Archive for the ‘bribe’ Category

Takahashi Shinkichi – 1)

3 Mai 2018

Né en 1901, Takahashi Shinkichi est le seul poète Zen d’envergure dans le Japon moderne.

Il a lui-même mentionné l’expérience d’avoir atteint le satori, ou éveil, plus d’une fois, et a écrit quatre livres sur le Zen. Il s’est spécialisé dans le vers libre, forme importée de l’Occident. Il n’écrit ni haïku ni kanshi, les deux formes poétiques associées traditionnellement au Zen.

Shinkichi affirma en une occasion : « Mes poèmes nient le langage ; ils nient la poésie. »

« La poésie approche au plus près de la vérité, mais ce n’est pas la vérité. »

 

Dans un essai appelé « Under the Tower of Babel » (« Sous la tour de Babel ») :

« Que veux-je donc dire quand j’écris ? Je veux transmettre la vérité. A ces lecteurs qui se contentent de la compréhension verbale, on peut présenter par l’écrit quelque chose de semblable à la vérité. »« Pour faire bref, Shinkichi croit que la poésie est un substitut verbal de la vérité. Dans cette optique, la vérité même ne peut être captée que par l’intuition, après une longue période de méditation, et d’autres exercices Zen.

Ses poèmes tentent d’activer l’esprit du lecteur au moyen de la surprise ou de l’ironie. Un de ses poèmes ne comporte qu’une ligne :

« Personne n’est jamais mort. »

Comme Yasuzô en vint à réaliser, personne ne vit, et donc personne n’est mort.

Une remarque de Shinkichi : « Le Bouddhisme est une théorie qui place la vacuité derrière la matière. »

Dans un poème intitulé « Footnotes », il écrit :

« (…)

Tous les mots sont imparfaits; ce sont des notes de bas de page »

A ses yeux, la poésie est une note de bas de page essayant, de sa manière imparfaite, de commenter un texte Zen qui est invisible aux yeux du commun.

Dans un essai « A talk on Poetry and Zen » :

« Une composition écrite avec des pensées tortueuses ne peut jamais être appelé poème. (…) On doit apprécier les mots qui viennent à l’esprit par hasard et sans préméditation. »

De trois éléments du processus créatif, le troisième est la nature spontanée du processus de création, qui dicte la brièveté du poème produit.

En tant que bouddhiste Zen, il voulait purger toutes les pensées calculatrices de l’esprit du poète attendant l’inspiration. « L’esprit d’un poète doit être aussi clair qu’un ciel sans nuage. » Quand l’esprit est prêt, l’inspiration poétique sortira aussi naturellement qu’un nuage apparaissant dans le ciel. On ne peut pas forcer le début d’un poème.

Selon Shinkichi, quand un poète est un agent passif qui doit attendre la visite de l’inspiration poétique, il ne peut prendre aucune action délibérée pour la faire advenir ; il doit, à la place, persévérer patiemment, toujours prêt pour le moment crucial.

Il rejetait un schéma prémédité ou une correction par une pensée ultérieure.

Il sent qu’un poème doit être complété par la force de l’inspiration initiale, et doit donc, par conséquent, être bref.

Dans son opinion, on peut retenir intacte l’inspiration dans l’esprit pendant longtemps, surtout si elle est forte.
En tant que poète zen, il a cru qu’il devait se débarrasser de toutes idées délibérées, volontaires, jusqu’à ce que son esprit ne soit rempli que de pensées spontanées. Et même le Zen revendiquait qu’il élimine jusqu’à ces pensées spontanées. L’esprit devait devenir complètement vacant. Une personne avec un esprit complètement vide pouvait-elle jamais écrire un poème ? Ici, une fois de plus, réside le paradoxe du poète Zen.

(à suivre…)

 

 

 

 

 

L’écriture du « je »

19 août 2014

Le tanka, contrairement au haïku, est l’écriture du « je ».

Le haïku / n’est pas un miroir / de l’auteur.

Le haïku n’est pas un selfie.
(… à la mode face-look ?)

Dire « je » n’ajoute rien au haïku. Au contraire. Il le restreint, l’étrique.

Écrire le soi est le premier degré de l’écriture.

Écrire le soi, quelle pauvreté d’intérêt !
quel emmerdement !
quelle suffisance !

Gonfler le soi
dans le haïku
est un contresens.

Le haïku
n’est pas
la route de soi.

DILUER LE « JE »
est un (des) enjeu(x)
du haïku.

°°°

La JUSTESSE est un autre enjeu du haïku
l’ÉQUILIBRE
la véracité
l’honnêteté
l’authenticité
la sincérité

+ l'(extrême) SIMPLICITÉ

°°°

(juillet-août 14)

Haïkus, etc. – Py – avril 14 – 2/3

21 avril 2014

telle une merde ocre / qui tombe du paquet / la purée lentilles corail potimarron

Le si cérébral haïkiste / à contre-emploi !…

Il célèbre / le cérébral / – c’est la cérébrité !

Il peine tant / à faire pénétrer / la poésie dans le haïku / (ou : le haïku dans la poésie) / , ce chantre du / moi-cérébrel-ku !

: il ne baisse jamais / les cérébra / les circonvolutions !

Ah, ce moi-je pensant !

(le haïkiste des circonvolutes cervicales…)

Il jeta son dévoluth cervical sur le haïku…

(… Atterré par tous ces manquements à l’éthique – et à l’esthétique-haïku !… qui prône(nt) simplicité, fluidité, légèreté, naturel*, concret, véracité, discrétion, modestie…)

* cf : La Souplesse du dragon de Cyrille J.-D. Javary, Éd. Albin Michel, 2014, p.233, à propos de la calligraphie : « parvenir, à l’issue d’un long travail, à l’aisance du naturel. »

prisonnier(e) du lasso du silence…
(l’assaut du silence)

cercles avec les bras / en Qigong – / la porte grince / vers l’extérieur

son rouge-à-lèvres /(sur ses lèvres) / comme un sens interdit

Est-ce pour vos fesses / ou pour vos sacs, Madame, / ce siège ?
(gare d’Orly, mar. 8/4)

(Ancien :)
à la sauvette / un jeune délinquant / arracha de ma poche / un Canard Enchaîné

aujourd’hui / le portique du RER / aligne / « éééééééééééééé »
(St-Michel, 8/4)

du bout des moignons sciés / naissent des feuilles : / le vert s’élève //(La terre pousse au ciel)

Avril / Ah, vrilles !

Avril, / Ah, trilles !

Juillet, / ah, grilles !

Décembre, / ah, frilles ! *

* cf esp. : « frio », froid.

sur le parquet / de la salle de taiji quan / quelques pétales blancs (de cerisiers)

Ah, le verbe, / ah, le verbeux, / ah, le contempl(at)eur biblique !… :

Au début n’était PAS / le verbe ! / (: Au début était le NOM !)

On dit NOMMER / on ne dit pas VERBER ! // (On dit GERBER (, cependant !))

Ne pas / moisir-croupir / dans la gangue / de la langue !

pépiements : / bourgeons, feuilles / de l’arbre du ciel…

Quelles buisses ! / Belle cuisson ! /… / bardant l’huisson

Ces haïkus de cerveau(x) / sont à chier !

(Le haïku de cerveau *, ça se soigne ?)
* = (très) souvent un « moi-ku » !

Après de longues investigations, j’en suis arrivé à la découverte suivante : le moi est dans la tête !

Décerner un prix des pires haïkus (du printemps) ? / (: en lice : J.A., I.A.,…)
(: Le Prix « Aïe Aïe Aïe » des pires haïkus…)
(/ Le(s) Prix du « je-moi-ku »…)

Le train part / dans le sens inverse / – des aiguilles d’une montre ?

Avril, / Ah, brille !

Avril, / Ah, prie !

La leçon de Bashô : / À ses fur et mesure / de moins en moins de métaphores, / de moins en moins de « je » / dans ses hokku *
* : voir article de F. Kretz dans « Gong » 43 *
* contrairement aux femmes (plus douées pour le tanka – voire le « tanku » !) et aux « modernes » !

/ Dire Non à la (sur)représentation du moi (: « je », « mon », etc.) dans le haïku… Retourner voir Bashô ! :

Bashô a travaillé sa vie durant à réduire le « je » à sa plus rare occurrence !

le troupeau des herbes / secoue ses crinières…

… En regardant une « mûre », on pourrait penser qu’elle a (effectivement) des yeux (à facettes)… mais de là à penser qu’elle puisse être « myope », il y a un grand pied !

ou bien Mûre Myop(lait)
ou bien Myoplait à la mûre ?…

Ne pas tant dire (dans le haïku) « une myope », que de montrer comment elle l’est : ex : « son nez sur son écran » (?)…

de long en large / il arpente ses haïkus / – accordéon

Penser, c’est s’évader du corps; / Toujours le réincarner !
(/ Réincarner le corps (entier !) du haïku !)

Que tout concoure au haïku ! / le mot de saison itou = / unité (globalité)

– Mon époux s’tasse ! / – On y passe tous !

un silence de mores…

L’espace dans le haïku = / un silence de mores ?

Le bonheur de son « bonjour ! » / ce matin / en bord de Seine

Il mord / les marches du matin

whiffs of waffles / enter the wagon / – wednesday morning
(métro, L.5, 16/4)

(Ancien :)
le vent (d’automne) / pousse la porte grillagée / du jardin vide

le lampadaire / dans l’arbre enfeuillagé / – soirée d’avril

Pâques, / je leur sonne / les cloches…

°

(à suivre : 3/3)

Haïkus, etc. de Py – mars 2014 – 2/2

5 avril 2014

°°°

coincé sous son balcon
un père Noël
à mi-mars

Formation de taiji quan –
Les jonquilles épanouies
dans la cour

À corps éperdu.

Circulation alternée ?
: autant de plaques paires
que d’impaires

à peine éclos
déjà tombés
pétales blancs à la mi-mars

Fée ce que doigt(s)…

Ah, comme plisse la peau
dans la lame d’air *
du séchoir à mains !

* : « AIRBLADE »

un journal
crispé
sur le trottoir
– accident de voyageur

une plume
au bord d’une feuille –
un bouchon dans le bois

fait rare :
gratter une Ferrari
en longeant le bois

De leur box
les chevaux
– placides –
regardent l’engin
répartir le fourrage

le conducteur des Cars Bleus
dans sa chemise bleue
déguste son sandwich
au volant
dans le parking
du Parc des Sports

une fois le froid
passé sous les fesses,
attendre le train
– veille du printemps

entre les pâquerettes


Disparu(s) corps et maux…

« Sculpte, lime, cisèle »

Le vol d’une hirondelle
dans la pierre…

Elle était immensément belle
Mais je trouvai son orteil gauche
moche
– l’affaire capota

Autour des panneaux électoraux
des piaillements d’oiseaux

Vue sur la cathédrôle

Même à dix heures du soir
ils piaillent
– veille d’élections

veille d’élections

il prononce des « oui »
de temps à autre
– mais ne parle pas au téléphone,
le simplet

énonce des « oui »s, Titi
le simplet

le téléphone portable
de la mendiante…

quand je mourrai
aurai-je toujours autant de mouchoirs
dans ma poche ?

(5/7/? :)
le nez effilé
du TGV qui défie
les

un cylindre (« XTRA »)
traverse le wagon
de droite à gauche
de gauche à droite
– vendredi soir

Singer le 5/7/5 –
Haïkoudre

sans lunettes
le nez presque sur le journal
pour lire

LI EN

« accident grave
de (plus) personne »…

à l’assemblée générale *
nous sommes sept
plus un chat médaillé **

* de l’AFAH
** un beau chat // le chat du café

brut(e) dans les (r)encards
(= violeur ?)

faire le tour du photographe
pour ne pas couper
leur fil

le voyant du portique
me dit :
« éééééééé
ééééé »

le jour tape
dans la canette
blanc-vif

Ah, printemps,
comment définir l’odeur de ce bosquet fleuri ?
: inspirer (plus) profond)

comment mettre en mots
le parfum de cette fleur ?
: inspirer

(cf « Gong-haïku # 17157) – Inspiré par Danyel :)

80 ans
et des brouettes
toujours au jardin

overblog — overblague

Dans son recueil Un bâton dans les Andes – voir ailleurs sur ce blog -, on constate que Salim Bellen n’était pas un absolutiste du 5/7/5 (dans le haïku); même si, comme la plupart des haïkistes occidentaux, il se conformait (le plus) souvent aux usages (consensuels) d’une métrique imitée du Japon… Il n’alla pas non plus jusqu’à bousculer la disposition en tercet(s)…

°°°

Haïkus, etc. de Py – mars 2014 – 1/2

15 mars 2014

°

Plus il y a de chiens, plus il y a d’os.

Les os sous le pont coulent
Les aulx sous le pont coulent
les zoos sous le pont coulent
les eaux sous le pont coulent

°

une fois le froid sous les fesses passé,
attendre (20 minutes)
le prochain train

; le quai long de monde

°

un gant gris
sur une marche grise

– Que dit-il ?

– Je le laisse

°

De
haïku, taiji-quan, zen,
l’esprit-Un

°

Orly –
Au-dessus des pendules de la tour,
les aiguilleurs du ciel

°

Une dame à son amie :
« Viens, on va faire le trottoir »
– mars ensoleillé

°

Après la Saint-Valentin
(…)
(…)

°

matin de mars
sur les ailes blanches
de la pie

°
(Ancien:)

À l’accueil
de l’établissement,
trois grasses.

°

La gazette des rois

°

un magrouilleur

°
(Senryû :)

Sarko – l
Cass’roles

°

ce soir sur la table
le jus de soja a sauté :
patte d’ours

°

un gros avion
déborde de la brume
– pollution de mars

°

mon clignotant
au même rythme
que le marteau de l’ouvrier
– porte de l’immeuble

°

marronniers rognés

taille moignons

(À propos de W. Lambersy : Le mangeur de nèfles, éd. Pippa, 2014.)

°

(Kyôkus :)

Simplifier, toujours,
vers le plus grand « naturel » *
possible

* de la découpe des vers, des rythmes, des mots et de leur agencement…

Écrire des haïkus
qu’on ne puisse pas plus simple(s)

Dire moins, dire mieux.

Ceux qui veulent
absolument
faire preuve d’originalité
usent souvent d’artifice(lle)s !

Artifice(s), Assez !

(N’en déplaise aux « alambiquets »,)
plus c’est simple, plus c’est naturel,
plus je kiffe !

Le haïku nu !

La plus grande vertu
(dans l’écriture du haïku…) :
la simplicité,
l’absence de contorsions


ou :

la simplicité,
l’absence de contorsion(s),
le haïku nu

°

Malgré la pollution
les oiseaux aboient
– aube de mars

sur le quai
une va(tri)poteuse…
– aube de mars

°

du coin de l’oeil
(…)
(…)

°
(kyôku :)

Donner
le moins de clés possible
au haïku :
que le lecteur
trouve ses clés !

°

Nappy birthday !

°
(Kyôkus :)

d’un recueil de haïkus
le ronron 5/7/5
: somnolence inévitable !

L’imaginaire
au désservice
du haïku

le haïku sur le feu
L’huile sur le feu du haïku
Feu le haïku !

Je lis un recueil
de haïkus 5/7/5 :
l’esprit m’en tombe

Donnez-nous,
ô haïku (5/7/5)
notre ronron quotidien !

on se lasse, hélas
du 5/7/5 qui monotone
endort

Pédaler dans la somnole…

haïku 5/7/5,
haïku tsé-tsé !

le monotonneau 5/7/5 !

l’assoupissant 5/7/5

Réveillez le haïku
de son ronron
5/7/5 !

Le 5/7/5,
est-ce
« l’inertie bourgeoise » ? *

* cf Artaud, in Van Gogh le suicidé de la société, L' »Imaginaire-Gallimard, 2001, p.26.

Le haïku 5/7/5
c’est un peu comme les
« Monuments Men »
en vert caca-d’oie *

* : affiche d’un film, mars 2014.

°

Il fait sa disparition…

°

Ides * de Mars –
un Père Noël toujours en escalade
sous un balcon

* : 15 mars, mai, juillet, octobre ; 13 janvier, février, avril, juin, août, septembre, novembre, décembre (: calendrier romain)

°

D’où t’en viens-tu,
petit insecte,
où es-tu né ?
où t’en vas-tu ?
– mourir dans une goutte d’eau
de mon lavabo ?

Le minuscule insecte
n’a pas survécu
à la goutte d’eau
du lavabo

°
(Kyôku :)

5
7
5

é
cul
é

°

l’apex, l’antapex,
l’apogée, le périgée *
: heureux de mots neufs !

* : p.294 de L’Éveil des sens, du Pr. Jon Kabat-Zinn, Pocket 14424.

« Ne pensez pas…
Percevez !… »

« au-delà de la pensée,
en dessous de la pensée,
avant la pensée » *

* : p. 294, op. cit.

°

Haïkus, etc – Py – février 2014

2 mars 2014

°

Aïe ! / coude- / bureau

Févriller / Fève, riez ! / Fèv-riez ! / Févrire // (ouv riez ??)

(Ancien :) / tous les sièges claquent / en se relevant (-) / station gare de l’Est

d’un haïcoup d’un seul

Qu’est-ce que c’est cu-cul ! / : la poésie de Demy / Jacques à Rochefort !

feuilles blanches / sur le gazon – / début d’an chinois

Ils nous font chier * à rester dans leurs 5/7/5 comme des sprinters dans leurs starting-blocks !
* : ces organisateurs de concours de haïkus, ces éditeurs de revues (de haïkus)… (en 2014 toujours (tambien !)

sortant du cratère du Fuji-yama / un nuage ; / pentes verglacées

« (R)amollir les montres » / les montres chewing-gums / les montres élastiques

le broleil sille / les oisis sofflent / Nouvel An Chinois

l’an sur l’autre : / des nouvelles chaussettes / au marché

un nuage / dérive dans le ciel bleu / parapente

les viols de(s) gambes

fin mars / les mots traversent la page / avril

le forceps / du temps // forceps / le temps

la tranche / de la lumière / couteau

entre pare-choc / et carrosserie / un nounours // ( : véhicule municipal, Orly, 3/2)

basculant / dans l’an / du Cheval de Bois

(bascule / à l’an / du cheval de bois)

tracer un (grand) arc-en-ciel / pour aboutir à la grue blanche / qui déploie ses ailes // (: taiji-quan)

ses jambes / interminablaient

Partir au quart de trou

Aller plus lion

Grandit la joie / à l’approche de la Libération / – du travail

(Ancien, Paris :)
/ je levai les yeux / vers la rue du Jour, / la nuit tombait

fin des soldes / il décolle péniblement les lettrines / de sa vitrine

au bout d’une branche d’arbuste / un sac Netto / cueille le vent

Noyer le poison

(Pour Chr. Jubien :) / debout sur ses pédales, / appuyé au vent

Retrancher, c’est ajouter. / Retrancher des mots, c’est ajouter du sens (en haïku) / (- jusqu’où ?…)

(Ancien :) / Ma fille / imitant les poules / nous fait rire / plus qu’elles ! // (cf Issa, 1669 : « l’enfant qui l’imite / est plus merveilleux / que le vrai cormoran »)

un gobelet / dilue son café / – ballast

Une scène (un instant) / t’a frappé / : haïku

(Vivre dans…) / une douce hébétude // hé bé ! // bêê bêê // …

bénéficier / fessiébiner

Hiver – / les portes du train s’ouvrent / le froid monte

gare – / dans l’escalier mécanique / monte (aussi) / l’odeur des croissants

chemin-de-fer = convoi de table (?)

(Saint-Valentin-) // (dans) le train le matin : / seule conversation / les feuilles des journaux

(Ancien, Reims :) / derrière lui / les mots de la mendiante / retombent sur le trottoir

parfois une rose / parmi toutes les taches blanchâtres / chewing-gums de trottoir

hiver / les oiseaux pépient / la terre s’inonde

un nabot-parleur…

(ce trop-parleur, un loquace-couilles !) / (: 2007)

un étrond

317 / 312 / 303 / 305 / 304 //306 / 310 / 314 / 315 / 312 // km/h,;: à 20h01, // – Saint-Valentin

fin des soldes / un mannequin bradé / à 50 euros

(Saint- Valentin / un mannequin soldé / pour 50 euros)

Saint-Valentin / je déclare ma flemme

Saint-Valentin – / sans s’embarrasser / s’embrasser

Saint-Valentin… / détour

du bas de l’escalier / je vis le haut de son bas (droit) / et le début (blanc) de sa cuisse / – Saint-Valentin

Lire / pour vivre parfois / des sautes de côtes / ( : ainsi d’Éric Chevillard…)

Qu’aurai-je perdu de plus dans cette vie ? / : des parapluies, des gants, des bonnets // (cf : É. Chevillard, p.142, in L’autofictif en vie sous les décombres)

ici pissa / aussi souvent qu’il (le) put / cet admirateur d’Issa

ici pissa / – nul trou dans la neige – / un admirateur d’Issa

le lampadaire / éclaire l’intérieur de l’arbre / – mi-février

stage … / … / …

Peu de mots / mais justes !

« L’oiseau… / … / …

« D » : / corps de théière, / « P » : / son anse accolée

Le(s) rhinocéblanc(s)

10 heures moins 11 : 1er étage / 1(3) heures 20 : 2ème étage / : foyer de personnes âgées

Les pendules finissent toujours par s’arrêter / Les objets immobiles / Les personnes disparues

(Anciens : 31/10/11 :) / ((tout à coup)) / il suffit d’une pomme / véreuse / pour confondre le ciel

trois vers / maçons / où le silence / est (le) ciment

faun-klorique

Le senryû, / c’est la comédie humaine / en miniatures

Il dit la rité

L’hilavérité

citant Voltaire / qui dit que ceux qui citent / sont paresseux penseurs, / l’arroseuse / ainsi s’arrose

L’intimidité

°°°

Haïkus, etc. de Py – janvier 2014

2 mars 2014

(Hiver) 2014, l’année Rameau

le nid ouvert / vers le ciel / – janvier

rhumatismes / ses silences se posent / sur mes doigts

drôles de drones : / des libellules en plastique / au-dessus des pensées / – jardins municipaux / du Nouvel An // (Vitry-s-Seine)

en bas d’un poteau / l’affiche froissée / de Zorro

après les huîtres du réveillon, / des coquilles dans ses haïkus

Monsieur Rodin, l’âme de la pierre

La nuit va s’achever : / les poubelles sont de sortie

(Kyôku au papa pâle :) / haïku de volant / à gauche, haïku de volant / à droite : papa pâle !

Jouer à haïku vole ?

haïku voletant / lourdement…

haïkus-chauves-souris / : bas de plafond ?

Arrêt indéterminé / le train a heurté / un chevreuil

sur le banc / un moineau / un moment / s’intéresse à moi // ( : Place H. Bergson, 75008 )

la veille – le matin / la pleine lune de janvier / dans un autre coin du ciel

(Ancien :) / « J’suis pas loin, / j’suis au Peyrou » / , dit-il dans le parc, à Montpellier.

réunion pédagogique – / les mains de la directrice / (volent) dans un rai de soleil

un slip sur la tête : / une culotte crânienne

une calotte crâneuse

murmur(e) : / l’écho de la pierre

murmures de rumeurs : / voilà-t-il pas / ce qu’entendent les murs ?

(cf Sept. 05):) / silence – / un mur parle / quelquefois

ces silences / si parlants ! / …

praître

invithé

une goutte pend / du nez du vieil homme / rayon primeurs

(la) musique muette / d’un trombone / sur le trottoir / ce matin

les échos liés…

répondre du tac au tic

(répondre / du tic / au tac(-le))

dans la cour de l’école / des gamins jouent / au verglas

Attention à ne rien / publier dans le train / (était-il presque écrit)

les tours d’incinération / le ciel gris

L’esquive, c’est / laisse qui veut t’attaquer / … parade

d’un hiver / à l’autre / le nid / dans l’arbre

(le nid / dans l’arbre / d’hiver / en hiver)

les pentes / absolument parallèles / du rire / des jumelles

(le même / rire / des jumelles)

la concomidanse

Le haïku spontané, un haïku de grâce.
Le haïku de tête, qui peut être (aussi / surtout ?) un haïku de pieds
(Le haïku de pieds est très souvent un haïku de tête)

(Dégonfler les baudruches du haïku !)

(RER -) / Déchéance / ô homme, qu’es-tu devenu ? / déchet / ambulance…

elle / entre dans le métro / le froid

chérisson

la vis / la vise

rond / un plastique rose / dans l’arbre d’hiver

°°°

haïkus, etc de Py – nov. 13 – 2/2

1 décembre 2013

°°°

Pôle Nord –
des flocons glacés
remontant
du fond marin

°°

Concert au salon –
dans le fauteuil du fond
trois haïkistes dorment

concert au salon –
dehors les feuilles jouent
contre le mur du jardin

sonate de violon –
je la regarde
regarder dans le jardin

il tourne les pages –
le compositeur ne se retourne pas
dans sa tombe

Beethoven au piano
ici et là manquent des notes
– reprises ?

°°

(… trois)
vers de porc

°
(d’après J.A.:)

neige
la
tombe

°°°

D.

Haïkus, etc. de Py – Oct 2013 – 1/2

20 novembre 2013

°°°

effluves de cloches
au fond du bus…

°

dès 8 heures du matin
avec sa 8,6 4,2 à la main,
il rame vers Paris

(RER C, Orly-Paris)

°
(Kyô-court :)

le blanc
autour de ces vers !…

°

hier soir la salle était pleine
à croquer

°

des écouloirs…

°

soucoupe violente :
soupe volante

°

L’oignon fait la farce

°
(5/7/5 :)

sempi
ternell
ement

°

la terre rentière ?

°
(Ancien :)

Au-dessus de la gare
l’hôtel Mercure

°

feuilles
cherchant à entrer
dans l’immeuble –
fraîcheur d’octobre

°°

On se voit à 15 heures
et on se quitte à 16h21
encore meilleurs amis qu’avant

(: Paul de M.)

°

enterrement –
tout le monde
s’(en) approche

°

lieu public –
n’aimant rien plus
que le silence

(RER C, dim. 13/10/13)

°

retour :
le Jardin des Plantes
sur le bout de mes chaussures

°

cette nuit je me suis appelé
BRANCHE

puis
DOIGTS

puis
BIENVIEILLIR

et enfin mon nom de plume (japonais)
ce matin :
MOJITO

°°

de la mort
Salim
en sesshin * de silence

de la mort
Salim
garde le silence

de la mort
Salim
accomplit le silence

– Assis
à une table ronde
lisant le journal

est-il voisin
de Pessoa ?

°°

une chaussette noire
tordue
sur le plancher du métro
à côté
d’une petite pastille rose

(L.14, 14/10)

°

Son terrier à poil ras
Son maître à longue perruque

(rue Lamarck, 75018)

°

chantonnant sur une marche de métro
pour laisser passer
le temps
– et les passants

(L.13, Guy Môquet)

°
(Kyôku :)

Nous attendons avec impatience
le prochain recueil de haïkus
de Monsieur Roland Barthes !

°

j’étouffais
… pour m’en sortir

°°°

Haiku, etc. de Py, Août 2013 – 2/2

19 septembre 2013

Haïkus, etc. Py – Août 2013 – 2/2

°°°

Avec ses deux baguettes
et ses dix-huit rouleaux de PQ
remontant du supermarché

°

sang venimé
sang venimeux

plus ou moins proche
Orient

À sang

Aff(r)eux
/ Affres

Apocalypse

(Syrie Tuerie)
(Syrien n’est fait…)

°

Comment peut-on prendre au sérieux
une revue de haïkus (/ le haïku lui-même !)
si elle publie du N’importe/quaïku ?!

Entendant un certain « haïku » ( ? ),
son amie sort :
« C’est du grand n’importe quoi ! »
– Ah, comme j’ai plaisir
à l’entendre !

Méfiez-vous
des faux-prophètes
du haïku !

Y a pas bon Banyana !

Si peu sûrs d’eux
qu’il leur faut un pape,
un évêque,
un gourou, etc…

L’évêque,
ses moustaches collées de Banyana !

°

Chi-kong au parc
une libellule se pose
sur sa main tendue

( : Mihaela, Parc Méliès, Orly, 15/8 )

°

un os de seiche
sur le balcon –
à des centaines de kilomètres de la mer…

°

Jean-François Millet (1814-1875) se propose, dans ses peintures, évidemment, d’
« exprimer le règne du silence »

La peinture doit « utiliser l’ordinaire pour exprimer le sublime… C’est là qu’est la réelle puissance », pensait Millet.

(Van Gogh était fasciné par Millet.)

« Je désire que les choses n’aient point l’air d’être amalgamées au hasard et par l’occasion, mais qu’elles aient entre elles une liaison indispensable et forcée ; que les êtres que je représente aient l’air voués à leur position, et qu’il soit impossible qu’ils pourraient être autre chose »
« Je désire mettre pleinement et fortement ce qui est nécessaire, mais je professe la plus grande horreur pour les inutilités et les remplissages, les choses ne peuvent avoir d’autre résultat que l’affaiblissement. »
J-F. Millet
« Extraire du réel même du banal ce qu’il contient de sublime et de typé – insérer ces formes dans la lumière (, voilà Millet ! »)
Pierre Miquel

Par petites touches
l’artiste *
donne au musée
quelques infos complémentaires

(Barbizon, musée / maison J-F. Millet,16/8/)

* Ion Codrescu

Barbizon
l’appareil photo d’une Japonaise
sur le nez d’une jardinière

°

(Musée Rodin :)

statues au jardin :
toutes ces poses qu’ils prennent
pour une photo !

au pied de la statue de la Méditation
un invalide
en photeuil

dans le jardin du musée Rodin,
une pensée
penchée

la statue
dans le plus simple appareil –
des hordes de photographes

un coca
et une guêpe :
elle se sauve

/

elle fuit son coca :
guêpe

un moustique tué
sur la ligne :
« Sur la Porte de l’Enfer »

°

la crémaillère blanche
d’un avion à réaction

(Orly)

°

(Que tu écrives)
Que ton cœur batte, cher poète,
le lecteur en a cure
comme de l’an trente-trois !

(C’est une telle tautologie,
c’est une telle évidence,
c’est une platitude « éculéenne » !

– digne du romantisme
le plus décadent !)

Auteur, pense à ton lecteur,
aie pitié de lui !

°

une fleur exulte,
Mozart.

°

mon cœur bâton cœur
basson cœur
bah !

Si tu écrivais
mon cœur bat
et si j’écrivais
mon pied bot ?

°

quatre aigrettes
ensemble dérivent
au milieu d’une conversation au jardin

°

Au-dessus des cosmos,
des papillons blancs –
Château de Talcy

les bourdons butinent

considérant la ride
sur le front du guide
au château

°

En bord de Loire
sous la pleine lune
des araignées d’eau

sous la pleine lune
les remous d’encre noire
de la Loire

(l’encre luisante de la Loire
sous la pleine lune (d’août))

°

Dans le haïku,
du blanc volant

°

la tondeuse voisine
nous rase les oreilles
7 h 30 ce 21 août

°

Il aura fallu
deux voitures
pour achever
ce papillon

(route de vacances)

°

Pour un haïku « hors-je »

°

des mongolfières s’élèvent

°

table de neuf convives
puis la pleine lune

/

tablée de neuf
sur la terrasse
puis la pleine lune

°

pleine lune –
des insectes
autour du lampadaire

°

un fil d’araignée
en cascade
sur la fontaine
asséchée

°

La voile d’une araignée
au-dessus d’un cours d’eau

la pirouette bleue
de la clématite
« pirouette bleue »

une libellule bleue
sort de la photo –
toile d’araignée

promenade tranquille
dans l’Arboretum
des Prés des Culands

(Meung-sur-Loire)

°

pêcheur à la ligne –
au fond de la Mauve
des feuilles d’acacias

une samare
glisse
à la surface de la mauve
– perdue ?

°

à l’encre l’on s’échine
à tracer des oiseaux volants –
une fourmi passe au bas de la feuille

°

« stepping stones » =
pierres où poser le pied *
(pour franchir
ce ruisseau
d’enfance…)

* / pierres pour poser le(s) pas

°

chaque fleur
accouchant
d’un papillon clair

°

le livre (neuf) (de haïkus)
sabi – me
au soleil

°

Make ’em laugh
(in haiku) !

Cocassiette…

Cocassaïku

L’étincelle comique du haïku…
(haïkunoclaste…)

°

les trois points de suspension
étant les « stepping stones »
: les pierres où poser le pas
vers le moins en moins de bruit

vers le moins en moins de mots
vers le silence
vers l’infini
(vers le vide ?..)..

°

chaises de jardin
recevant
le soleil
en silence

°

entre les bras du fauteuil
un fil d’araignée

°

une araignée tricote
de-ci de-là
au-dessus du jardin

°

dernière semaine d’août –
le soleil
tire les chaises à l’ombre

°
(« Miroir, ô mon miroir ! »)

Fau-il que l’on se farcisse
encore longtemps
tous ces haïkus-Narcisse

qu’ils viennent de Lapalisse
ou de Pétaouchnok ?

°

pour le boulot, je (/ il) freine…
(l’orme charme, mais l’être freine !)

°

Narcisse – hic !

°

Il a (mal)mené sa barque…

°

piasson(n)é

°

la pluie
qu’on n’a pas eu depuis longtemps
cette nuit
essaie ses instruments
près de la fenêtre

°

« Yi buzuo, er buxin » (proverbe chinois)
« Commencer par ne rien faire
pour ensuite ne plus s’arrêter. »

°

Dans la ville du château de Dracula,
ton peigne au matin
perd une dent

(Bran, 5/8)

°

Dans le haïku, chasser l’anecdotique,
le quant-à-soi, l’(auto-)exhibitionnisme.

Dans le haïku, se livrer à l’exhibitionnisme
équivaut à cultiver
l’anti-esprit-haïku,
exactement.

(D’autres y pratiquent, par ailleurs, le voyeurisme…)

°

cabine d’essayage –
pensant à André Cayrel

(City Park Mall, Constantza, 12/8)

°

Ah, montrer ses organes à tous,
quel pied !
( : l’anatomiquaïku / anatomikaïku )

°

sur la trace
du parfum « Envol »
perdu *

Moire et satin
soir et matin

* de chez Ted Lapidus

°

tic toc mon cœur bat
…….
toc toc mon pied bot

°

les zarbitudes

°

extraordiniare / extraordignare

°

À la porte du magasin Naturalia
2 clodos nature

°

elle se pointe des pieds
pour l’embrasser
– Saint-Michel

°

Elle, sa longue perruque rousse,
lui chauve
(Montpellier)

°

Nuit d’automne

(d’après Hubert Haddad in ‘Les haïkus du peintre d’éventails’, éd. Zulma, 2012)

°

(Pensant à M.)

son humour de chauve
(/ le chauve… sourit)

°

chauve, un (dans le bus aussi
/, assis)

°

le chauve
met son chapeau
: voyage en bus

°

Et si je passais par le jardin public
(Et) s’il y passait un haïku ?

(jardin A. Malraux, Millau)

°

Appuyée au panneau

°

L’i dans un coin

°

(Érotisme… :)

Les travaux DER-CUL !?

°

ces Italiennes
au sabir sonore
et soûlant
dans ce train
du 31 août

(Montpellier-Nice, SNCF)

°

Le sabir
toujours plus sonore
des étrangers
(puisque différent…)

°°°