Posts Tagged ‘Saikaku’

32 HAIKU d’automne – Blyth – p.936-948

29 mai 2011

°
(p.936 :)

nashi no ki ni . yotte wabishiki . tsukimi kana

Buson

approchant du poirier
solitaire
contemplation de la lune



shizu no ka ya . ine surikakete . tsuki wo miru

Bashô

l’enfant pauvre
pilant le riz,
contemple la lune

yamadera ni . kometsuku oto no . tsukiyo kana

Etsujin (1656-1702)

au temple de montagne
le bruit du pilage du riz,
une nuit de pleine lune

°
(p.937 :)

meigetsu ni . inukoro suteru . shimobe kana

Buson

pleine lune –
un domestique
laissant mourir un chiot



tsuki ni kikite . kawazu nagamuru . tanomo kana

Buson

écoutant la lune,
contemplant le croassement des grenouilles –
la surface de la rizière

°
(p.938 :)

miidera no mon . tatakaba ya . kyô no tsuki

Bashô

je frapperais volontiers
au portail du temple Mii
sous cette pleine lune

tsuki wo matsu ni . kaketari hazushite . mo mitari

Hokushi

je n’arrêtais pas
d’accrocher la lune au pin
et de l’en dépendre,
tout en la contemplant

yoshinaka no . nezame no yama ka . tsuki kanashi

Bashô

sont-ce les collines
où Yoshinaka s’éveilla ?
la lune est triste

°
(p.939 :)

hitotsu to wa . omowanu yo nari . kyô no tsuki

Ryôta

la lune de cette nuit ! –
impensable
qu’il n’y en eut qu’une !

tachiyoreba . meigetsu motanu . matsu mo nashi

Atsujin (1857-1936)

marchant jusqu’à eux :
aucun pin
qui n’ait sa pleine lune !

°
(p.940 :)

fude toranu . hito mo arô ka . kyô no tsuki

Onitsura

la lune d’aujourd’hui :
y aura-t-il quelqu’un
qui ne prendra pas son pinceau ?

nusubito ni . torinokosareshi . mado no tsuki

Ryôkan

le voleur
a laissé
la lune à la fenêtre

mi no aki ya . tsuki wa mukizu no . tsuki nagara

Issa

l’automne de ma vie ;
la lune est parfaite,
malgré tout

°
(p.941 :)

tsukimi suru . za ni utsukushiki . kao mo nashi

Bashô

parmi la foule qui admire la lune,
pas un n’a
visage de beauté

nani kite mo . utsukushiku naru . tsukimi kana

Chiyo-ni

quoique l’on porte
on a l’air beau
en admirant la lune

meigetsu ya . chigotachi narabu . dô no en

Bashô

pleine lune d’automne ;
des enfants assis en rang
sur la véranda du temple

°
(p.942 :)

meigetsu ya . umi ni mukaeba . nana-komachi

Bashô

pleine lune :
se tournant vers la mer,
les sept Komachi *

* Bashô compare les différentes beautés de la lune aux sept formes que prit dans sa vie Ono no Komachi (834-900).

meigetsu wo . totte kekuro to . naku ko kana

Issa

l’enfant pleure :
« Donne-la moi ! » :
pleine lune éclatante

akai tsuki . kore wa tare no ja . kodomotachi

Issa

à qui appartient-elle,
mes enfants,
cette rouge, rouge lune ?

°
(p.943 :)

tera ni nete . makotogao naru . tsukimi kana

Bashô

séjournant dans un temple :
admirant la lune
avec mon véritable visage

°
(p.944 :)

yûzuki ya . nabe no naka nite . naku tanishi

Issa

claire lune d’automne :
crient dans la poële
les escargots
(d’étangs)

meigetsu no . goran no tôri . kuzuya kana

Issa

pleine lune –
mon cabanon :
tel que vous le voyez

°
(p.945 :)

meigetsu no . kosumi ni tateru . ashiya kana

Issa

lune d’automne –
ma chaumière
poussée dans un coin

hashimori to . katarite tsuki no . nagori kana

Taigi

parlant au garde du pont,
je lançai un dernier au-revoir
à la lune

ukiyo no . tsuki mi sugoshi ni keri . sue ninen

Saikaku

deux ans de plus *
ai-je vu la lune des moissons
de ce monde éphémère


* Saikaku vécut jusqu’en 1693, âgé de 52 ans. Cinquante ans était alors considéré comme l’âge qu’atteignaient les Japonais avant de mourir.

ie ko nari . tsuki ochikakaru . kusa no ue

Shiki

une maison seule ;
la lune décline
sur les herbes

°
(p.946 :)

ware wo tsurete . waga kage kaeru . tsukimi kana

Sodô

après avoir admiré la lune,
mon ombre rentre
avec moi

iru tsuki no . ato wa tsukue no . yosumi kana

Bashô

la lune a sombré sous l’horizon :
il ne reste que
les quatre coins d’une table

°
(p.947 :)

akisame ya . mizusokono kusa wo . fumaretaru

Buson

sous la pluie d’automne
marchant sur l’herbe
sous l’eau

akisame ya . waga sugemino wa mada . nurasaji

Buson

tombe la pluie d’automne ;
je n’ai pas encore mouillé
mon imperméable en carex

°
(p.948 :)

nikenya ya . niken mochitsuku . aki no ame

Issa

deux maisons !
deux maisons où l’on confectionne des gâteaux de riz –
pluie d’automne

kuchi akete . oya matsu tori ya . aki no ame

Issa

bec ouvert
ils attendent leurs parents
sous la pluie d’automne

°
(p.949 : à suivre)

10 HAIKU d’été – Blyth – p.726-730

28 avril 2011

°
(p.726 :)

kamikuzu ya . degawari no ato no . mono-sabishi

Senna

quelques bouts de papier
après que le serviteur est parti ;
un sentiment de solitude



degawari ya . izuku mo onaji . ume no hana

Issa

changement de serviteurs –
où que ce soit,
les mêmes fleurs du prunier

°
(p.727 :)

nagamochi ni . haru zo kureyuku . koromogae

Saikaku

changement de vêtements –
le printemps, hélas, a disparu
dans le long coffre

koi no nai . mi ni mo ureshi ya . koromogae

Onitsura

bien que je n’ai pas d’amoureuse,
je me réjouis aussi :
changement d’habits

°
(p.728 :)

toshi toeba . katate dasu ko ya . koromogae

Issa

questionnée sur son âge
elle lève les doigts d’une main –
le changement d’habits

koromogae . ushi to mishi yo mo . wasuregao

Buson

le changement d’habits –
ce qui semblait un monde de peine et de douleur :
on dirait que tu en as tout oublié

°
(p.729 :)

sono mon ni . atama-yôjin . koromogae

Issa

le changement d’habits –
Attention à ta tête
avec cette porte !

koromogae . suwatte mite no . hitori kana

Issa

le changement d’habits –
et m’asseyant ;
mais je suis seul

°
(p.730 :)

echigoya ni . kinu saku oto ya . koromogae

Kikaku

l’époque du changement d’habits :
à Echigo-ya,
le bruit de déchirer la soie

shitaya ichi-ban no . kao shite . koromogae

Issa

changement d’habits :
il a maintenant l’air du chef
du service de Shitaya !

°
(à suivre, p.731-)

Jisei – poèmes de mort japonais – éd. Tuttle – Sa-

7 janvier 2010

°
de SAIBA,
mort le 15 du 8° mois de 1858, à 51 ans :

Meigetsu no hô e korobasu makura kana

je déplace mon oreiller
plus près de
la pleine lune

Note de Y.H. :
 » Saiba mourut le jour de la pleine lune d’automne. » (…)

°
de SAIKAKU,
mort le 10 du 8° mois de 1693, à 52 ans :

Ukiyo no tsuki misugoshinikeri sue ni-nen

Dans ce monde illusoire
j’ai vu la lune
deux ans de trop

Note de Y.H. :

 » Saikaku est une figure centrale de la littérature japonaise. connu surtout pour ses romans « sentimentaux » (…) Marchand d’Osaka, et haïjin, Saikaku fut de la génération de Bashô, mais il n’y a aucune évidence à ce qu’ils se soient rencontrés. (…) dans un concours sur une journée, on dit qu’il produisit 23500 haïkus. (…)
Une croyance orientale considère que le nombre d’années accordé à l’homme est de 50. Saikaku présente ainsi son jisei :  » La vie de l’homme dure 50 ans. Même cela est plus qu’assez pour moi. » (…)

°
(p 275) de SAIKAKU,
mort le 8 du 8° mois de 1730, à 70 ans :

Tsukikage o katte i ma iku jûman-ri

j’emprunte le clair de lune
pour ce voyage
d’un million de milles

°
de SAIMARO,
mort le 2 du 1° mois de 1738, à 83 ans :

Hirasaka o achira e koseba haru no tabi

Je franchirai la chaîne
jusqu’à l’autre versant :
voyage vers le printemps

°
de SAIMU,
mort en 1679, après 70 ans :

Yo no akete hana ni hiraku ya jôdo mon

L’aurore point
et les fleurs s’ouvrent
portes du paradis

°
de SAKYOKU,
mort le 5 du 2° mois de 1790, à 21 ans :

Ara kanashi hana no higan o shide no tabi

Quelle tristesse …
parmi les fleurs de l’équinoxe de printemps
un voyage vers la mort

Note de Y.H. :  » Sakyoku mourut le jour de l’équinoxe (higan) de printemps, jour où les Japonais organisent des cérémonies en souvenir de leurs ancêtres. Les cerisiers commencent à fleurir à cette période environ.  »

°

(tr. d.py)