°
(p.1056 :)
au cri de la grue,
le bananier va sûrement
se déchirer !
Bashô
–
les rayons du soleil couchant
passent à travers le bosquet de pins rouges ;
une pie-grièche crie
Bonchô
°
(p.1057 :)
maintenant que les yeux des faucons
se sont obscurcis dans le soir,
les cailles carcaillent
Bashô
–
ah, cette demeure !
souvent le pivert
en piquera les piliers !
Bashô
°
(p.1058 :)
au fin fond de la forêt
le pivert
et le bruit de la hache
Buson
–
le pivert
reste au même endroit :
fin du jour
Issa
–
oiseaux de passage,
pour moi aussi maintenant,
ma vieille maison
n’est qu’un logis pour la nuit !
Kyorai
°
(p.1059 :)
la bécassine s’éloigne –
les ridules
de la houe qu’on lave
Buson
–
les chardonnerets sifflent
sur la haute berge ;
de petits nuages flottent par-dessus
Chinseki
–
les sons de petits oiseaux
sur le toit incliné :
quel plaisir !
Buson
°
(p.1060 :)
la libellule rouge
décide
du début de l’automne
Shirao
–
elle a teint son corps
d’automne,
la libellule !
Bakusui
–
fils éphémères
de gaze cramoisie :
les libellules !
Gotei
°
(p.1061 :)
sous la lune d’automne
les ailes de la libellule
sont immobiles
Môen
°
(p.1062 :)
la libellule
a tenté en vain de se poser
sur une tige d’herbe
Bashô
–
libellules
sur les pointes de la barrière,
dans les rayons déclinants du soleil
Buson
–
sur le bambou
qui marque l’endroit de la mort d’un homme,
une libellule
Kitô
°
(p.1063 :)
autour des cordages du bateau
les libellules vont et viennent
sans cesse
Taisô
–
vieilles tombes ;
des libellules rouges volettent
sur les anis desséchés
(auteur inconnu)
–
quelle beauté !
les anis
fleuris sous la pluie
Buson
–
libellules
dans un village sans histoire
à midi
Kyoshi
–
au soleil du soir
l’ombre légère des ailes
de la libellule
Karô
°
(p.1064 :)
entre la lune qui se lève
et le soleil qui se couche,
les rouges libellules
Nikyû
–
la libellule
s’accroche au mur ;
soleil de l’ouest
Senka
–
la danse des libellules :
tout un monde
dans le soleil couchant
Kigiku
°
(p.1065 :)
la libellule
se penche vers l’eau –
soleil du soir envahissant
Kempû
°
(p.1066 :)
la libellule :
cinq ou six pieds au-dessus,
c’est son ciel !
Ryôta
–
la libellule,
rapide vers la montagne lointaine,
rapide à revenir !
Akinobô
–
la libellule
perchée sur le bâton
pour la frapper !
Kôhyô
–
la libellule,
n’approchant pas des fleurs,
mais sur la pierre !
Kôjôdô
°
(p.1067 :)
la libellule
goûte à quelque chose
en haut de ce pieu
Eiboku
–
le visage de la libellule
n’est pratiquement rien d’autre
qu’yeux !
Chisoku
–
sois un bon garçon,
et surveille bien la maison,
ô grillon !
Issa
–
le roitelet
regardant de-ci de-là :
« perdu quelque chose ? »
Issa
°
(p.1068 :)
quelle pitié !
sous le casque
chante un grillon
Bashô
–
sauterelle,
ne piétine pas
les perles de rosée claire !
Issa
°
(p.1069 :)
dans la cabane du pêcheur,
au milieu de crevettes séchées,
des grillons chantent
Bashô
–
Je sors maintenant ;
soyez sages et jouez ensemble,
grillons !
Issa
–
ma hutte, la nuit ;
le grillon
farfouille
Issa
°
(p.1070 :)
un grillon monte
le long de la crémaillère
quelle nuit froide !
Buson
–
je vais me retourner ;
méfie-toi,
grillon !
Issa
–
mon ombre pénètre dans le mur
cette nuit d’automne,
un grillon chante
Ryôta
°
(p.1071 :)
les moustiques d’automnes
me piquent,
prêts à mourir
Shiki
–
mourant,
et d’autant plus bruyantes,
les cigales de l’automne
Shiki
°
(p.1072 :)
de quelle voix,
et quelle chanson chanterais-tu, araignée,
dans cette brise d’automne ?
Bashô
–
le « cerf-de-rivière » * chante :
dans ma manche,
mon bon vieux briquet
Buson
* kajika, une sorte de petite grenouille noire.
–
incité par le bruit de la rivière,
le « cerf-de-rivière »
se met à chanter
Ryôto
°
(p.1073 :)
claire lune d’automne :
dans l’ombre,
des voix d’insectes
Bunson
–
me réveillant la nuit,
ma toux se mélange
au bruit des insectes
Jôsô
–
regardant fixement
mon ombre –
la voix des insectes
Shiki
–
ah, insectes, insectes,
vos cris vous libèrent-ils
de votre karma ?
Otokuni
°
(p.1074 :)
la couche nocturne du mendiant
est vivante et joyeuse
de la voix des insectes !
Chiyo-ni
–
la couleur-son
des insectes tombant
sur les feuilles
Chora
°
(p.1075 :)
nous écoutons
insectes
et humains
d’une oreille différente
Wafû
–
même chez les insectes
certains chantent bien,
d’autres pas
Issa
°
(p.1076 :)
la voix des chenilles masquées :
venez dans ma cabane
et écoutez-les chanter !
Bashô
°
(p.1077 :)
des insectes crient ;
un trou dans le mur,
pas vu hier !
Issa
–
des insectes chantent ;
la lune se lève,
le jardin s’assombrit encore
Shiki
°
(p.1078 :)
le vieux chien
semble impressionné par le chant
des vers de terre *
Issa
* dans le Japon ancien, on pensait que les vers de terre chantaient. On dit que ce fut par confusion avec la voix de la courtilière (« grillon souterrain »).
–
il fait plus froid ;
le chant du ver-de-terre aussi
s’affaiblit chaque soir
Issa
°
(p.1079-1130 : à suivre : ARBRES ET FLEURS)