Archive for the ‘bois’ Category

Compte-rendu du 90è kukaï de Paris

8 juin 2014

du 7 juin 2014.

Nous nous sommes rendus (à huit participants) dans le nouveau chez soi de Paul de Maricourt, à Fontenay-sous-Bois, vu l’instabilité du temps ce samedi matin, pour notre repas-pique-nique. Champagne et petits plats sympathiques pour fêter également son anniversaire. Puis descendus au Bois de Vincennes tout proche pour notre kukaï.
Vingt-cinq haïkus (ou senryûs) furent échangés. Quatorze d’entre eux furent gratifiés d’une voix – ou de plusieurs.

°

Avec quatre (4) voix :

La tombe de mon père / près des voies du RER / Son train de 19 heures…
: Danièle Étienne-Georgelin.

(Ce haïku paraîtra donc dans notre 2ème anthologie du kukaï de Paris – sortie prévue en Septembre ou en Octobre 2014.)

°

Avec trois (3) voix :

Heure de pointes : / dans mon dos / un sein gauche
: Daniel Py.

(Ce senryû paraîtra en janvier 2015 aux éditions Éclats d’Encre dans son nouveau recueil : ‘Fourmi sur ma jambe’.)

°

Avec deux (2) voix :

Ce matin encore / jeter la poubelle / à la poubelle
: Paul de Maricourt ;

d’un déménagement à l’autre / le même paquet de semoule / fermé au scotch brun
: Paul de Maricourt ;

Juste une caresse / et il sème son essence / le basilic.
: Patrick Fetu ;

Sentier de fin d’été / Une chenille blessée – je la pose / Sur le côté
: Philippe Bréham ;

Une clope dans la bouche – / Elle me fait promettre / De ne jamais commencer
: Myriam Rouxel.

Avec une (1) voix :

ce matin de neige / la toile d’araignée
: Daniel Py ;

Dans le silence du monastère / retenir jusqu’au bruit / de ses pas
: Gwenaëlle Laot ;

Fuyant le soleil / d’une cache d’ombre à l’ombre / Un papillon de nuit
: Danièle Étienne-Georgelin ;

L’orage passé / Le paon ébroue / Toutes ses couleurs
: Danièle Étienne-Georgelin ;

Pluie – / Son linge sec / Encore sur le fil
: Myriam Rouxel ;

Un pet dans les draps – / sous le lit le chien / bat de la queue
: Paul de Maricourt ;

Virages en épingles / sous les yeux / les gris-gris du chauffeur
: Gwenaëlle Laot.

Sans voix, mais remarqués :

Crête-de-coq / C’est l’amarante volage / Tu m’as dit
: Hiro Hata

et

Déjeuner au bois – / finir par une soupe / aux fraises
: Marie-Alice Maire.

°

Lors du kukaï sur la pelouse du bois, cette réflexion de Danièle mise sous forme de senryû :

Kukaï / au pied d’un chêne / Dessous : les glands

que l’on appréciera à sa juste dérision !

°

Dernier kukaï de Paris (n° 91) avant les grandes vacances – et avant notre 2ème anthologie du K.P. (: sortie prévue septembre ou octobre 2014 !) – le samedi 28 juin ! Probable rendez-vous : à la grille principale du côté de la mairie du XIXème Arrt à 13 heures. Nous nous installerons sûrement sur une pelouse en contrebas !… S’il ne fait pas beau, nous nous rabattrons (pour le kukaï uniquement, alors !) sur le bistrot d’à côté (à gauche de la mairie !)

à bientôt !

Daniel

Haïkus de Salim Bellen (in UBDLA) – 59-70/222 –

21 avril 2014

« Feuilles d’automne » (souvenirs de France) :

Nulle répétition / dans ce théâtre : / ballet de feuilles sur l’eau courante

Silence : qu’il est sublime / le bruissement des pas / dans les forêts d’automne !

Papillons d’automne : / les feuilles se posent / couleur de feu sur le sol

Quand on ferme ils restent au parc ; / mêmes couleurs, / l’automne et le rouge-gorge

Qui poursuit l’autre / dans le vent / le balayeur ou les feuilles ?

Lâchant prise / la feuille se livre à l’air ; / son art : le non-agir

Plus rien sur l’arbre / après le hold-up d’automne ; / les bras en l’air !

Tant de beauté les feuilles / une splendeur sans tourment / quand l’heure sonne !

°

(À suivre : 68…)

Haïkus, etc de PY, août 2012 (1/2)

30 août 2012

°

une rondelle de fromage de chèvre –
la pleine lune

°

le long de l’autoroute
les automobilistes regardent
les éoliennes tourner

°

(Kyôku :)

Un haïku, sont-ce des mots en bouton(s) ?

(cf Japanese English Haiku 2008, ed. Modern Haiku Association, p. IX : « …a good haiku unfolds… »)

°
(filosofik ? )

bientôt
le regard
du silence

°

l’ « amarsissage » réussi
(de la navette spatiale)…

°

toutes les vaches
sous l’arbre
du champ

°

Août
quelques gouttes d’une pêche
par le balcon

°

herbes
à fleurettes blanches
des escargots
de la garrigue

rasant les herbes
et leurs escargots blancs :
tracteur de l’après-midi

escargots blancs des herbes
épargnés
par la faucheuse

bouquets d’escargots blancs
sur des tiges de Provence
– Tai-ji dans la garrigue

°

suspendu au balcon
un long cheveu blond :
toile d’araignée

°

on dirait qu’elle fait la cuisine
dans la cuisine :
bruit(s) de spatule en bois

°

heure de la sieste –
une cigale s’élance

°
(Kyôku(s) :)

le haïku « vécu » / « inspiré » / « reçu »
plutôt que
le haïku « conçu » / « concocté » (= popotaïku / haïkuisiné / Haïkuit !) / « haïconçu »

Bolt * of lightning-haiku
* (cf : Usain Bolt, London Olympic Games, 2012.)

Le haïku (comme) choc /
Striking (haiku)

Haïku, le sens du moins-soi

°

elle secoue
nue
un cheveu
par-dessus le balcon
de la garrigue
un homme
lui répond

°

nuit d’août :
un papillon, deux coccinelles
décorent l’abat-jour

°

un pet
rond
comme un ballon de hand-ball

(J.O. de Londres)

°

un haïku
a atterri
dans la cabine
neuf

(Thermes de Gréoux-les-Bains)

°
(rêve :)

sur la fenêtre
quelqu’un a senti l’eau s’éloigner
du paysage désolé

°

a)
(les) jambes repliées
elle dort
dans la nuit d’août

b)
bras croisés
son sommeil
sur la nuit d’août

°

immensément seul (…)

°

voix de voisins
sur leur balcon :
soudaine envie d’anis

°

Le soleil rongé
d’un paillasson
Esparron-de-Verdon

une plume descend en tournoyant
d’un rempart du XIIIème siècle

dans une meurtrière
une bouteille en verre
(vide)

dans le lavoir
du château
un mégot

°

bruit dans les nuages
les gens remontent du bord du lac
la cigale s’arrête de scier

(- sauve qui pleut !)

°

ronflant à l’expir
ronflant à l’inspir –
nuit d’étoiles

°

deux copule-en-l’air
entre par la fenêtre de la cuisine
puis ressort

(après-midi d’août)

°

sur les marbres luisants
passe le soleil
et ses nuages

(cimetière de Riez)

°
(kyôku(s) :)

travail d’écriture / de réécriture du haïku :
retrouver (en mots) l’exacte sensation / l’étincelle / première.

Théoriser – Théorire

°

projection (intersticielle)
de fil dentaire :
miroir de la salle de bain

°

L’arbre
trempe l’ombre de ses feuilles
dans le maigre cours d’eau

°

un avion de chasse
déchire
(l’heure de) la sieste

°

12 anneaux
au rideau de la cabine thermale –
les J.O. terminés

°

deux copule-en-vol
(les mêmes ?)
au début
d’un autre
après-midi

°

La vierge Marie
assomptueuse ?
– deux « copule-en-vol ».

°
(Bashôtage :)

la gueule du crapaud
en forme de saut *
silence

* couverture de The Genius of Haiku, readings from R.H.Blyth, Ed. BHS.

°

du buisson
(où je pourrais me jeter)
des oiseaux s’envolent

°

« Au 15 Août le coucou
perd son chant
c’est la caille qui le reprend »
: près du panneau,
le coucou d’une tourterelle

°
(Bashôtage ?)

vieille mare –
le bruit des cigales

°

de la lavande s’approchent
ma main
et un papillon

°

le long du Verdon
un caneton
accordé
au cours du courant

°
(à suivre : 2/2)

Les 1012 haikai de Bashô – 246-253)

23 février 2012

°
246
(À Minakuchi, tombant sur un ami pas vu depuis vingt ans)

deux vies
entre elles ont vécu
les fleurs de cerisiers

(printemps 1685)

NB : L’ami de Bashô s’appelait Hattori Dohô (1657-1730). Bashô ne l’avait pas vu depuis qu’il avait neuf ans. (…)

247
(Une vue paisible de la campagne au printemps)

un papillon ne vole
que dans un champ
de soleil

(été 1685)

NB : Cette strophe suggère que le champ était constitué de soleil. Les fleurs jaune vif du colza pourraient faire penser au soleil sur la terre.

248

l’iris « oreilles-de-lapin »
me donne l’idée
d’un poème

(été 1685)

NB : La compréhension de ce verset se complique avec la référence à un waka de Toshiharu Oseko, au chapitre neuf des Contes d’Ise.

249
(Une vue de l’anse de Narumi-gata. Par un beau et doux jour de printemps , un bateau vu très loin au large semble se mouvoir très lentement, quelquefois même être à l’arrêt. Les fleurs de pêchers d’un rose vif sont au premier plan, sur la plage.)

un bateau qui débarque
s’arrête pour se reposer sur une plage
de fleurs de pêchers

(printemps 1685)

NB : Ce poème pourrait concerner de vraies pétales de pêcher soufflées des arbres qui se posent sur la plage ou à de petits coquillages roses dans le sable, qui ressemblent à des pétales de pêcher.

250
(Un prêtre bouddhiste de la province d’Izu, Inbe Rotsû, qui voyageait seul depuis un an, en entendant parler de moi, est venu à Owari pour voyager avec moi.)

maintenant que nous sommes ensemble,
broutons des épis d’orge
avant notre voyage

(été 1685)

NB : Inbe Rotsû vécut de 1651 à 1738. Bashô utilise un terme animalier pour manger, ce qui implique aussi qu’ils mangent à même l’épi au lieu de le cuire. Il y a aussi un association entre les épis d’orge et l’oreiller d’herbes (= le voyage) puisque tous deux portent des grains.

251
(Dans les montagnes de la province de Kai)

le bûcheron
reste bouche fermée
hautes herbes gratte-langue

(été 1685)

NB : Cette plante accrochante ( : le gaillet gratteron – Galium aparine – ) pouvait grandir jusqu’à la hauteur du menton d’un homme. (Cette traduction française permet un jeu de mots supplémentaire entre la bouche fermée du bûcheron et la langue que ces gratte-langue (, autre appellation de cette plante) auraient pu atteindre.)

252
(Le prêtre Daiten, du temple Engakuji est décédé au début de l’année. J’eus du mal à le croire, mais j’écrivis une lettre à Kikaku avec le verset de déploration suivant, pendant mon voyage :)

ayant manqué les fleurs de pruniers
je me prosterne devant celles des lespédèzes
en larmes

(1685, saisons mixtes)

NB : Le prêtre Daiten vécut entre 1629 et 1685. Kikaku était un des disciples de Bashô. Le poème semble dire que puisque la fleur de prunier (le prêtre) manque, non seulement au voyage, mais aussi à la vie, Bashô se prosterne en vénération et en lamentation devant les lespédèzes. Les deutzies, traduites souvent par « lespédèzes » étaient l’une des sept herbes d’automne associées au regret, à la tristesse et à la douleur.

253
(Donné à Tokoku :)

un coquelicot blanc
un papillon arrache une aile
en souvenir

(été 1685)

NB : Tokoku, marchand de riz à Nagoya, était un des élèves préférés de Bashô. Les pétales de coquelicots sont triangulaires et tombent l’un après l’autre, de sorte qu’il peut sembler que des ailes de papillon tombent de la fleur.

°

(à suivre : 254-1012)

Les 1012 haikai de Bashô – 109-119)

15 décembre 2011

°

la mer bleue
dans des vagues qui sentent le saké
la pleine lune de ce soir

(automne 1679)

NB : la pleine lune est comparée à une tasse de saké. Cela pourrait être une scène de navigation pour contempler la lune où les vagues seraient imprégnées d’alcool, ou bien la « mer bleue » serait-elle une cuvette d’eau à proximité pour laver les coupes de saké.

°

une coupe de saké
de « chrysanthèmes-des-sentiers-de-montagne »
bois-la

(automne 1679)

NB : Le yamaji no kiku (« chrysanthème-du-sentier-de-montagne ») était une boisson légendaire de Chine qu’on prenait pour s’assurer longévité. On célébrait ce rite au Japon le 9/9, par un festival des chrysanthèmes.

°

néglige-le
quand je vois le paysage de Suma
l’automne de la vie

(automne 1679)

NB : Suma est le nom d’un endroit isolé en bord de mer près de Kobe, ainsi que le verbe « vivre », de sorte que le verset peut signifier « voyant Suma » ou « l’automne de la vie ». Le poème dit que la vue automnale de Suma est si belle que Bashô peut négliger le fait qu’il vieillit.

°

un matin de neige
seuls les oignons du jardin
marquent le sentier

(hiver 1679)

NB : Aux temps reculés, une manière de marquer un sentier était d’y courber des herbes. La neige est si épaisse que seuls les têtes vertes d’oignons recourbés sont visibles.

°

(Allant saluer Tsuchiya Shiyû, lors de son départ pour Kamakura.)

marchant sur le givre
cela me paralyse
de le voir partir

(hiver 1679)

NB : Tsuchiya Shiyû était un guerrier du clan des Matsue et un ami de haikai de Bashô. L’ambiguïté repose sur la question de savoir si le chagrin du départ a affaibli ses genoux ou si le fait de marcher sur la glace l’a forcé à marcher prudemment. Il y a un compliment caché dans l’idée que l’écriture poétique de Bashô sera paralysée par la perte de son ami et de l’inspiration de son écriture.

°

Ah, printemps, printemps,
admirable printemps !
etcetera, etcetera

(printemps 1680)

NB : Le début du poème est une parodie du vers d’un poème en admiration à Confucius par le poète chinois Mi Fu (1051-1107) :  » Confucius, Confucius, grand Confucius ! » Noter que « ah » est le même mot en anglais (/ français) et en japonais.

°

sous les fleurs
du jour au lendemain
je devrais m’appeler
gourde purifiée

(printemps 1680)

NB : hana, « fleurs » implique « fleurs de cerisiers ». Quand on attachesai à un nom,il indique un pseudonyme, mais cela signifie littéralement « garder un corps propre et purifié ». Bashô combine le mot avec « gourde », impliquant quela nuit passée sous les fleurs de cerisiers a purifié son être intérieur de sorte qu’il est comme un récipient sanctifié.

°

pluie du début d’été
le vert du cyprès de roche
dure combien de temps ?

(été 1680)

NB : Iwahiba (Selaginella tamariscina) est le « cyprès de roche » ou « tamaris ». La question, ambigüe, est ouverte à de multiples interprétations. Combien de temps la pluie va-t-elle encore tomber ? Combien de temps le cyprès restera-t-il vert ? Combien de temps l’arbre peut-il durer dans cet endroit rocailleux ?

°

est-ce une araignée
qui pleure
le vent d’automne

(automne 1680)

NB : Ce poème utilise la technique de la devinette pour avancer le paradoxe que les araignées ne font ni chant ni bruit, mais que le vent, qui est invisible, lui, le fait.

°

(Après 9 ans de vivre en ville, j’ai déménagé dans une chaumière en bord de rivière dans le village de Fukagawa. La raison pour laquelle je peux sympathiser avec un sage qui dit : « Ch’ang-an est un endroit célèbre et riche des temps anciens, où il est difficile de vivre sans argent », est probablement parce que je suis pauvre…)

dans une humble chaumière
les feuilles de thé ratissées
après l’orage

(automne 1680)

NB : Le sage était Po-Chû (772-846) et Ch’ang-an était la capitale chinoise à l’époque des T’ang. Ce verset utilise l’humilité et la pauvreté du poète pour exprimer l’acceptation. Il est assez improbable que Bashô ratissa les feuilles pour en faire du thé, mais il se pourrait que le vent eût amassé les feuilles en tas au bas de la clôture, ce qui lui rappelait ses provisions de thé. Ou bien le verset pourrait signifier qu’il utilisait des feuilles sèches pour faire le feu qui ferait bouillir son thé.

°

Le charbon s’est-il transformé
en bruit de bois fendu ?
le dos de la hache d’Ono

(automne 1680)

NB : Il y a plusieurs jeux de mots dans ce poème. L’un pivote avec le mot ono (« hache »), qui désigne également un lieu du nord-ouest de Kyoto, réputé pour son charbon de grande qualité. Quand cela se combine avec le mot oku (« l’intérieur », « le dos »), l’esprit du lecteur est secoué entre le dos d’une hache, le fond du quartier d’Ono, ou l’intérieur du bois.

°

(à suivre : 120-1012)

Les 1012 haikai de Bashô – 36-45)

19 novembre 2011

°

du temple d’Uchiyama –
les visiteurs ne peuvent pas savoir
que les cerisiers fleurissent

(printemps 1670)

NB : jeu de mots entre le nom du temple Uchiyama Kongôjôin Eikyûji à Nara, de la secte bouddhiste ésotérique de Shingon, et « uchi » (« dans ») + « yama » (« montagne » ou « enceinte du temple »

°

arrivée du printemps
même un garçon sait décorer
la corde de paille de riz

(printemps 1671)

Au Nouvel An, premier jour du printemps, une corde faite de paille de riz tressée (symbole shinto) était suspendue au-dessus de la porte des maisons. Jeu de mots comprenant « warawa » (« garçon ») et « wara nawa » (« corde de paille de riz »).

°

mets-la pour l’essayer
la veste rembourrée
la robe fleurie

(printemps 1671)

la « jinbe ga haori » est une veste rembourrée. La « hana goromo » est une robe fleurie mise pour contempler les fleurs de cerisiers. « Haori » ressemble à « gaori » qui signifie « se rendre à la beauté des fleurs », et « kite » signifie « venir » ou « porter ».

°

la pluie du début de l’été
mesurant les hauts-fonds
de la rivière Souvent-vue

(été 1670)

NB : Le nom de la rivière, Minare, peut se traduire par : « tellement vue qu’elle en est familière ». Elle est un bras de la rivière Yoshimo. Quelques uns considèrent que la strophe personnifie la pluie, mais d’autres la considèrent comme un simple jeu de mots.

°

bosquet d’été / petite épée
portée – au fond des montagnes
un pompon sur la hanche

(été 1672)

NB : le mot « kodachi » signifie un « bouquet d’arbres » ou une « courte épée ». On peut voir cette strophe comme une personnification dans laquelle la montagne est un guerrier portant une épée d’arbres.

°

belle,
du melon-princesse –
un coeur d’impératrice

(été 1671)

le jeu de mots s’articule sur « hime uri » (« le melon-princesse », Cucumis melo) et « zane » (« coeur » ou « noyau ») qui sonne comme « sane » (« clitoris »).

°

couple de cerfs –
poil sur poil en accord
poil dur

(automne 1671)

NB : Bashô utilise le mot « ke » (« poil ») trois fois. Dans sa vieillesse, Bashô admit que dans sa jeunesse il aimait les hommes. Cette strophe, écrite à l’âge de vingt-huit ans, peut sembler provenir de ces expériences.

°

n’aimant pas les fleurs
les bouches des bavards
la bouche du vent

(printemps – année inconnue)

NB : L’expression « iya yo » (« je n’aime pas ») était couramment employée dans des chansons populaires. L’expression « hitori ni wa iya yo » (« je n’aime pas dormir seul ») était très proche de « hana ni iya no ».

°

quand vous en plantez
prenez en soin comme d’un bébé
cerisier sauvage

(printemps – année inconnue)

NB : Ce verset se base sur un manuel chinois de jardinage. Le poème de Bashô figure dans une anthologie compilée par Kigin, en 1676, qui contenait 6600 poèmes de 900 poètes. Ces chiffres donnent une idée de la popularité du haikai à cette époque.

°

pousse de bambou –
une goutte de rosée suinte le long des nodules
de générations de bambous

(été – année inconnue)

NB : Le jeu de mots est formé avec « yoyo », qui peut être « nodules » du bambou ou « génération après génération ». « Toyo no » est un adverbe qui décrit comment des gouttes de liquide suintent ou coulent.

°

(à suivre : 46-1012)

Haïku, etc. – Py – 7/2011 – 2/2

21 août 2011

°

au large de cette plage
atlantique française
des boules de fioul
du golfe du Mexique *

(* 21/4/2010 – Montalivet (34) 17/7/2011)

°

menu estival :
fruits de mer
au plutonium

le tour de l’homme
en combien de jours,
ces fuites radioactives ?

De l’eau
de moins
en moins ;
Privatisations

°

dans ce classeur nommé
SILENCES
aucun poème

°
(Ancien :)

dans ce bistrot
trois étudiants
ordinent

°

CHEMIN MONTANT

(d’après Renoir :
« Chemin montant dans les hautes herbes »)

CHEMIN MONTRANT (?)

°°°

soleil :

pins

lézard

: Moins il y a de mots dans le haïku, plus ils ont besoin d’espace (autour d’eux) *

Océans :

hydrocarbures

plastiques

Océans :

plutonium

césium

rien à dire,
un canard et un nuage
flottent

°
(Loches, 31/7-2/8/11)

* :
De plus en plus (haï)courts
Haï-très-courts
Haï-les-plus-courts
Haïcourtés
Haï-minimes
Minim-haï-

°°°

13 HAIKU d’automne – Blyth – p.1051-1055 – OISEAUX et ANIMAUX

6 juin 2011

°
(p.1051 :)

temple de montagne :
la voix du cerf
sur la véranda

Issa

de retour
d’avoir allumé un cierge au dieu,
la voix du cerf

Shiki

°
(p.1052 :)

le cerf émet son brame lugubre
quand le vent froid
glace sa moëlle ?

Shirata

°
(p.1053 :)

trois fois
il lança son brame
puis on ne l’entendit plus,
le cerf

Buson

son brame traînant
est lugubre :
le cerf, la nuit

Bashô

soleil déclinant :
l’ombre d’une colline avec un cerf
entre par la porte du temple

Buson

°
(p.1054 :)

bas au-dessus de la ligne de chemin de fer,
un vol d’oies sauvages ;
nuit de lune

Shiki

les oies sauvages
ont mangé l’orge, il est vrai !
mais elles s’en vont

Yasui

oie sauvage, oie sauvage,
quel âge avais-tu
à ton premier voyage ?

Issa

oies sauvages vous en allant,
combien de fois avez-vous vu
la fumée du mont Asama ?

Issa

oies sauvages descendant,
leurs voix l’une par dessus l’autre,
le froid de la nuit grandit

Kyoroku

au-dessus des collines,
sous un passage d’oies sauvages,
le sceau de la lune

Buson

dans la bande colorée
des plants de riz,
les grenouilles s’éjouissent

Buson

°
(p.1056 : à suivre)

33 Haiku + 3 waka – printemps – Blyth – p.616-628

10 février 2011

°
(p.616 :)
saku hana no . naka ni ugomeku . shujô kana

Issa

« Hommes »

nous autres humains,
qui nous tortillons parmi
les fleurs épanouies

yûzuki ya . nabe no naka nite . naku tanishi

Issa

« Enfer »

la lune du soir :
les escargots d’étang pleurent
dans la casserole

hana chiru ya . nomitaki mizu wo . tôgasumi

Issa

« Les fantômes affamés »

les fleurs s’éparpillent :
l’eau que nous désirons boire,
dans le brouillard, au loin

chiru hana ni . butsu tomo hô tomo . shiranu kana

Issa

« Animaux »

Dans la chute des fleurs,
ils ne voient pas de Bouddha,
pas de Loi

koegoe ni ; hana no kokage no . bakuchi kana

Issa

« Esprits-de-Nature malveillants »

à l’ombre des fleurs de cerisiers
voix contre voix,
les parieurs

°
(p.617 :)

kasumu hi ya . sazo tennin no . gotaikutsu

Issa

« Dieux »

jour brumeux :
même les Habitants du Ciel
le trouvent sûrement pénible !

hana ni kurete . waga ie tôki . nomichi kana

Buson

parmi les fleurs, il se fait tard,
et je suis loin de la maison –
ce chemin sur la lande

yû-zakura . kyô mo mukashi ni . nari ni keri

Issa

fleurs de cerisiers du soir :
aujourd’hui appartient maintenant aussi
au passé

°
(p.618 :)

gekkô nishi ni watareba . kaei higashi ni . ayumu kana

Buson

La lune passe à l’ouest,
l’ombre des fleurs
passe à l’est

°
(p.619 :)

hana ni kite . hana ni ineburu . itoma kana

Buson

je vins voir les fleurs
je dormis sous elles;
ce fut mon loisir

hana wo fumishi . zôri mo miete . asane kana

Buson

il dort tard;
voici ses sandales de paille
qui foulèrent les pétales tombés

haru no yo wa . sakura ni akete . shimai keri

Bashô

la nuit de printemps
s’est achevée,
l’aube sur les fleurs de cerisiers

°
(p.620 :)

ikada-shi no . mino ya arashi no . hana-goromo

Buson

les manteaux de paille des draveurs :
la tempête en fait
des robes à fleurs

hana wo en . shisha no yomichi ni . tsuki wo kana

Kikaku

pour m’apporter les fleurs,
oh, que le sentier du messager au soir
soit éclairé de lune !

°
(p.621 :)

rakka eda ni ; kaeru to mireba . kochô kana

Moritake

une fleur tombée
retournée sur sa branche !
non, c’était un papillon

kasho yorimo . gunsho ni kanashi . yoshinoo-yama

Shikô

plus que les chants,
les annales de la guerre m’ont chagriné
sur le mont Yoshino

ki no moto wa . shiru mo namasu mo . sakura kana

Bashô

sous les cerisiers,
sur la soupe, la salade de poisson et tout le reste,
pétales des fleurs

°
(p.622 :)

nawashiro no . mizu ni chiri-uku . sakura kana

Kyoroku

les fleurs de cerisiers
tombent et flottent sur l’eau
des plants de riz



shizukasa ya . chiru ni sureau . hana no oto

Chora

calme :
le bruit des pétales
descendant ensemble

(or :

le son des fleurs
qui se frottent
en tombant)

saku-karani . miru-karani hana no . chiru-karani

Onitsura

les fleurs de cerisiers éclosent;
nous les admirons;
elles tombent, et puis…

°
(p.623 :)

hito koishi . hitomoshi goro wo . sakura chiru

Shirao

mon coeur plein de désirs,
on allume les chandelles,
les fleurs de cerisiers tombent

hana chiru ya . omotaki oi no . ushiro yori

Buson

derrière moi,
vieux et faible,
les fleurs s’éparpillent

°
(p.624 :)

tada tanome . hana mo hara-hara . ano tôri

Issa

Aie simplement confiance :
les pétales ne tombent-ils pas aussi
juste ainsi ?

mizu-tori no . mune ni wake-yuku . sakura kana

Rôka

l’oiseau aquatique nage
séparant de son poitrail
les pétales de cerisiers

°
(p.625 :)

hana chirite . ko-no-ma no tera to . nari ni keri

Buson

les fleurs de cerisier tombées,
le temple appartient
aux branches

hana chirite . shizuka ni narinu . hito-gokoro

Koyû-ni

les fleurs de cerisiers tombées :
nos esprits maintenant
sont tranquilles

n’y aurait-il pas de fleurs de cerisiers
dans notre monde,
que le coeur des hommes au printemps
pourrait connaître la sérénité

(: waka de Narihira (825-880))

hana ni nenu . kore mo tagui ka . nezumi no su

Bashô

n’est-ce pas comme un nid de souris
d’être incapable de dormir
à cause des fleurs ?

°
(p.626 :)

hana chitte . take miru noki no . yasusa kana

Shadô

les fleurs tombées,
regarder les bambous
est reposant sous les auvents

hana chitte . mata shizuka nari . enjôji

Onitsura

Les fleurs de cerisiers tombées,
le temple Enjôji
est calme de nouveau

ume chitte . soreyori nochi wa . tennôji

Onitsura

après que les fleurs de prunier
sont tombées,
le temple Tennôji

°
(p.627 :)

kiniitta . sakura no kage mo . nakari keri

Issa

ces fleurs de cerisiers
qui me plaisaient tant
ont disparu de la terre

kutabirete . yado karu koro ya . fuji no hana

Bashô

épuisé,
et cherchant un toit pour la nuit –
ces fleurs de glycine !

°
(p.628 :)

Le dernier jour du troisième mois au temple Jionji :

ce matin, le printemps finissait à Jionji;
tout le jour j’errai près de la porte du temple.
Nous avons beau nous lamenter, le printemps ne restera ni ne reviendra;
le crépuscule jaune tombait sur les fleurs violettes des glycines

(: waka d’Hakurakuten / Po Chu yi)

bouquet de glycine dans le vase;
les fleurs retombent,
dans la chambre de malade;
le printemps commence à s’assombrir

(: waka de Shiki)

fuji no hana . ayashiki fûfu . yasumi keri

Buson

fleurs de glycine;
reposant sous elles,
un couple étrange

°
(suite, p.629-)

haïkus, etc – Py – avril 08

2 novembre 2010

°

un plastique
s’envole dans l’arbre
– premiers jours d’avril

la violoncelliste
lance une pique
– complétez !

le ventre lie-de-vin
des nuages pommelés
et puis ça change

face au soir qui tombe
pâtes à la tomate
et vin rouge


(poisson-poison – 5/7/5) :

contamination
polychlorobiphényle :
l’omble-chevalier

in « 20 minutes » du 3/4/08, p.8, col. 1)

les pattes des pigeons
sur les toits de Paris
brûlent-ils ?

(cf. le film : « Paris brûle-t-il »)

en haut du soir
un oiseau pépie
– quand va-t-il bien s’arrêter ?

pluie sur l’étang –
une carpe (fait) surface

rain
on the pond
a carp
surfaces

en face aussi
photographiant
la giboulée

un pigeon aux ailes blanches
descend du ciel gris
– dimanche de printemps

premier dimanche d’avril
elle lave ses vitres

bruit d’avion
elle descend le trottoir
en rollers

sur le toit
les pigeons picorent
les gouttes de pluie ?

matin du 7 avril
soleil —
le blanc sur les toits fond

une flamme olympique (à Paris) :
3000 policiers
(100 en rollers)
65 motards
32 véhicules de CRS

torche olympique
les protestataires
s’enflamment

début d’après-midi :
la neige repartie
d’où elle était venue :
thin air

le match commencé :
l’écran vert
du voisin d’en face

matin
parsemé d’oiseaux
– à leur affaire

_
(« art poétique » ?) :

Pourquoi vouloir mettre en forme ?
Laisse tomber les mots
tels quels,
tels que venus, apparus dans ton cerveau –

tels que venus
repartant :
ne rien échafauder

du mal
à prononcer
« incommunicabilité » !

vue plongeante
du pigeon
sur rue

sur l’auvent
de la librairie
un pigeon
déambule

sans dessous dessous
la jeune sévillane
tournoya

(<– 1990 ?)

ça s'coue, l'bus,
ça s'bouscule !

le réel
t'offre
ses mots

lisant
le livre
que je lis
– métro

Lucy dans le skaï

ah, quelle difficulté
que de se réduire
à sa plus simple expression !

dehors, le vent d'avril,
dedans, le va et vient
du souffle :
relaxation

sur son trapèze
le poids
de la lumière

(cf mars 08 ?)


(haïkuisine :)

écouter
le chant des oeufs
au ras de la poêle

un pissenlit en fleur
rue Fragonard

de leur balcon
deux femmes regardent
le dimanche
de haut

les mots
pour dire
le silence

apprécier
le silence
que creusent
les mots

un drapé
… de silence

le haïku,
cet îlot
de mots

Écouter,
c’est écouter aussi
le silence

Écrire haïku,
c’est équilibrer
sons
et silence(s)

… ceux qui n’ont
que les mots à la bouche …

grâce à la cheminée,
SEAT
devient
SEPT

Le soir tombe
dans la rue

de soir en soir
la lune grossit

fleurs roses de l’arbre
dont j’ignore le nom

vert-pommes
son T-shirt

horde de pigeons
sur le toit
couvant le soleil ?

levant son verre de vin
à la couleur du soir

oh merde ! fit-il
quand son chien chia
sur le trottoir

tout plein de pendules
aux battements différents
– 88 ans


(du haïku :)

que tous les éléments concourent à l’unité du haïku

chaque fleur humée –
du bec, un cygne
lisse ses plumes

dans l’air
du dernier dimanche matin d’avril
une fanfare
au gré des vents

tambours et trompettes –
un vent frisquet

grosso modo
la fanfare
joue juste

mère (88 ans)
et moi
allons faire les courses
au 8 à 8
voisin


(S.S.S.) :

Sommes-nous gouvernés
par une bande de malades mentaux ?
le doute est de moins en moins permis
Au nom du bien (prétendent-ils)
ils font bien pire
que s’ils ne faisaient rien.
Empêchons-les de continuer à agir
nuire !…

du violon
tombent des gouttes
: sueur du violoniste

du violon
goutte
la sueur
du soliste

rigoles de sueur
sur le vernis du violon :
concerto de Brahms

(: Gil Shaham + Cl. Abado, Orch. de Berlin, 2002)

histoire d’Issoire
et de son sifflet –
le train redémarre


(« art poétique » :)

Un art qui reste « artificiel » est un art de paresseux.
L’art doit (r)amener au réel, à la « nature », au « naturel »

le réel réintégré…

les cloches
du couvent proche –
trafic du lundi matin

les jardiniers municipaux
viennent tondre la pelouse
– barbe de cinq jours

chant du merle
en réveille-matin :
dernières heures à Millau


(jog :)

humant lilas et roses
tout au long du parcours


(Fait de printemps :)

étang calme –
un couple de nonagénaires
fenêtres ouvertes
y plonge

nuages gris
passant au-dessus des toits ardoise
Reims, trente avril

°

d.(4/08)