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(p.7)
Mais, tout d’abord, faisons un petit tour d’horizon de l’instant-haïku, souvent défini comme « la sensation de la réalité ».
Quelque chose de « réel » attire le poète, et il(/elle) ressent quelque chose – peut-être la beauté de l’instant, peut-être l’inverse, ou toute autre émotion ! : ceci est l' »instant-haïku », l’expérience-haïku ; la réalité de l’ici-et-maintenant, et une émotion.
Mais quand le poète zoome sur la réalité, elle change :
la feuille tombe…
le soleil se cache derrière un nuage…
l’oiseau disparaît de la vue…
et l’instant est passé !
Pour le poète de haïku, le temps est immobile, inscrit dans son « carnet de bord » du « voyage-haïku.
(p.8)
De même qu’un peintre fait un croquis préliminaire à partir duquel il travaille, ainsi vous, poète de haïku, devez écrire le croquis de votre propre instant-haïku.
A la différence des moments évanescents de la réalité, il reste la trace pour qu’il devienne un haïku que l’on peut apprécier ensuite.
Dans votre carnet particulier, votre « carnet de bord », notez vos expériences : les petites particularités de chaque jour qui attirent votre attention, vous arrêtent et vous font y regarder à deux fois, qui vous intéressent, qui vous ravissent…
Faites-en une description simple, dans la bonne perspective :
placez les « choses proches » au près,
les « choses lointaines » au loin,
les « choses élevées » en haut
et les « choses basses » en bas.
Quelque chose bouge-t-elle ? (: allant, venant, tournant…)
(p.9)
Notez la saison (la date), l’heure du jour (ou de la nuit)
le temps (clair, venteux, pluvieux, lourd…)
la température (chaud, frais, froid…)
les sons (forts, faibles, répétés…)
les odeurs (cheveux mouillés, fourrure, laine, feuilles sèches, herbe coupée…)
, tout ce qui vous touche (une brise, une branche, un moustique…) ou que vous avez touché (la courbe d’un coquillage, de la mousse sèche, une plume…)
la couleur du ciel (gris, bleu intense, la teinte du couchant…)
la couleur de la terre (vert-printemps, desséchée, couverte de neige…)
Tout ceci ne sera pas dans votre expérience-haïku (mais peut-être même des choses entièrement différentes)
Ecrivez seulement ce qui est en rapport avec votre propre instant-haïku !
(p.10)
Faites court
mais pas trop court
au point que plus tard vous ne puissiez plus savoir pourquoi vous l’avez écrit !
Que ressentez-vous – à examiner la beauté d’un(e) violet(te); à être intéressé(e) par la manière dont un mille-pattes bouge; à écouter un crapaud dans l’étang…
Peu importe votre émotion, c’est VOTRE instant-haïku ! et vous l’avez pris en notes !
Si vous n’écrivez pas l’expérience-haïku quand elle vous touche, vous ne vous en souviendrez pas. Vous pensez que oui, mais, plus tard, vous aurez beau chercher dans votre mémoire, le moment sera parti, perdu pour toujours.
(p.11)
Peut-être que votre haïku va se former immédiatement, peut-être que non. Sinon, plus tard, vous devrez travailler à placer les objets, les images et / ou les actions, à partir de vos notes, à leur juste place dans le haïku.
Seul(e), au calme, relisez soigneusement vos notes – souvenez-vous de l’instant – recréez-le dans votre esprit.
Souvenez-vous comment vous vous êtes senti(e) – ressentez-le encore – et écrivez votre premier haïku, appelé le « haïku-image ». Ecrivez-le en trois lignes brèves, en utilisant le principe
de la COMPARAISON
du CONTRASTE
ou de l’ASSOCIATION
(Reportez-vous aux pages 37/40 pour une explication plus détaillée).
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(à suivre, p.12-)