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« En Occident, l’expérience poétique originelle + les réactions intellectuelles et émotionnelles du poète = le poème achevé. Mais, dans le haïku, l’expérience originelle – la réaction personnelle du poète = le haïku achevé. »
: Eric Amann, in Le Poème sans mots, éd. gammes, 2006, p.14.
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: (C’est) en ce sens (que) l’on abstrait déjà le « je » du haïku.
Dans le haïku, certains exaltent la présence du « je » : c’est un contresens ontologique.
Le commentaire (intellectuel, émotionnel…) de l’auteur de son haïku le fait basculer vers/dans le tanka, ou le senryû…
Le « haïjin » invite le lecteur à partager (la beauté (?), la grandeur (?), l’émotion (?) d’) un moment en ne lui montrant que ce moment. Il lui dit : vois, écoute, sens, goûte… Il n’a pas besoin d’ajouter « avec moi » : c’est inclus, sous-entendu, évident ; ce serait banal, plat, inutile (puisqu’évident) et alourdissant de le dire – écrire!
Bashô cherchait « karumi », la légèreté. Abstraire un peu plus le « je » de l’auteur va aussi dans le sens, est aussi le sens de cette légèreté.
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Le NON-JE du haïku…
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(Kyôku mou – ah !):
Le moi est lourd
le moi est gourd
le moi nous bourre
le mou
ah !
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Dire exactement ce que l’on voit…
(: l' »ascèse » de) Retourner vers le réel –
Que « dire » ne trompe pas le réel / le vu… / le vécu !
Témoigner sans ajouter (son affect, sa pensée,…), sans fantasmer…
Coller au (plus près du) réel.
Le haïku, c’est l' »art » du vrai.
Mais que l’Art au Naturel s’accole !
Le réel décolle tes mots,
recolle les mots (du vrai),
c’est le miroir (chaque matin) essuyé…
Zénifie ton haïku !
L' »ascèse », c’est de débroder,
de ne pas déborder du réel…
Pour moi, le haïku
est définitivement
« zénifiant »
(voire… « zénificateur » !…)
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D.(14/12/11)