Posts Tagged ‘Haïkus Choisis de George Swede’

George Swede ‘Almost Unseen’ suite et fin : 121-168

28 avril 2012

SWEDE G. Almost Unseen – 121-168 (fin.)

(p.94)

anchored supertanker
its reflection
trembles

pétrolier géant au mouillage
son reflet
tremble

(p.95)

creek
cricket
creaking

ruisseau
criquet
crissant

the caretaker
polishes the canon until
it shows clouds

le gardien
polit le canon jusque qu’à
ce qu’on voie des nuages

(p.96)

medieval town
to the worn stone steps
I add my own

ville médiévale
aux marches de pierre usées
j’ajoute la mienne

drought
graveyard grass
still green

sécheresse
l’herbe du cimetière
encore verte

on the boardwalk
a blind man listens to the sea
finding its way back

sur les planches
un aveugle écoutant la mer
retrouve son chemin

(p.97)

a crow caws and caws
my wife checks the lines
under her eyes

un corbeau croasse et croasse
ma femme examine les lignes
sous ses yeux

one button undone
in the clerk’s blouse – I let her
steal my change

un bouton défait
sur le chemisier de l’employée – je lui laisse
piquer ma monnaie

(p.98)

in the old elm’s shade
the black cat opens one eye
sunspot on its tail

à l’ombre du vieil orme
le chat noir ouvre un œil
une tache de soleil sur sa queue

train to a ghost town
the historian asks to sit
facing backwards

train vers une ville fantôme
l’historien demande à s’asseoir
vers l’arrière

(p.99) (# 131)

ebb tide
the marina’s old yarn spinner
snoring softly

marée descendante
le vieux conteur du port de plaisance
ronfle doucement

this faded photo
from my childhood – still worth
a thousand words

cette photo décolorée
de mon enfance – dit encore
beaucoup de choses

(p.100)

sweltering twilight
a waft of cool air
from the graveyard

crépuscule étouffant
une bouffée d’air frais
vient du cimetière

August heat
the old orange cat sits up and licks
the sun from its tail

chaleur d’août
le vieux chat orange s’assied et lèche
le soleil sur sa queue

spider spins its web
in the window
with a view

l’araignée tisse sa toile
sur la fenêtre
avec vue

(p.101)

children’s day at the zoo
I find myself watching
the children

jour des enfants au zoo
je regarde
les enfants

in the hammock
the undertaker dozes – arms crossed
on his chest

dans le hamac
le croque-mort somnole – bras croisés
sur sa poitrine

(p.102)

used bookstore
a sunset beam lights a row
of forgotten authors

livres d’occasion
un rayon du soleil couchant éclaire une rangée
d’auteurs oubliés

(p.103)

for sale
an old house with creaky stairs
and a cricket

à vendre
une vieille maison aux marches craquantes
et un grillon

(p.104)

town dump
two magpies jabber
on an old brass bed

décharge municipale
deux pies jacassent
sur un vieux lit en cuivre

(# 141)

waiting room empty
bits of leaves
under each chair

salle d’attente vide
des morceaux de feuilles
sous chaque siège

(p.105)

clothesline
the widow’s black lace panties
covered with frost

corde à linge
les petites culottes en dentelles de la veuve
couvertes de givre

dead roadside deer
a snowflake melts
on its open eye

cerf mort au bord de la route
un flocon de neige fond
sur son œil ouvert

abandoned farmhouse
prairie sky in all
the windows

ferme abandonnée
le ciel de la prairie
à chaque fenêtre

sunrise
the fisherman’s shadow stretches
across the river

lever de soleil
l’ombre du pêcheur
traverse
la rivière

the gull with one leg – soaring

la mouette unijambiste – s’envole

first frost
only a dead fly
in the mailbox

premier gel
une seule mouche morte
dans la boîte aux lettres

(p.107)

half-dug grave – lunch hour

tombe à moitié creusée – l’heure du déjeuner

fallen leaves
the hands that gather them
have liver spots

feuilles tombées
les mains qui les assemblent
ont des taches de vieillesse

(p.108)

against the tombstone
with the faded name
homeless man rests

contre la pierre tombale
au nom effacé
le sans-abri se repose

(# 151)

on display
in the museum – ancient grains
of dust

dans la vitrine
au musée – d’anciens grains
de poussière

hut that houses
the fisherman’s nets
full of cobwebs

la cabane qui abrite
les filets du pêcheur
pleine de toiles d’araignée

(p.109)

snowfall
the graveside red roses
turning white

chute de neige
les roses rouges autour de la tombe
blanchissent

at the height
of the argument – the old couple
pour each other tea

au plus fort
de leur dispute – le vieux couple
se verse du thé

storm over
the old scarecrow hunchbacked
with snow

l’orage passé
le vieil épouvantail
bossu de neige

falling pine needles – the tick of the clock

des aiguilles de pin tombent – le tic-tac du réveil

(p.111)

statues in the square
the raised hand of the war hero
fills with snow

statues dans le parc
la main levée du héros de la guerre
s’emplit de neige

among the souvenirs
on her dresser
my roses

parmi les souvenirs
sur sa coiffeuse
mes roses

(p.112)

grand father’s deathbed
more and more snowflakes
cling to the window

lit de mort de grand-père
de plus en plus de flocons
s’accrochent à la fenêtre

under each eye
of the graveyard Jesus
a small icicle

sous chaque œil
du Jésus du cimetière
un petit glaçon

fresh snow falling
the nurse changes
my bandages

neige fraîche qui tombe
l’infirmière
change mes pansements

(p.113) (# 161)

as the coffin lowers
several watches sound
the hour

tandis que le cercueil descend
plusieurs montres
sonnent l’heure

my stomach growls
the old tomcat opens
one yellow eye

mon estomac gronde
le vieux chat
ouvre un œil jaune

(p.114)

their gravestones
hers newer and taller
than his

Leurs pierres tombales
celle de la femme
plus neuve et plus grande
que celle de l’homme

the aged mother cuts – the corpse’s fingernails

la vieille mère coupe – les ongles du cadavre

open coffin
grandfather’s smile wrinles
show through the make-up

cercueil ouvert
les rides du sourire de grand-père
apparaissent sous le maquillage

(p.116)

snow over everything
mother hums as she brushes
her white hair

la neige recouvre tout
mère fredonne en brossant
ses cheveux blancs

anniversary
the old widow wipes dust from
the bedside photo

jour anniversaire
la veuve âgée époussette
la photo de chevet

(p.117) (# 168)

each haiku
another piece in
the endless jigsaw

chaque haïku
un autre morceau du
puzzle éternel

George Swede :
Almost Unseen,
Selected haiku of George Swede.
Brook Books, 2000.

°°°

(Prochainement :
The Essence of Modern Haiku,
300 poems by Seishi Yamaguchi, 1993
Ed. Mangajin Inc. (USA).
)

George Swede ‘Almost Unseen’ Haïkus choisis 51-60)

21 avril 2012

George Swede Almost Unseen (Presque invisibles), Haïkus choisis : 51-60)

my wife plays Strauss
on the piano – walzing
willow shadows

ma femme joue Strauss
au piano – valsantes
ombres du saule

(ou :)

ma femme joue Strauss
au piano – les ombres
du saule valsent

waving good-bye
to the father – a clothesline
of children’s shirts

disant au revoir
au père – une corde à linge
de chemises d’enfants

ocean sunset
he whispers something
and her earrings glow

coucher de soleil sur l’océan
il murmure quelque chose
ses boucles d’oreilles brillent

just outside
the prison wall
a gopher mound

juste à l’extérieur
du mur de la prison
le monticule d’un gauphre

cool forest lake
as I slip off my shorts – the snort
of a bull moose

lac froid de forêt
comme j’enlève mon short – le grognement
d’un orignal

midday heat
grasshopper on the shady side
of the blade

chaleur de midi
une sauterelle du côté ombragé
de l’herbe

cold dawn rain
I turn to touch
my wife

pluie froide de l’aube
je me retourne pour toucher
ma femme

as I reach for
the lovely pink shell – the water
bends my arm

comme j’allais toucher
la jolie coquille rose, l’eau
détourne mon bras

after the abortion
she weeds
the garden

après l’avortement
elle désherbe
le jardin

the hum of the fan
cigarette smoke streams
through our silence

bourdonnement du ventilateur
la fumée de cigarette dérive
dans notre silence

(à suivre : 61/167)

George Swede : ‘Almost Unseen’, Haïkus choisis : 41-50/167

21 avril 2012

Haïkus choisis de George Swede, dans Almost Unseen, Brooks Books, 2000 (: ‘Presque invisibles‘) : 41-50

back in the house
the cat carefully shakes each leg
morning dew

de retour à la maison
le chat consciencieusement secoue chacune de ses pattes
rosée du matin

I awake from
an erotic dream
ebb tide

je me réveille
d’un rêve érotique
marée descendante

as the rain ends
once more the drip
of the tap

quand la pluie cesse
de nouveau le goutte à goutte
du robinet

sunrise
I forget my side
of the argument

lever du soleil
j’oublie mon point de vue
de la dispute

a hidden butterfly
rises from the leaves
on my father’s grave

un papillon dissimulé
s’élève des feuilles
sur la tombe de mon père

an evening breeze
crosses the porch – dog and I
both sigh

la brise du soir
traverse le porche – le chien et moi
nous mettons à soupirer

car wash closed
a sparrow battles in
the last puddle

le lave-auto fermé
un moineau s’échine dans
la dernière flaque

sudden shower
from the river the laughter
of clothes-washing women

déluge soudain
de la rivière montent les rires
de lavandières

unhappy wife
I pedal my bike
through puddles

femme malheureuse
avec ma bicyclette je pédale
dans les flaques

Paris pond
a frog Picassos
my face

mare parisienne
une grenouille fait un Picasso
de ma tête

(à suivre…: 51/167)

George Swede : ‘Almost Unseen’ Haïkus choisis 31/40

21 avril 2012

George Swede : Almost Unseen, (Presque invisibles) Haïkus choisis, Brook Books 2000 : 31-40/167.

as the professeur speaks
only his bald spot
is illuminated

le professeur parle
seule sa calvitie
brille

medical school
a cobweb in the pelvis
of the skeleton

école de médecine
une toile d’araignée dans le pelvis
du squelette

almost unseen
among the tangled driftwood
naked lovers

presqu’invisibles
dans l’enchevêtrement du bois flotté
des amants nus

sudden frost
a clotheline shirt
is hugging itself

gelée soudaine
une chemise sur la corde à linge
s’étreint

bridge
at both ends
mist

un pont
à chaque extrémité
du brouillard

ice-ringed branches
the leg in the cast
starts to itch

branches enrobées de glace
la jambe dans son plâtre
commence à démanger

a cold wind
dead child’s horse
rocks by itself

vent froid
le cheval de bois de l’enfant mort
se balance

in the howling wind
under the full moon
the snowman, headless

dans le vent mugissant
sous la pleine lune
le bonhomme de neige, sans tête

one by one
on the floor all
of her shadows

une par une
sur le plancher toutes
ses ombres

still pond
expectant father
skip stones

mare quiète
le futur père
ricochets

(à suivre : 41-50/167)

George Swede ‘Almost Unseen’ Haïkus choisis, 21/30 – 167

21 avril 2012

suite : 21/30 des Haïkus choisis de G. Swede : Almost Unseen, Brooks Books 2000 :

dropping stone after stone
into the lake – I keep
reappearing

lançant pierre après pierre
dans le lac, je réapparais
à chaque fois

a fat mosquito
on the window – the dawn light
through my blood

un moustique gras
sur la fenêtre, la lumière de l’aube
à travers mon sang

growing a body of ants – fish head

grandit d’un corps de fourmis – la tête de poisson

from the lovely white shell
in the tidal pool
a claw

de la jolie petite coquille
dans la flaque après la marée
une pince

over the earth’s edge
they all go – the white clouds
and the one sailboat

de l’autre côté de l’horizon
ils s’en vont tous – nuages blancs
et voilier

wind change
the tumbleweed now chases
the kitten

changement de vent
maintenant les herbes chassent
le chaton

made for each other
the fishing hole and
the full moon

faits l’un pour l’autre
le trou pour la pêche
et la pleine lune

seventeen
starlings on the telephone wire
sixteen

dix-sept
étourneaux sur le fil téléphonique
seize

during discussion
on the meaning of life – the crunch
of a student’s apple

pendant la discussion
sur le sens de la vie – le craquement *
de la pomme d’un étudiant

* / le croquement (?)

country graveyard
a dog burying
a bone

cimetière campagnard
un chien enterre
un os

(à suivre : 31/167)

George Swede – ‘Almost Unseen’ Haïkus choisis 11-20)

21 avril 2012

George Swede : Almost Unseen, haïkus choisis, Brook Books éd., 2000.
(suite : 11/20)

pre-storm calm
a water strider tiptoes
over the clouds

calme avant la tempête
sur l’eau
il marche sur la pointe des pieds
sur les nuages

warm breeze
the colt’s erection nuzzles
a daisy

brise chaude
l’érection d’un poulain renifle
une pâquerette

sailboat race :
at the finish a small cloud
crosses first

régate :
un petit nuage
finit premier

for the fat green frog
crouched on the log
time is flies

pour la grosse grenouille verte
accroupie sur la bûche
le temps c’est des mouches

crack of the bat
the outfielder circles
under the full moon

claquement de la batte
le joueur de champ tourne
sous la pleine lune

Independance Day
after all the fireworks, the stars
still there

Fête Nationale
Après tous les feux d’artifice, les étoiles
toujours là

rising like birds
from the bottom of the canyon
the children’s cries

s’élèvent comme oiseaux
du fond du ravin
les cris d’enfants

the beetle I righted
flies straight into
a cobweb

la coccinelle que j’ai remis d’aplomb
vole droit
dans une toile d’araignée

city park
the stone hero’s dark side
hides a drug deal

parc citadin
le côté sombre du héros de pierre
cache un trafic de drogue

long after
the fireworks
a shooting star

longtemps après
le feu d’artifice
une étoile filante

(à suivre : 21/167)

George Swede : ‘Almost Unseen’, selected haiku – ‘Presque invisibles’ : haïkus choisis

18 avril 2012

Selected Haiku of George Swede :
Almost Unseen
Brooks Books, 2000.
Haïkus choisis de George Swede :
Presque invisibles,
Brooks Books, 2000.

Préface de l’auteur
:

« Beaucoup de personnes croient que le haïku est un poème de trois lignes comprenant 17 syllabes disposées en 5/7/5. De telles personnes ne sont pas ennuyées par le fait que leur définition du haïku ressemble à dire qu’un chat domestique est un petit mammifère qui a une fourrure, quatre pattes et une queue. Ils publient consciencieusement leurs tercets de 17 syllabes sur Internet et ailleurs, et proclament que ce sont des haïkus bien que pour ceux qui s’y connaissent plus, ils ressemblent à des chiens, des ratons laveurs ou des mouffettes. Ces individus mal orientés n’ont pas appris qu’un haïku doit aussi contenir des images sensorielles, un contenu de « nature », et qu’il soit capable de générer un sentiment de crainte respectueuse ou d’émerveillement. Ceci revient à ajouter à la définition d’un chat domestique qu’il a des yeux perçants et des oreilles fines, qu’il chasse les souris et ronronne quand il est content.
Nous savons tous que le chat domestique est encore plus complexe que cela, et ainsi en est-il du haïku. Par exemple, un haïku n’a pas besoin d’avoir 17 syllabes. De fait, moins il en a, mieux ça vaut. Les trois lignes ne sont pas non plus nécessaires. Il peut s’écrire en 1, 2, 4 lignes, ou même plus. Une qualité qu’il doit avoir, cependant, est le temps au présent, ce qui crée un sentiment de l’ici-et-maintenant, qui caractérise tout haïku véritable.
(…)
La caractéristique la plus importante du haïku (est) nommément la création de cette crainte respectueuse et de cet émerveillement (…) »

G.Swede, 22 août 1999, Toronto, Ontario.

(à suivre : l' »Introduction » de Tom Lynch…)