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« Musiques, Haïkus et Sons » = ébauche d’article Py pour Gong n°16

29 août 2010

de juillet 2007, ayant pour thème « Sons et haïku ». Non achevé ni transmis, mais partiellement complété ici :

°°°
Musiques, Haïkus et Sons

Plusieurs niveaux :

A) Les compositeurs dont les oeuvres, la technique peuvent s’approcher de l’écriture du « haïku ». : je ne citerai d’autres exemples que
– l’Éric Satie (1866-1925) des Gymnopédies (= danses avec les pieds nus), des Gnossiennes (dérivé soit du mot gnose ou du Knossos crétois Gnossus), oeuvres pour piano solo ;
– le Frédéric Mompou (compositeur catalan 1893-1987) des Cançons, des Charmes, qui sont des pièces pour piano alliant brièveté (concision) et dépouillement (simplification) de l’écriture, auxquels, de tous temps, les véritables haïjins se conforment :
 » Frédéric Mompou compte parmi les plus grands poètes du clavier de ce siècle (…) cultivant un dépouillement croissant de l’écriture (…) culminant dans la Musica Callada, où, comme l’écrivait Vladimir Jankélévitch :  » le silence lui-même s’est fait musique. » V. Jankélévitch encore :  » la fraîcheur, la grâce un peu rustique, la limpidité de ces (…) musiques évoluent graduellement vers le dépouillement et l’intériorité. » Et encore :
 » On peut distinguer entre incantation et enchantement : il y a une musique abusive qui comme la rhétorique, est simple charlatanerie et flatte l’auditeur pour l’asservir… » V. Jankélévitch, in La Musique et l’ineffable.
Charmes :  » un ouvrage qui frappe de bout en bout par un dépouillement extrême (…)  »
 » et l’influence de celui qui, comme lui, haïssait emphase et rhétorique : Claude Debussy.  » Frederic Cartello : pochette du disque Naxos, DDD 8.554332.
– Debussy. Ne serait-ce que par ses titres :
(Eau) : Reflets dans l’eau, Jardins sous la pluie, Poissons d’or (: les deux livres de préludes pour piano 1910, 1912)
En blanc et noir (1915), Estampes, Images,
(Air) : Cloches à travers les feuilles.
 » Ces oeuvres de forme et de contenus si denses « .
 » Pour Debussy (plus symboliste qu’impressionniste) il s’agissait avec Estampes et Images de suggérer à l’auditeur le point de départ du processus de création, et non de sacrifier à des effets simplement descriptifs. »

B) Les compositeurs inspirés par le haïku
(voire par la philosophie Zen que peut intégrer ce haïku) tel John Cage,…
– Olivier Messiaen qui écrivit Sept Haïkaï (esquisses japonaises pour piano solo et petit orchestre),  » résult(a)nt du coup de foudre que j’ai ressenti pour le Japon quand j’y ai accompli une tournée de concerts… ».
– Les 20 compositeurs invités à composer chacun une pièce à partir de haïkus de Buson, rassemblés sous le titre de Le Parfum de la lune et donnés lors du festival « Présences » de Radio-France, en 1998, dont Renaud Gagneux (un complice / ami du CNSM de Paris dès les années ’68 !) qui écrivit également ses dernières oeuvres pour piano et pour clavecin, inspirées par le haïku de Buson), Ph. Hersant, G. Rebel, J-M Morel, A. Duhamel, R. Ourgandjian, F. Krawczik (?), J-M Serre, etc.

Mais, comme pourrait nous le suggérer le Bouddhisme Zen :

Parler de pain rassasie-t-il ?
et imaginer des sources désaltère-t-il ?

Allez donc écouter ces oeuvres !
Certaines (j’ai une préférence marquée pour Satie : les cordes sensibles, émotionnelles qu’il sait faire vibrer en moi !) vous enchanteront, vous transporteront, j’en suis sûr.

C) Au niveau du haïku lui-même et des sonorités dont il sait jouer : onomatopées, allitérations, consonances ne sont pas les moindres de ses qualités :
autant
1) dans le haïku japonais :
cf le chapitre « Onomatopoeia » dans R.H.Blyth Haiku, vol. 1, p.321-328 :

ô botaru
yurari yurari to
tôri keri

d’Issa (p.323) ;

hito chirari
konoha mo chirari
horari kana

d’Issa (p.326) ;

osoki hi ya
kodama kikoyuru
kyô no sumi

de Buson (p.326) ;

tombo tobu
tombo no ue mo
tombo tobu sora

de Horyu (p.327) ;

ochikochi
ochikochi to utsu
kinuta kana

de Buson (p. 328) ;

azami
azayaka na
asa no
ame agari

de Santoka (p. 328).

2) dans le haïku anglophone :

sleepless midnite
the mousetrap
snap

LeRoy Gorman, in Aware de Betty Drevniok, Portal Publications, 1980, p.77

que je traduis ainsi :

minuit insomniaque
la souricière
clac !

3) que dans le haïku français (Citer F. Tugayé, D. Py, etc.)

et qui font que « la poésie » a cette « supériorité » sur la prose qu’elle sait faire chanter mieux le langage. Que ce n’est pas non plus gratuitement, mais que cela permet de magnifier / véhiculer en même temps le sens du poème en plus de la signification (simple) de ses mots. (Voir l’article de Lee Gurga dans Haiku International n° 62 (janv. 2006), p.16-17, où l’on trouve aussi, de Mary-Alice Herbert :

All Hallow’s Eve
swallows
loop the moon

et, de Peter Yovu :

mosquito she too
insisting insisting she
is is is is is
.

°°°

d.py (2006?-29/8/10)