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À Shirahama
la brise fraîche des pins
agite les manches
d’une jeune fille qui revient
de se baigner dans la mer
°
Kodôjin
°
À Shirahama
la brise fraîche des pins
agite les manches
d’une jeune fille qui revient
de se baigner dans la mer
°
Kodôjin
Na-no-hana ya
kujira mo yorazu
umi kurenu
Flowers of rape;
No whale approches,
The sea darkens.
Fleurs de colza;
Nulle baleine n’approche,
La mer s’assombrit.
Buson
(dans HAIKU de Blyth, p.260)
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pieds nus
le sable
la mer
–
insomnie :
demain
la plage
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d.(19/9/9)
(Photographie)
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Les jumelles s’exclament :
C’est Juliette Poisson,
notre amie de la mer !
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d.(Recoules, 2/9/99)
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La paire du maire
perdue en mer
horreur ! mordue
par l’heure erre due
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d.
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entre les pans des montagnes
fumée bleue annonciatrice
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roulements de canadairs
premiers confetti cendrés
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monts estompés
par la fumée des feux
la cloche perçante
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une cendre
vient se poser
sur mon carnet
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se mêlant aux herbes
aromatisant les olives :
premières cendres de la montagne
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dans la cuvette
la mer invisible :
fumée descendant des montagnes
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mêlée au pastis
et aux olives
l’odeur du feu dans la montagne
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sur ma main
blanche scorie
d’arbre brûlé ?
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feux de forêt d’un côté
mer de l’autre
– arroser tous les soirs
les plantes brûlées de soleil
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soir gris avec demi-lune
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22 heures
la lune
et UNE étoile
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ce soir l’odeur
du feu de forêt lointain
et de l’encens ici
°
… mêler mon encens
au(x) feu(x) de ta forêt …
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l’encens qui se consume
décrit une arabesque
– bâton de pélerin
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ce soir
l’encens que se dédouble –
rêvant à toi
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ce matin
l’air bleu de la montagne
– feux de forêts lointains
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bleu de brume incendiaire
le matin levé
descend (de) la montagne
la pluie du feu
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ce matin encore dès l’aube
l’odeur fine de charbon de bois
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Castillon, 6-8 août 2003.
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mon portable
posé
sur ton silence
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La cloche de 11 heures remue l’air du village
un courant de vent passe
remuant arbres, plantes, pages du livre
sur la terrasse
vers le soleil et la mer
L’on boit de grands verres d’eau
quelquefois teintée …
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11 heures 30
la cloche sonne
dans nos portables
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12 heures
L’église continue d’égrener son chapelet de coups sonores
je vois d’ici le battant qui oscille vers le silence
puis mes mots, comme des mouches aveugles, continuent d’avancer sur le papier
vers toi
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(5 août 2003)
SUITE TUNISIENNE
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une mouche tunisienne
sur la vitre du bus
vers Monastir
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cinquième étage – clim
et vue plongeante
sur la piscine de l’hôtel
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petit bassin :
deux jeunettes –
et deux dauphins
au fond
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grosse chaleur
deux jeunettes
sous l’eau s’enlacent
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Nuit de fiançailles –
Personne dans la piscine
que des dauphins peints au fond
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au vu de tous
la fiancée s’évente
sur son estrade
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Soseki
en vacances avec moi
– Tunisie
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s’endormir
aux sons de l’orchestre
des fiançailles
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fiançailles terminées
l’on replie les chaises
– lune rousse
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fiançailles terminées
les cigales
et un coq
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cigales,
clim –
la rondeur de la nuit
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premiers appels des minarets
au milieu des coqs
et des cigales
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gare à la bagarre !
le bleu va de nouveau
triompher
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le bleu
partout va renaître
– piscine
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déjà la chaleur
sur les dernières pentes de la nuit
– la clim à fond
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la clim
et dormir nu –
cigales et coq
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les tables rangées
la lune repartie
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ce qui ressort de cette nuit :
le palmier
au milieu de l’hôtel
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ce qui reste de cette nuit :
fragrance des fleurs d’orangers
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insomnie –
mais l’odeur des fleurs d’oranger !
la mer s’allume
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les muezzins recouchés ?
coqs,
de loin en loin
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arceaux et crénelures
coqs et cigales
sur Monastir
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le dos des dauphins arrondis
au fond des deux bassins
en forme de haricots
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dernier ressort d’un coq –
les grues allumées
et le phare du port
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cinq heures du matin
dans l’ascenseur de l’hôtel
une grosse fourmi
et moi
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fleur d’oranger
sous ma narine
le jour se lève
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deux chats matinaux
vers la mer
un avion vient se poser
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l’heure exquise
de flore immobile –
premières ondulations chantées
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la » boutique dromadaire »
déjà allumée
un chat saute d’une poubelle
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un homme à petits pas joggés —
le rouge du soleil qui monte
juste au coin de la mer
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cinq heures du matin
à Monastir
déjà bien des gens
à la baignade
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une tente de police fermée
sur la plage –
femmes qui entrent habillées
dans la mer
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robes
et châles
des femmes
à la mer
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grosse fourmi
à longues pattes
sur mon pied –
insensible
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une chaussette à la mer
et un voile –
Monastir
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une serviette verte
à sécher au balcon
fait signe au loin
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les anses
du sac plastique
bougent
sous le ventilo
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dans les champs clairs
l’ombre noire des oliviers
sous la pleine lune
(El Jem – Monastir)
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l’enfant tunisien
qui shoote dans le melon
qu’il rapporte
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chassant avec un chiffon
les mouches de ses fruits
– marché couvert
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de son rocher
un chat guetteur
se retourne
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où tu vas
les mots
(partout)
dans tes poches
– liberté
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un bambin sur la terre poussiéreuse
un âne sous l’olivier
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cinq dinars
brillant
au fond de la piscine :
dernier cadeau de Monastir
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en panne
dans un no man’s land –
chaleur d’oliviers
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l’ombre d’un nuage
au centre d’un lac
– retour
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des feux à terre clignotent
suivant la progression de l’avion
– soleil
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Paris-Monastir-Paris, 11/13-7-2003.