éd. de l’Aube, 2001 :
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p. 41 :
« Le fait d’écrire oblige au geste initial de la sincérité à soi-même, même si ensuite, on n’a de cesse de l’éluder, de le diluer dans les mots. »
p. 58 :
« Ecrire, c’est vouloir sentir de plus près ce réel, même s’il reste mystérieux. »
p. 59 :
« C’est ce réel que nous cherchons à atteindre. (…) Il y a toujours quelque chose d’insaisissable. Nous sommes toujours en quête de ce réel insaisissable, impossible, que nous n’avons pas encore connu. »
p. 62 :
« Quand la littérature devient un métier, il y a des procédés de fabrication à l’oeuvre, mais on ne peut plus parler d’écriture. Il faut chaque fois chercher une fraîcheur d’écriture. »
p. 63 :
« La communication sort de la difficulté radicale à communiquer. Le réel se constitue de notre difficulté à le rencontrer. Mais n’y a-t-il pas toujours un fond d’irréel qui fait qu’on ne sortira jamais de l’insaisissable? »
p. 64 :
G.X. – La beauté est toujours un état éphémère, ce sont tous les instants de passage. Tout ce qui est impossible à fixer, c’est la beauté.
D.B. – Donc, l’art ne pourrait pas être une forme aboutie. Ce serait simplement une structure qui contiendrait un mouvement insaisissable, comme dans la vie réelle?
G.X. – Oui, c’est ça.
D.B. – Le travail d’écrivain consisterait donc à reproduire ce qui reste le mystère absolu de la vie, à savoir l’insaisissable ? »
G.X. – Voilà à quoi on perd sa vie en tant qu’écrivain ! »
p.65 :
« L’écriture (…), ce saisissement incontrôlé de l’insaisissable. »
« Que ce soit dans le réel ou dans l’art, on ne sort jamais de l’éphémère »
» Le problème n’est pas de représenter, de montrer le réel, de quelque façon que ce soit, mais de construire une approche de l’insaisissable, car c’est finalement ainsi qu’on touche au plus près du réel. »
p. 90 :
« Je suis assez d’accord avec le texte de Gombrowicz contre les poètes. En général, ce sont des montages de clichés. Ils ne travaillent que la forme. Ils ont oublié la sensibilité de la langue. »
D.B. – Comment atteindre cette sensibilité, comment rendre « vivante » ton écriture?
p.91 :
G.X. – Je cherche à garder cette sensibilité, à évacuer les idées. J’éteins la lumière, je ferme les volets, je me concentre, je m’écoute, parfois je parle à haute voix, pour rester au plus près de cette sensibilité. »
(…)
« Tout cela pour me vider l’esprit, pour retrouver un rapport instinctif aux mots, pour ne plus avoir de rapport aux significations. L’esprit est purifié. Et une fois que je suis entré dans l’écriture, je n’entends plus rien, je parle mais je n’en suis pas conscient.
(…)
pp.91-2 :
« Quand on ne prête plus attention à la langue, c’est là qu’elle devient vivante. Ce n’est même plus de l’écriture, la langue coule automatiquement, instinctivement. Ce n’est pas l’intelligence qui travaille, mais il y a une sorte d’intelligence primaire, une aisance. »
p. 92 :
G.X. – « Depuis Flaubert et Mallarmé, on accorde trop d’importance à la langue, le travail de l’écriture devient une affaire de linguiste. Cela a fini par étouffer le travail propre à l’écriture.
A travers la langue, on peut découvrir, sentir le réel. Si on coupe son lien au réel à travers la langue, elle devient alors un objet, un outil, elle est morte. »
D.B. – (…) quand on essaie d’écrire, c’est justement le moment le moment où il ne reste plus de langue. »
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( à suivre…)
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