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» N’importe qui peut aligner des mots les uns derrière les autres. La langue, celle de tous les jours, est comme une planche à laver. Écrire, c’est autre chose. Cela ressemble à une cadence perpétuelle au bord extrême d’un gouffre. Jusqu’à ce jour, je n’avais encore jamais écrit une ligne. J’ai passé mon temps à frotter des vêtements, des vêtements sales. D’abord, je dois trouver qui je suis, d’où je viens, où je vais, pourquoi je suis ici. Il faut que je me transforme en orphelin, que je m’apprenne ma propre langue, que j’arrête de prendre des leçons de musique, et ainsi de suite. D’abord, je dois me débarrasser de tout ce bagage que j’ai accumulé… Je veux dire : de la littérature. »
Henry Miller, in Nexus (2), Éd. Autrement, 2004.
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