°
(p.994 :)
dans la vallée,
avec la jeune truite
une feuille du bambou nain
s’éloigne
Buson
–
calme –
des sommets de nuages
au fond du lac
Issa
–
devant et derrière
le Jizô Bosatsu *
des oeillets fleurissent
Issa
* Jizô est le saint patron des enfants et des voyageurs .
–
rosée blanche ;
au-dessus du champ de pommes-de-terre,
la Voie Lactée
Shiki
°
(p.995 :)
averse estivale –
des aiguilles de pin vertes
fichées dans le sable
Shiki
–
les feuilles du paulownia
toutes tombées :
les lotus en fleurs
Buson
–
sous l’averse printanière
mare et rivière
se sont unies
Buson
–
la tempête d’automne
a cessé ;
un rat nage sur la rivière
Buson
°
(p.996 :)
camélia
tombé dans l’obscurité
d’un vieux puits
Buson
–
dépassant la berge,
la voile effrayante,
les jeunes feuilles !
Buson
–
impressionnant !
pas une feuille ne bouge
dans le bosquet estival
Buson
–
pendant la nuit courte
s’est ouverte
la pivoine
Buson
°
(p.997 :)
en gaulant les prunes vertes,
des feuilles vertes
tombent
Buson
–
on voit bien le fond,
on voit bien les poissons –
profonde est l’eau de l’automne
Buson
–
l’eau claire :
pas assez pour une gorgée,
mais quelle merveille !
Buson
–
comme est calme
le verger de kakis
sous la lune ventée !
Buson
°
(p.998 :)
sur un arbre dénudé
crisse une cigale ;
les nuages menaçants
Buson
–
les fleurs de deutzies
tombent sur les larges feuilles
de tussilage
Buson
–
canards mandarins ;
une fouine épie
la vieille mare
Buson
–
les chrysanthèmes fanent,
une belette regarde
les poules
Shiki
–
chassant à coups de pieds
un renard voleur de riz ;
l’automne de l’orge
Buson
°
(p.999 :)
au milieu
de la pluie du printemps
coule
une grande rivière
Buson
–
l’eau du bain,
où puis-je la vider ?
la voix des insectes
Onitsura
–
Où mener mon cheval
dans la rivière Saho ?
Des chrysanthèmes blancs
se reflètent
sur les galets
Kageki (1768-1843)
–
une brise souffle
sur les poils de maigres flancs :
changement d’habits
Buson
°
(p.1000 :)
quand un pétale s’envole, le printemps s’achève
Tohô
–
dans les champs,
avec les oiseaux
je serai entouré de brume
Chora
–
bras et jambes, allongé,
quelle fraîcheur,
quelle solitude !
Issa
°
(p.1001 :)
été dans le monde ;
flottant sur les vagues
du lac
Bashô
–
sauterelle,
sois la gardienne du cimetière,
à ma mort !
Issa
–
seulement vivants,
tous deux : moi
et le coquelicot
Issa
–
(au jardin)
un papillon vint
et s’envola
avec un papillon
Issa
–
cueillette de champignons ;
levant la tête :
la lune sur la montagne
Buson
°
(p.1002 :)
tourne-toi de ce côté ;
je suis seul aussi,
ce soir d’automne
Bashô
–
la lune prête à sortir :
tous sont là ce soir,
les mains sur les genoux
Bashô
°
(p.1003 :)
grêlons au sol ;
les « grues nocturnes » * rentrent
aux rayons de la lune
Issa
* = prostituées du rang le plus bas.
–
les cueilleuses de thé
cachées dans les buissons,
entendent-elles aussi
le coucou ?
Bashô
°
(p.1004 :)
ces violettes !
comme les courtisanes doivent vouloir
voir les champs du printemps !
Ryôto
–
pluie d’été ;
les murs avec leurs derniers tableaux
pèlent
Bashô
–
je m’en vais,
tu restes :
deux automnes
Buson
°
(p.1005 :)
le colporteur itinérant :
nous dépassant
sur la lande estivale
Buson
–
lune des moissons –
cherchant le maître de céans :
il arrachait ses pommes-de-terre
Buson
–
le guide de montagne
ignore simplement
les fleurs de cerisiers
Buson
–
un palanquin passe,
transportant un malade :
l’automne de l’orge
Buson
°
(p.1006 :)
une brise fraîche –
la sauterelle chante
de toutes ses forces
Issa
–
une fleur inconnue
de l’oiseau et du papillon,
le ciel d’automne
Bashô
–
soir d’automne :
la vie a ses limites
mais aussi
ses moments de loisir
Buson
°
(p1007 :)
le papillon
parfume ses ailes
du parfum de l’orchidée
Bashô
–
sa voix s’enroue ;
les dents blanches du singe
sous la lune du mont
Kikaku
–
chez le poissonnier
les gencives de la brème salée
ont l’air froides
Bashô
–
où est la lune ?
la cloche a sombré
au fond de la mer
Bashô
°
(p.1008 :)
Si je devais mourir d’amour,
ô coucou,
chante sur ma tombe !
Ôshu *
* : il s’agirait d’une courtisane du quartier de Yoshiwara, à Edo (- dates inconnues)
°
Suit un commentaire, aux pages 1008 à 1010, du furu-ike ya kawazu tobikomu mizu no oto de Bashô :
vieille mare –
le bruit d’une grenouille
sautant dans l’eau
ou encore :
la vieille mare;
le-bruit-d’une-grenouille-sautant-dans l’eau
°
(p: 1011-1130 : suite et fin des haiku d’AUTOMNE – Champs et Montagnes… – à suivre…)