°°°
(Émigrant)
La lune sur l’aile de l’avion
Trempe ton pied dans le nuage
Sacré coton !
Dans l’oeil dansent les étoiles du blanc
(Paris-Johannesburg, juin 1973)
°°°
(Émigrant)
La lune sur l’aile de l’avion
Trempe ton pied dans le nuage
Sacré coton !
Dans l’oeil dansent les étoiles du blanc
(Paris-Johannesburg, juin 1973)
°
pendant qu’on est couchés
blanc matin
–
mots et flocons
sur ce carnet
–
… tomber la neige
et protégé
–
passants
entre les flocons
°
d.(13/1/10)
°
soldes –
le blanc
de la neige
–
sapins
sur les trottoirs
la neige
–
sous la neige
l’encre du stylo
pâlit
–
cri du corbeau
la rue
enneigée
–
houx houx
sapins
dans la rue
d.(9/1/10)
Dans le haïku, discerner les mots « pleins » des mots « creux ».
Les mots pleins sont ceux qui donnent du sens, le sens, qui sont « lourds de sens », vivants.
Les mots creux sont ceux qui sont vides de sens, « morts ».
Éliminer les / Se passer des mots « creux », au possible.
(28/10/09)
°
(de chez anna :)
des tuiles des toits
jusqu’à la mer
(1/11/09)
–
Le(s) blanc(s)
que je laisse
dans le haïku,
le lecteur
franchira
(ou pas.)
–
tendre au lecteur
du silence
du vide
…
–
mon haïku :
un bol
présenté
au lecteur
–
S’enfoncer dans le blanc du haïku
Le haïku
est une montagne
enneigée
–
Mettre
le plus de vide possible
dans mon haïku
–
« Oublier »
le plus de mots
possible
–
Vider mon haïku
au possible
–
Laver mon haïku
–
décolorer mon haïku
, le délaver
–
,
l’habit
cent fois porté
cent fois lavé
cf : « Chant de l’habit cent fois fois rapiécé » de Hyegûn, p.98 de Ivresse de brumes, griserie de nuages, NRF/Gallimard, Connaissance de l’Orient, 113, 2006.
°
Le haïku est la possibilité d’un bol
Le haïku est la possibilité de boire
°
– Ne manque-t-il pas quelque chose dans votre haïku ?
– Oui, il y manque ce que vous y mettrez
–
Le haïku est une salle de cinéma vide
–
Il s’agit moins de dire,
que de laisser le lecteur se placer
pour qu’il voie
_
Si tu lui mets trop de mots,
tu lui bouches la vue
–
Les mots
bouchent la vue
du haïku
–
((a)perce)voir)
le haïku
à travers
les mots
–
Les mots
voilent /
cachent /
burqachent ? /
obscurcissent
le haïku
–
les mots-nuages
dissipés,
la montagne-haïku
apparaît
–
Le lecteur
lance sa passerelle
pour franchir ton haïku
–
au lecteur
sa clé
du haïku
–
le haïku comme kôan ?
–
le lecteur trouve
(ou ne trouve pas)
sa solution au haïku
…
–
(le haïku n’est pas une femme facile.)
°
Laisser des blancs
dans le haïku
–
Le haïku est un mi-chemin
Le haïku est un demi-pas
°
Ne mets pas tes lunettes
sur le nez de ton lecteur
°
Crée du vide
dans ton haïku
–
Offre à ton lecteur
un saut
par le vide des mots
°
L’essentiel est de laisser le lecteur
compléter le haïku.
–
Le lecteur franchit la faille
que le haïjin a creusée
dans son haïku
–
Creuse
ton haïku,
Laisse
ton lecteur
creuser
–
Encreuse
–
Toussaint –
Creuse
ton
haïku
–
ensevelis tes mots morts
°
écourte
condense
:
haïku sec
°
d.(1-2/11/09)
°
les cils blancs
de la brune en noir
jusqu’à son portable
°
d.(22/10/09)
du livre de Simon Leys :
Le Bonheur des petits poissons
LdP n° 31288, 2008
(p.23/4. Flaubert, à propos de Madame Bovary, disait :)
» Il y a bien des détails que je n’écris pas. Ainsi pour moi, M. Homais est
légèrement marqué de petite vérole. Dans le passage que j’écris immédiatement,
je vois tout un mobilier (y compris des taches sur les meubles) dont il ne sera
pas dit un mot… »
» Il ne suffit pas (poursuit S. Leys) à l’artiste d’avoir la vision de son
sujet. Pour restituer cette vision dans toute son intensité, il doit la suggérer
par la litote ( » Il y a bien des détails que je n’écris pas « ).
et Robert Louis Stevenson :
» Ah, mon Dieu ! il n’y a qu’un seul art : l’art d’omettre ! Oh, si seulement
j’avais le talent de couper, je n’ambitionnerais nul autre don. Un écrivain qui
saurait comment couper, pourrait transformer n’importe quelle gazette
quotidienne en une épopée homérique. »
Cette puissance expressive des » blancs » du récit est d’ailleurs confirmée
par les initiatives de la censure : c’est quand Madame Bovary disparaît pour
quelques heures avec son amant dans un fiacre dont on ne voit plus que les
stores hermétiquement clos, que les censeurs ont vraiment commencé à s’affoler
(…) Nul écrivain ne dispose d’une puissance verbale qui pourrait rivaliser avec
l’imagination de ses lecteurs ; aussi tout son art est-il de jouer sur ce
clavier-là. »
°
caressant
la page blanche –
pensant à toi
°
d.(15/10/09)
°
chat blanc et noir
dans le jardin à tulipes jaunes
– grand-père
°
–
d.(Montmartre, 25/3/07)
°
fleurs blanches sur l’arbre / – et sur l’herbe
(Moret-sur-Loing, 18/4/96)
°
ce matin / le lever du soleil / dans l’eau de la piscine
(19/4/96)
°
déjà les fleurs de cerisiers s’envolent / – dimanche matin d’avril
–
phalène au repos sur la vitre – / les branches secouées par le vent
–
l’arbre / et le mur détruit / ont même pente / : photo
–
couleurs chaudes / des alcools : / un souvenir de palais
–
cabane des garçons / une cloche pend de l’arbre / : « pour l’alerte ! »
(21/4/96, Beaujeu-en-Beaujolais)
°
7 heures du matin / Les ramasseurs de détritus / encerclent le lac
–
Envol d’un grand cygne blanc / tapant des ailes
–
Éveil de la faune : / amorces de sirènes / sur l’île du lac
(28/4/96, lac de Vincennes)
°
Paris fait toilette : / on élague les arbres / (Soleil en Seine)
–
Brun-vert la Seine : / une verte brune…
(29/4/96)
°
°
Canal
–
une assiette
faisant la nique
aux nénuphars
°
d.(29/7/84)