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je pense à toi
là-bas – là-haut
sur les pentes de la montagne
coupant ton bois fin août
pour ton hiver en ville ?
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d.(28/8/10)
°
je pense à toi
là-bas – là-haut
sur les pentes de la montagne
coupant ton bois fin août
pour ton hiver en ville ?
°
d.(28/8/10)
°
Laissé en partant.
Un ami a écrit un poème noble
me disant adieu comme je retourne dans les montagnes.
Laissez-moi essayer de le chanter de vive voix :
des pommes de pin tombent dans un vent venu du ciel.
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Kodôjin
Se no hikuki
uma ni noru hi no
kasumi kana
One day
Riding on a short-legged horse,
In the haze.
Un jour,
chevauchant un cheval court-sur-pattes
dans la brume
°
Yamadera ya
tsuki-zokonai no
kane kasumu
A mountain temple;
The sound of the bell struck fumblingly,
Vanishing in the haze.
Temple de montagne –
Le son de la cloche frappée maladroitement
s’évanouit dans la brume
°
Hikuki ki ni
uguisu naku ya
hiru sagari
Noon is past;
The uguisu
Sings on a low tree.
Midi passé;
Le coucou chante
sur un arbre bas
Buson
(dans HAIKU de Blyth, p.261-2)
Shibui toko
haha ga kui keri
yama no kaki
kakis de montagne ;
La mère mange
les morceaux astringents
Issa
(dans HAIKU de Blyth, p.231)
Dans le haïku, discerner les mots « pleins » des mots « creux ».
Les mots pleins sont ceux qui donnent du sens, le sens, qui sont « lourds de sens », vivants.
Les mots creux sont ceux qui sont vides de sens, « morts ».
Éliminer les / Se passer des mots « creux », au possible.
(28/10/09)
°
(de chez anna :)
des tuiles des toits
jusqu’à la mer
(1/11/09)
–
Le(s) blanc(s)
que je laisse
dans le haïku,
le lecteur
franchira
(ou pas.)
–
tendre au lecteur
du silence
du vide
…
–
mon haïku :
un bol
présenté
au lecteur
–
S’enfoncer dans le blanc du haïku
Le haïku
est une montagne
enneigée
–
Mettre
le plus de vide possible
dans mon haïku
–
« Oublier »
le plus de mots
possible
–
Vider mon haïku
au possible
–
Laver mon haïku
–
décolorer mon haïku
, le délaver
–
,
l’habit
cent fois porté
cent fois lavé
cf : « Chant de l’habit cent fois fois rapiécé » de Hyegûn, p.98 de Ivresse de brumes, griserie de nuages, NRF/Gallimard, Connaissance de l’Orient, 113, 2006.
°
Le haïku est la possibilité d’un bol
Le haïku est la possibilité de boire
°
– Ne manque-t-il pas quelque chose dans votre haïku ?
– Oui, il y manque ce que vous y mettrez
–
Le haïku est une salle de cinéma vide
–
Il s’agit moins de dire,
que de laisser le lecteur se placer
pour qu’il voie
_
Si tu lui mets trop de mots,
tu lui bouches la vue
–
Les mots
bouchent la vue
du haïku
–
((a)perce)voir)
le haïku
à travers
les mots
–
Les mots
voilent /
cachent /
burqachent ? /
obscurcissent
le haïku
–
les mots-nuages
dissipés,
la montagne-haïku
apparaît
–
Le lecteur
lance sa passerelle
pour franchir ton haïku
–
au lecteur
sa clé
du haïku
–
le haïku comme kôan ?
–
le lecteur trouve
(ou ne trouve pas)
sa solution au haïku
…
–
(le haïku n’est pas une femme facile.)
°
Laisser des blancs
dans le haïku
–
Le haïku est un mi-chemin
Le haïku est un demi-pas
°
Ne mets pas tes lunettes
sur le nez de ton lecteur
°
Crée du vide
dans ton haïku
–
Offre à ton lecteur
un saut
par le vide des mots
°
L’essentiel est de laisser le lecteur
compléter le haïku.
–
Le lecteur franchit la faille
que le haïjin a creusée
dans son haïku
–
Creuse
ton haïku,
Laisse
ton lecteur
creuser
–
Encreuse
–
Toussaint –
Creuse
ton
haïku
–
ensevelis tes mots morts
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écourte
condense
:
haïku sec
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d.(1-2/11/09)
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entre les pans des montagnes
fumée bleue annonciatrice
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roulements de canadairs
premiers confetti cendrés
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monts estompés
par la fumée des feux
la cloche perçante
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une cendre
vient se poser
sur mon carnet
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se mêlant aux herbes
aromatisant les olives :
premières cendres de la montagne
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dans la cuvette
la mer invisible :
fumée descendant des montagnes
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mêlée au pastis
et aux olives
l’odeur du feu dans la montagne
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sur ma main
blanche scorie
d’arbre brûlé ?
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feux de forêt d’un côté
mer de l’autre
– arroser tous les soirs
les plantes brûlées de soleil
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soir gris avec demi-lune
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22 heures
la lune
et UNE étoile
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ce soir l’odeur
du feu de forêt lointain
et de l’encens ici
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… mêler mon encens
au(x) feu(x) de ta forêt …
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l’encens qui se consume
décrit une arabesque
– bâton de pélerin
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ce soir
l’encens que se dédouble –
rêvant à toi
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ce matin
l’air bleu de la montagne
– feux de forêts lointains
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bleu de brume incendiaire
le matin levé
descend (de) la montagne
la pluie du feu
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ce matin encore dès l’aube
l’odeur fine de charbon de bois
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Castillon, 6-8 août 2003.