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27 HAIKU d’été – Blyth – p.820-830

16 mai 2011

°
(p.820 :)

no ma shiranu . taiboku ôshi . semi no koe

Shiki

nombreux les arbres énormes
aux noms inconnus ;
la voix des cigales

(trad. Munier :
D’immenses arbres
aux noms inconnus –
cris des cigales)

yagate shinu . keshiki wa miezu . semi no koe

Bashô

rien ne laisse penser
à écouter la cigale
qu’elle va mourir bientôt

(trad. Munier :
Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu’elle est près de sa fin)

°
(p.821 :)

koe ni mina . nakishimôte ya . semi no kara

Bashô

l’enveloppe d’une cigale ;
elle mourut
de chanter

ware to waga . kara ya tomurau . semi no koe

Yayû

pleurant sur son corps mort
et sur elle-même –
la voix de la cigale

matsu no semi . doko made naite . hiru ni naru

Issa

cigales des pins,
combien de fois devez-vous encore chanter
avant qu’il soit midi ?

(trad. Munier :
Cigales des pins
comme il vous faut crier
pour que vienne midi !)

°
(p.822 :)

iroiro no . urigoe taete . semi no koe

Shiki

divers cris de rue
s’estompent –
la voix des cigales

(trad. Munier :
Tous les bruits de la rue
meurent au loin –
chant des cigales)

nakiyamete . tobu toki semi no . miyuru nari

Shiki

on voit la cigale
quand elle arrête de chanter
et s’envole

(trad. Munier
On voit la cigale
quand elle cesse de chanter
et s’envole)

semi atsushi . matsu kiraba ya to . omou made

Yayû

les cigales et la chaleur –
je souhaitais même
abattre leur pin

°
(p.823 :)

semi naku ya . tsukuzuku akai . kazaguruma

Issa

une cigale crie –
c’est précisément un moulin-à-vent
de papier rouge

higurashi ya . suteteoite mo . kururu hi wo

Sute-jo

ah, cigale au chant clair,
bien que tu le laisses,
le jour s’assombrit

°
(p.824 :)

higurashi ya . kyô no ketai wo . omou toki

Rikei

ah, cigale-qui-assombrit-le-jour,
quand je pense
aux heures gâchées d’aujourd’hui !

soko noite . takeuesase yo . hikigaeru

Chora

s’il te plaît, écarte-toi
que je puisse planter ces bambous,
ô crapaud !

(trad. Munier :
Ecarte-toi s’il te plaît
et laisse-moi planter ces bambous
ô crapaud !)

makari idetaru wa . kono yabu no . gama nite sôrô

Issa

« Je fais Mon Apparition,
Moi, le Crapaud,
J’émerge de Mon Fourré ! »

(trad. Munier :
« Je fais mon Apaprition
moi le crapaud
je sors de Mon Fourré ! »)

°
(p.825 :)

tsuki no ku wo . haite herasan . gama no hara

Buson

le crapaud :
crachant un verset sur la lune,
son ventre va décroître



gama dono no . tsuma ya matsuran . ko nakuran

Issa

Monsieur Crapaud,
votre femme vous attend,
vos enfants pleurent !

°
(p.826 :)

kumo wo haku . kuchitsuki shitari . hikigaeru

Issa

Le crapaud !
on dirait qu’il va
vomir un nuage !

(trad. Munier :
Le crapaud ! on dirait
qu’il va vomir
un nuage !)

kiri ni oru . metsuki shite iru . hikigaeru

Issa

on dirait
qu’il va chevaucher le brouillard,
ce crapaud !

(trad. Munier :
Il a l’air
de vouloir chevaucher la brume
ce crapaud !)

yoiyami ya . tsuki wo hakidasu . gama no kuchi

Shiki

jeune crépuscule ;
la gueule du crapaud
exhale la lune

(trad. Munier :
Crépuscule du matin –
la gueule du crapaud
exhale la lune)

°
(p.827 :)

furukabe no . sumi ni ugokazu . harami-gumo

Shiki

dans un coin du vieux mur
immobile
l’araignée enceinte

(trad. Munier :
Dans un coin du vieux mur
immobile
l’araignée grosse)

kumo no ko wa . mina chirijiri no . misugi kana

Issa

les petits de l’araignée
se séparent tous
pour faire leur vie

yobe no ame . baran ni fuenu . katatsumuri

Shôha

avec la pluie de la nuit dernière,
les escargots ont peuplé
les aspidistras

(trad. Munier :
la pluie nocturne
a multiplié les escargots
sur les aspidistras)

°
(p.828 :)

asayake ga . yorokobashii ka . katatsumuri

Issa

un ciel rouge au matin
pour toi, escargot ;
en es-tu heureux ?



tetsudatte . shirami wo hiroe . suzume no ko

Issa

petit moineau,
aide-moi
à attraper ces pous !

°
(p.829 :)

ono hairu . ki ni ochisuite . katatsumuri

Baishitsu

la hache attaque l’arbre
mais l’escargot
est calme et serein

°
(p.830 :)

omatsuri ni . akai dedachi no . tombo kana

Issa

la libellule
en habits rouges
va au festival

toshiyori to . mite ya naku ka mo . mimi no soba

Issa

le moustique aussi
près de mon oreille
doit penser que je suis vieux



shiba no to ya . jô no kawari ni . katatsumuri

Issa

une porte de broussailles ;
pour serrure
cet escargot

°
(p.831 : à suivre…)

8 HAIKU d’été – Blyth – p.816-819

15 mai 2011

°
(p.816 :)

yuku mizu ya . take ni semi naku . sôkokuji

Onitsura

l’eau coule,
une cigale crie dans les bambous ;
le temple Sôkokuji

tori mare ni . mizu mata tôshi . semi no koe

Buson

oiseaux peu nombreux,
eaux lointaines ;
la voix des cigales



shizukasa ya . iwa ni shimiiru . semi no koe

Bashô

silence –
la voix des cigales
pénètre les rochers

(trad. Munier :
Silence –
le cri des cigales
taraude les roches)

°
(p.818 :)

shizukasa wa . kuri no ha shizumu . shimizu kana

Shôhaku

tranquillité –
une feuille de châtaignier s’enfonce
dans l’eau claire

semi naku ya . wagaya mo ishi ni . naru yô ni

Issa

les cigales crient tant
que ma cabane va devenir
rocher !

°
(p.819 :)

rai harete . ichiju no yûhi . semi no koe

Shiki

l’orage passé,
le soleil du soir brille sur l’arbre
où chante une cigale

daibutsu no . kanata miya-sama . semi no koe

Buson

Au-delà du Grand Bouddha,
un sanctuaire Shintô,
des cigales stridulent

akiie no . mon ni semi naku . yûhi kana

Shiki

à la porte d’une maison désertée,
une cigale chante
au soleil du soir

°
(p.820- à suivre…)

13 HAIKU d’été – Blyth – p.811-815

15 mai 2011

°
(p.811 :)

sabishisa ya . wazurau ko ni . hotaru-kago

Ryôta

une cage de lucioles
pour l’enfant malade :
solitude

utsusu te ni . hikaru otaru ya . yubi no mata

Taigi

entre les doigts
de la main qui la fit entrer,
brilla une luciole

°
(p.812 :)

kawa bakari . yami wa nagarete . hotaru kana

Chiyo

dans la rivière seule
coule l’obscurité –
les lucioles !



sashiyanagi . hotaru tobu yo to . nari ni keri

Issa

le saule né d’une bouture
est devenu une nuit
remplie de lucioles



mayoigo no . naku naku tsukamu . hotaru kana

Ryûsui

l’enfant perdu,
pleure, pleure, mais il
continue d’attraper les lucioles

°
(p.813 :)

sabishisa ya . isshaku kiete . yuku hotaru

Hokushi

dans l’espace d’un pied
la lumière de la luciole s’éteint –
solitude

yûdachi ni . hashirikudaru ya . take no ari

Jôsô

averse du soir :
les fourmis descendent en courant
le long des bambous

°
(p.814 :)

ari nagasu . hodo no ôame to . nari ni keri

Kuson

cela devint une pluie
assez forte
pour balayer les fourmis

yukue naki . ari no sumika ya . satsukiame

nulle part où aller ;
les logis des fourmis
sous la pluie d’été



haari tobu ya . fuji no susono no . koie yori

Buson

des fourmis ailées s’envolent
d’une petite maison
au pied du Mont Fuji

aogaeru . naku ya wakaba no . tôriame

Rogetsu

les grenouilles vertes coassent
tandis que l’averse passagère
tombe sur les jeunes feuilles

(trad. Munier :
Quand l’averse qui passe
tombe sur les jeunes feuilles
les grenouilles crient)

°
(p.815 :)
amagaeru . bashô ni norite . soyogikeri

Kikaku

la grenouille arboricole
sur la feuille du bananier
se balance et tremble

nabe migaku . oto ni magiruru . amagaeru

Ryôkan

la voix des grenouilles arboricoles
se mêle au bruit des casseroles
qu’on récure

°
(p.816- à suivre…)

35 HAIKU d’été – Blyth – p.798-810

15 mai 2011

°
(p.798 :)

hae utsu ni . hana saku kusa mo . utarekeri

Issa

frappant la mouche,
je frappai aussi
une plante en fleur



hito hitori . hae mo hitotsu ya . ôzashiki

Issa

un humain,
une mouche,
dans la pièce spacieuse

(trad. Munier :
Un humain
une mouche
dans la vaste chambre)

°
(p.799 :)

hae nikkushi . utsu ki ni nareba . yoritsukazu

Shiki

mouches haïssables ;
quand je veux les tuer
elles n’approchent pas !

hae utte . shibaraku yasushi . yojôhan

Shiki

tuant la mouche,
pour un temps, la petite pièce
est calme

°
(p.800 :)

nemuran to su . nanji shizuka ni . hae wo ute

Shiki

je voudrais dormir ;
tuez les mouches
doucement, s’il vous plaît !

hiru no ka wo . ushiro ni kakusu . hotoke kana

Issa

les moustiques du jour,
le Bouddha les cache
derrière lui !

furuido ya . ka ni tobu uo no . oto kurashi

Buson

dans le vieux puits
un poisson saute sur un moucheron :
le son de l’eau est sombre

(trad. Munier :
Dans le vieux puits
un poisson gobe un moustique –
le bruit de l’eau est sombre)

°
(p.801 :)

waga yado wa . ka no chiisaki wo . chisô kana

Bashô

dans ma cabane,
tout ce que j’ai à vous offrir
c’est la petitesse des moustiques



waga yado wa . kuchi de fuite mo . deru ka kana

Issa

dans ma cabane
il suffit que je siffle
pour qu’arrivent les moustiques !



medetasa wa . kotoshi no ka ni mo . kuwarekeri

Issa

de quoi me féliciter :
les moustiques de cette année aussi
m’ont piqué

°
(p.802 :)

ka no koe su . nindô no hana . chiru tabi ni

Buson

la voix des moustiques
chaque fois qu’une fleur de chèvrefeuille
tombe



ka ga chirari . horari kore kara . oi ga yo zo

entrevu un moustique :
dès lors,
le monde des seniors

himabito ya . ka ga deta deta to . fure akuru

Issa

gens oisifs
le bruit se répand
que les moustiques sont là !

°
(p.803 :)

ka mo orazu . demizu no ato no . sabishisa yo

Shiki

même après l’inondation,
il n’y a pas de moustiques :
quelle solitude !

nowake shite . semi no sukunaki . ashita kana

Shiki

après l’orage
peu de cigales
ce matin d’automne

neya no ka no . bun to bakari ni . yakarekeri

Issa

moustique dans la chambre :
un seul zzz
et il brûla !

°
(p.804 :)

kabashira ni . yume no ukibashi . kakaru nari

Kikaku

de l’autre côté des colonnes de moustiques,
le pont flottant
de mes rêves

kabashira ya . futoshiki tatete . miyazukuri

Shiki

des colonnes de moustiques
grosses, épaisses,
comme celles d’un palais



kabashira no . ana kara miyuru . miyako kana

Issa

par un trou à travers
la colonne de moustiques,
on voit
la capitale !

°
(p.805 :)

kabashira ya . natsume no hana no . chiru atari

Gyôdai

colonnes de moustiques
près des fleurs de jujube
qui tombent et se dispersent



yoigoshi no . tôfu akari ni . yabuka kana

Issa

le tofu d’hier soir
brille blanc ;
des moustiques rayés le survolent

°
(p.806 :)

hatsuhotaru . tsui to soretaru . tekaze kana

Issa

la première luciole !
partie, envolée :
le vent seul dans ma main

nigete kite . tameiki tsuku ka . hatsubotaru

Issa

t’échappant ici,
as-tu poussé un soupir de soulagement,
première luciole ?

°
(p.807 :)

kusa no ha wo . otsuru yori tobu . hotaru kana

Bashô

la luciole,
en tombant de la feuille,
s’envola !

owarete wa . tsuki ni kakururu . hotaru kana

Ryôta

pourchassée,
la luciole
se cache dans la lune

(trad. Munier :
Poursuivie
la luciole
se cache dans la lune)

tobu hotaru . are to iwan mo . hitori kana

Taigi

une luciole voltigeant :
« Regarde ! », faillis-je dire ;
(mais) j’étais seul

°
(p.808 :)

ou hito ni . akari wo misuru . hotaru kana

Ôemaru

la luciole
éclaire
son poursuivant

hitotsu kite . niwa no tsuyukeki . hotaru kana

Kirei

une seule luciole s’en vient ;
le jardin
est si couvert de rosée !

°
(p.809 :)

koko kashiko . hotaru ni aoshi . yoru no kusa

Hôjo

ici et là
l’herbe de la nuit est verte
grâce aux lucioles

te no hira wo . hau ashi miyuru . hotaru kana

Banko

la luciole,
quand elle rampe sur ma paume,
je vois ses pattes

hiru mireba . kubisuji akaki . hotaru kana

Bashô

à la lumière du jour
la luciole montre
son cou rouge

akenureba . kusa no ha nomi zo . hotaru-kago

Onchô

à l’aube,
que des herbes
dans la cage aux lucioles

°
(p.810 :)

yo ga akete . mushi ni naritaru . hotaru kana

Aon

quand arrive l’aube,
la luciole devient
insecte

(trad. Munier :
Quand l’aube pointe
la luciole
devient un insecte)

moeyasuku . mata kieyasuki . hotaru kana

Chine-jo

aussi facilement qu’elle luit
elle s’éteint,
la luciole



te no uchi ni . hotaru tsumetaki . hikari kana

Shiki

la lueur
de la luciole
froide dans la main

(trad. Munier :
La luciole –
sa luisance
froide dans la main)

°
(P.811- à suivre…)

7 HAIKU d’été – Blyth – p.771-773

11 mai 2011

°
(p.771 :)

hototogisu . koe yokotau ya . mizu no ue

Bashô

le cri du coucou
passe – ah ! obliquement
sur l’eau

sate wa ano . tsuki ga naita ka . hototogisu

Baishitsu (1768-1852)

Quoi ? Fut-ce la lune
qui chanta ?
un coucou !

°
(p.772 :)

chôchin no . shidai ni tôshi . hototogisu

Shiki

s’éloignant de plus en plus
la lanterne :
la voix du coucou !

yamadera ya . hirune no ibiki . hototogisu

Shiki

du temple de montagne
des ronflements à mi-journée
et la voix du coucou

uo hanete . mizu shizuka nari . hototogisu

Gonsui (1646-1719)

une carpe saute ;
l’eau redevient lisse ;
la voix du coucou

(trad. Munier :
la carpe fit un bond
et l’eau de nouveau lisse –
chant du coucou)

°
(p.773 :)

hototogisu . kao no dasarenu . kôshi kana

Yaha (1662-1740)

un coucou –
j’essayai de voir,
mais le treillis !…

aruki nagara . karakasa hoseba . hototogisu

Issa

marchant le parapluie fermé,
le séchant –
la voix du coucou

°
(p.774- à suivre…)

5 HAIKU d’été – Blyth – p.762-763

9 mai 2011

°
(p.762 :)

asatsuyu ni . yogorete suzushi . uri no doro

Bashô

qu’ils ont l’air frais
les melons tachetés de terre
de la rosée du matin !

(trad Munier :
Tachetés de boue
par la rosée
les melons ont un air frais)

suika hitori . nowaki wo shiranu . ashita kana

Sodô (1641-1716)

matin après la tempête :
seuls les melons
n’en savent rien

(trad. Munier :
Matin d’après l’orage –
les melons seuls
n’en savent rien)

°
(p.763 :)

nusubito no . miru to mo shirade . hiyashi uri

Issa

ignorant
le regard du voleur,
les melons au frais

(trad. Munier :
Oublieux
du regard fixe du voleur
melons au frais)

hito kitara . kawazu to nare yo . hiyashi uri

Issa

si quelqu’un vient,
changez-vous en grenouilles,
ô melons au frais !

kyonen made . shikatta uri wo . tamuke keri

Ôemaru (ou aussi Furukuni – 1719-1805)

les melons
pour lesquels je le grondai l’an dernier,
je les offre maintenant à son âme

(trad. Munier :
Les melons –
pour eux je l’ai grondé l’an passé
maintenant je les offre à son esprit)

°
(p.764 : à suivre…)

22 HAIKU d’été (+ 1 d’automne) – Blyth – p.731-742

5 mai 2011

°
(p.731)

hitotsu nuide . sena ni oikeri . koromogae

Bashô

en enlevant un
et le portant sur mon dos :
le changement d’habits

kojiki kana . tenchi wo kitaru . natsugoromo

Kikaku

le mendiant !
il a Ciel et Terre
pour habits d’été

°
(p.732 :)

koromogae ya . karasu wa kuroku . sagi shiroshi

Chora (1729-1781)

changement d’habits –
le corbeau est noir
le héron, blanc

hirune shite . te no ugokiyamu . uchiwa kana

Taigi

sieste dans la journée –
la main arrête d’agiter
l’éventail

(trad. de R. Munier, in Haïku, Fayard, 1978, p.76 :
Un léger somme –
la main s’arrête qui agitait
l’éventail
)

nikai kara . yanebune maneku . uchiwa kana

Shiki

D’en haut, faisant signe
à une péniche,
l’éventail

°
(p.733 :)

me ni ureshi . koigimi no sen . mashiro naru

Buson

contentant tant l’oeil,
l’éventail blanc si pur
de toi que j’aime tant

yamamizu ni . kome wo tsukasete . hirune kana

Issa

Je fais la sieste,
laissant l’eau de la montagne
battre le riz

°
(p.734 :)

hototogisu . akatsuki kasa wo . kawasekeri

Kikaku (1660-1707)

un hototogisu chante –
à l’aube
on me fait acheter un parapluie

hiya-hiyato . kabe wo fumaete . hirune kana

Bashô

sieste à midi :
posant mes pieds contre le mur,
fraîcheur

°
(p.735 :)

« Sans Réalité (: sincérité, fidélité à la nature, vérité,) il n’y a pas de haïkaï. »
Onitsura. (1660-1738)

motaina ya . hirune shite kiku . taue-uta

Issa

durant ma sieste de mi-journée,
j’entends le chant des planteurs de riz,
et me sens plutôt honteux

shinanoji ya . ue no ue ni mo . taue-uta

Issa

route de Shinano :
plus haut, toujours plus haut,
le chant des planteurs de riz

°
(p.736 :)

sazanami ni . ushiro fukaruru . taue kana

Taigi (1709-1772)

plantant le riz –
vaguelettes,
le vent souffle par derrière

waga kasa ya . taue no kasa ni . majiriyuku

Shikô (1664-1731)

passant,
mon kasa et celui des planteurs de riz
se mélangent

°
(p.738 :)

fûryû no . hajime ya oku no . taue-uta

Bashô

l’aube de la poésie :
le chant des planteurs de riz
dans la province d’Ôshû

okurare-tsu .okuri-tsu hate wa . kiso no aki

Bashô

prenant congé des gens,
étant raccompagné ;
l’automne à Kiso

°
(p.739 :)

yuku haru ya . tori naki uo no . me wa namida

Bashô

le printemps s’en va :
les oiseaux pleurent,
larmes dans les yeux des poissons

yabu-kage ya .tatta hitori no . taue-uta

Issa

dans l’ombre du fourré,
une femme pour elle-même
chante le chant des planteurs

°
(p.740 :)

yabumura ya . bimbô narete . yûsuzumi

Issa

un hameau retiré ;
habitués à leur pauvreté,
assis dans le frais du soir

(trad de R. Munier, Haïku, p.78 :
Hameau perdu –
habitués à leur misère
ils prennent le frais dans le soir)

mi no ue no . kane to mo shirade . yûsuzumi

Issa

fraîcheur du soir ;
ne sachant pas que la cloche
sonne notre glas



mi no ue no . kane to shiritsutsu . yûsuzumi

Issa

fraîcheur du soir
sachant que la cloche
sonne notre glas

°
(p.741 :)

 » Voir est voir directement. Hésitez, pensez-y, et vous vous êtes fourvoyé. »

Ryûtan Sôshin.

sara hachi mo . honokani yami no . yoisuzumi

Bashô

assiettes et bols
faiblement au crépuscule,
dans la fraîcheur du soir

°
(p.742 :)

yûsuzumi . abunaki ishi ni . noborikeri

Yaha (1662-1740)

fraîcheur du soir ;
grimpant sur un
dangereux rocher

tsuki to ware . bakari nokorinu . hashisuzumi

Kikusha-ni (f. 1752-1826)

fraîcheur sur le pont ;
la lune et moi
restons seules

(tr. R. Munier,Haïku, p.78 :
Prenant le frais sur le pont –
la lune et moi
demeurons seuls)

°
(à suivre, p.743)