Posts Tagged ‘Kyorai’

20 HAIKU d’hiver + 3 de printemps – OISEAUX et ANIMAUX – Blyth – p.1256-1265

13 juin 2011

°
(p.1256 :)

la chauve-souris
vit cachée
sous le parapluie cassé

Buson

après avoir porté l’eau salée,
le pêcheur rentre chez lui,
laissant là les pluviers

Onitsura

°
(p.1257 :)

les pluviers de la côte
jouèrent,
mouillant leurs pattes

Buson

la lune à l’aube ;
les pluviers de la côte
s’évanouissent au loin

Chora

lavant une casserole –
ridules sur l’eau :
une mouette solitaire

Buson

°
(p.1258 :)

les oiseaux d’eau;
femme dans un bateau
lavant de jeunes légumes verts

Buson

oiseaux d’eau ;
au milieu d’arbres desséchés,
deux palanquins

Buson

un sanctuaire;
des oiseaux flottent endormis;
les lumières lointaines des jardins

Shiki

°
(p.1259 :)

l’oiseau aquatique,
bec dans son poitrail,
dort en flottant

Ginkô

l’oiseau aquatique
a l’air lourd –
mais il flotte !

Onitsura

°
(p.1260 :)

la poitrine
de l’oiseau aquatique
rencontre son reflet

Mahara

l’air sur le visage de la sarcelle d’hiver :
« j’ai fait du tourisme
sous l’eau ! »

Jôsô

le jour se lève ;
la voix des canards sauvages
entoure le château

Kyoroku

°
(p.1261 :)

la mer s’assombrit
la voix des canards sauvages
est vaguement blanche

Bashô

vagues de chaleur au printemps ;
un insecte inconnu
vole blanchement

Buson

°
(p.1263 :)

le bruit de la chauve-souris
volant dans le fourré
est sombre

Shiki

le bébé,
quand on lui montre même une fleur
ouvre la bouche

Seifu-jo

le jeune coucou
appelle ses parents
d’une voix jaune

Issa

le roitelet
gagne sa vie
bruyamment

Issa

°
(p.1264 :)

le roitelet gazouille –
mais devient adulte
de toute manière !

Issa

Voyez ! cette tombe solitaire
avec le roitelet,
c’est toujours ici !

Issa

°
(p.1265 :)

l’holothurie :
où sa tête, où sa queue ?
Dieu seul le sait

Kyorai

ne faisant absolument rien,
l’holothurie a vécu
huit-mille ans

Shiki

°
(p. 1266 : ARBRES ET FLEURS : à suivre…)

46 HAIKU d’hiver – Blyth – p.1183-1200

12 juin 2011

°
(p.1183 :)

la pluie d’hiver
nous montre ce que nous voyons
comme si c’était il y a longtemps

Buson

pluie d’hiver;
une souris court
sur le koto *

Buson

* : sorte de harpe, longue d’un mètre environ, qui se joue horizontalement.

pluies de mai ;
une souris court autour
du vieux panier d’osier

Rankô

°
(p.1184 :)

le son d’une souris
marchant sur une assiette
est froid

Buson

le bruit des dents
d’un rat qui mord du fer
est froid

Buson



dans le froid du temple,
le bruit d’une souris
mâchant de l’anis chinois

Buson



une souris
traverse une flaque
dans la tempête d’automne

Buson

sur un parapluie, crépitement des gouttes,
mais il entre à côté;
le soir s’assombrit

Ranran

°
(p.1185 :)

qui est éveillé,
sa lampe brûlant encore ?
pluie froide à minuit

Ryôta

premier gel :
un beau matin,
le goût de l’eau de riz !

Chora

°
(p.1186 :)

une baie rouge
tombée
sur le givre du jardin

Shiki

il tombe de la neige fondue ;
insondable, infinie
solitude

Jôsô

°
(p.1187 :)

la vieille mare ;
une sandale de paille échouée au fond,
neige fondue

Buson



première neige :
les feuilles des jonquilles
plient à peine

Bashô

pluie de printemps,
assez pour mouiller les petits coquillages
sur la petite plage

Buson

averse d’été
trois gouttes à peu près
sur le visage de la grenouille

Shiki

°
(p.1188 :)

première neige de l’année
sur le pont
en construction

Bashô

la première neige –
de l’autre côté de la mer,
quelles montagnes ?

Shiki

ni ciel,
ni terre,
il n’y a que de la neige
tombant sans cesse

Hashin

°
(p.1189 :)


la neige a tout pris :
des champs et des montagnes,
rien ne subsiste

Jôsô

les lumières du palais
sont restreintes
cette nuit de neige

Shiki

la neige du soir tombe,
un couple de canards mandarins
sur un lac ancien

Shiki

tandis que les volailles
dormaient,
une abondante chute de neige

Kien

°
(p.1190 :)

après qu’on a coupé les herbes de la pampa,
sur les chaumes restant,
la neige est haute

Shiki

le gribouillis sur le mur
a l’air pitoyable
ce matin de neige

Buson

°
(p.1191 :)

nous admirons
même les chevaux,
ce matin de neige !

Bashô

un long ruban de rivière
serpente à travers
la lande enneigée

Bonchô

une femme et un moine
convoyés
à travers la neige tombante

Meisetsu

°
(p.1193 :)

comme il est beau
le corbeau d’habitude odieux,
ce matin de neige !

Bashô

sur lande et montagne
rien ne remue
ce matin de neige

Chiyo-ni

allume le feu,
et je te montrerai quelque chose de beau :
une énorme boule de neige !

Bashô

°
(p.1194 :)

la boule de neige
devint finalement
énorme

Ôemaru

comme la boule de neige
devint rapidement
trop forte pour nous !

Yaezakura

°
(p.1195 :)

en forme d’okumi, *
la neige s’infiltre
jusqu’à mon oreiller

Issa

* insert de kimono qui va en s’élargissant du col vers le bas

croque-croque :
le cheval mâchant de la paille,
un soir de neige

Furukuni

le trou droit
fait en pissant
dans la neige
à la porte

Issa

°
(p.1196 :)

debout immobile
sur la route du soir,
la neige tomba avec plus d’insistance

Kitô

Allons
maintenant admirer la neige
jusqu’à tomber !

Bashô

°
(p.1197 :)

les chiens gentiment
s’écartent
sur la route enneigée

Issa

la neige que nous avons vu tomber ensemble,
est-elle tombée
cette année aussi ?

Bashô

la neige ventée
tombe et souffle autour de moi
debout

Chora

°
(p.1199 :)

devrais-je périr
sur cette lande enneigée,
je deviendrai aussi
un Bouddha de neige

Chôsui

admirant la neige
un à un
ils disparaissent
dans la neige qui tombe

Katsuri

°
(p.1200 :)

quand je pense que c’est
ma neige
sur mon chapeau,
il semble léger

Kikaku

quand je pense qu’elle est mienne,
la neige sur le parapluie
est légère

(Kikaku)

« oui, oui ! » m’écriai-je,
mais l’on continua de frapper
au portail enneigé

Kyorai

°
(p.1201 : à suivre…)

48 HAIKU d’hiver – Blyth – p.1164-1182

11 juin 2011

°
(p.1164 :)

la lune croissante
est tordue :
froid saisissant

Issa

sans compagnie,
jetée sur la lande,
cette lune d’hiver

Roseki

dans la rafale desséchante
une lune seule
roule à travers ciel

Meisetsu

°
(p.1165 :)

marchant dessus, seul
dans le froid clair de lune :
le bruit du pont

Taigi

l’ombre des arbres ;
mon ombre bouge
dans le clair de lune hivernal

Shiki



rencontrant un moine
sur le pont :
lune d’hiver

Buson

°
(p.1166 :)

neige éclairée par la lune :
où la vie
sera jetée

Kikaku

les rois Deva en faction :
le clair de lune glacé
sur leurs jambes nues

Issa

°
(p.1167 :)

pas une pierre
à jeter au chien :
lune d’hiver

Taigi

un chat errant
s’enfuit sous les avant-toits –
la lune d’hiver !

Jôsô

dans le clair de lune glacé,
de petites pierres
crissent sous les pas

Buson

°
(p.1168 :)

clair de lune hivernal ;
l’ombre de la pagode en pierre,
l’ombre du pin

Shiki

le vieil homme du temple
fend du bois
sous le clair de lune hivernal

Buson

°
(p.1169 :)

lune d’hiver –
un temple sans portail :
qu’il est haut, le ciel !

Buson

ce petit portail
fermé à double-tour :
la lune d’hiver !

Kikaku

sortant du palanquin :
au-dessus de mon portail
la lune d’hiver
haut dans le ciel

Taigi

nuit de lune :
les ombres inégales
des baguettes de la nasse d’osier

Shirao

°
(p.1170 :)

sur le toit
ils regardent un feu ;
la lune d’hiver

Shiki

plus froide même que la neige
la lune d’hiver
sur des cheveux blancs

Jôsô

rencontrai et passai
un prêtre bouddhiste de grande taille
sous la lune d’hiver

Baishitsu

°
(p.1171 :)

sous la lune d’hiver
le vent de la rivière
affûte les rochers

Chora

au son de la voix
du faisan doré
qui ne peut dormir,
la lune est froide

Kikaku

°
(p.1172 :)

première averse d’hiver :
le bambou de la crémaillère
se balance

Seira

°
(p.1173 :)

première pluie d’hiver ;
on m’appellera
« voyageur »

Bashô

il pourrait se transformer
sous la pluie d’hiver,
ce parapluie prêté par un temple !

Buson

°
(p.1174 :)

se réveiller vivant, dans ce monde :
quel bonheur !
pluie d’hiver

Shôha

la pluie d’hiver teint
les lettres sur la pierre tombale –
tristesse

Rôka

dans le jardin neuf,
les pierres
harmonieusement posées ;
première pluie d’hiver

Shadô

°
(p.1175 :)

que de personnes
sous la pluie d’hiver
courent de l’autre côté
du long pont de Seta !

Jôsô

les porteurs de javelots
les brandissent encore
sous la pluie hivernale

Masahide

°
(p.1176 :)

marchant sous la pluie hivernale,
le parapluie
me repousse

Shisei-jo

le vent ne veut pas
que la pluie froide d’hiver
tombe au sol

Kyorai

qu’elles sont affairées
sur la mer
sous la pluie,
les voiles gonflées,
les voiles affalées !

Kyorai

°
(p.1177 :)

le pêcheur :
sa terrible intensité
dans l’averse du soir !

Buson

la pluie commence à tomber :
le couvreur de la chaumière
se retourne
et regarde la mer

Jôsô

°

p.1178 :)

la pluie souffle
dans la forêt de bambous ;
c’est le soir

Seisei

étoiles sur la mare ;
l’averse d’hiver
à nouveau
frise l’eau

Sora

les rayons du soleil penchent
d’un côté de la rivière ;
d’un nuage flottant
tombe une pluie froide

Buson

°
(p.1179 :)

un taureau à bord,
le traversier *
sous la pluie d’hiver

Shiki

* = bac / ferry …

la bruine d’hiver
imbibe tranquillement
les racines du camphrier

Buson

°
(p.1180 :)

il a plu suffisamment
pour que les chaumes dans le champ
noircissent

Bashô

froide pluie d’hiver
les taureaux sur la lande
croisent leurs cornes

Rankô



se faire saucer par la pluie d’hiver
sans kasa *,
eh bien, eh bien !

Bashô

°
(p.1181 :)

la pluie d’hiver
tombe sur l’étable ;
un coq chante

Bashô

pluie froide d’hiver;
dans la voix soumise du crapaud,
malheur et affliction

Buson

les soirées des anciens
étaient comme les miennes,
ce soir de pluie froide

Buson

°
(p.1182 :)

il pleut partout sur la terre,
et encore plus
sur mon logis

Sôgi (1420-1502)

il pleut partout sur la terre
et encore plus
sur le logis de Sôgi

Bashô

°
(p.1183 : à suivre...)

60 HAIKU d’automne – Blyth – p.1056-1078

6 juin 2011

°
(p.1056 :)

au cri de la grue,
le bananier va sûrement
se déchirer !

Bashô

les rayons du soleil couchant
passent à travers le bosquet de pins rouges ;
une pie-grièche crie

Bonchô

°
(p.1057 :)

maintenant que les yeux des faucons
se sont obscurcis dans le soir,
les cailles carcaillent

Bashô



ah, cette demeure !
souvent le pivert
en piquera les piliers !

Bashô

°
(p.1058 :)

au fin fond de la forêt
le pivert
et le bruit de la hache

Buson

le pivert
reste au même endroit :
fin du jour

Issa

oiseaux de passage,
pour moi aussi maintenant,
ma vieille maison
n’est qu’un logis pour la nuit !

Kyorai

°
(p.1059 :)

la bécassine s’éloigne –
les ridules
de la houe qu’on lave

Buson

les chardonnerets sifflent
sur la haute berge ;
de petits nuages flottent par-dessus

Chinseki

les sons de petits oiseaux
sur le toit incliné :
quel plaisir !

Buson

°
(p.1060 :)

la libellule rouge
décide
du début de l’automne

Shirao

elle a teint son corps
d’automne,
la libellule !

Bakusui

fils éphémères
de gaze cramoisie :
les libellules !

Gotei

°
(p.1061 :)

sous la lune d’automne
les ailes de la libellule
sont immobiles

Môen

°
(p.1062 :)

la libellule
a tenté en vain de se poser
sur une tige d’herbe

Bashô

libellules
sur les pointes de la barrière,
dans les rayons déclinants du soleil

Buson

sur le bambou
qui marque l’endroit de la mort d’un homme,
une libellule

Kitô

°
(p.1063 :)

autour des cordages du bateau
les libellules vont et viennent
sans cesse

Taisô

vieilles tombes ;
des libellules rouges volettent
sur les anis desséchés

(auteur inconnu)

quelle beauté !
les anis
fleuris sous la pluie

Buson

libellules
dans un village sans histoire
à midi

Kyoshi

au soleil du soir
l’ombre légère des ailes
de la libellule

Karô

°
(p.1064 :)

entre la lune qui se lève
et le soleil qui se couche,
les rouges libellules

Nikyû

la libellule
s’accroche au mur ;
soleil de l’ouest

Senka

la danse des libellules :
tout un monde
dans le soleil couchant

Kigiku

°
(p.1065 :)

la libellule
se penche vers l’eau –
soleil du soir envahissant

Kempû

°
(p.1066 :)

la libellule :
cinq ou six pieds au-dessus,
c’est son ciel !

Ryôta

la libellule,
rapide vers la montagne lointaine,
rapide à revenir !

Akinobô



la libellule
perchée sur le bâton
pour la frapper !

Kôhyô

la libellule,
n’approchant pas des fleurs,
mais sur la pierre !

Kôjôdô

°
(p.1067 :)

la libellule
goûte à quelque chose
en haut de ce pieu

Eiboku

le visage de la libellule
n’est pratiquement rien d’autre
qu’yeux !

Chisoku

sois un bon garçon,
et surveille bien la maison,
ô grillon !

Issa

le roitelet
regardant de-ci de-là :
« perdu quelque chose ? »

Issa

°
(p.1068 :)

quelle pitié !
sous le casque
chante un grillon

Bashô

sauterelle,
ne piétine pas
les perles de rosée claire !

Issa

°
(p.1069 :)

dans la cabane du pêcheur,
au milieu de crevettes séchées,
des grillons chantent

Bashô

Je sors maintenant ;
soyez sages et jouez ensemble,
grillons !

Issa

ma hutte, la nuit ;
le grillon
farfouille

Issa

°
(p.1070 :)

un grillon monte
le long de la crémaillère
quelle nuit froide !

Buson

je vais me retourner ;
méfie-toi,
grillon !

Issa

mon ombre pénètre dans le mur
cette nuit d’automne,
un grillon chante

Ryôta

°
(p.1071 :)

les moustiques d’automnes
me piquent,
prêts à mourir

Shiki

mourant,
et d’autant plus bruyantes,
les cigales de l’automne

Shiki

°
(p.1072 :)

de quelle voix,
et quelle chanson chanterais-tu, araignée,
dans cette brise d’automne ?

Bashô

le « cerf-de-rivière » * chante :
dans ma manche,
mon bon vieux briquet

Buson

* kajika, une sorte de petite grenouille noire.

incité par le bruit de la rivière,
le « cerf-de-rivière »
se met à chanter

Ryôto

°
(p.1073 :)

claire lune d’automne :
dans l’ombre,
des voix d’insectes

Bunson

me réveillant la nuit,
ma toux se mélange
au bruit des insectes

Jôsô

regardant fixement
mon ombre –
la voix des insectes

Shiki

ah, insectes, insectes,
vos cris vous libèrent-ils
de votre karma ?

Otokuni

°
(p.1074 :)

la couche nocturne du mendiant
est vivante et joyeuse
de la voix des insectes !

Chiyo-ni

la couleur-son
des insectes tombant
sur les feuilles

Chora

°
(p.1075 :)

nous écoutons
insectes
et humains
d’une oreille différente

Wafû

même chez les insectes
certains chantent bien,
d’autres pas

Issa

°
(p.1076 :)

la voix des chenilles masquées :
venez dans ma cabane
et écoutez-les chanter !

Bashô

°
(p.1077 :)

des insectes crient ;
un trou dans le mur,
pas vu hier !

Issa

des insectes chantent ;
la lune se lève,
le jardin s’assombrit encore

Shiki

°
(p.1078 :)

le vieux chien
semble impressionné par le chant
des vers de terre *

Issa

* dans le Japon ancien, on pensait que les vers de terre chantaient. On dit que ce fut par confusion avec la voix de la courtilière (« grillon souterrain »).

il fait plus froid ;
le chant du ver-de-terre aussi
s’affaiblit chaque soir

Issa

°
(p.1079-1130 : à suivre : ARBRES ET FLEURS)

69 HAIKU d’automne – Blyth – p.949-976

30 mai 2011

°
(p.949 :)

akikaze ya . shushi ni shi utau . gyosha shôsha

Buson

la brise d’automne souffle;
chez le marchand de vin, pêcheurs et bûcherons
chantent un poème

akikaze ni . chiru ya sotoba no . kanna-kuzu

Buson

dans la brise d’automne
les copeaux des poteaux de tombes
volent ici et là

aki no kaze . issa kokoro ni . omou yô

Issa

vent d’automne ;
il y a des pensées
dans la tête d’Issa

°
(p.950 :)

tsuka mo ugoke . waga naku naku koe wa . aki no kaze

Bashô

tremble, ô tombe !
ma voix en pleurs
est le vent d’automne

°
(p.951 :)

akikaze ya . mushiritagarishi . akai kana

Issa

brise d’automne ;
les fleurs rouges épanouies
que ma fille morte souhaitait cueillir

asagao ni . fukisomete yori . aki no kaze

Chora

le vent d’automne
souffla d’abord
sur les volubilis

°
(p.952 :)

hazetsuru ya . suison sankaku . shuki no kaze

Ransetsu

pêchant des gobies ;
un village de rivière, un enceinte montagnarde,
le drapeau d’une échoppe de vin dans le vent

uma orite . kawa no na toeba . aki no kaze

Shiki

descendant de cheval,
je demande le nom de la rivière –
le vent d’automne

°
(p.953 :)

akikaze ya . ikite aimiru . nare to ware

Shiki

le vent d’automne souffle;
nous sommes vivants et nous pouvons nous voir,
toi et moi

uma no o ni . busshô ari ya . aki no kaze

Shiki

la queue d’un cheval
a-t-elle la nature de Bouddha ?
vent d’automne

°
(p.954 :)

ishiyama no . ishi yori shiroshi . aki no kaze

Bashô

plus blanc que les roches
de la Montagne Rocheuse –
le vent d’automne

kanashisa ya . tsuri no ito fuku . aki no kaze

Buson

Ah, tristesse et douleur !
la canne-à-pêche tremble
dans la brise d’automne

ushibeya ni . ka no koe yowashi . aki no kaze

Bashô

dans l’étable
la voix des moustiques est faible ;
le vent d’automne

°
(p.955 :)

akikaze no . kokoro ugokinu . nawa-sudare

Ransetsu

le volet de corde
bougeant –
la nature du vent d’automne

tsuta no ha ya . nokorazu ugoku . aki no kaze

Kakei

les feuilles du lierre :
aucune n’est immobile
dans le vent d’automne

yûkaze ya . shiro-bara no hana . mina ugoku

Shiki

dans la brise d’automne
tremblent toutes
les roses blanches

°
(p.956 :)

soko no nai . oke kokeariku . nowaki kana

Buson

un seau
sans fond
roule dans la rafale d’automne

kotsuzumi no . tana yori otsuru . nowaki kana

Shiki

avec la tempête d’automne,
le petit tambour
tombe de son étagère

nowaki no yo . fumi yomu kokoro . sadamarazu

Shiki

tempête nocturne d’automne :
lisant un livre,
l’esprit agité, inquiet

°
(p.957 :)

kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana

Shiki

comme le jour tombe,
la tempête se renforce :
inquiet

kyakusô no . nikai orikuru . nowaki kana

Buson

un prêtre en visite
redescend de l’étage :
la tempête automnale !

sumiuri ni . kagami misetaru . onna kana

Buson

femme montrant
au vendeur de charbon son visage
dans un miroir

fugu-jiru no . ware ikite iru . nezame kana

Buson

me réveillant :
encore en vie
après avoir mangé de la soupe de poisson-globe !

°
(p.958 :)

kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana

Shiki

malheureux, impuissant ;
la tempête d’automne se renforce
comme le soir commence à tomber

kono nowaki . sara ni yamubeku mo . nakarikeri

Shiki

cette tempête d’automne
qui se renforce
ne s’arrêtera pas !

kyôran no . nowaki aritaki . waga omoi

Shiki

ah, que mes pensées
puissent avoir la frénésie
de ce vent « qui-divise-les-champs » !

seki no hi wo . tomoseba meiru . nowaki kana

Buson

comme ils allumaient
les lanternes de la Barrière,
la tempête d’automne se calma

°
(p.959 :)

la tempête d’automne
souffle même
les ours sauvages

Bashô

la tempête d’automne
souffle les rochers
du Mont Asama

Bashô

°
(p.960 :)

la perche du passeur
soufflée
par la tempête d’automne !

Buson

°
(p.961 :)

cinq ou six cavaliers
se hâtent vers le palais de Toba
dans la tempête d’automne

Buson

le bananier dans la tempête ;
j’écoute cette nuit la pluie
goutter dans le seau

Bashô

°
(p.962 :)

la vieille femme devant le portail
avide de bois de chauffage –
tempête d’automne

Buson

gens de la ville
se demandant des nouvelles de la veille,
la tempête d’automne

Buson

femme et enfants
mangent dans le temple :
la tempête d’automne !

Buson

°
(p.963 :)

qu’il est beau,
après la tempête d’automne,
le poivron rouge !

Buson

ce matin aussi,
après la tempête,
les poivrons sont rouges

Buson

tempête d’hiver ;
de petites pierres dans le champ
sont visibles à l’oeil nu

Bashô

°
(p.964 :)

une seule baie rouge
est tombée
sur le givre du jardin

Shiki

le nid du cygne
pend de la nasse de bambou
après la tempête

Buson

résigné au fond de moi
à être exposé aux intempéries ;
le vent me transperce

Bashô

°
(p.965 :)

dix automnes ont passé ;
je sens qu’ Edo est plutôt
là où je suis né

Bashô

la couche de l’ours sauvage,
l’herbe se soulève –
la première rosée

Kyorai

rosée matinale ;
la fumée du riz qui cuit
rampe sur l’herbe

Shiki
°
(p.965 :)

dans la rosée blanche
quatre ou cinq maisons,
un hameau

Shiki

un petit jardin
luisant de rosée :
deux litres !

Shiki

le bout de l’arc
des guerriers qui passent
frôle la rosée

Buson

°
(p.967 :)

fraîcheur !
la rosée des vagues
monte sur le bateau

Chora

°
(p.968 :)

au rendez-vous de chasse
les carquois sont lourds
de rosée

Buson

la pierre-à-encre reçoit
la rosée du chrysanthème :
toute cette vie !

Buson

ce monde de gouttes de rosée –
ce n’est peut-être qu’une goutte,
mais pourtant, pourtant !

Issa

°
(p.969 :)

dansez, d’une tige d’herbe
à une autre,
gouttes de rosée !

Ransetsu

°
(p.970 :)

« je ne veux plus rien avoir à faire
avec ce monde sordide ! »
et la rosée s’évapore

Issa

des gouttes blanches de rosée,
apprenez la voie
vers le Pays Pur !

Issa

sur la feuille de lotus
la rosée de ce monde
est distordue

Issa

°
(p.971 :)

les gouttes de rosée s’évanouissent :
encore plus de graines d’enfer
à semer aujourd’hui !

Issa

la rosée de l’oeillet rouge
renversée
est simplement de l’eau

Chiyo-ni

°
(p.972 :)

rosée blanche sur le roncier ;
une goutte
à chaque épine

Buson

allumant la lampe :
à chaque poupée
son ombre

Shiki

°
(p.973 :)

serait-elle sucrée
qu’elle serait ma rosée,
sa rosée !

Issa

Peuh ! qu’est-ce d’ailleurs,
qu’un million de ballots de riz ? –
la rosée sur mon chapeau !

Issa

°
(p.974 :)

à partir de maintenant,
le Grand Japon !
et les saules !

Issa

existe-t-il une telle nuit
en Chine aussi ? –
le rossignol qui chante !

Issa

n’oubliez jamais
le goût solitaire
de la rosée blanche

Bashô

°
(p.975 :)

je dors,
faisant de la fraîcheur
mon logis

Bashô

sors, ô grenouille
à voix rauque
de dessous la maison du ver-à-soie !

Bashô

la fleur de carthame,
par sa forme, rappelle
le pinceau à sourcils

Bashô

les robes des femmes
qui nourrissent les vers-à-soie
nous reportent aux temps jadis

Sora

°
(p.976 :)

silence ;
la voix des cigales
fore le roc

Bashô

°

= FIN de HAIKU, vol III, Blyth.

à suivre : Vol IV de HAIKU, Blyth, Hokuseido Press, 1952, 1982, 1992 :
Préface (pp. 980-1010) + AUTOMNE (ctd : Champs et Montagnes, pp.1012-1016)

°

34 HAIKU d’été – Blyth – p.871-886

23 mai 2011

°
(p.871 :)

yûkaze ya . shirobara no hana . mina ugoku

Shiki

dans la brise du soir
les roses blanches
bougent toutes



kisagata ya . ame ni seishi ga . nebu no hana

Bashô

Kisagata :
Seishi dormant sous la pluie;
les fleurs de mimosa

°
(p.872 :)

oki-oki no . yokume hipparu . aota kana

Issa

dès qu’il se lève
les champs verts attirent
ses yeux avides

°
(p.873 :)

togadera ya . mizakura ochite . hito mo nashi

Shiki

temple de Toga ;
les fleurs de cerisiers restent à terre,
personne.



yûgao ni . miyako namari no . onna kana

Shiki

un liseron vespéral
et une fille
parlant le dialecte de Kyôto

yûgao no . naka yori izuru . aruji kana

Chora

le maître
émerge des profondeurs
des liserons du soir

°
(p.874 :)

yûgao no . hana de hana kamu . musume kana

Issa

la petite fille
se mouche le nez
dans le volubilis du soir

yûgao no . hana de hanakamu . obata kana

Issa

la vieille femme
mouche son nez
dans le volubilis du soir

°
(p.875 :)

hirugao no . hana ni kawaku ya . tôriame

Shiki

la pluie passagère
sèche
sur la fleur de convolvulus



ka no koe su . nindô no hana . chiru goto ni

Buson

le chèvrefeuille –
à chaque pétale qui tombe,
la voix des moucherons

tori naite . yama shizuka nari . natsuwarabi

Shiki

un oiseau chante,
la montagne se calme ;
fougère d’été

°
(p.876 :)

iriai no . kiku tokoro nari . kusa no hana

Issa

juste quand j’entends
la cloche du soir,
la fleur de cette mauvaise herbe !

natsugusa ya . tsuwamonodomo ga . yume no ato

Bashô

ah, herbes d’été !
tout ce qui reste
des rêves des guerriers !

°
(p.877 :)

natsugusa ya . saga ni bijin no . haka ôshi

Shiki

herbes d’été à Saga ;
nombreuses sont les tombes
des belles femmes !

furazu tomo . take ueru hi wa . mino to kasa

Bashô

le jour du plantage des bambous,
bien qu’il ne pleuve pas,
manteaux et chapeaux de pluie !

°
(p.878 :)

hiyajiru ni . utsuru ya sedo no . takebayashi

Raizan

par la porte arrière
la bambouseraie se reflète
dans le breuvage froid



hasu no hana . sakuya sabishiki . teishajô

Shiki

gare de chemin de fer
solitaire :
des lotus fleurissent

°
(p.879 :)

jôroku ni . naru kumo mo ari . hasu no hana

Boryu

un nuage aussi
va devenir un Bouddha ;
fleurs de lotus

°
(p.880 :)

matsutake ya . shiranu ko no ha no . hebaritsuku

Bashô

colle au champignon,
la feuille
d’un arbre inconnu



wasuregusa wa . sakedo wasurenu . mukashi kana

Moroku-ni

le myosotis fleurit ;
mais les choses d’antan,
comment puis-je les oublier ?

°
(p.881 :)

funanori no . hitohama rusu zo . keshi no hana

Kyorai

tous les pêcheurs de la plage
sont partis ;
les coquelicots fleurissent

mizuumi no . mizu masarikeri . satsukiame

Kyorai

les eaux du lac
ont gonflé :
pluies d’été



hanakeshi ni . kunde ochitaru . suzume kana

Shirao

les moineaux
se chamaillant, tombèrent
au milieu des coquelicots

°
(p.882 :)

hitohako no . sara ayamatsu ya . susuharai

Shûha

une boîte en porcelaine
brisée
pendant le ménage d’hiver



keshi sagete . gunshû no naka wo . tôrikeri

Issa

fendant la foule
avec, à la main,
un coquelicot

zen tsukushi . bi wo tsukushite mo . keshi no hana

Issa

quintessence de la bonté,
extrême de la beauté :
une fleur de pavot

°
(p.883 :)

keshi no hana . amari bôzu ni . nariyasuki

Shiki

la fleur du coquelicot
trop facilement
tonsurée

keshi saite . sono hi no kaze ni . chiri ni keri

Shiki

un coquelicot fleurit
et dans le vent de ce jour
s’effeuilla et tomba

chiru toki no . kokoroyasuki yo . keshi no hana

Etsujin

les coquelicots :
comme ils tombent
calmement !

°
(p.884 :)

mugi no ho wo . chikara ni tsukamu . wakare kana

Bashô

ils serraient convulsivement
des épis d’orge
lors de leurs adieux

yuku haru ya . tori naki uo no . me wa namida

Bashô

Printemps qui s’en va,
les oiseaux pleurent,
des larmes dans les yeux des poissons

°
(p.885 :)

tabishibai . homugi ga moto no . kagamitate

Buson

le théâtre itinérant
a posé ses miroirs
sous les épis de l’orge

°
(p.886 :)

mugikari ni . kiki kama moteru . okina kana

Buson

le vieil homme
a une faux merveilleuse
pour couper l’orge

ame ni orete . homugi ni semaki . komichi kana

Jôsô

courbés par la pluie
les épis d’orge
font un chemin étroit

°
(à suivre : AUTOMNE, p.888-1130)

32 HAIKU d’été – Blyth – p.850-864

19 mai 2011

°
(p.850 :)

wakaba shite . mizu shiroku mugi . kibamitari

Buson

les jeunes feuilles sortent,
l’eau est blanche,
l’orge jaunit

yamabuki no . u no hana no ato ya . hana-ibara

Buson

la rose de montagne
puis la fleur d’U
puis la rose sauvage

taniji yuku . hito wa chiisaki . wakaba kana

Buson

qu’ils sont petits les hommes
le long du sentier de la vallée
au milieu des jeunes feuilles !

°
(p.851 :)

fuji hitotsu . uzumi nokoshite . wakaba kana

Buson

seul le Mont Fuji
n’est pas enterré
sous les jeunes feuilles

yamabata wo . kosame hareyuku . wakaba kana

Buson

sur le champ à flanc de montagne
la pluie fine se dégage ;
les jeunes feuilles !

mado no hi no . kozue ni nokoru . wakaba kana

Buson

à la lumière de la fenêtre
les jeunes feuilles
dans les branches

°
(p.852 :)

kaya wo dete . nara wo tachiyuku . wakaba kana

Buson

sortant de la moustiquaire,
sortant de Nara :
les jeunes feuilles !

kite mireba . yûbe no sakura . mi to narinu

Buson

venant les regarder,
les fleurs de cerisier du soir
sont devenues fruits

°
(p.853 :)

zecchô no . shiro tanomoshiki . wakaba kana

Buson

plein d’espoirs et de promesses :
le château sur le sommet
parmi les jeunes feuilles !

ara tôto . aoba wakaba no . hi no hikari

Bashô

comme elles sont glorieuses,
les jeunes feuilles, les feuilles vertes
qui brillent au soleil !

°
(p.854 :)

hayanagi no . teramachi suguru . amayo kana

Shirao

passant sous les saules feuillus
d’une rue de temples
un soir de pluie

sumadera ya . fukanu fue kiku . hoshitayami

Bashô

entendant de la flûte sans bouche
dans l’ombre profonde des arbres
du temple de Suma

°
(p.855 :)

u-no-hana no . naka ni kuzureshi . iori kana

Chora

l’ermitage
en ruines
parmi les fleurs d’U

u-no-hana no . taema tatakan . yami no mon

Kyorai

je frapperai
dans l’obscurité à la porte
d’où partent les fleurs d’U

°
(p.856 :)

u-no-hana wo . kazashi ni seki no . haregi kana

Sora

une fleur d’U au chapeau
je franchis la Barrière
comme sur mon trente-et-un

°
(p.857 :)

u-no-hana ya . kuraki yanagi no . oyobi goshi

Bashô

un saule sombre
se penche
sur une fleur d’U

°
(p.858 :)

shishoku shite . kaki no u no hana . kurôsuna

Hôrô

sous la haie, fleurs de U –
ne les obscurcissez pas
avec la lampe !

kusonoki no . yoroi nugareshi . botan kana

Kikaku

ah, les pivoines !
pour lesquelles Kusunoki
retira son armure !



botan saite . atari ni hana no . naki gotoshi

Kiitsu

quand les pivoines fleurirent
on aurait dit qu’il n’y avait
aucune fleur autour

°
(p.859 :)

hôhyakuri . amagumo yosenu . botan kana

Buson

les pivoines ne permettent pas
aux nuages de pluie de les approcher
à moins de cent lieues

shakuyaku no . zui no wakitatsu . hinata kana

Taigi

étamines et pistil
de la pivoine jaillissent
au soleil

°
(p860 :)

seki to shite . kyaku no taema no . botan kana

Buson

dans le silence
entre les arrivées d’invités,
les pivoines



sono kuraki . yo wo shizuka naru . botan kana

Shirao

le jardin est sombre
dans la nuit, et calme
est la pivoine

tokoknoma no . botan no yami ya . hototogisu

Shiki

obscurité de l’alcôve
où se trouvent les pivoines ;
un coucou chante

°
(p.861 :)

hana kurete . tsuki wo dakikeri . shiro-botan

Gyôdai

soir sur la fleur
de la pivoine blanche
qui étreint la lune



rôsoku ni . shizumari kaeru . botan kana

Kyoroku

à la bougie,
la pivoine
d’un calme de mort

jiguruma no . todoro to hibiku . botan kana

Buson

le lourd chariot
gronde en passant ;
la pivoine tremble

°
(p.862 :)

botan kitte . ki no otoroeshi . yûbe kana

Buson

ayant coupé la pivoine,
je me sentis épuisé
ce soir

ari ôkyû . shumon wo hiraku . botan kana

Buson

la pivoine
ouvre le Portail cramoisi du Palais
de la Reine des Fourmis



en-ô no . kuchi ya botan wo . hakan to su


Buson

la bouche d’Emma
sur le point de cracher
une pivoine !

°
(p.863 :)

hiro-niwa no . botan ya ten no . ippô ni

Buson

les pivoines
du grand jardin –
dans un coin du paradis



botan orishi . chichi no ikari zo . natsukashiki

Tairo

pivoines –
j’en cassai une : la colère de mon père !
maintenant je la regrette

°
(p.864 : à suivre…)

40 HAIKU d’été – Blyth – p.778-790

14 mai 2011

°
(p.778 :)

hototogisu . hae mushimera mo . yokku kike

Issa

le coucou, ah !
Prêtez l’oreille, misérables mouches
et vous autres rampants !

hototogisu . naku ya hibari to . jûmonji

Kyorai

alouette et coucou
forment une croix
de leurs chants

sennin wa hito . kankodori wa . tori nari keri

Buson

les ermites sont des êtres humains
le kankodori *
est un oiseau

* « coucou de l’Himalaya »

°
(p.779 :)

kankodori . ki no mata yori . umareken

Buson

le coucou
est né, je suppose,
de la fourche d’un arbre

nani kûte . iru ka mo shirazu . kankodori

Buson

le kankodori :
de quoi vit-il ?
je n’en sais rien



muzukashiki . hato no reigi ya . kankodori

Buson

toutes les convenances
pour le pigeon,
mais pour le coucou ?

meshitsugi no . soko tataku oto ya . kankodori

Buson

le bruit de racler
le fond du pot de riz –
le kankodori

gotsugotsu to . sôzu no seki ya . kankodori

Buson

la toux sèche
de l’abbé,
et la voix du kankodori

waga suteshi . fukube ga naku ka . kankodori

Buson

la gourde que j’ai jetée
chante-t-elle ?
la voix du coucou

oya mo naku . ko mo naki koe ya . kankodori

Buson

la voix du kankodori :
sans parents,
sans enfants !

(trad. Munier :
Chante le coucou
qui n’a parents
ni enfants !)

°
(p.780 :)

yoi koe wo . hana ni kakete ya . kankodori

Issa

le kankodori :
une belle voix –
et fier d’elle !

kankodori . nakibô sôi . naku sôro

Issa

sans aucun doute
le kankodori
est un pleurnicheur !

shin-shin to . izumi wakikeri . kankodori

Shiki

le printemps
jaillit :
le coucou chante



uki ware wo . sabishigarase yo . kankodori

Bashô

ah, coucou !
dans ma tristesse,
approfondis ma solitude

°
(p.781 :)

kaze fukanu . mori no shizuku ya . kankodori

Kikaku

le vent tombe ;
l’eau goutte dans la forêt ;
un kankodori chante

(trad. Munier :
Le vent cesse
l’eau s’égoutte dans les bois
chante un coucou)

senjû no . tsukewatari nari . kankodori

Issa

laissé
par le dernier locataire –
la voix du kankodori

°
(p.782 :)

shinda nara . ore ga hi wo nake . kankodori

Issa

au jour de ma mort,
chante mon chant de mort,
ô kankodori !



kuina naku . hyôshi ni kumo ga . isogu zoyo

Issa

les nuages se dépêchent
au rythme du chant
du coq de bruyère

(trad Munier :
Les nuages accélèrent
au rythme du cri
du coq de bruyère)

kawasemi ya . mizu sunde ike no . uo fukashi

Shiki

le martin-pêcheur ;
dans l’eau claire de la mare
les poissons vont profond

°
(p.783 :)

kawasemi ya . yanagi shizuka ni . ike fukashi

Shiki

le martin-pêcheur ;
le saule est calme
la mare est profonde

shin to shite . kawasemi tobu ya . yama no ike

Shiki

tranquillité –
un martin-pêcheur vole
au-dessus du lac de montagne

kawasemi ya . nureha ni utsuru . yûhikage

Tôri

martin-pêcheur –
le soleil du soir brille
sur ses plumes mouillées

(trad. Munier :
Le martin-pêcheur –
sur ses plumes mouillées
brille le soleil du soir)

°
(p.785 :)

yûkaze ya . mizu oasagi no . hagi wo utsu

Buson

avec la brise du soir,
l’eau clapote contre
les pattes du héron

(trad. Munier :
sous la brise du soir
l’eau clapote
contre les pattes du héron)

hizakari ya . yoshikiri ni kawa no . oto mo naki

Issa

midi ;
les loriots chantent ;
la rivière coule en silence

(trad. Munier :
Il est midi
les loriots sifflent
la rivière coule en silence)

kômori ya . tori naki sato no . meshijibun

Issa

dans un village sans oiseaux
des chauves-souris volettent
à l’heure du dîner

(trad. Munier :
Chauves-souris voletant
dans un village sans oiseaux
à l’heure du repas du soir)

°
(p.786 :)

kemuri shite . kômori no yo mo . yokarikeri

Issa

avec la fumée qui s’élève,
le monde de la chauve-souris
est bon lui aussi

kômori ya . niô no ude ni . burasagaru

Issa

des chauves-souris
accrochées au bras
d’un Roi Deva

kawahori ya . mukai no nyôbô . kochi wo miru

Buson

les chauves-souris volent de-ci de-là ;
la femme de la maison là-bas
regarde par ici

kômori no . tobu oto kurashi . yabu no naka

Shiki

le son de la chauve-souris
volant dans le hallier
est sombre

(trad. Munier :
le bruit de la chauve-souris
voletant dans le fourré
est sombre)

°
(p.787 :)

niwatori ni . fumarete sodatsu . kanoko kana

Issa

le faon
fut élevé,
piétiné par les volailles

uma no ko ga . kuchi tsundasu ya . kakitsubata

Issa

le poulain
sort son museau
par-dessus les iris

haha-uma ga . ban shite nomasu . shimizu kana

Issa

la jument sur ses gardes,
le poulain boit
l’eau claire

°
(p.788 :)

ôneko no . dosari to netaru . uchiwa kana

Issa

affalé sur le ventilateur
le gros chat
endormi

tobibeta no . nomi no kawaisa . masarikeri

Issa

la puce
qui ne saute pas bien
est d’autant plus charmante !

ukibito no . tabi ni mo narae . kiso no hae

Bashô

mouches de Kiso,
écoutez le récit de voyage
de ce vagabond accablé !

°
(p.789 :)

nomi no ato . kazoe nagara ni . soeji kana

Issa

donnant le sein au lit,
la mère compte
les piqûres de puces

nomi no ato . sore mo wakaki wa . utsukushiki

Issa

même une morsure de puce
quand elle est jeune
est belle !

°
(p.790 :)

tobu na nomi . sore sore soko wa . sumidagawa

Issa

ô puce,
quoi que tu fasses, ne saute pas :
par-là c’est la rivière Sumida !

nomidomo ni . matsushima misete . nogasu zoyo

Issa

puces, maintenant
vous allez voir Matsushima –
puis, ouste !

semaku tomo . iza tobinarae . io no nomi

Issa

ma cabane est si petite,
mais je vous en prie, puces,
exercez-vous à sauter !

°
(p.791-, à suivre…)

11 HAIKU d’été – Blyth – p.774-777

13 mai 2011

°
(p.774 :)

kore de koso . on hototogisu . matsu ni tsuki

Issa

la lune dans le pin
avec le coucou,
ah, quelle merveille !

hototogisu . hitsugi wo tsukamu . kumoma yori

Buson

un coucou
attaquant le cercueil
d’entre les nuages

ware nare wo . matsu koto hisashi . hototogisu

Issa

Si longtemps
je t’ai attendu,
ô, hototogisu !

°
(p.775 :)

ika-uri no koe . magirawashi . hototogisu

Bashô

la voix du vendeur de seiches
se mêle à celle
du coucou

hashitanaki . nyôju no kusame ya . hototogisu

Buson

l’éternuement vulgaire
d’une servante du palais –
le coucou chanta

hototogisu . uta yomu yûjo . kikoyu nari

Buson

tandis qu’un(e) courtisan(e)
composait un waka,
le coucou !

°
(p.776 :)

hototogisu . naku ya kosui no . sasa nigori

Jôsô

un coucou chante ;
les eaux du lac
sont légèrement boueuses



hototogisu . kyô ni kagirite . dare no nashi

Shôhaku

un coucou appelle,
mais aujourd’hui, seulement aujourd’hui
il n’y a personne

°
(p.777 :)

kyô nite mo . kyô natsukashi ya . hototogisu

Bashô

je suis à Kyôto,
mais à la voix du coucou,
je me languis de Kyôto

sono ato wa . meido de kikan . hototogisu

(anonyme)

ah, hototogisu,
j’entendrai la fin de ta chanson
dans l’au-delà

kyôdai ga . kao miawasu ya . hototogisu

Kyorai

un coucou appela ;
les deux frères se tournèrent
pour se regarder

°
(p.778- : à suivre…)

3 Haiku d’été – Dieux et Bouddhas – Blyth – p. 720-1.

25 avril 2011

°
(p.720 :)

suzushisa no . noyama ni mitsuru . nembutsu kana

Kyorai

Chantant le Namuamidabutsu,
la fraîcheur emplit
champs et montagnes

nishiki kite . ushi no ase-kaku . matsuri-kana

Shiki

vêtu de brocart
le taureau sue
pendant le festival

°
(p.721 :)

fuwa-fuwa to . naki rei koko ni . kite suzume

Shiki

venez ici vous rafraîchir,
tremblants, tremblants
esprits des morts

°
(à suivre : Les affaires humaines – p.722-765.)