Archive for août 2012

« Le cours de l’eau » : Wei Wu Wei

30 août 2012

°

« Parmi tout ce dont on doit « se défaire » – conditionnement, connaissance, religion, science, « moi » – le plus important est peut-être l’idée que l’on vit sa propre vie. Se défaire du reste en continuant à penser que l’on vit au lieu d’être vécu serait une attitude vaine. Nous ne « choisissons » pas de naître, de vieillir, d’être bien portant ou malade, ou de mourir (…)

Si « nous » pouvons « nous défaire » de la notion infatuée et arrogante que nous « vivons notre propre vie » au lieu d’être vécus intégralement de la naissance à la mort, alors « nous » nous serons défaits de tout, non pas en détail, mais en bloc. »

Wei Wu Wei, chapitre 97 de La Voie négative, éd. de La Différence, 1977, 2011.

Haïkus, etc, de PY, août 2012 – 2/2

30 août 2012

°

bleue libellule,
cigale en chaleur
à la sortie des thermes

°

du talon aux orteils
le gravillon
traverse la sandale

°

lecture nocturne –
le cannage de la chaise
sur ses fesses nues

°

heure de l’apéritif –
Patrick Ricard décédé
ce plein août

°

« minuscules poussières
englouties par un aspirateur » :
citadins japonais

(sur Arte)

°

« Je suis seulement l’ouvreur de fenêtres, le vent entrera après tout seul. »
Jean Giono

°

nu
fenêtre ouverte
à trois heures du matin

°

m’éveillerai-je
(à l’instant de la mort ?)
du rêve
qu’est la vie ?

la vie
passée comme un rêve
comme un nuage

sur le tableau bleu du ciel

°

canicule
sous chacun de ses seins
une petite tache

°

les plumes dans la rue :
elles aussi ont l’air
aplaties de chaud

°

round and round and round
drowned n’ drowned n’ drowned

: à peur de flots…

°

(ancien : 199 ? :)

dimanche matin
sur son toit
un christ hongrois
fixant
son antenne-télé

°

sur mon livre
un papillon de nuti
brun
et sa traîne posée

ses deux antennes
alternativement
qui bougent

avant de se renvoler
sous la lampe

°

après-midi d’août
abeilles et papillons (se) partagent
la lavande

°

au milieu de la route
un paquet rouge et blanc
Fumer Tue

°

(ancien :)

août à Paris –
le bruit
d’une fraise

(cf : le kô-an zen du bruit d’une seule main ?)

( : traduction ? nouvelle :)

August in Paris –
the noise
of a strawbedrill

(???)

°
(ancien :)

relisant un tanka sur elle me téléphone

(cf Jackie Hardy, p. 65 de Stepping Stones, a way into haiku, Martin Lucas, BHS ed., 2007 :
« out walking alone / just as I think of her / a friend turns a bend »)

°

la tête baissée
dans ses pensées
– les aiguilles de pin

°
(ancien :)

du bus à chez elles
courant sous l’orage
sandales à la main

(RSA, 1979 ?
cf Matt Morden, in Stepping Stones…, p.79 :
« Sunday morning / the party girls go home / in summer rain »)

°

dans le bleu d’août
des baigneurs s’ébattent –
une porte claque

°

platane à palabres :
pigeons au-dessous
étourneaux dessus

parfois une plume
sur le soir

°

fin août –
sur le crépi du mur
une araignée
trampoline

°

le parasol
bascule
par-delà le balcon
– nuit d’étoiles

°

quatre heures du matin
sur la table de la cuisine
une miette de pain

°

le cordon encore humide
du curiste précédent
– dernier jour aux thermes

°

sur le Verdon
des canards
écartèlent * la lune

* / fragmentent / morcellent / démantèlent / gondolent

dans la mare
des canards –
la lune
gondol(é)e

sur le Verdon
des canards –
la lune danse

rivière –
la lune a tant de signes

fragmentée,
l’on sait toujours
qu’elle n’est qu’une,

lune

°

l’aile dressée
d’un oiseau écrasé
sur la route

°

mise au point
sur la libellule
qui s’envole
juste avant le déclic

°

nuit :
un livre de haïkus
et un verre d’eau

°

(kyôku :)

Si l’auteur figure dans son haïku,
qu’il y soit
(encré)
en creux

, en négatif !

°

le kaléidoscope
– en mouvement décroissant –

de la lune

(début de nuit sur le Verdon)

°

sur la table
– de nuit –

un chapeau

un verre d’eau

sur la table
(cette nuit)
les formes inversées

d’un chapeau

et d’un verre d’eau

la si grande immobilité
des objets
cette nuit

(est-ce pourquoi le crayon court,
le crayon peut courir ?)

… et un moteur extérieur
… ou plusieurs,

au loin,

dans l’encore noir…

°

le piège des mots…

la sirène des mots…

°

l’eau rosée
dans le verre
(on dirait que)
la nuit boit

°

(ancien :)

la mise-en-plis
de la factrice
sous la pluie

°

les incongruismes-haïku …

°

dans les semelles des pieds-nus
des gravillons s’incrustent
– fin (d’) août en Provence

°

Cirque de Navacelles –
l’ombre du fil électrique
balaie le pare-brise

°

Pour les prochaines vacances :
l’index
en Provence !

°

en 2353,
où serai(s)-je ?

down 52nd Avenue
all sirens blaring
into the night ?…

°

un haïku disparu
tout au fond de la nuit
plop !

°

Au musée Jean-Henri Fabre *
un insecte
dans les toilettes ?

* entomologiste (/ Micropolis, la Cité des Insectes, Aveyron.)

°

dans la côte
l’odeur des cochons
me fait accélérer

(d’après David Cobb : « pedalling uphill / into the smell / of pigs »,
p.145 de Stepping Stones,…, BHS, 2007.)

°

après la mort du père
son message toujours
sur le répondeur familial

/

après la mort du père
son nom toujours
dans le message familial

(cf David Cobb : « day of his funeral / still inviting messages / after the tone »,
in Stepping Stones, BHS 2007, p.151)

°

sur les collines
le jeu des champs
et des nuages

( : whatever it may be, and forever changing…)

on hillsides
the game of fields
and clouds

°

un arbre taillé
au milieu d’un champ
– pas d’ombre
– pas de vaches

°

nuages de poussière :
au dernier bord de l’août *
deux tracteurs
raclent le champ ras

* / au bord de septembre

°

retour de vacances
à l’arrière de sa remorque
un cheval hoche la tête

°

derniers jours d’août
premiers labours

premiers labours
le tracteur retourne
les restes de l’été

°

au bord du champ
(en) bord de septembre
des cubes dorés

°

sur l’autoroute
un papillon tombe
– fin des vacances

°

« chrysanthèmes blancs – »
: le décès * de ma tante
paternelle

(* récent : été 2012
cf Doreen King : « white chrysanthemums – / remembering the little fibs / you told me »
p.177 de Stepping Stones, BHS Anthology, 2007.)

°

scellé(e) au ciment du sérieux

( : leur statut / stature / statue !)

°

(Bashôtage ?)

la mare avala la grenouille

°

se plier
en 5/7/5 ?
– macache !

se plier encore
au 5/7/5, ah non :
« bave des Anciens » !

°

devanture du luthier :
un sabot
monté en violon

( – : musique folklorique ?)

(rue de Rome, Paris 75008)

°

fin août –
le soleil éclaircit
la chevelure du saule

(Les Saules, 94.)

°

(cf : « ronflant à l’expir… » :)

il est rare
que ce soit soi
qui ronfle !

°

filosofigues

°

facette(s) / facétie(s)

°

Faites de la lenteur
un bain de guérison

algue s

apesanteur

°

Battre froid / Bashô / ?

°°°

Haïkus, etc de PY, août 2012 (1/2)

30 août 2012

°

une rondelle de fromage de chèvre –
la pleine lune

°

le long de l’autoroute
les automobilistes regardent
les éoliennes tourner

°

(Kyôku :)

Un haïku, sont-ce des mots en bouton(s) ?

(cf Japanese English Haiku 2008, ed. Modern Haiku Association, p. IX : « …a good haiku unfolds… »)

°
(filosofik ? )

bientôt
le regard
du silence

°

l’ « amarsissage » réussi
(de la navette spatiale)…

°

toutes les vaches
sous l’arbre
du champ

°

Août
quelques gouttes d’une pêche
par le balcon

°

herbes
à fleurettes blanches
des escargots
de la garrigue

rasant les herbes
et leurs escargots blancs :
tracteur de l’après-midi

escargots blancs des herbes
épargnés
par la faucheuse

bouquets d’escargots blancs
sur des tiges de Provence
– Tai-ji dans la garrigue

°

suspendu au balcon
un long cheveu blond :
toile d’araignée

°

on dirait qu’elle fait la cuisine
dans la cuisine :
bruit(s) de spatule en bois

°

heure de la sieste –
une cigale s’élance

°
(Kyôku(s) :)

le haïku « vécu » / « inspiré » / « reçu »
plutôt que
le haïku « conçu » / « concocté » (= popotaïku / haïkuisiné / Haïkuit !) / « haïconçu »

Bolt * of lightning-haiku
* (cf : Usain Bolt, London Olympic Games, 2012.)

Le haïku (comme) choc /
Striking (haiku)

Haïku, le sens du moins-soi

°

elle secoue
nue
un cheveu
par-dessus le balcon
de la garrigue
un homme
lui répond

°

nuit d’août :
un papillon, deux coccinelles
décorent l’abat-jour

°

un pet
rond
comme un ballon de hand-ball

(J.O. de Londres)

°

un haïku
a atterri
dans la cabine
neuf

(Thermes de Gréoux-les-Bains)

°
(rêve :)

sur la fenêtre
quelqu’un a senti l’eau s’éloigner
du paysage désolé

°

a)
(les) jambes repliées
elle dort
dans la nuit d’août

b)
bras croisés
son sommeil
sur la nuit d’août

°

immensément seul (…)

°

voix de voisins
sur leur balcon :
soudaine envie d’anis

°

Le soleil rongé
d’un paillasson
Esparron-de-Verdon

une plume descend en tournoyant
d’un rempart du XIIIème siècle

dans une meurtrière
une bouteille en verre
(vide)

dans le lavoir
du château
un mégot

°

bruit dans les nuages
les gens remontent du bord du lac
la cigale s’arrête de scier

(- sauve qui pleut !)

°

ronflant à l’expir
ronflant à l’inspir –
nuit d’étoiles

°

deux copule-en-l’air
entre par la fenêtre de la cuisine
puis ressort

(après-midi d’août)

°

sur les marbres luisants
passe le soleil
et ses nuages

(cimetière de Riez)

°
(kyôku(s) :)

travail d’écriture / de réécriture du haïku :
retrouver (en mots) l’exacte sensation / l’étincelle / première.

Théoriser – Théorire

°

projection (intersticielle)
de fil dentaire :
miroir de la salle de bain

°

L’arbre
trempe l’ombre de ses feuilles
dans le maigre cours d’eau

°

un avion de chasse
déchire
(l’heure de) la sieste

°

12 anneaux
au rideau de la cabine thermale –
les J.O. terminés

°

deux copule-en-vol
(les mêmes ?)
au début
d’un autre
après-midi

°

La vierge Marie
assomptueuse ?
– deux « copule-en-vol ».

°
(Bashôtage :)

la gueule du crapaud
en forme de saut *
silence

* couverture de The Genius of Haiku, readings from R.H.Blyth, Ed. BHS.

°

du buisson
(où je pourrais me jeter)
des oiseaux s’envolent

°

« Au 15 Août le coucou
perd son chant
c’est la caille qui le reprend »
: près du panneau,
le coucou d’une tourterelle

°
(Bashôtage ?)

vieille mare –
le bruit des cigales

°

de la lavande s’approchent
ma main
et un papillon

°

le long du Verdon
un caneton
accordé
au cours du courant

°
(à suivre : 2/2)

« Bulles » par Wei Wu Wei

29 août 2012

 » Une myriade de bulles flottaient à la surface d’un fleuve. « Qu’êtes-vous ? » leur demandai-je alors qu’elles passaient au fil du courant.
« Je suis une bulle bien sûr », répondit près d’une myriade de bulles; et il y avait dans leur voix surprise et indignation comme elles passaient.
Mais de temps à autre, une bulle isolée répondait : « Nous sommes ce fleuve », et il n’y avait dans sa voix ni surprise ni indignation mais simplement une paisible certitude.  »

Wei Wu Wei, pp. 235-236 de La Voix négative Éd. de la Différence, 1977, 2011.

haikus , etc – PY- juillet 2012 (2/2)

1 août 2012

°

striant le ciel du soir,
martinets
de la mi-juillet

des hirondelles
encerclent encore juillet
– stage de tai-ji-quan

strient
dans le ciel
des hirondelles

°

stage de taÏ-chi-chuan –
un papillon passe
devant la porte

°

fin de la journée de tai-ji
un lézard se faufile
sous le gymnase

°

plume noire
dans le sentier –
un corbeau là-haut crie

°

rire en cascade
cri d’oiseau –
soirée de juillet

°

the thump
of bodies
down
to ground
zero

°

deux pies
s’élèvent
dans un pin
le soleil du soir

°

stage de tai-ji-quan –
les oiseaux se passent le mot
chi ! chi ! chi ! chi !

tous les moineaux
se lancent des chi –
fin d’une journée de tai-ji

°

fin d’une journée de tai-ji
tous les culs des garennes

devant les garages
les garennes détalent

campus universitaire
les jeunes garennes s’enfuient
dans les orties

°

on sait reconnaitre
un citron
d’un pêcheur

°

ever so slowly
does the towel slide off
the door-handle —
a July evening

la serviette
glisse
si lentement
de la poignée de la porte
– soir de juillet

°

le coude
d’une traîne d’avion
– soir de juillet

le coude
d’une traîne d’avion –
« Les prix plongent »

°

stage de tai-ji-quan –
le réseau de trams
s’appelle Tao

°

on her bosom
I thought I read
MORITAKE
– back to illusions

sur sa poitrine
j’ai cru lire
MORITAKE
– retour vers les illusions

°

musique de chambre
mon dernier auditeur :
un cafard

Francis Poulenc –
mon dernier auditeur :
un cafard

°

dans l’allée du train
deux jeunes jumelles
bougeant de concert

°

ils se penchent
dans l’allée du train
pour s’embrasser
– Tanabata

they lean
across the galley
to kiss
– Tanabata

de mon siège
j’assiste à leur ciné-
romance dans l’allée

l’arc-en-ciel
de leur baiser
par-dessus l’allée du train

elle lui mange la main –
allée du train

deux amoureux
transis –
soir de juillet
dans un train bondé

°

dernier passage
devant la rose
sans la sentir

°

même l’anse
d’un sac de voyage
me fait signe

°

(D’après : « it spins in space / giving all we need / except the answers » de Margery Newlove, in « Earth », BHS Members’ Anthology 2009 :)

We’re here
to find
solutions

Nous sommes ici
pour trouver
des solutions

°

Haiku is about
minimizing the ‘me’

Dans le haïku, il s’agit
de minimiser le moi !

°

(Busonades 1 et 2 :)

1)
sur le siège des toilettes
un moustique
endormi

2)
du siège des toilettes
un moustique
réveillé

°

les tournesols
tournés vers eux-mêmes –
caprices de la météo

°

à trois mètres
la chaleur du mur
(de) ce soir

°

les poissons sèchent
sur l’étendoir
(: maillot de bain)

°

un parterre
de fleurs de trèfles
et de bourdons

(Loches, 26/7/12)

°

(« Ancien » :)

une bulle de savon,
une grille :
deux bulles de savon

°

Le car
part
au quart
des tours
de Loches

°
(cf : « Bashôtage(s) » :)

« Busonade(s) »

« Issade(s) » / (pâle(s) Issade(s)…)

« Shiki-ste(s) »

°

dp