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31 HAIKU d’automne – Blyth – p.902-916

27 mai 2011

°
(p.902 :)

kado wo dereba . ware mo yukuhito . aki no kure

Buson

dès que je franchis la porte
je suis aussi un voyageur
dans le soir d’automne

sammon wo . gii to tozasu ya . aki no kure

Shiki

fermant la porte du grand temple :
grincement !
ce soir d’automne

°
(p.903 :)

hitori kite . hitori wo tou ya . aki no kure

Buson

quelqu’un vint
voir quelqu’un d’autre
soir d’automne

kagiri aru . inochi no himaya . aki no kure

Buson

dans cette courte vie
une heure de loisir
ce soir d’automne

aki no kure . karasu mo nakade . tôri keri

Kishû

soir d’automne,
sans un cri
passe un corbeau

°
(p.904 :)

sabishisa no . ureshiku mo ari . aki no kure

Buson

soir d’automne ;
il y a de la joie aussi
dans la solitude

°
(p.905 :)

osanago ya . hitori meshikû . aki no kure

Shôhaku

personne –
un enfant endormi
sous la moustiquaire

aki no yo ya . ko hitori netaru . kaya no naka

Issa

soir d’automne ;
un homme en voyage
reprise ses habits

°
(p.906 :)

osanago ya . warau ni tsukete . aki no kure

Issa

l’orphelin –
mais quand il rit !…
soir d’automne

tsuki mo ari . kigiku shiragiku . kururu aki

Shiki

la lune
et les chrysanthèmes blancs et jaunes
– fin de l’automne

°
(p.907 :)

hitomoseba . hi ni chikara nashi . aki no kure

Shiki

allumant la lampe,
sa lueur est faible –
soir d’automne

amado kosu . aki no sugata ya . hi no kurui

Raizan

la forme d’automne
qui a passé à travers les volets –
flamme tordue de la bougie

°
(p.908 :)

aka-aka to . hi mo tsurenakumo . aki no kaze

Bashô

le soleil rouge vif,
implacablement chaud –
mais le vent est d’automne

°
(p.909 :)

chichi haha no . koto nomi omou . aki no kure

Buson

c’est le soir, l’automne,
je ne pense
qu’à mes parents

furusato ya . heso no o ni naku . toshi no kure

Bashô

pleurant mon cordon ombilical
dans ma maison natale –
la fin de l’année

°
(p.910 :)

kogoto iu . aite wa kabe zo . aki no kure

Issa

soir d’automne,
seul à partager mes plaintes :
le mur

kogoto iu . aite mo araba . kyô no tsuki

Issa

si seulement elle était là,
ma compagne de doléances,
la lune d’aujourd’hui !

nakanaka ni . hito to umarete . aki no kure

Issa

soir d’automne –
pas une mince affaire
d’être né homme !

°
(p.911 :)

gu anzuru ni . meido mo kaku ya . aki no kure

Bashô

il me semble
que le Pays des Morts est ainsi :
soir d’automne

ushi shikaru . koe ni shigi tatsu . yûbe kana

Shikô

à la voix
criant sur le boeuf,
les bécassines s’élèvent dans le soir

°
(p.912 :)

tonde kuru . yoso no ochiba ya . kururu aki

Shiki

feuilles tombantes
volant de quelque part :
l’automne s’achève

nagaki yo wo . tsuki toru saru no . shian kana

Shiki

longue nuit –
le singe se demande comment
attraper la lune

°
(p.913 :)

nagaki yo ya . shôji no soto wo . tomoshi yuku

Shiki

longue nuit ;
une lumière à l’extérieur
longe le shôji



nagaki yo ya . omou koto iu . mizu no oto

Gochiku

longue nuit –
le son de l’eau
dit ce que je pense

°
(p.914 :)

kukurime wo . mitsutsu yo nagaki . makura kana

Teitoku

regardant, regardant
les fronces de l’oreiller :
longue est la nuit

yamadori no . eda fumikayuru . yonaga kana

Buson

la faisan doré sur la branche
passe d’une patte sur l’autre ;
longue est la nuit

°
(p.915 :)

zesukirishito . fumare fumarete . usetamaeri

Shuôshi

piétinée, piétinée,
l’image du Christ
est toute abimée

nagaki yo ya . chitose no nochi wo . kangaeru

Shiki

la longue nuit :
je pense
à dans mille ans

nagaki yo ya . kômei shisuru . sangokushi

Shiki

la longue nuit :
lisant L’Histoire des Trois Royaumes *
jusqu’à la mort de Kômei

* note de R.H. Blyth : « Le Sangokushi est une oeuvre historique en 65 volumes qui couvre les luttes des Royaumes de Gi, de Go, et de Shoku, entre 220 et 280. »

°
(p.916 :)

yuku aki no . kusa ni kakaruru . nagare kana

Shirao

le cours d’eau se cache
dans les herbes
de l’automne qui s’en va

yuku aki wo . obana ga saraba . saraba kana

Issa

l’herbe de la pampa
fait au-revoir, au-revoir
à l’automne qui s’en va

°
(p.917 : LE CIEL ET LES ELEMENTS – à suivre…)

8 HAIKU d’automne – Blyth – p. 897-901

26 mai 2011

°
(p.897 :)

kono futsuka . kinuta kikoenu . tonari kana

Buson

depuis deux jours
on n’a pas entendu
le maillet de foulage des voisins

kogarashi ya . nani ni yowataru . ie goken

Buson

tempête d’hiver –
comment vivent-ils
dans ces cinq maisons ?

kabetonari . mono goto tsukasu . yosamu kana

Buson

de l’autre côté du mur,
cliquetis et bruissements –
que la nuit est froide !

jûgatsu ya . yoso e mo yukazu . hito mo kozu

Shôhaku

c’est le dixième mois :
je ne vais nulle part ;
personne ne vient

°
(p.898 :)

kare-eda ni . karasu no tomarikeri . aki no kure

Bashô

soir d’automne ;
un corbeau perché
sur une branche desséchée

°
(p.900 :)

aki sabishi . tameiki ya tsuku . tôdera no kane

Yûsui

automne solitaire ;
un soupir – ah ! le son
de la cloche d’un temple lointain

°
(p.901 :)

meshidoki ya . toguchi ni aki no . irihi kage

Chora

au dîner en automne :
par la porte ouverte
le soleil du soir

kono michi ya . yuku hito nashi ni . aki no kure

Bashô

le long de cette route
ne va personne,
ce soir d’automne

°
(p.902 : à suivre)

8 HAIKU d’été – Blyth – p.816-819

15 mai 2011

°
(p.816 :)

yuku mizu ya . take ni semi naku . sôkokuji

Onitsura

l’eau coule,
une cigale crie dans les bambous ;
le temple Sôkokuji

tori mare ni . mizu mata tôshi . semi no koe

Buson

oiseaux peu nombreux,
eaux lointaines ;
la voix des cigales



shizukasa ya . iwa ni shimiiru . semi no koe

Bashô

silence –
la voix des cigales
pénètre les rochers

(trad. Munier :
Silence –
le cri des cigales
taraude les roches)

°
(p.818 :)

shizukasa wa . kuri no ha shizumu . shimizu kana

Shôhaku

tranquillité –
une feuille de châtaignier s’enfonce
dans l’eau claire

semi naku ya . wagaya mo ishi ni . naru yô ni

Issa

les cigales crient tant
que ma cabane va devenir
rocher !

°
(p.819 :)

rai harete . ichiju no yûhi . semi no koe

Shiki

l’orage passé,
le soleil du soir brille sur l’arbre
où chante une cigale

daibutsu no . kanata miya-sama . semi no koe

Buson

Au-delà du Grand Bouddha,
un sanctuaire Shintô,
des cigales stridulent

akiie no . mon ni semi naku . yûhi kana

Shiki

à la porte d’une maison désertée,
une cigale chante
au soleil du soir

°
(p.820- à suivre…)

11 HAIKU d’été – Blyth – p.774-777

13 mai 2011

°
(p.774 :)

kore de koso . on hototogisu . matsu ni tsuki

Issa

la lune dans le pin
avec le coucou,
ah, quelle merveille !

hototogisu . hitsugi wo tsukamu . kumoma yori

Buson

un coucou
attaquant le cercueil
d’entre les nuages

ware nare wo . matsu koto hisashi . hototogisu

Issa

Si longtemps
je t’ai attendu,
ô, hototogisu !

°
(p.775 :)

ika-uri no koe . magirawashi . hototogisu

Bashô

la voix du vendeur de seiches
se mêle à celle
du coucou

hashitanaki . nyôju no kusame ya . hototogisu

Buson

l’éternuement vulgaire
d’une servante du palais –
le coucou chanta

hototogisu . uta yomu yûjo . kikoyu nari

Buson

tandis qu’un(e) courtisan(e)
composait un waka,
le coucou !

°
(p.776 :)

hototogisu . naku ya kosui no . sasa nigori

Jôsô

un coucou chante ;
les eaux du lac
sont légèrement boueuses



hototogisu . kyô ni kagirite . dare no nashi

Shôhaku

un coucou appelle,
mais aujourd’hui, seulement aujourd’hui
il n’y a personne

°
(p.777 :)

kyô nite mo . kyô natsukashi ya . hototogisu

Bashô

je suis à Kyôto,
mais à la voix du coucou,
je me languis de Kyôto

sono ato wa . meido de kikan . hototogisu

(anonyme)

ah, hototogisu,
j’entendrai la fin de ta chanson
dans l’au-delà

kyôdai ga . kao miawasu ya . hototogisu

Kyorai

un coucou appela ;
les deux frères se tournèrent
pour se regarder

°
(p.778- : à suivre…)

24 Haiku + 1 waka + 1 cas – printemps – Blyth – p. 592-600

8 février 2011

°
(p.592 :)

nashi no hana . tsuki ni fumi yomu . onna ari

Buson

poirier en fleur;
sous la lune
une femme lit une lettre



nashi saku ya . ikusa no ato no . kuzure-ie

Shiki

près d’une maison effondrée
un poirier fleurit;
ici eut lieu une bataille

nabatake ya . futaba no naka no . mushi no koe

Shôhaku

un champ de colza :
dans une pousse
un insecte chante

°
(p.593 :)

na-no-hana ya . hitomoto sakishi . matsu no shita

Sôin

une tête de fleurs de colza
a fleuri
sous le pin

na-no-hana no . naka wo asama no . keburi kana

Issa

parmi les fleurs de colza,
la fumée
du Mont Asama

na-no-hana ya . tsuki wa higashi ni . hi wa nishi ni

Buson

champ de fleurs de colza :
le soleil à l’ouest,
la lune à l’est

°
(p.594) :

na-no-hana ya . hiru hitoshikiri . umi no oto

Buson

une étendue de fleurs de colza :
pendant un temps, à midi,
le bruit de la mer

sur la lande orientale,
on voit la lumière
de l’aube;
en se retournant,
la lune sombre.

: waka du Manyôshû

na-no-hana no . naka ni shiro ari . kôriyama

Kyoroku

Kôriyama;
parmi les fleurs de colza,
un château

°
(p.595 :)

na-batake ni . hanami-gao naru . suzume kana

Bashô

na-no-hana ya . kujira mo yorazu . umi kurenu

Buson

fleurs de colza;
aucune baleine ne s’approche;
la mer s’assombrit

na-no-hana no . ko-mura yutaka ni . miyuru kana

Shiki

Comme ce semble un riche village,
là, au milieu
des fleurs de colza !

°
(p.596 :)

na-no-hana ya . kinren hikaru . montodera

Shiki

des fleurs de colza
et des lotus dorés brillent
dans un temple Shin

na-no-hana ya . achira kochira ni . shichi-dai-ji

Shiki

fleurs de colza;
les sept Grands Temples *
lointains et proches

* à Nara.

yamakage ya . na no hana sakinu . haru suginu

Tairo

dans l’ombre de la colline
les colza ont fleuri;
le printemps est terminé

°
(p.597 :)

ame-kaze no . araki hima yori . hatsu-zakura

Chora

Dans les intervalles
de vent brutal et de pluie,
les premières fleurs de cerisiers

tani-mizu ya . ishi mo utayomu . yama-zakura

Onitsura

le cerisier sauvage :
les pierres chantent aussi leur chant
dans le cours d’eau de la vallée

°
(p.598 :)

umite yori . hi wa teritsukete . yama-zakura

Buson

de la direction de la mer
le soleil brille
sur les fleurs de cerisiers de montagne

yu mo abite . hotoke ogande . sakura kana

Issa

baigné en eau chaude,
et vénéré le Bouddha –
les fleurs de cerisiers !



niwatori no . koe mo kikoyuru . yama-zakuru

Bonchô

On entend aussi
le cri d’un coq –
fleurs de cerisiers sauvages !

°
(p.599 :)

kore wa kore wa to bakari hana no yoshino-yama

Teishitsu

« Ah ! » dis-je, « Ah ! »
c’est tout ce que je pus dire –
les fleurs de cerisiers du Mont Yoshino !

kuchi aite . rakka nagamuru . ko wa hotoke

Kubutsu

un enfant admirant les fleurs qui tombent
bouche ouverte,
est un Bouddha



hoshizukiyo . sora no hirosa yo . ôkisa yo

Shôhaku

une nuit éclairée d’étoiles;
le ciel – la taille du ciel –
l’étendue du ciel !

°
(p.600 :)

hana no kumo . kane wa ueno ka . asakusa ka

Bashô

un nuage de fleurs de cerisiers;
la cloche du temple –
est-ce Ueno, est-ce Asakusa ?

Dôgo et Zengen allèrent présenter leurs condoléances dans une maison. Frappant au cercueil, Zengen demanda : « mort ou vif ? ». Dôgo répondit : « je ne dirai pas vivant et je ne dirai pas mort. » Zengen reprit : « Pourquoi ne veux-tu pas me dire ? » Dôgo répondit : » Je ne te le dirai tout simplement pas. »

55ème cas du Hekiganroku.

daimyô wo . uma kara orosu . sakura kana

Issa

les fleurs de cerisiers !
elles ont fait descendre
un daimyô de cheval !

°
(suite : p.601-)