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oui, oui,
le haïku
c’est Zen !
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d.(23/10/11)
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oui, oui,
le haïku
c’est Zen !
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d.(23/10/11)
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Le moine chauve
dit au nouveau moine
comment se raser
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Salim Bellen, in Tierra de nadie, 109
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ENNI BEN’EN
(mort le 17ème jour du 10ème mois de 1280, à 79 ans)
Toute ma vie j’ai enseigné le Zen aux gens :
pendant 79 ans.
Celui qui ne voit pas les choses telles qu’elles sont
ne connaîtra jamais le Zen.
Les sources disent qu’Enni tomba malade au début de l’été. Le 15ème jour du 10ème mois il annonça à ses fidèles qu’il allait mourir. Ils ne le crurent pas. Le jour de sa mort, il commanda qu’on batte le tambour et qu’on proclame sa mort imminente. Il s’assit sur son siège et écrivit ses derniers mots. Après avoir ajouté date et signature, il écrivit « Au Revoir » et mourut.
Enni était aussi connu sous le nom de Shoichi Kato et après sa mort fut appelé Shoichi Kokushi. Kokushi, « précepteur de la nation », était le titre donné à un prêtre très vénéré. Enni fut le premier à recevoir ce titre.
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DOYU
(mort le 5ème jour du 2ème mois de 1256, à 56 ans)
Pendant mes 56 années
il n’y eut point de miracles.
Pour les Bouddhas et les Grands de la Foi
j’ai des questions sur le coeur.
Et si je dis
» Aujourd’hui, à cette heure
je quitte le monde « ,
il n’y a rien là-dedans. Jour après jour
le soleil ne se lève-t-il pas à l’Est ?
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DOKYO ETAN
(mort le 6ème jour du 10ème mois de 1721, à 80 ans.)
Ici, dans l’ombre de la mort, il est difficile
De dire le mot de la fin.
Je dirai alors, seulement ,
« sans le dire »
Rien de plus
Rien de plus
Dokyô, connu aussi sous le nom de Shoju Ronin, vécut la majeure partie de sa vie dans une cabane, et refusa de rejoindre les grands monastères. Il vit en « zazen », la méditation zen, , l’essence de la voie du zen et traitait durement les croyants qui venaient pour l’écouter la soi-disant doctrine zen. À l’occasion, il tirait même son épée contre eux pour les éconduire, fidèle, peut-être, à son origine samouraï . On dit qu’il repoussa le maître zen Hakuin de l’estrade quand celui-ci se leva pour parler, en suite de quoi Hakuin s’évanouit, sous la force du coup. Pendant aussi longtemps que Hakuin resta avec lui, Dokyo ne lui montra aucune préférence et le fit mendier de porte à porte pour sa portion de riz, comme les autres moines.
Dokyo écrivit ses derniers mots assis dans la position zazen. Puis il posa son pinceau, se chantonna « un chant ancien », rit soudain fort, et mourut.
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DAIRIN SOTO
(mort le 27ème jour du premier mois de 1568, à 89 ans)
Toute ma vie j’ai aiguisé mon épée
Et maintenant, face à face avec la mort
Je la dégaine, et voilà :
La lame est brisée,
Hélas !
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DAIGU SOCHIKU
(Mort le 16ème jour du 7ème mois de 1669, à 80 ans)
Daigu fut élevé dans un monastère zen. Encore jeune moine, une femme lui demanda de célébrer un office funèbre pour son fils. À l’enterrement, elle demanda : « Où mon fils est-il allé ? » Daigu ne sut pas lui répondre, et l’incident le choqua profondément. Il abandonna le monastère et s’en alla pour vivre seul dans les montagnes.
Daigu aimait boire; on dit qu’il était, par habitude, éméché. Il ne restreignait pas sa parole et insultait les gens en leur parlant. En dépit de son excentricité, ou peut-être à cause d’elle, il attirait des gens de tous les niveaux de la société qui venaient sur la montagne pour l’écouter.
Daigu s’en fut ensuite à Edo, où il offrit sanctuaire dans son temple à deux femmes, maîtresses d’un daimyo, qu’elles avaient fui. Cette action ajouta encore aux rumeurs qui existaient déjà à propos des relations de Daigu avec les femmes, mais Daigu n’en tint pas compte. À cause du mauvais nom qu’une telle attitude lui procura, sa progression dans la hiérarchie religieuse fut reportée, mais Daigu ne s’intéressait guère au pouvoir ni à l’autorité. Quand on lui offrit enfin un poste honorable, il le déclina, pour la raison qu’il serait renvoyé de toutes façons, à cause de son caractère spécial.
Le nom de Daigu, que le moine se choisit, signifie : « grand idiot ».
À son auto-portrait il ajouta ces mots :
» Ce moine est lié par les chaînes de l’ignorance et de la luxure. Il n’était pas capable de suivre la Voie du Bouddha. Comme son nom le dit, ainsi est-il : un grand idiot. »
Sur son lit de mort, Daigu écrivit les lignes suivantes :
Des aiguilles percent mon corps souffrant et ma douleur augmente. Cette vie mienne, qui a été comme une maladie : quel en est le sens ? Dans le monde entier, je n’ai pas un seul ami auprès de qui je peux soulager mon âme. Vraiment, tout ce qui apparaît à l’oeil n’est qu’une fleur qui fleurit en un jour.
Trois jours avant sa mort, il écrivit un poème court, se louant d’être lui-même « unique dans sa génération ». À la fin du poème il écrivit : « trois jours avant ». Regretta-t-il de s’être vanté et souhaita-t-il écrire un autre poème ? Il demanda à son assistant, le jour suivant, de lui apporter du papier pour écrire, et comme ce dernier allait le lui présenter, il le frappa. Le jour suivant, Daigu mourut.
POÈMES DE MORT DES MOINES ZEN
selon Yoël Hoffmann
dans Japanese Death Poems
ed. Tuttle, 1986
(trad. d.py)
:
BASSUI TOKUSHO
(mort le 20ème jour du 2ème mois de 1837, à 61 ans)
Regarde droit devant toi. Qu’y a-t-il ?
Si tu le vois tel qu’il est
Jamais tu ne t’égareras.
À l’âge d’environ 31 ans, Bassui entendit l’eau courir dans un ruisseau, et fut illuminé. Après cela il passa la plupart de ses jours dans une hutte des montagnes. Quand les gens entendirent parler du moine solitaire et se rassemblèrent pour écouter « la parole », il s’enfuit. En dépit de son désir de solitude, Bassui ne tourna pas le dos aux gens simples, mais leur enseigna le zen en des mots qu’ils pouvaient comprendre. Il mettait souvent ses disciples en garde contre les dangers de l’alcool et leur défendait d’en boire « même une seule goutte ». En marge de son portrait il écrivit : « J’enseigne avec la voix du silence. »
(…)
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avec l’automne
dans ma boîte
de nouveaux haïkus zen
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(merci à A. H-G)
d.(22/9/09)
On traitera du Zen quant à sa relation avec l’esprit du poète de haïku dans treize chapitres :
1) Le désintéressement
2) La solitude
3) L’acceptation reconnaissante
4) Le sans-paroles
5) Le non-intellectualisme
6) Le paradoxe
7) L’humour
8) La liberté
9) Le non-moralisme
10) La simplicité
11) La matérialité
12) L’amour
13) Le courage
Ce sont quelques unes des caractéristiques de l’état d’esprit que demandent la création et l’appréciation du haïku.
(à suivre : 1) Le désintéresement, p.155