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Haiku Printemps Blyth – oiseaux et animaux – p. 501-504

2 novembre 2010

°

koe bakari . ochite ato naki . hibari kana

Ampû

l’alouette :
sa voix seule tombe
elle-même, invisible

°

kusame shite . miushinaitaru . hibari kana

Yayu

éternuant,
je perds de vue
l’alouette

°

harukaze ni . chikara kuraburu . hibari kana

Yasui

l’alouette
affronte
les vents du printemps

°
(p.502) :

hiru-meshi wo . tabe ni oritaru . hibari kana

Issa

L’alouette
est tombée
pour son déjeuner

°

kumo wo fumi . kasumi wo suuya . age-hibari

Shiki

les alouettes s’élèvent
marchant sur les nuages,
respirant la brume

°

yokonori no . uma no tsuzuku ya . yû-hibari

Issa

leurs cavaliers montant de côté,
un cheval après l’autre –
alouettes dans le soir

°
(p. 503) :

hibari naku . naka no hyôshi ya . kiji no koe

Bashô

À travers le chant de l’alouette
vient le battement
des cris du faisan

°

fukurô ga . hyôshi toru nari . sayo kinuta

Issa

La chouette bat la mesure
pour le battoir
à minuit

°

semi naku ya . gyôzui-doki no . tôfu-uri

Shiki

une cigale chante ;
prenant un bain en plein air,
l’appel du vendeur de fromages de soja

°
(p.504 :)

yamadera ya . hirune no ibiki . hototogisu

Shiki

temple de montagne ;
ronflements des siestes de l’après-midi –
la voix de l’hototogisu

°

chichi-haha no . shikiri ni koishi . kiji no koe

Bashô

la voix du faisan ;
comme je me languis
de mes parents morts !

°

ko ni aku to . môsu hito ni wa . hana mo nashi

Bashô

L’homme qui dit :
« Mes enfants sont un fardeau » :
pas de fleurs pour lui !

°

Quant j’entends
le faisan cuivré
crier « horo horo » ;
est-ce mon père
me demandé-je,
est-ce ma mère ?

(Gyôgi Bosatsu – 670-749)

°

(à suivre, p. 505… – )

Kyôbun à la gêne – d.p.

14 avril 2010

°

Kyôbun à la gêne

un bon haïku
mal traduit
fait chou blanc

Exemple :

 » Sur la branche morte
un corbeau se tient perché
l’automne à la brune  »

Bashô
(p.127 de Le Haïkaï selon Bashô, POF, 1983, trad. R. Sieffert.)

Pas d’émotion ressentie… = pas assez de « simplicité » ?

 » la « ,  » se tient perché « ,  » à la brune  » (me) gênent; mon esprit s’égare, accroche, s’éloigne de l’essentiel… Quelle en est la raison ? : vouloir faire 5/7/5 à tout prix ! (Trop de mots également ! ; et pas assez simples ni fluides…)

Ce qui compte dans le haïku, c’est bien l’esprit (-coeur), l’essence *, plus que (, au-delà de) la forme !

 » Le miroir est éblouissant lorsqu’il reflète l’essence et non la forme.  »

(Daniel Odier, in Chan & Zen, Le jardin des iconoclastes, Pocket Spiritualités, 2006, p.61.)

* : d’où l’essentiel, le centre, le juste (, le simplifié, le minimalisé).

Minimalisez !

Écourtez vos mots !

D’un mot de trois syllabes préférez un synonyme (exact) de deux, voire d’une syllabe :
on y gagne en promptitude, en « éclair-cie » !
Le (haï)coup porté est plus franc, plus direct, touche plus fort, plus vite, plus profond, plus mortel !

en cuisses
sur son scooter
– avril parisien

Dire (le plus souvent) a minima
pour le champ mental (/ émotionnel ?) le plus libre, le plus large, du lecteur
= Concentrez !

°

d.p., 14/4/10