tempête d’automne
qui se renforce
ne s’arrêtera pas !

kyôran no . nowaki aritaki . waga omoi

Shiki

ah, que mes pensées
puissent avoir la frénésie
de ce vent « qui-divise-les-champs » !

seki no hi wo . tomoseba meiru . nowaki kana

Buson

comme ils allumaient
les lanternes de la Barrière,
la tempête d’automne se calma

°
(p.959 :)

la tempête d’automne
souffle même
les ours sauvages

Bashô

la tempête d’automne
souffle les rochers
du Mont Asama

Bashô

°
(p.960 :)

la perche du passeur
soufflée
par la tempête d’automne !

Buson

°
(p.961 :)

cinq ou six cavaliers
se hâtent vers le palais de Toba
dans la tempête d’automne

Buson

le bananier dans la tempête ;
j’écoute cette nuit la pluie
goutter dans le seau

Bashô

°
(p.962 :)

la vieille femme devant le portail
avide de bois de chauffage –
tempête d’automne

Buson

gens de la ville
se demandant des nouvelles de la veille,
la tempête d’automne

Buson

femme et enfants
mangent dans le temple :
la tempête d’automne !

Buson

°
(p.963 :)

qu’il est beau,
après la tempête d’automne,
le poivron rouge !

Buson

ce matin aussi,
après la tempête,
les poivrons sont rouges

Buson

tempête d’hiver ;
de petites pierres dans le champ
sont visibles à l’oeil nu

Bashô

°
(p.964 :)

une seule baie rouge
est tombée
sur le givre du jardin

Shiki

le nid du cygne
pend de la nasse de bambou
après la tempête

Buson

résigné au fond de moi
à être exposé aux intempéries ;
le vent me transperce

Bashô

°
(p.965 :)

dix automnes ont passé ;
je sens qu’ Edo est plutôt
là où je suis né

Bashô

la couche de l’ours sauvage,
l’herbe se soulève –
la première rosée

Kyorai

rosée matinale ;
la fumée du riz qui cuit
rampe sur l’herbe

Shiki
°
(p.965 :)

dans la rosée blanche
quatre ou cinq maisons,
un hameau

Shiki

un petit jardin
luisant de rosée :
deux litres !

Shiki

le bout de l’arc
des guerriers qui passent
frôle la rosée

Buson

°
(p.967 :)

fraîcheur !
la rosée des vagues
monte sur le bateau

Chora

°
(p.968 :)

au rendez-vous de chasse
les carquois sont lourds
de rosée

Buson

la pierre-à-encre reçoit
la rosée du chrysanthème :
toute cette vie !

Buson

ce monde de gouttes de rosée –
ce n’est peut-être qu’une goutte,
mais pourtant, pourtant !

Issa

°
(p.969 :)

dansez, d’une tige d’herbe
à une autre,
gouttes de rosée !

Ransetsu

°
(p.970 :)

« je ne veux plus rien avoir à faire
avec ce monde sordide ! »
et la rosée s’évapore

Issa

des gouttes blanches de rosée,
apprenez la voie
vers le Pays Pur !

Issa

sur la feuille de lotus
la rosée de ce monde
est distordue

Issa

°
(p.971 :)

les gouttes de rosée s’évanouissent :
encore plus de graines d’enfer
à semer aujourd’hui !

Issa

la rosée de l’oeillet rouge
renversée
est simplement de l’eau

Chiyo-ni

°
(p.972 :)

rosée blanche sur le roncier ;
une goutte
à chaque épine

Buson

allumant la lampe :
à chaque poupée
son ombre

Shiki

°
(p.973 :)

serait-elle sucrée
qu’elle serait ma rosée,
sa rosée !

Issa

Peuh ! qu’est-ce d’ailleurs,
qu’un million de ballots de riz ? –
la rosée sur mon chapeau !

Issa

°
(p.974 :)

à partir de maintenant,
le Grand Japon !
et les saules !

Issa

existe-t-il une telle nuit
en Chine aussi ? –
le rossignol qui chante !

Issa

n’oubliez jamais
le goût solitaire
de la rosée blanche

Bashô

°
(p.975 :)

je dors,
faisant de la fraîcheur
mon logis

Bashô

sors, ô grenouille
à voix rauque
de dessous la maison du ver-à-soie !

Bashô

la fleur de carthame,
par sa forme, rappelle
le pinceau à sourcils

Bashô

les robes des femmes
qui nourrissent les vers-à-soie
nous reportent aux temps jadis

Sora

°
(p.976 :)

silence ;
la voix des cigales
fore le roc

Bashô

°

= FIN de HAIKU, vol III, Blyth.

à suivre : Vol IV de HAIKU, Blyth, Hokuseido Press, 1952, 1982, 1992 :
Préface (pp. 980-1010) + AUTOMNE (ctd : Champs et Montagnes, pp.1012-1016)

°

32 HAIKU d’automne – Blyth – p.936-948

29 mai 2011

°
(p.936 :)

nashi no ki ni . yotte wabishiki . tsukimi kana

Buson

approchant du poirier
solitaire
contemplation de la lune



shizu no ka ya . ine surikakete . tsuki wo miru

Bashô

l’enfant pauvre
pilant le riz,
contemple la lune

yamadera ni . kometsuku oto no . tsukiyo kana

Etsujin (1656-1702)

au temple de montagne
le bruit du pilage du riz,
une nuit de pleine lune

°
(p.937 :)

meigetsu ni . inukoro suteru . shimobe kana

Buson

pleine lune –
un domestique
laissant mourir un chiot



tsuki ni kikite . kawazu nagamuru . tanomo kana

Buson

écoutant la lune,
contemplant le croassement des grenouilles –
la surface de la rizière

°
(p.938 :)

miidera no mon . tatakaba ya . kyô no tsuki

Bashô

je frapperais volontiers
au portail du temple Mii
sous cette pleine lune

tsuki wo matsu ni . kaketari hazushite . mo mitari

Hokushi

je n’arrêtais pas
d’accrocher la lune au pin
et de l’en dépendre,
tout en la contemplant

yoshinaka no . nezame no yama ka . tsuki kanashi

Bashô

sont-ce les collines
où Yoshinaka s’éveilla ?
la lune est triste

°
(p.939 :)

hitotsu to wa . omowanu yo nari . kyô no tsuki

Ryôta

la lune de cette nuit ! –
impensable
qu’il n’y en eut qu’une !

tachiyoreba . meigetsu motanu . matsu mo nashi

Atsujin (1857-1936)

marchant jusqu’à eux :
aucun pin
qui n’ait sa pleine lune !

°
(p.940 :)

fude toranu . hito mo arô ka . kyô no tsuki

Onitsura

la lune d’aujourd’hui :
y aura-t-il quelqu’un
qui ne prendra pas son pinceau ?

nusubito ni . torinokosareshi . mado no tsuki

Ryôkan

le voleur
a laissé
la lune à la fenêtre

mi no aki ya . tsuki wa mukizu no . tsuki nagara

Issa

l’automne de ma vie ;
la lune est parfaite,
malgré tout

°
(p.941 :)

tsukimi suru . za ni utsukushiki . kao mo nashi

Bashô

parmi la foule qui admire la lune,
pas un n’a
visage de beauté

nani kite mo . utsukushiku naru . tsukimi kana

Chiyo-ni

quoique l’on porte
on a l’air beau
en admirant la lune

meigetsu ya . chigotachi narabu . dô no en

Bashô

pleine lune d’automne ;
des enfants assis en rang
sur la véranda du temple

°
(p.942 :)

meigetsu ya . umi ni mukaeba . nana-komachi

Bashô

pleine lune :
se tournant vers la mer,
les sept Komachi *

* Bashô compare les différentes beautés de la lune aux sept formes que prit dans sa vie Ono no Komachi (834-900).

meigetsu wo . totte kekuro to . naku ko kana

Issa

l’enfant pleure :
« Donne-la moi ! » :
pleine lune éclatante

akai tsuki . kore wa tare no ja . kodomotachi

Issa

à qui appartient-elle,
mes enfants,
cette rouge, rouge lune ?

°
(p.943 :)

tera ni nete . makotogao naru . tsukimi kana

Bashô

séjournant dans un temple :
admirant la lune
avec mon véritable visage

°
(p.944 :)

yûzuki ya . nabe no naka nite . naku tanishi

Issa

claire lune d’automne :
crient dans la poële
les escargots
(d’étangs)

meigetsu no . goran no tôri . kuzuya kana

Issa

pleine lune –
mon cabanon :
tel que vous le voyez

°
(p.945 :)

meigetsu no . kosumi ni tateru . ashiya kana

Issa

lune d’automne –
ma chaumière
poussée dans un coin

hashimori to . katarite tsuki no . nagori kana

Taigi

parlant au garde du pont,
je lançai un dernier au-revoir
à la lune

ukiyo no . tsuki mi sugoshi ni keri . sue ninen

Saikaku

deux ans de plus *
ai-je vu la lune des moissons
de ce monde éphémère


* Saikaku vécut jusqu’en 1693, âgé de 52 ans. Cinquante ans était alors considéré comme l’âge qu’atteignaient les Japonais avant de mourir.

ie ko nari . tsuki ochikakaru . kusa no ue

Shiki

une maison seule ;
la lune décline
sur les herbes

°
(p.946 :)

ware wo tsurete . waga kage kaeru . tsukimi kana

Sodô

après avoir admiré la lune,
mon ombre rentre
avec moi

iru tsuki no . ato wa tsukue no . yosumi kana

Bashô

la lune a sombré sous l’horizon :
il ne reste que
les quatre coins d’une table

°
(p.947 :)

akisame ya . mizusokono kusa wo . fumaretaru

Buson

sous la pluie d’automne
marchant sur l’herbe
sous l’eau

akisame ya . waga sugemino wa mada . nurasaji

Buson

tombe la pluie d’automne ;
je n’ai pas encore mouillé
mon imperméable en carex

°
(p.948 :)

nikenya ya . niken mochitsuku . aki no ame

Issa

deux maisons !
deux maisons où l’on confectionne des gâteaux de riz –
pluie d’automne

kuchi akete . oya matsu tori ya . aki no ame

Issa

bec ouvert
ils attendent leurs parents
sous la pluie d’automne

°
(p.949 : à suivre)

5/7/5 ?

29 mai 2011

°

Apprenez –
comprenez l’esprit du haïkaï,
respectez l’esprit du haïkaï,

Discernez !

et votre haïku pourra prendre
n’importe quelle forme !

°
d.(29/5/11)

34 HAIKU d’automne – Blyth – p. 921-935

28 mai 2011

°
(p.921 :)

akebono ya . kiri ni uzumaku . kane no koe

Bashô

la voix de la cloche
tournoie dans le brouillard
à l’aube naissante



asagiri ya . e ni kaku yume no . hito-dôri

Buson

le brouillard du matin
peint :
un rêve de gens qui passent

asagiri ya . mura sen-gen no . ichi no oto

Buson

village de mille foyers :
le bruit du marché
dans le brouillard matinal

°
(p.922 :)

kiri fukashi . nani yobariau . oka to fune

Kitô

dans le brouillard dense
qu’est-ce qu’on crie,
de colline à bateau ?

kawagiri ya . uma uchiiruru . mizu no oto

Taigi

brouillard de rivière ;
exhortant le cheval vers l’eau :
le bruit !



kaze ni noru . kawagiri karushi . takasebune

Sôin

au gré du vent,
un léger brouillard de rivière
que traverse une barge

°
(p.923 :)

hito wo toru . fuchi wa kashiko ka . kiri no naka

Buson

l’endroit profond de la rivière
qui engloutit les gens,
est-ce là-bas, dans le brouillard ?

asagiri ya . kuize utsu oto . chô-chô-tari

Buson

dans le brouillard matinal
le bruit d’un pieu qu’on enfonce :
Pan ! Pan !



ariake ya . asama no kiri ga . zen wo hau

Issa

aube –
le brouillard du mont Asama
rampe sur la table

°
(p.924 :)

tombô ya . kurui-shizumaru . mikka no tsuki

Kikaku

les libellules
cessent leur vol fou
au lever de la lune

matsuyoi ya . onna aruji ni . onna kyaku

Buson

soir à attendre la lune ;
la maîtresse de maison
a eu un visiteur

°
(p.925 :)

kudakete mo . kudaketemo ari . mizu no tsuki

Chôshû

la lune dans l’eau,
brisée, et encore brisée,
mais toujours là !

°
(p.926 :)

mizu no tsuki . mondori utte . nagarekeri

Ryôta

la lune dans l’eau
fit un saut périlleux
puis continua de flotter

tsuki hayashi wa ame wo . mochinagara

Bashô

la lune s’enfuit rapidement,
les branches retiennent encore
les gouttes de pluie

suzushisa no . katamari nare ya . yowa no tsuki

Teishitsu

la lune à minuit :
une masse solide
de froid ?

°
(p.927 :)

yo no naka no . mono no kage yori . kyô no tsuki

Nangai

des ombres
de tout sur terre –
la lune d’aujourd’hui

meigetsu ya . tatami no ue ni . matsu no kage

Kikaku

la lune claire;
sur le tatami,
l’ombre du pin

°
(p.928 :)

ochiguri no . oto wo ugetsu no . sôka kana

Usen

pluie par-dessus la lune d’automne :
sous la fenêtre,
les châtaignes

fuku kaze no . aite ya sora ni . tsuki hitotsu

Bonchô

compagne du vent tempêtueux,
une lune seule
roule à travers cieux



meigetsu ni . nani wo isogu zo . hokakebune

Baikin

sous la lune d’automne,
pourquoi te presser,
navire à la voile gonflée ?

°
(p.929 :)

meigetsu ya . o sus no sugishi . zenkôji

Issa

après le nettoyage
du temple Zenkôji :
la lune claire d’automne

imo wo niru . nabe no naka made . tsukiyo kana

Kyoroku

même dans la casserole
où bouillent les pommes de terre,
une nuit de lune

°
(p.930 :)

tsuki tenshin . mazushiki machi wo . tôrikeri

Buson

la lune au plus haut,
je passe dans
un quartier pauvre

aosagi no . gyatto nakitsutsu . kyô no tsuki

Ransetsu

le héron
crie
sous la lune d’aujourd’hui

arashi fuku . kusa no nakayori . kyô no tsuki

Chora

la lune d’aujourd’hui
se lève
d’entre les herbes bousculées par l’orage

°
(p.931 :)

meigetsu ya . kemuri haiyuku . mizu no ue

Ransetsu

sous la claire lune d’automne
la fumée rampe
à la surface de l’eau

mizutori no . tsutsuki-kudaku ya . nami no tsuki

Zuiryu

le gibier d’eau
pique, et fait trembler
la lune sur les vagues

kumo oriori . hito wo yasumuru . tsukimi kana

Bashô

de temps à autre,
les nuages donnent du repos
aux contemplateurs de la lune

°
(p. 932 :)

hitotose no . tsuki wo kumorasu . koyoi kana

Sôgi

Et t’es-tu ennuagée,
cette nuit,
lune de l’année ?

meigetsu ya . ike wo megurite . yomosugara

Bashô

lune d’automne ;
j’ai fait le tour de la mare
toute la nuit

°
(p.934 :)

meigetsu ya . motarete mawaru . enbashira

Shôfû-ni

ah, la claire lune d’automne
s’appuie sur le pilier de la véranda
et en fait le tour

meigetsu ya . ittemo ittemo . yoso no sora

Chiyo-ni

lune claire d’automne –
j’eus beau marcher, toujours lointaine,
dans un ciel inconnu

°
(p.935 :)

tsukikage wo . kumi-koboshikeri . chôzubachi

Ryuho

prenant la lune
dans la vasque
puis l’éparpillant

meigetsu ya . haifuki suteru . kage mo nashi

Fugyoku

lune claire :
aucun endroit sombre
pour vider le cendrier

°
(p.936- à suivre…)

Ne pensez plus ! – taï-ji-quan

28 mai 2011

°

Ma professeur de tai-ji-quan dit :
ne pensez plus !
Si vous pensez,
c’est trop tard ! *

°

d.(28/5/11)

* = vous serez en retard !

9 HAIKU d’automne – Blyth – p. 917-920

27 mai 2011

°
( p.917 : LE CIEL, LES ELEMENTS )

aki harete . mono no kemuri no . sora ni iru

Shiki

beau jour d’automne
une fumée de quelque part
s’élève dans le ciel

shii no ki wo . karitaoshikeri . aki no soro

Shiki

ayant abattu
un pasania,
le ciel de l’automne !

ki ni yoreba . edaha mabara ni . hoshizukiyo

Shiki

m’appuyant au tronc,
branches et feuilles rares :
une nuit étoilée

°
(p.918 :)

zendera no . mon wo izureba . hoshizukiyo

Shiki

sortant par la grande porte
d’un temple zen –
nuit étoilée

mayonaka ya . furi kawaritaru . ama-no-gawa

Ransetsu

minuit profond :
la Rivière du Ciel
a changé de place

°
(p.919 :)

araumi ya . sado ni yokotô . ama-no-gawa

Bashô

une mer démontée !
la voie lactée s’étend
au-dessus de l’île de Sado

°
(p.920 :)

utsukushi ya . shôji no ana no . ama-no-gawa

Issa

Qu’elle est belle,
la voie lactée,
à travers la fenêtre déchirée !

katagawa wa . yama ni kakaru ya . ama-no-gawa

Shiki

un bout pendant
au-dessus de la montagne :
la voie lactée !

kirishigure . fuji wo minu hi zo . omoshiroki

Bashô

jour de contentement paisible :
le mont Fuji
voilé d’une pluie embrumée

°
(p.921 : à suivre…)

Haïku, etc. – Py – mai 2011 – 2/3

27 mai 2011

°

après l’ondée

trois Indiennes
en atours de fête –
métro de mai

°

Dégonfler les baudruches
des grenouilles demi-boeufs !

°

sans mots :
cette fleur –
ce haïku

°

la nuit s’étire
la queue du chat

tout de suite
la rampe plus froide :
soleil – ombre

le bout blanc

rue Saint-André-des-Arts,
accroupie :
pantalon à mi-fesses

soir du 18 mai :
scotché
sous le chant des oiseaux

Au concert des oiseaux :
soirée de mai

Au concert des oiseaux

le bleu tombe
insensiblement
le concert des oiseaux
s’achève

arrêté à écouter
un concert d’oiseaux
sur le chemin de la maison

OAS(is)
aplati sur la route :
un printemps sec

22 heures –
la nuit siffle
la fin du concert
(des oiseaux)

petit coup de rosé
sur le mur du matin ;
la lune plus que pleine

un plastique

faisant chanter la rampe
de l’escalier
du conservatoire de musique

sa copine-canon,
et lui : pantalon SOUS les fesses :
slip blanc.

°

Ignorer
la sente de Santoka ?

°

Le temps est élastique —
Quand il te pète à la gueule,
c’est fini !

les coups de l’ouvrier :
les roulements de l’écho

°

Le haïku est une serrure –
Le lecteur en a la clé.

°

trois pigeons au repos dans l’herbe –
début d’après-midi de mai

°

moineau culotté :
qui vient voleter
jusqu’à la crêpe
dans ma main

un moineau
s’accroche à mon doigt
pour goûter du gâteau :
le vent de ses ailes !

vol de gâteau :
un moineau sur mon doigt

°

sa contrebasse

un beau barbu
rue des Prêcheurs *

* 75001

°

Le Bouddha :
une fleur
sans parole –

à sa fleur
sans parole :
seul un sourire

°

le monde déploie ses ailes
– monte !

à la place
des cônes roses,
les boules vertes

pivoines épanouies
pivoines évanouies
: quel temps ?

°
d.(15-23/5/11)

31 HAIKU d’automne – Blyth – p.902-916

27 mai 2011

°
(p.902 :)

kado wo dereba . ware mo yukuhito . aki no kure

Buson

dès que je franchis la porte
je suis aussi un voyageur
dans le soir d’automne

sammon wo . gii to tozasu ya . aki no kure

Shiki

fermant la porte du grand temple :
grincement !
ce soir d’automne

°
(p.903 :)

hitori kite . hitori wo tou ya . aki no kure

Buson

quelqu’un vint
voir quelqu’un d’autre
soir d’automne

kagiri aru . inochi no himaya . aki no kure

Buson

dans cette courte vie
une heure de loisir
ce soir d’automne

aki no kure . karasu mo nakade . tôri keri

Kishû

soir d’automne,
sans un cri
passe un corbeau

°
(p.904 :)

sabishisa no . ureshiku mo ari . aki no kure

Buson

soir d’automne ;
il y a de la joie aussi
dans la solitude

°
(p.905 :)

osanago ya . hitori meshikû . aki no kure

Shôhaku

personne –
un enfant endormi
sous la moustiquaire

aki no yo ya . ko hitori netaru . kaya no naka

Issa

soir d’automne ;
un homme en voyage
reprise ses habits

°
(p.906 :)

osanago ya . warau ni tsukete . aki no kure

Issa

l’orphelin –
mais quand il rit !…
soir d’automne

tsuki mo ari . kigiku shiragiku . kururu aki

Shiki

la lune
et les chrysanthèmes blancs et jaunes
– fin de l’automne

°
(p.907 :)

hitomoseba . hi ni chikara nashi . aki no kure

Shiki

allumant la lampe,
sa lueur est faible –
soir d’automne

amado kosu . aki no sugata ya . hi no kurui

Raizan

la forme d’automne
qui a passé à travers les volets –
flamme tordue de la bougie

°
(p.908 :)

aka-aka to . hi mo tsurenakumo . aki no kaze

Bashô

le soleil rouge vif,
implacablement chaud –
mais le vent est d’automne

°
(p.909 :)

chichi haha no . koto nomi omou . aki no kure

Buson

c’est le soir, l’automne,
je ne pense
qu’à mes parents

furusato ya . heso no o ni naku . toshi no kure

Bashô

pleurant mon cordon ombilical
dans ma maison natale –
la fin de l’année

°
(p.910 :)

kogoto iu . aite wa kabe zo . aki no kure

Issa

soir d’automne,
seul à partager mes plaintes :
le mur

kogoto iu . aite mo araba . kyô no tsuki

Issa

si seulement elle était là,
ma compagne de doléances,
la lune d’aujourd’hui !

nakanaka ni . hito to umarete . aki no kure

Issa

soir d’automne –
pas une mince affaire
d’être né homme !

°
(p.911 :)

gu anzuru ni . meido mo kaku ya . aki no kure

Bashô

il me semble
que le Pays des Morts est ainsi :
soir d’automne

ushi shikaru . koe ni shigi tatsu . yûbe kana

Shikô

à la voix
criant sur le boeuf,
les bécassines s’élèvent dans le soir

°
(p.912 :)

tonde kuru . yoso no ochiba ya . kururu aki

Shiki

feuilles tombantes
volant de quelque part :
l’automne s’achève

nagaki yo wo . tsuki toru saru no . shian kana

Shiki

longue nuit –
le singe se demande comment
attraper la lune

°
(p.913 :)

nagaki yo ya . shôji no soto wo . tomoshi yuku

Shiki

longue nuit ;
une lumière à l’extérieur
longe le shôji



nagaki yo ya . omou koto iu . mizu no oto

Gochiku

longue nuit –
le son de l’eau
dit ce que je pense

°
(p.914 :)

kukurime wo . mitsutsu yo nagaki . makura kana

Teitoku

regardant, regardant
les fronces de l’oreiller :
longue est la nuit

yamadori no . eda fumikayuru . yonaga kana

Buson

la faisan doré sur la branche
passe d’une patte sur l’autre ;
longue est la nuit

°
(p.915 :)

zesukirishito . fumare fumarete . usetamaeri

Shuôshi

piétinée, piétinée,
l’image du Christ
est toute abimée

nagaki yo ya . chitose no nochi wo . kangaeru

Shiki

la longue nuit :
je pense
à dans mille ans

nagaki yo ya . kômei shisuru . sangokushi

Shiki

la longue nuit :
lisant L’Histoire des Trois Royaumes *
jusqu’à la mort de Kômei

* note de R.H. Blyth : « Le Sangokushi est une oeuvre historique en 65 volumes qui couvre les luttes des Royaumes de Gi, de Go, et de Shoku, entre 220 et 280. »

°
(p.916 :)

yuku aki no . kusa ni kakaruru . nagare kana

Shirao

le cours d’eau se cache
dans les herbes
de l’automne qui s’en va

yuku aki wo . obana ga saraba . saraba kana

Issa

l’herbe de la pampa
fait au-revoir, au-revoir
à l’automne qui s’en va

°
(p.917 : LE CIEL ET LES ELEMENTS – à suivre…)

8 HAIKU d’automne – Blyth – p. 897-901

26 mai 2011

°
(p.897 :)

kono futsuka . kinuta kikoenu . tonari kana

Buson

depuis deux jours
on n’a pas entendu
le maillet de foulage des voisins

kogarashi ya . nani ni yowataru . ie goken

Buson

tempête d’hiver –
comment vivent-ils
dans ces cinq maisons ?

kabetonari . mono goto tsukasu . yosamu kana

Buson

de l’autre côté du mur,
cliquetis et bruissements –
que la nuit est froide !

jûgatsu ya . yoso e mo yukazu . hito mo kozu

Shôhaku

c’est le dixième mois :
je ne vais nulle part ;
personne ne vient

°
(p.898 :)

kare-eda ni . karasu no tomarikeri . aki no kure

Bashô

soir d’automne ;
un corbeau perché
sur une branche desséchée

°
(p.900 :)

aki sabishi . tameiki ya tsuku . tôdera no kane

Yûsui

automne solitaire ;
un soupir – ah ! le son
de la cloche d’un temple lointain

°
(p.901 :)

meshidoki ya . toguchi ni aki no . irihi kage

Chora

au dîner en automne :
par la porte ouverte
le soleil du soir

kono michi ya . yuku hito nashi ni . aki no kure

Bashô

le long de cette route
ne va personne,
ce soir d’automne

°
(p.902 : à suivre)