SUITE TUNISIENNE
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une mouche tunisienne
sur la vitre du bus
vers Monastir
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cinquième étage – clim
et vue plongeante
sur la piscine de l’hôtel
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petit bassin :
deux jeunettes –
et deux dauphins
au fond
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grosse chaleur
deux jeunettes
sous l’eau s’enlacent
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Nuit de fiançailles –
Personne dans la piscine
que des dauphins peints au fond
°
au vu de tous
la fiancée s’évente
sur son estrade
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Soseki
en vacances avec moi
– Tunisie
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s’endormir
aux sons de l’orchestre
des fiançailles
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fiançailles terminées
l’on replie les chaises
– lune rousse
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fiançailles terminées
les cigales
et un coq
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cigales,
clim –
la rondeur de la nuit
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premiers appels des minarets
au milieu des coqs
et des cigales
°
gare à la bagarre !
le bleu va de nouveau
triompher
°
le bleu
partout va renaître
– piscine
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déjà la chaleur
sur les dernières pentes de la nuit
– la clim à fond
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la clim
et dormir nu –
cigales et coq
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les tables rangées
la lune repartie
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ce qui ressort de cette nuit :
le palmier
au milieu de l’hôtel
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ce qui reste de cette nuit :
fragrance des fleurs d’orangers
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insomnie –
mais l’odeur des fleurs d’oranger !
la mer s’allume
°
les muezzins recouchés ?
coqs,
de loin en loin
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arceaux et crénelures
coqs et cigales
sur Monastir
°
le dos des dauphins arrondis
au fond des deux bassins
en forme de haricots
°
dernier ressort d’un coq –
les grues allumées
et le phare du port
°
cinq heures du matin
dans l’ascenseur de l’hôtel
une grosse fourmi
et moi
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fleur d’oranger
sous ma narine
le jour se lève
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deux chats matinaux
vers la mer
un avion vient se poser
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l’heure exquise
de flore immobile –
premières ondulations chantées
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la » boutique dromadaire »
déjà allumée
un chat saute d’une poubelle
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un homme à petits pas joggés —
le rouge du soleil qui monte
juste au coin de la mer
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cinq heures du matin
à Monastir
déjà bien des gens
à la baignade
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une tente de police fermée
sur la plage –
femmes qui entrent habillées
dans la mer
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robes
et châles
des femmes
à la mer
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grosse fourmi
à longues pattes
sur mon pied –
insensible
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une chaussette à la mer
et un voile –
Monastir
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une serviette verte
à sécher au balcon
fait signe au loin
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les anses
du sac plastique
bougent
sous le ventilo
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dans les champs clairs
l’ombre noire des oliviers
sous la pleine lune
(El Jem – Monastir)
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l’enfant tunisien
qui shoote dans le melon
qu’il rapporte
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chassant avec un chiffon
les mouches de ses fruits
– marché couvert
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de son rocher
un chat guetteur
se retourne
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où tu vas
les mots
(partout)
dans tes poches
– liberté
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un bambin sur la terre poussiéreuse
un âne sous l’olivier
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cinq dinars
brillant
au fond de la piscine :
dernier cadeau de Monastir
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en panne
dans un no man’s land –
chaleur d’oliviers
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l’ombre d’un nuage
au centre d’un lac
– retour
°
des feux à terre clignotent
suivant la progression de l’avion
– soleil
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Paris-Monastir-Paris, 11/13-7-2003.