Recensions à propos de « Kyôku, Kyôka, Kyôbun »,
à travers les ouvrages suivants :
– La Littérature Japonaise, par R. Bersihand, PUF, 1957, p.62.
– Un haïku satirique, le senryû, par J.Cholley, POF, 1981, p.15, 46, etc.
– Pour avoir des renseignements sur tous ces genres (« secondaires » au haïku), on pourra consulter l’Histoire de la littérature japonaise T.2, par Schuichi Kato, Fayard, 1986, p. 246-259.
– Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu de Hokusai, In Medias Res, 2000
– Writing and Enjoying Haiku, by Jane Reichhold, Kodansha Int., 2002
– L’Anthologie poétique en Chine et au Japon , revue Extrême-Orient – Extrême-Occident, n°25, p.139-163 : « Les recueils comiques de kyôka » par Daniel Struve,PUV Saint-Denis, 2003.
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– In La Littérature Japonaise, par R. Bersihand, PUF 1957,
p.62, on peut lire :
« On doit signaler encore deux genres secondaires : le « kyôka » (« poésie folle »), une sorte de « tanka » comique, et le kyôku (« vers fous »), ou « senryû », un « haïkaï » humoristique. (…) Ce sont souvent des parodies de poèmes réputés. Le « kyôka » existait dès le XII° siècle; il se développa au XVI° siècle, et fleurit dans la période Tokugawa. Le « kyôku » apparut à cette même époque. Tous les deux connurent la plus grande faveur au XVIII° siècle.
Enfin, de même que le « haïbun » correspond au « haïkaï », de même au « kyôka » correspond le « kyôbun » ou « ‘composition folle ». Ce dernier est pratiqué par les poètes de « kyôka » et par les auteurs de romans comiques, tel Samba. »
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Le dernier paragraphe de l’Histoire de la Littérature japonaise par Schuichi Kato, Tome 2, Éd Fayard / Intertextes, 1986, isbn 2-213-01709-3, s’intitule : » la littérature du rire « . Il couvre les pages 246 à 259.
En voici quelques extraits :
» La tragédie des pièces où il était question de double suicide fut compensée par l’humour des vers comiques (kyôku et kyôka) et par des histoires drolatiques (kobanashi). » (p.246).
» Nous trouvons 3 formes principales de littérature humoristique dans la 2° moitié du XVIII° siècle; aucune n’était nouvelle. Les origines du « kyôku » (sorte de « haïku » humoristique) remontent à l' »Inu tsukubashû » et celle du kyôka (« poésie folle », forme humoristique de « tanka ») aux poèmes drolatiques dits « odoke uta » de l’époque de Heian.
Quant aux histoires dites « kobanashi » …, les « chônin » et les samouraïs qui écrivaient des vers humoristiques se prévalurent de ces formes établies, en amplifièrent les thèmes et en modifièrent, dans une certaine mesure, le caractère de l’humour pour en faire une forme culturelle qui convienne à l’époque et qui en soit caractéristique. » (p.248).
» Karai Senryû (1718-1790), chônin d’Edo, publia en 1765 la première partie du recueil de « kyôku » intitulé Haifû yanagidaru ;
Kimura Bôun, samouraï de rang inférieur et poète de « kyôka » ( 1719-1783) réunit une anthologie de kobanashi qui fut publiée en 1773 (…) et
Yomo no Akara (1749-1823) compila en 1783 une des premières anthologies de « kyôka », le Bansai kyôkashû (Recueil d’une kyrielle de kyôka)…
Senryû réunit encore 23 compilations vers la fin de sa vie ; et que 167 autres recueils aient été créés témoigne de la popularité de cette forme. On donna à ce genre de vers le nom du poète, et désormais on connaît les kyôku sous la désignation de senryû.(…). Les thèmes, pour la plupart, sont ceux de la vie quotidienne d’Edo, mais on y trouve également des vers au sujet des personnages célèbres du No, du kabuki et de classiques populaires, comme le Taikekiki et l’Ise monogatari.
Les thèmes de la vie bourgeoise sont multiples, y compris les rapports familiaux (entre mari et femme, parents et enfants, épouse et belle-mère), coiffeurs, menuisiers, moines itinérants, nourrices, servantes, réunions bouddhiques pour prière en commun, pièces de théâtre, aliments et boissons. » (p.248/9)
» Voici un vers bien connu au sujet d’une union qui laisse à désirer :
Tana naka de / Shiranu wa teishu / Hitori nari
Dans le quartier, / un seul l’ignore – / le mari
Mais la vaste majorité des senryû traite des rapports sexuels. Dans beaucoup d’entre eux l’action se déroule dans le Yoshiwara (= quartier des plaisirs d’Edo) ; certains autres traitent du double suicide. D’autres encore concernent les femmes de la cour shôgunale, leurs aphrodisiaques, godemichés et appareils anticonceptionnels. Il ne s’agit presque jamais de la vie paysanne ou du paysage des provinces… Le chônin d’Edo, tel que les senryû le révèlent, se suffit à lui-même, est oublieux du monde à venir et fort peu conscient de celui en dehors de la ville. » (pp.249/50)
» Pourtant on se moque également des samouraïs…
On trouve également des satires au sujet de moines et de médecins :
Isha shû wa Jisei wo homete Tataretari
Ayant loué le dernier poème° du défunt, le médecin s’en va.
° = Jisei = poème de mort (cf aussi : Japanese Death Poems, le livre de Yoël Hoffmann paru aux éd. Tuttle, 1986, isbn 0-8048-3179-3, et en grande partie traduit par votre serviteur : cf http://.haicourtoujours.wordpress.com ).
» Il est évident que les senryû et les kobanashi ont des similitudes de thèmes et d’humour. On trouve jeux de mots, plaisanteries sur le quotidien, et légers malentendus psychologiques, railleries peu sévères, anachronismes délibérés; et, à l’occasion, on se moque des conventions sexuelles… (p.252)
» Les kyôka étaient quelque peu différents de ces formes. L’époque la plus connue pour ces versions comiques de tanka est sans doute celle de Temmei (1781-1788), pendant laquelle elles jouirent d’une grande popularité parmi les intellectuels guerriers et certains chônin littéraires. À la différence des senryû, les kyôka étaient attribués à des poètes spécifiques lorsqu’ils furent réunis dans des recueils (…) Les noms des poètes les plus célèbres de l’époque se trouvent dans le recueil Azuma-buri kyôka bunko (Recueil de poèmes comiques à la manière d’Azuma), publié par Yadoya no Meshinori, agrémenté de portraits par Kitao Masanobu et de calligraphies du pinceau de Yomo no Akara. On y trouve le portrait de 50 poètes accompagné d’un kyôka de chacun. » : pp. 252/3.
(C’est le principe exact du livre Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu, illustré par Hokusaï ; éd. In Medias Res, 2000; isbn 2-9511719-1-9 = un kyôka et le portrait de son auteur.)
» La moitié étaient des samouraï, l’autre moitié des chônin. (…) Des kyôka furent aussi écrits par des savants (…), par des peintres de l’école Kanô, par des acteurs (…) et par des courtisanes. » : pp.253/4
» Il fallait, pour écrire des kyôka, une certaine instruction littéraire, ce qui imposait des limites à leur popularité parmi les chônin. (…) La forme préférée du kyôka était la parodie de tankas célèbres » : p.254.
» Nous avons déjà dit que les kyôka pouvaient comporter la critique politique et la satire sociale, mais à quelques rares exceptions près, la poésie lyrique japonaise avait évité le commentaire politique et social et les kyôka, en général, se conformèrent à la tradition. Le domaine de la poésie comique, comme celui du waka, était celui de tous les jours, s’intéressant surtout au monde d’ici-bas, dominé par les valeurs ordinaires et hédonistes. Et là, les kyôka n’étaient pas différents des senryû. Les soucis principaux des poètes de kyôka étaient l’amour, le vin et l’argent. (…)
Yo no naka wa
Itsu mo tsuki yo ni
Kome no meshi sate
Mata môshi
Kane no hoshiki yo
Que veut-on de plus en ce monde ici-bas
Qu’un bol plein de riz et une nuit au clair de lune ?
De l’argent !
(: Yomo no Akara). « .
» Les senryû abondent en descriptions concrètes de coutumes et de choses, alors que les kyôka ont tendance à être de caractère plus général et abstrait. Les descriptions de l’amour, dans les kyôka, par ex., utilisent des moyens plus détournés que ceux des senryû : le premier est de manière caractéristique ironique au sujet du poète et de sa vie, le second l’est rarement. Les kyôka traitent des aspects fondamentaux et constants de la vie humaine; et non pas de moments individuels, d’incidents et de phénomènes fortuits. On pourrait même dire que les senryû traitent des expériences d’un jour particulier et d’un lieu spécifique, alors que les kyôka portent sur les expériences de la vie entière. Cela révèle comment les poètes de kyôka étaient en mesure de se situer en dehors de leur expérience personnelle de la vie, tout en restant dans un système social apparemment permanent et inéluctable » (p.256).
» Le terme « sharenomesu » (tourner tout en plaisanterie) résume à lui seul ce genre de poésie. À n’en pas douter, les poètes de kyôka étaient le fruit de cette société qui prisait tant le drôle.
À l’époque, aucune croyance religieuse n’empêchait les poètes de kyôka de considérer leur propre mort dans la même optique. (…)
Kueba heru
Nebureba samuru
Yo no naka ni
Chito mezurashiku
Shinu mo negusami
Manger, avoir faim, / Dormir, se réveiller, / C’est normal. / En ce monde ici-bas, / Mourir sera sans doute un divertissement
: Hakurikan Bôun.
C’est le poème composé sur son lit de mort par un poète de kyôka perspicace. La plaisanterie l’emporte sur le trépas. L’humour face à la mort … (…) Dans la littérature japonaise, c’est chez les poètes de kyôka de la fin du XVIII° siècle que cette tendance arrive à son apogée dans ces poèmes qui constituent les meilleurs exemples de la littérature humoristique nippone. La popularité des senryû et des kyôka dura jusqu’au milieu du XIX° siècle.
(…)
Les limites de l’humour japonais avaient été atteintes à la fin du XVIII° siècle, et la drôlerie ne devait plus jouer un rôle si essentiel dans la culture. Au XIX° siècle, notamment vers son milieu, le gouvernement des Tokugawa fut ébranlé par des problèmes domestiques et des menaces extérieures. Les tentatives pour plaider en faveur du système ou l’attaquer n’eurent rien de drôle. » (p.257/9)
(: Fin de l’Histoire de la Littérature japonaise, par Shuichi Kato, t.2, Éd. Fayard, 1986.)
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In : Le Char des poèmes… d’Hokusai :
(p.13) : de Sanshûro Katamaru :
Hisakata no / hikari nodokeki Saho hime no / Goten.yama yori / kasumu akebono
Lumière douce de l’aube / de la belle Saho / voilée par la brume / du mont du Palais
Note 27 (p 35) :
La parodie part d’un makura-kotoba (« Hisakata no ») évoquant un poème de Ki no Tomonori :
Hisakata no / hikari nodokki / haru no hi ni / shizu kokoro naku / hana no chiruramu
La lumière douce / du jour printanier / Pourquoi donc ne cessent de tomber / sans sérénité / les fleurs de cerisier
Il évoque aussi un autre poème de type haïkaï-renga, compilé par Sôkan vers 1530-1535 :
La frange de son habit de brume / est légèrement humide / La déesse du printemps Saho / debout répand son urine°
° « cette comparaison insolite exprime une esthétique expressionniste plutôt inhabituelle. La manière est caractéristique du premier recueil de Sôkan avec ses allusions crues voire scatologiques. (Il fut suggéré) que le compilateur Sôkan manifestait son anti-conformisme face à l’art élégant des poésies « en chaîne » (renga), en plaçant ce poème outrancier en tête de recueil. Il reflétait ainsi la réalité sociale d’une époque instable et tumultueuse. » (p.36).
De Yashiki no Katamaru (p.20) :
Sakinarabu / aki no hiina no / kamuro-giku / hana koso hoshi no / hayashi kata nare
traduit ainsi (à cause des polysémies, doubles sens,…) :
Elles s’alignent épanouies
en ces jours d’automne / telles des poupées d’automne
les petites kamuro-giku / les apprenties courtisanes°
leurs fleurs telles des étoiles°° / c’est de l’argent qu’elles veulent
foisonnent / disent les musiciens°°°
° Kamuro, chrysanthème; ou jeune ou petit (kamuro-giku, petit chrysanthème… Kamuro-giku est le nom donné à la coiffure des fillettes dont les cheveux sont coupés au niveau des épaules. Dans les quartiers de plaisirs, le terme désigne une fillette de 6 à 14 ans, faisant l’apprentissage de son futur métier auprès d’une courtisane de rang élevé. (note 75).
°° Les 2 derniers vers multiplient les doubles sens. Hana, fleur, argent que le client distribue sous forme de cadeaux dans les quartiers de plaisir. « Hoshi » : étoile, je veux. « Hoshi no hayashi » : forêt d’étoiles – métaphore très répandue depuis le VIII° siècle et qui se encontre dans le Man.yôshû. (note 76)
°°° « Hayashi kata », musiciens accompagnant au tambour ou à la flûte les représentations théâtrales de nô, de kabuki ou de fêtes populaires. Ce kyôka évoque le « oiran doshu », cortège de courtisanes renommées accompagnées de kamura et de hayashi-kata qui se déroulait le 1° jour du 8° mois (en plein automne), à Yoshiwara, quartier de plaisirs d’Edo où vivaient courtisanes, artistes et éditeurs. » (note 77)
De Matsutake no Kasabito (p.22) :
Surusumi mo / urami nigoreru / urokogata / waga tsuno moji o / fumi ni shirasen
traduit ainsi :
Je prépare l’encre / Un cheval tout noir
toute noire des rancoeurs / le célèbre Surusumi °
En forme d’écailles °° / débordant de rancoeur
Ma lettre d’amour / foulera de ses pieds
vous fera avoir mon coeur / ma lettre d’amour
° note 90: » Surusumi : encre qu’on broie et nom du célèbre cheval noir. Minamoto no Yoritomo, fondateur du bakufu ( premier shôgunat) de Kamakura en 1192 offrit 2 de ses plus beaux chevaux à ses deux sujets Sasaki Takatsuna et Kajiwara Kagesue (ce qui occasionna une grande rivalité entre eux)…
°° note 91 : Uroko-gata. Motif d’écaille triangulaire apparaissant sur le costume du théâtre nô du personnage de la femme jalouse. Ce kyôka fait allusion au haïku composé par Matsuo Bashô (in Edo Sangin, 3 récitations à Edo) :
Kobuton ni / daija no urami / uroko-gata
Le petit coussin / Le gros serpent, sa rancoeur / en forme d’écailles
En continuant de compulser Le Char des poèmes Kyôka de la rivière Isuzu, choix de Senshûan °, illustré par Hokusai, les notes de fin d’ouvrage m’en apprennent de bien bonnes :
° Note 4 : Senshûan, pseudonyme du poète Sandara-hôshi (1731-1814), de son vrai nom Akamatsu Masatsune. Avant de se consacrer au kyôka, il s’intéressait alors plutôt au conte humoristique (shôwa, kyogen) mais semblait entretenir de bonnes relations avec les poètes de kyôka dont Karogoromo Kisshû (1734-1802). () Il dirigea un groupe de poètes et se distingua comme l’un des meilleurs poètes de kyôka. Sa poésie se caractérise par l’humour et l’équilibre…
Note 2 : « Kyôka, litt. poésie folle. La forme est celle du waka de 31 syllabes (5+7+5+7+7) mais les sujets traitent de la vie quotidienne d’une façon anticlassique. Ce genre requiert une large connaissance de la littérature en général comme de l’art et de la rhétorique propre à la parodie (mots-pivots polysémiques, homophonies et homographies, compositions complexes et astucieuses). Cette tradition qui remonte au VIII° siècle, se développe à l’époque Kamakura pour connaître son apogée à l’épque Edo. »
Note 25 : Les 4 saisons … posent les règles du concours : provocation, maîtrise technique absolue des poésies en chaîne (pastiche, jeux de symétrie, polysémie…), attachement à la littérature classique et à l’érudition *, comparaison et identification implicite avec l’un des six poètes sacrés (Rokkasen).
Note 32 : » Le moine Kisen est l’un des 6 poètes du Parnasse japonais ou 6 poètes immortels (Rokkasen) avec Ariwara no Narihira, le moine Henshô, Ôtomo no Kuronushi, Bunya no Yoshihide et la poétesse Ono no Komachi. »
* en ce sens, on pourrait dire que le poème de Jean Monod, cité page 14 de l’anthologie du haïku en France, éd Aléas 2003, est un kyôku, qui – sans le nommer – cite Mallarmé :
» L’absente de tout / bouquet la voilà me dit-il / en se montrant l’aube »
Note 16 : Tsutaya (ou Tsuta-jû, abrégé de Tsutaya-Jûzaburô, 1750-1797) de son nom, Kôshodô, libraire et éditeur, grand amateur des arts et amis des lettrés, tels (entre autres) Utamaro et Hokusai, était aussi leur mécène. Il publia un grand nombre de livres et d’estampes (…) Son succès le porta au 1° rang des éditeurs d’Edo (pendant environ les 15 dernières années du XVIII° siècle, « qui coîncidaient avec l’âge d’or du kyôka.) Tsutaya édita plusieurs recueils de kyôka dont la présente anthologie, illustrée par Hokusai. »
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(À suivre … avec quelques exemples de ces kyôkas qui très souvent se réfèrent à, font allusion à, s’inspirent de, évoquent, parodient, pastichent d’autres poètes que ceux cités plus haut, tels Sôkan, Saigyô, Murasaki Shikibu, Sagami – une des 36 poètes immortels (sanjû Rokkasen) – et aussi Bashô, etc. et/ou font intervenir polysémies, etc.)
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Pour ajouter à mes « Plus sur le kyôka », celui-ci, de Iso no Wakame, p.16 du Char des poèmes kyôka de la rivière Isuzu (: op.cit.) :
Todokanedo / tatsuru misao o / uki hito no / kumite shirekashi / horiido no mizu
Même hors d’atteinte / voici mon coeur fidèle ° / Et toi coeur léger / puise °° et sache / cette eau du puits profond
° : « Misao o tateru » = jurer fidélité ou amour à quelqu’un. Le terme « sao » désigne la perche employée pour mesurer la distance, la hauteur et la profondeur. »
°° : « Kumite » = considérer les désirs de quelqu’un. Ce kyôka parodie un poème de Saigyô in Sanka shû (Recueil de la hutte des montagnes) :
Kumite shiru / hito mo aranan / onozu kara / Horikane no i no / oko no kokoro o *
En puisant de l’eau / sans doute comprendra-t-il / par lui-même / la sincérité du coeur profond / comme l’eau au fond du puits **
* Note du compilateur :
« o », n’est-ce la profondeur (de l’eau) du puits, cette unique allitération, cette unique voyelle la bouche en (« o » du) puits, du dernier vers (mais aussi progressivement tout au long du kyôka =
0 en première ligne
2 en deuxième
2 en troisième
3 en quatrième
7 en cinquième
?)
** le puits de Horikane, situé dans la province de Musashi est un « uta-makura ».
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Le terme « kyôku » fut revu après la lecture de Writing and Enjoying Haiku (A Hands-on Guide) ; Kodansha International Ed., 2002, pages 154/155 de Jane Reichhold, isbn 4-7700-2886-5.
Au chapitre « Kyôka : Really Mad Poetry » (« Kyôka : une poésie vraiment folle ») : « C’est le côté non-sérieux du tanka… En fait, on utilise le terme également pour des poèmes parfaitement sérieux, qui traitent de l’écriture d’écrivains écrivant sur la forme… En anglais, nous n’avons pas encore fait la distinction entre le tanka sur des sujets plus légers ou le tanka à propos de l’écriture du tanka, mais continuons d’utiliser le même terme pour les deux occurrences. »
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In L’Anthologie Poétique en Chine et au Japon, Extr.Orient-Extr.Occident, P.U.V. 2003 : l’article de Daniel Struve « Les recueils comiques de kyôka », p.139-163 :
« Très en vogue dans les milieux lettrés de la fin du XVI° siècle, le kyôka connaît alors un véritable âge d’or. (…) Matsunaga Teitoku (1571-1657), disciple de Hosokawa Yûsai et rpincipal promoteur du haikai est aussi considéré comme le fondateur du kyôka de l’époque d’Edo. » (p.140-141)
Le résumé de cet article dit : « Dans le Japon de l’époque d’Edo, l’introduction de l’imprimerie et le succès des genres poétiques comiques du haikai et du kyôka donnent lieu à la compilation de nombreux recueils. L’article retrace l’évolution des recueils du kyôka à partir du milieu du XVII° siècle jusqu’à l’apogée du genre à l’ère Tenmei (1781-1791), en relevant le statut ambigu que conserve tout au long de son histoire ce genre poétique… »
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: Compilé par Daniel Py, (mai 2007- octobre 2013).