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ISSHO
(mort le 6è jour du 12è mois de 1688, à 36 ans)
Du fond de mon coeur
comme sont magnifiques les nuages
de neige à l’ouest
NB (Y.H.) : Une source décrit la mort d’Issho ainsi : Issho, qui vivait dans la ville de Kanazawa, adorait le haïkaï. Quand Bashô passa par Kanazawa lors d’un voyage, Issho désirait ardemment qu’il logeât chez lui. Cette année-là, cependant, Issho était tombé mortellement malade, et savait que sa fin était proche. C’était la treizième année après la mort de son père, et Issho décida de composer treize kasen (renga de trante-six versets) en mémoire de son père. Ses amis essayèrent de l’en empêcher, disant : « Ta respiration est irrégulière. Qui sait ce qui t’adviendra une fois que tu auras terminé le treizième poème ? » Issho leur répondit : »Même si je meurs, je ne le regretterai pas. » Après cinq kasen sa respiration devint lourde, et il pouvait à peine tenir son pinceau. En dépit de cela il continua et acheva les autres huit. Sa tâche finie, ses yeux brillèrent de joie et il annonça : « Avec ces poèmes près de moi, je n’ai rien à regretter. »
Comme ses paupières s’alourdissaient, il ferma les yeux et dit (le poème ci-dessus)… L’automne de l’année suivant la port d’Issho Bashô écrivit un poème en sa mémoire : « Bouge, ô tombe, / le bruit de mes pleurs / est le vent d’automne.(…)
Issho mourut au milieu de l’hiver, quand la neige avait recouvert sa province. On peut considérer que « les nuages de l’ouest » sont une image saisonnière, mais dans ce poème ils se réfèrent probablement aux messagers d’Amida venant saluer les morts sur leur chemin de la Terre Pure.
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ISSO
(mort le 17 novembre 1899, à 57 ans)
Baissez votre prix !
Qu’en est-il si j’en ai 57 ?
L’année est presque achevée !
Isso tire son image du commerce. Le sort vend la vie à l’homme, et à la fin des années qui lui sont accordées, l’homme doit s’acquitter de la dette contractée à sa naissance par le destin. Isso, conscient qu’il a déjà reculé l’échéance de deux ans (comme l’espérance de vie d’un homme, selon certaine tradition, est de 55 ans), demande de repousser encore sa dette d’un peu plus longtemps, jusqu’à la fin de l’année. Il demande même une réduction, pensant peut-être à la pratique des firmes japonaises qui organisent des soldes à la fin de l’an. Mais qu’il obtienne ou non cette déduction, le poète semble suggérer que quand il reviendra sa situation n’aura pas changé de beaucoup de toutes façons !
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JAKUA
(mort le 5è jour du 5è mois de 1801)
Coucou,
allons ! – comme les cieux
de l’Ouest sont clairs !
NB (Y.H. :) Le nom de plume du poète se compose d’idéogrammes possédant un sens religieux. Jaku signifie la tranquillité, la mort en état d’éveil; a est la première syllabe du nom du Bouddha Amida. De ceci nous apprenons que Jakua était un moine ou un prêtre bouddhiste.
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(à suivre : Jikko)